Encore une journée comme les autres qui vient de se terminer. Cette fois-ci, j'ai juste fait deux services de police, pour deux vols à l'étalage tout simples. La vie de flic à El Paso me manque, avec les passeurs de drogue, les clandestins, on avait toujours quelque chose à faire. Ici à Boston, à part faire des tours en ville et aller boire un café et manger des donuts, on ne fait pratiquement rien.

C'est pourquoi, quand la fin de la journée arrive, je suis soulagé car je peux enfin aller me bourrer la gueule et essayer d'oublier que je suis ici. Après avoir fini mon dernier rapport de la journée, je prends mes affaires et je pars du bureau. Je monte dans mon vieux pick-up et direction un bar que je connais plutôt bien. En me voyant entrer, le barman demanda directement à ce que leur cuisto prépare un de leurs hamburgers maison avant de venir me servir une bonne bière bien fraîche, à ma table habituelle.

J'aimais m'asseoir à la même table, dans un coin plutôt sombre, histoire de ne pas être trop dérangé. Après avoir mangé le burger, j'ai enchaîné bière sur bière en me remémorant les souvenirs d'antan. En voyant mon arme posée juste en face de moi sur la table, l'envie de la prendre, de la poser sur ma tempe et d'appuyer sur la gâchette me venait souvent à l'esprit mais je n'arrivais jamais à bouger mes mains pour le faire.
Soudain, je fus sorti de mes pensées lorsqu'une jeune femme s'était assis juste à côté de moi. "Quand la vie qu'on a ne vaut rien, c'est le meilleur endroit pour oublier." dis-je en finissant ce qui devait être ma sixième bière. "Et toi alors ? Que viens-tu faire ici ? Il me semble que je t'ai déjà vu dans ce bar, non ? T'attends tes copines ?" demandais-je en regardant le barman qui me ramenait une autre bière.

Cette soirée venait de prendre une ampleur inattendue. En général, les gens ne viennent pas vers les gens qui ont l'air bizarre, seuls dans un coin plutôt sombre, mais pourtant cette jeune femme avait fait le premier pas envers moi et sincèrement, je n'avais pas trop envie de la repousser, même si l'envie de parler n'était pas très grande. " Dans mon cas, c'est plutôt pratique, car ça me permet d'oublier cette journée pourrie de plus que je viens de vivre. " dis-je en levant à peine les yeux. Je savais bien que je l'avais déjà vue dans ce bar et apparemment c'est réciproque. Moi qui essaye de ne pas trop me montrer, c'est raté. " Bon, j'ai l'impression que je vais devoir mieux me cacher la prochaine fois pour éviter qu'on me remarque. " dis-je en lâchant un léger ricanement.

J'avais bien raison, en général, elle vient avec ses copines, mais ce soir, elle est seule.
" Une soirée sans tes copines et tu commences déjà à parler à un alcoolo chelou. Soit c'est elles qui te gardent en ligne, soit t'es courageuse comme fille. " Je la voyais jeter quelques regards vers mon arme de service. Je ne pus m'empêcher de lâcher un petit sourire quand elle parla du cliché des américains et des armes. " Bonsoir Willow, moi c'est le Lieutenant Mikkel Anderson, de la police de Boston. L'arme, c'est mon arme de service et le patron aime bien qu'elle soit en évidence, ça évite que de petits cons fassent leurs des conneries. " dis-je alors que le barman me ramena une énième bière. " Sinon, pourquoi t'es venue toute seule aujourd'hui ? Tes copines ont pas voulu t'accompagner ? " demandais-je en regardant la porte d'entrée.

Elle avait raison, venir dans ce bar pour oublier la journée c'était déjà devenu une habitude pour lui. Mais de toute façon, en rentrant à la maison, il aurait fait exactement la même chose. Elle semblait curieuse et moi, ça m'amusait de voir quelqu'un complètement perdue devant moi. " Je te fais pas peur ? T'es courageuse c'est bien... bonne qualité. " dis-je avant de me présenter en tant que lieutenant de police. Son regard a soudain changé, je pense qu'elle vient de comprendre d'où provenait le pistolet et était plus rassurée que si j'étais un un malade mental quelconque avec une arme. " Exactement, je peux te faire arrêter pour n'importe quoi, si tu te tiens pas à carreaux. " dis-je en lâchant un grand sourire moqueur. " Mais ne t'inquiète pas, en général, on trouve toujours une solution avec moi. "

Le barman ne tarda pas à me ramener une autre bière d'où je pris une grande gorgée.
" Ce que j'aime ? En général, tout ce qui peut me faire mal. Les courses-poursuites, les tirs, les bagarres et les alcools qui vont bien pour faire passer la douleur après. " dis-je en me remémorant de bons souvenirs. " Sinon dans les trucs normaux, écouter de la musique, m'entraîner, courir sur la plage, des trucs comme ça quoi. Quand je bois pas, je suis presque quelqu'un de normal. " dis-je avant de relancer la même question. " Et toi ? À part venir embêter des alcoolos dans les bars, t'aimes quoi dans la vie ? " demandais-je en reprenant une légère gorgée de bière. Finalement, parler avec quelqu'un c'est pas mal non plus.

" Des gens qui ont peur de moi ? Peut-être pas ici à Boston, mais dans le Texas et au Mexique, il doit y avoir des personnes liées à des cartels qui savent très bien qui je suis. " dis-je en lâchant un petit sourire narquois. Elle me classa dans les flic non corrompus, ce qui m'intrigua. Est-ce qu'elle savait quelque chose ? " Corrompu ? Jamais... mais on peut dire que je suis un flic cool. " dis-je en posant mon coude sur le comptoir avant de me tourner vers elle. " Mais en parlant de flics corrompus, il y a quelque chose que je devrais savoir ? " dis-je en fronçant les sourcils, intrigué par le fait qu'elle appuie sur ce point.

Bizarrement, cela me fit oublier que j'avais une bière ouverte devant moi. Je ne prêtais plus attention qu'à Willow, elle avait réussi à attirer mon attention. Elle me lança alors qu'elle avait toujours eu envie de voir l'intérieur d'une voiture de patrouille, ce qui me fit rire. " Ah bon ? Dommage, je suis pas venu ici en voiture de patrouille, mais je sais où elles sont garées, si tu te tiens à carreaux. " dis-je lâchant un petit rire. " M'embêter ? Si tu m'embêtais, je ne t'aurais même pas adressé la parole. Règle de base ! " Je regardais rapidement ma montre avant de la regarder à nouveau et d'ajouter. " Et puis si tu m'embêtais, je serais pas en train de réfléchir du moyen de te faire entrer dans le parking de la police pour aller satisfaire ton envie d'intérieurs de voiture. " dis-je en rigolant.

Je lui avais brièvement parlé de mes quelques ennemis au Texas et au Mexique. C'est vrai que j'avais quelques membres de cartels qui n'hésiteraient pas à me mettre une balle entre les yeux rien que pour leur plaisir personnel. " Peur ? Ces dernières années, je n'ai eu peur qu'une seule fois et ça n'avait rien à avoir avec un cartel de drogue. " dis-je en étant très sérieux. Ne voulant pas raviver de mauvais souvenirs, j'ai décidé de ne pas en dire plus. Elle me parla ensuite de flics corrompus ce qui m'intéressa fortement. Elle m'expliqua que dans son pays, l'Italie, les flics sont souvent comme ça. " Ah ? Les flics italiens sont corrompus ? Merci de l'info. Je vais voir si j'ai des italiens dans mes collègues et si oui, garder un oeil sur eux. " dis-je en souriant.

Ayant une envie de voir l'intérieur d'une voiture de patrouille, elle me lança un vrai défi ce qui me plaisait. Enfin quelque chose qui pourrait me divertir. " Si on peut bien s'amuser tout en faisant en sorte que j'aie quelques heures supp', c'est bien. " dis-je lâchant un petit rire. En essayant de trouver une idée, elle me proposa de se faire passer pour quelqu'un que j'aurais arrêté. " Et si je t'arrête, je t'emmène au parking de la police ? Au lieu de t'emmener directement au poste ? C'est pas logique... " dis-je avant de trouver une belle histoire qui tient la route. " Écoute, je crois que j'ai trouvé quelque chose qui pourrait tenir la route. Le gardien, Gordon, je pourrais le distraire avec un peu de bouffe et un peu de bla bla. Pendant ce temps là, tu entrerais dans le parking en faisant en sorte de ne pas te faire voir. Et après, je te rejoindrai à l'intérieur, car il peut pas refuser l'entrée à un flic quoi. " dis-je en rigolant. Fier de mon plan, j'espérais qu'elle allait suivre mon idée et rendre cette soirée, qui s'annonçait déprimante au départ, un peu plus excitante.