J'avais accepté de lâcher mes cours pour rendre visite à Kenny. Il habitait dans le centre-ville de Boston et il me fallait quelques longues minutes de transport en commun pour arriver jusqu'à lui. Depuis que nous nous étions retrouvés, il nous arrivait régulièrement de se voir. Notre relation actuelle était bien différente de celle que nous avions pu avoir quand je n'étais qu'une enfant. J'avais parfois l'impression que cette partie de mon existence appartenait à une autre vie, peut-être même à une autre personne, bien que je m'en souvenais très bien. Si j'avais pu le considérer comme un grand frère quand j'étais plus jeune, il m'était impossible de le voir comme tel à l'heure actuelle. Mon regard de jeune femme avait des pensées toutes autres à son égard, des pensées que je n'oserais certainement jamais lui avouer. Je préférais largement en rester au fait que nous étions des amis, des amis qui avaient grandi dans la même ville. Peut-être que ce n'était pas le moment d'avoir ce genre de pensée, alors que j'étais en train de frapper à sa porte. Puis, Kenny était trop vieux, non ? Ta gueule Marla. Un sourire timide s'affiche sur mes lèvres quand la porte s'ouvre et finalement s’estompe pour laisser place à la surprise en voyant le chien passer devant lui. « Je ne le voyais pas si gros » et baveux. J'approchais ma main pour qu'il la renifle. Ce chien était plus gros que moi.  

@Kenny Marshalls

Dire que je te considère comme ma sœur ne serait pas exactement vrai. Enfin, c’était peut-être le cas à une époque, un temps où je t’aurais protégé contre quiconque aurait voulu te faire du mal. Et j’imagine qu’à ce niveau, les choses n’ont pas réellement changées au fond. Non, ce qui a changé surtout, c’est que tu es devenue une femme Marla. Durant toutes ces années où nous ne nous sommes pas parlé, tu as grandis pour devenir la personne que tu es maintenant. Mignonne et toujours aussi gêné, mais bon sang… t’es juste craquante là et j’ai du mal à garder ces idées qui me passent à la tête quand on se retrouve ensemble tous les deux. J’suis persuadé que tu es encore vierge et j’aime penser que c’est le cas, savoir que personne n’a encore pu prendre ton innocence, que tu ne t’es pas offerte au premier venu. M’enfin, j’devrais pas trop penser à ça. Je passe rapidement une main dans mes cheveux et tu choisis ce moment pour arriver. Dès que j’ouvre, Arthur s’excite et cours vers toi. Je ris doucement en secouant la tête, ce chien est tellement sociable. « Je ne le voyais pas si gros » Je ris de plus belle et m’approche pour tapoter la tête de mon chien. « Du calme mon gros, laisse au moins Lala entrer. » Je le pousse un peu pour te laisser de la place et Arthur s’assoit, la queue balayant joyeusement le plancher, la langue sortie. « T’as pas eu trop de mal à trouver? »

Le chien de Kenny arrive rapidement jusqu'à moi. Je suis surprise, mais je n'ai pas peur pour autant. Disons que je ne m'attendais pas à voir arriver un chien si gros, avec autant de poils. Je lui présente ma main pour qu'il la renifle, mais il ne semblait pas craintif du tout, bien au contraire. Le jeune homme le pousse un peu pour que je puisse avancer et entrer dans l'appartement. « Du calme mon gros, laisse au moins Lala entrer. » Je souriais, amusée de l'entendre prononcer ce surnom. Il était bien le seul à m'appeler ainsi, même mon meilleur ami m'appelait simplement Marla. « T’as pas eu trop de mal à trouver? » - « Non, j'avais regardé sur google avant de venir... » Google street view, c'était quand même une bonne technique pour repérer des lieux. Je m'approchais aussitôt mes propos terminés pour venir lui faire un accolade en guise de bonjour. « Comment tu vas ? » C'est par comme si nous avions parlé récemment sur tinder. D'ailleurs, rien que d'y penser me faisait rougir. C'est surtout ces compliments auxquels je pensais et encore une fois, il fallait que je mette mon cerveau en off avant de faire une bêtise et de tout dire à voix haute.

« Non, j'avais regardé sur google avant de venir... » Toujours aussi débrouillarde à c’que j’vois. Bon, après tout, si t’as été accepté à Harvard, c’est que tu dois être terriblement brillante –ce dont je n’ai jamais douté. Tu t’approches donc finalement pour me faire une accolade et je te serre dans mes bras, ta tête tout juste sous mon menton vu les 20cm de différence entre nous. T’avoir comme ça dans mes bras me semble familier et pourtant, depuis notre conversation sur Tinder, je sais que ce ne sera plus jamais tout à fait comme avant. J’ai admis des choses que je gardais pour moi depuis longtemps et je n’veux pas que tu me regardes différemment. Enfin, si. Je veux que tu me vois comme un homme pas comme un grand frère… « Comment tu vas ? » J’esquisse un sourire mystérieux comme j’ai l’habitude de le faire. « Ça va. Et toi? Tu veux un truc à boire ou à manger? » Je gesticule vaguement vers la cuisine un peu plus loin alors qu’Arthur lui se dépêche à aller s’allonger à nouveau sur son coussin à côté du canapé.

Trouver l'adresse du jeune homme n'a pas été si compliqué, surtout pas avec les outils que nous avions à notre portée. Google pouvait nous montrer chaque rue sans même bouger de chez soi, parfait. Alors j'étais arrivée dans problème majeur et j'étais contente de passer un moment avec Kenny. J'étais contente de découvrir son "chez lui" et je l'enviais même d'avoir un appartement alors que pour ma part, j'étais dans une chambre universitaire. Je quitte ses bras et je lui pose la question basique. C'était une question de politesse, une façon d'entamer une conversation. « Ça va. Et toi? Tu veux un truc à boire ou à manger? » J'enlevais mon écharpe ainsi que mon manteau et je venais les poser sur une chaise avant de m'approcher du jeune homme et de sa cuisine. « Je veux bien à boire s'il te plait » Je jetais un discret coup d’œil autour de moi, ne connaissant pas les lieux. « Sinon, je vais bien... J'étais en train de réviser mes cours avant que tu ne me proposes de venir... Tu as cassé ma routine et je t'en remercie » confiais-je en riant doucement. J'étais contente d'être ici, même si en réalité, la discussion tinder me mettait un peu mal à l'aise, ne sachant pas comment je devais réagir à ses côtés désormais. Puis, faut dire que ça restait flou aussi.

« Je veux bien à boire s'il te plait » J’hoche la tête avec un sourire et me dirige vers le réfrigérateur, mettant la tête dedans à la recherche d’un truc à boire pour toi. « Sinon, je vais bien... J'étais en train de réviser mes cours avant que tu ne me proposes de venir... Tu as cassé ma routine et je t'en remercie » J’esquisse un sourire que tu ne peux pas voir, content malgré tout de te l’entendre dire. Content de t’entendre rigoler aussi ce qui signifie que tu te détends et je n’tiens pas à ce que l’atmosphère soit tendue entre nous. « À ton service Lala. Bon alors j’ai plusieurs choix... Eau, jus d’orange, bière et mmh j’ai de quoi faire des smoothies aussi si t’as envie. » Je sors la tête du frigo avec une bière à la main pour moi, plongeant mon regard dans le tient afin de savoir ce que tu as choisis.

Boire allait me faire du bien, surtout après le trajet que je venais de faire. Je le suivais du regard tandis qu'il allait jusqu'à son frigo et je me remettais à parler pour répondre à sa question. J'allais bien et je n'avais rien à signaler. C'était la routine. En fait, mes seules folies du moment, c'était tinder et les quelques soirées où j'avais mis les pieds. « À ton service Lala. Bon alors j’ai plusieurs choix... Eau, jus d’orange, bière et mmh j’ai de quoi faire des smoothies aussi si t’as envie. » Il se retournait, une bière à la main. Je ne préférais pas boire d'alcool, c'est certain. « Un jus d'orange » que je disais alors en haussant mes sourcils. Je l'observais se mettre en action, je regardais son corps bouger et dans un élan de courage que j'allais certaine regretter, je venais planter mon regard dans le sien. « Je suis quoi pour toi ? » Ta petite sœur ? C'était flou et j'aimais pas ça.

« Un jus d'orange » Je rigole doucement, si tu m’avais dit une bière, j’aurais sacrément été surpris. Toi Marla, t’es exactement le genre de nana que je ne m’attends pas à voir lorsque je bosse. Le genre rangé et sage qui reste dans sa chambre le vendredi soir pour étudier. Et au fond, c’est comme ça que je t’aime. Simple, attachante sans aucun vice. Je sors donc la cruche de jus, en verse dans un grand verre et te le glisse sur le comptoir avant de remettre la cruche au frigo. Je prends une gorgée de ma bière et m’étouffe presque avec quand tu demandes de but en blanc : « Je suis quoi pour toi ? » Cette question vient clairement de notre conversation Tinder. C’est ma faute après, j’aurais pu être un peu plus prudent. Mais j’ai pas envie de te mentir en te disant que t’es simplement une petite sœur pour moi. C’est bien plus complexe que ça. Je dépose donc ma bière et fait un pas dans ta direction, puis un autre sans jamais te quitter des yeux. « Ce que tu es pour moi..? » Un pas de plus et nos corps se touchent presque. « La pureté incarnée… la figure même de l’innocence. Si douce, si belle…» Ma voix est à peine audible, étrangement rauque aussi. Je lèche lentement mes lèvres et ose finalement poser une main sur ta taille pour t’attirer vers moi, mon regard plongé dans le tient.

Il est clair que je n'allais pas choisir une bière, ça ne me ressemblait pas du tout. Je ne buvais pas d'alcool d'ailleurs. Un jus d'orange, c'était parfait. Kenny me verse alors un grand verre avant de remettre la pichet dans le frigo. Je triture mes doigts en me demandant si je vais poser la question et, faut croire que je la pose au mauvais moment puisque le jeune homme manque de s’étouffer avec sa bière. La conversation tinder m'avait fait quelque chose. Elle me stressait et m'intriguait à la fois et peut-être que j'avais besoin de poser quelques mots. Kenny posait sa bière et commença à se rapprocher d'une façon tellement lente, sexy et intimidante que mes joues en rougissaient. J'avais du mal à le regarder dans les yeux, mais il captait à nouveau mon regard en me parlant. « Ce que tu es pour moi..? » Il était si près que mon corps se réveillait totalement. Je ne bougeais plus, je le regardais et je respirais à peine. « La pureté incarnée… la figure même de l’innocence. Si douce, si belle… » Doux Jésus. Qu'est-ce que je devais faire ? Sa main m'attire contre lui et je redoute ce qui pourrait arriver. Je n'étais pas à l'aise car j'avais les deux pieds dans l'inconnu. « Je... » que je bredouillais maladroitement, les joues plus rouges que jamais. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire.

Je n’aurais probablement pas du te répondre aussi honnêtement, mais la vérité, c’est que j’ai envie que tu saches que pour moi tu n’es pas qu’une sœur, loin de là même. Tu as grandi et tu es devenu la magnifique femme que tu es maintenant, forte malgré ses airs innocents et craquante aussi. Putain, je joue avec le feu là en m’approchant comme ça, si ça se trouve, j’vais te faire fuir ou me prendre une bonne claque. « Je... » Tout ton visage est pourpre et j’espère que tu respires correctement. Tu es frêle et ma main sur ta taille fait pratiquement la moitié de celle-ci. J’ai envie de te sentir encore plus près de moi, de te toucher davantage aussi, mais je crains ta réaction. Tu n’as jamais aidé sur cette voie là, pas vrai Marla? Alors de quel droit pourrais-je m’approprier ces premières expériences? De ma main libre, je caresse doucement ta joue et remonte ton menton d’un index sous ce dernier. « Est-ce que ça va si je te tiens comme ça.. ? » demandai-je finalement, la voix toujours aussi rauque.