cléo était arrivée et rien que ça, ça suffisait à me faire sentir un peu mieux. non mais j'aimais pas quand j'étais dans ce genre de panique en fait. j'avais trop chaud, j'avais l'impression que j'allais tomber dans les pommes d'une seconde à l'autre alors forcément, c'était pas cool comme sensation. puis dans le fond, j'arrêtais pas de me répéter que j'étais juste dingue et que comme la première fois ça ne serait rien d'autre qu'une fausse alerter. alors ouais, j'essayais de relativiser mais maintenant qu'elle était et que j'avais le test en main, c'était le moment d'avoir le moment de vérité. j'esquissais un faible sourire avant de m'enfermer dans les toilettes, lisant le mode d'emploi et une fois fait, je n'avais plus qu'à attendre les quinze minutes avant la réponse fatidique. sortant de la salle de bain, les mains un peu tremblante, je faisais face à ma meilleure amie qui était restée derrière la porte. "j'crois que c'est ça le pire, attendre" c'était comme avoir un compte à rebours au dessus de la tête et clairement, ce n'était pas plaisant. posant ma tête contre le mur, je fermais les yeux quelques instants, les bras un peu ballants. "j'peux pas être enceinte, ça serait la plus grosse blague de l'année" ouais, un mauvais coup du sort encore une fois. et l'alarme de son téléphone retentissait annonçant alors le moment de vérité. "tu peux aller voir pour moi ?" parce que là, j'avais pas le courage. clairement pas.

Tell me it's gonna be okay ?

( Camila & Cléolya )


Un message que je pensais être une blague, une blague de mauvais goût même, mais pourtant, tu semblais très sérieuse, alors je jubilais au fond de moi. À croire que j'espérais réellement que ça se produise. J'étais loin d'être pourtant la mieux placé pour être heureuse parce si ça arrivait ça voudrait dire que Pluton allait être père et je ne lui faisais peut-être pas assez confiance pour ça, surtout vu sa maladresse, mais pourtant je les imaginais bien tout les deux. J'attrapais mes affaires et courais de mon appartement au tien. Très vite, on se retrouvait et sans attendre d'avantage, tu t'enfermais dans les toilettes, avant de revenir très vite, alors que je faisais les 400 pas devant la porte.

« C'est pour ça que je suis là, pour ne pas te laisser faire les 400 pas toutes seules. » Que je disais avant de me poser contre le mur comme toi.

C'était dingue comme moi aussi, je stressais, autant que toi, mais c'était pas ça le rôle d'une meilleure amie non ? Vivre les choses comme ci, j'étais à ta place. Tu ouvrais la porte et tu t'installais contre le mur, les yeux fermés pour un instant.

« Ne dis pas ça.. Tu ne veux pas d'enfant ? » Que je demandais avant d'être interrompu par la sonnerie de ton téléphone. « Oui.. » Que j'ajoutais en poussant la porte de la salle de bain.

J'arrachais un morceau de papier toilette pour attraper le test de grossesse, à cause des microbes avant de le retourner vers moi.

« Poupée... » Que je disais en arrivant vers toi. « Tu.. Tu vas être maman... » Que j'ajoutais en tournant le test vers toi, pour que tu puisses voir le résultat.

comment est-ce que je pouvais me montrer courageuse dans une situation comme celle-là ? j’avais juste l’impression que ça m’étais tombée sur la tête et qu’à aucun moment le karma n’avait voulu me laisser le choix. dans un autre côté, je savais aussi que c’était ce qui arrivait quand on n’était pas vigilant et pour dire les choses comme elles étaient, pluton et moi, on était clairement pas assez attentif à ce genre de chose. faire des tests vis à vis de possible maladies ? ouais, tout le temps. mais fallait croire qu’on avait eu l’impression d’être un peu trop invincible vis à vis de ce sujet-là. preuve étant que ce n’était peut être pas le cas. et si c’était une fausse alerte comme la première ? j’crois que ça m’enlèverait un sacré poids. mais avec des si, on pourrait refaire le monde et même en étant une wildingham, je ne pouvais pas avoir cette prétention là. « ouais.. » mais tant que j’aurais pas les résultats, faire les 400 pas avec moi ou non, ça changerait pas grand chose. j’avais besoin d’une réponse. juste une réponse. « pas maintenant ? » j’étais trop jeune en fait. pas spécialement prête. et puis on en parlait de pluton ? parce qu’il était encore moins prêt que moi dans cette histoire. et j’avais pas le courage d’aller voir ce que ce foutu test allait me dire. j’crois que j’avais du mal avec l’idée qu’un simple bâton puisse totalement changer mon avenir. je t’envoyais toi parce que je savais que tu le ferais à ma place, que tu me laisserais pas tomber sur cette révélation là et quand tu revenais, quand je voyais ton visage, je crois que malgré moi, je comprenais. les yeux fermés, j’inspirais lentement absolument pas prête à entendre les mots qui sortaient pourtant de ta bouche. et j’avais aucune réaction -probablement parce que je ne savais pas réellement comment réagir. « c’est le moment où t’es censée rire et me dire que c’est juste une blague de mauvais goût. »

Tell me it's gonna be okay ?

( Camila & Cléolya )


J'étais face à toi, et t'étais terroriser. Ca se voyait à ton comportement que tu t'inquiétais, parce que tu n'avais pas ce beau sourire qui illuminait ton visage. Tu t'étais installée contre le mur, comme pour te retenir de tomber et ouais ça m'faisais un peu peur de te voir dans cet état-là, parce que c'était loin d'être habituel, malgré tout ce que t'avais vécu. Je t'observais alors que tes yeux étaient fermés, sûrement que ton cerveau fumait à cet instant précis. Moi de mon côté, j'étais partagée. Certes, je rêvais d'être tata, mais si c'était pour te voir malheureuse, je préférais largement que tu ne le sois pas. Ton bonheur, c'était une de mes raisons de vivre, parce que depuis toute petite, c'était toi et moi. Elle me manquait cette période, celle ou nos principales préoccupations était de savoir si nos pères allaient bien nous acheté ce que l'on voulait ou qu'on refaisait le monde en l'idéalisant. J'avais fait de nombreux aller/retour face à cette porte quand t'étais enfermé dedans, mais là, te voir angoissé, j'avais juste l'impression que les minutes étaient des heures...

« Pas maintenant, parce que tu ne te penses pas prêter ou pas maintenant parce que tu ne t'y attendais pas ? » Que je demandais en attrapant ta main.

J'étais là, je le serais toujours, alors qu'importe la réponse, j'allais te soutenir. Finalement, après ta demande, je récupérais le test de grossesse - avec trois tonnes de PQ of course - pour en lire le résultat. Résultat que j'avais peur de t'annoncer, même si un léger rictus s'était dessiné sur mes lèvres en voyant un petit plus.

« Mais... » Que je soufflais dépitée. « Tu es la plus belle personne que je connaisse, alors je ne doute pas une seconde que tu seras la meilleure maman que ce petit bout pourra avoir. » Que j'ajoutais avant de reprendre une nouvelle fois. « Si tu le gardes, à l'instant on, tu sentiras son petit corps bouger, tout tes doutes s'envoleront, parce qu'il parait que la plus belle chose au monde, c'est de donner la vie. »

je crois qu’en fait, j’avais un peu trop d’espoir dans cette situation. j’imaginais que cléo allait se mettre à rire, me dire que j’avais rien à craindre et que ce n’était rien d’autre que du retard et que moi, je pousserais un soupir de soulagement parce que ça m’éviterait de devenir dingue. sauf que non, elle ne riait pas et par association, ça ne me faisait pas rire non plus. j’aimais pas l’air mélo dramatique qui semblait s’échapper de ce moment. si on avait été dans un film, j’aurais pu parier qu’il y aurait une chanson digne de faire chialer les sensibles. « pas maintenant, c’est tout. » j’avais pas d’explication à fournir en fait, je voulais juste que ça ne soit pas maintenant. qui était prêt de toute manière à vivre un truc comme ça ? avec pluton, les choses semblaient à peine s’arranger et je me foutais qu’on dise qu’il était mon âme soeur ou autre, ça changeait pas le fait que ce n’était juste pas le bon moment. j’avais pas envie moi, de me retrouver dans la spirale infernale des couches, des pleurs et de la bave de bébé. c’était pas mon délire, ça ne l’avait jamais été. parfois, j’avais même affirmé à haute voix que je n’en aurais jamais alors là.. putain non, j’étais définitivement pas prête pour ça. « moi ? je sais même pas faire cuire des oeufs. j’vais être une catastrophe. il survivra jamais à mes conneries. » je serais typiquement le genre de nana capable de l’oublier dans une voiture en plein été sous une chaleur affolante. dans le meilleur des cas, les services sociaux viendraient me le retirer pour maltraitance mais ça, c’était typiquement le genre de truc qui allait me gâcher la vie. « dis pas ça, regarde ma mère cléo.. elle a jamais pu me supporter. alors donner la vie, ça change pas grand chose, ça créé pas de l’amour quand il n’y en a pas. » et si je l’aimais pas ? et s’il ne m’aimait pas ? et si pluton se tirait parce qu’il n’était pas prêt à subir un truc comme ça ? non mais c’était la merde.