Une sortie avec Ashleigh la veille. J’avais apprécié l’effort de ma petite amie, même si je l’avais sentie tendue dès l’instant où l’on s’était retrouvés dans ce bar. Si au début, j’avais réussi à jouer les décontractés pour deux, à faire le pitre pour lui arracher quelques sourires, ma bonne humeur avait été de courte durée… En effet, j’avais un peu eu envie de disparaître en voyant l’un de mes premiers amours entrer dans l’établissement. Dina Ricci. Toujours aussi classe, toujours aussi gracieuse, toujours la même. Trois ans s’étaient écoulés et elle n’avait pas changé d’un pouce. Alors oui, ça aurait pu être juste gênant, genre comme quand on avait croisé Gabrielle à la Eliot House quelques mois plus tôt… Mais là, ça avait vite été pire que ça. Parce qu’Ash avait remarqué la demoiselle avant que je ne dise quoi que ce soit, lui avait fait de grand signe de main et me l’avait présentée alors. C’était sa bizut. Et moi c’était bien ma veine… Et lorsque je m’étais apprêté à ouvrir la bouche pour essayer d’expliquer la situation et que je connaissais déjà la jeune femme en question, Dina m’avait tendu la main, sourire aimable, air innocent et elle s’était présentée, comme si on ne s’était jamais rencontrés elle et moi… J’arrivais pas à me remettre dans la soirée après ça. Alors forcément, dès le lendemain soir, me voilà retournant dans le même établissement, dans l’espoir d’y recroiser encore la demoiselle et de lui demander des explications quant à son manège. Est-ce qu’elle avait fait ça pour éviter un malaise vis à vis d’Ash ? Est-ce qu’elle m’en voulait pour quoi que ce soit ? Quand on sait que c’est elle qui avait rompu et coupé les ponts avec moi du jour au lendemain, c’était plutôt moi qui devrais être rancunier dans l’histoire… J’étais intrigué par l’attitude de l’italienne et dès que je fus entré dans le bar, je parcourus l’endroit des yeux pour essayer de la repérer. Assise au comptoir, en train de discuter avec quelqu’un, je m’avançai jusqu’à elle pour m’asseoir juste à ses côtés, la coupant dans sa discussion mais qu’importe les bonnes manières. « Dina. » lançai-je froidement. « Ca va, tu te rappelles de moi ce soir ou il faut qu’on rejoue la scène des présentations ? »

Fille de la nuit, c'est les seuls moments où elle se sent vraiment vivante. Où elle sait qu'elle peut tout faire, tout dire, tout croire ou faire croire et la nuit.. La nuit, c'est dangereux. Et c'est ce qu'elle aime Dina, c'est là que la flamme vient ronger ses pupilles, les dilatent sous l'extase d'un instant sous complète adrénaline. Mais ce soir, Dina elle se contente de faire connaissance avec ce parfait inconnu, l'écoutant à moitié, avalant une olive épicée en gardant le cure-dent dans la bouche en guise de distraction. Princesse était beaucoup plus concentrée sur les allés et venus à l'intérieur de ce bar, que par les propos de son compagnon d'ennui. - Ouais, depuis quelques mois maintenant.. Qu'elle répond en faisant la moue, re dirigeant son regard vers son interlocuteur avant de boire une gorgée de son verre. La jambe qui bouge, le verre presque vide et Dina craint de devoir rentrer déjà chez elle. - Merci pour le verre mais.. Le sourire faussement désolé sur les lèvres, prête à lui sortir une excuse à dormir debout pour éviter de finir la soirée avec lui et, une voix masculine la coupe dans son élan. Pas n'importe laquelle, ta voix. Celle d'un souvenir trop vite envolé, celle des nuits frivoles dont je me souviens à peine au final. Mais tes yeux, tes yeux je ne pourrais jamais les oublier. Surtout quand il me hurlait de rester autrefois, d'être tienne pour de vrai et pas que sous tes draps. Ce regard qui parle beaucoup trop, qui me disait ces choses que je ne voulais pas entendre.. - Denys. Sourire aux lèvres, princesse lève les yeux avant de faire demi tour sur son tabouret et te faire enfin face. - C'est bien ça ? Elle froisse la bouche, faisant mine de réfléchir, et bordel ce qu'elle peut être bonne comédienne quand elle veut. - Non c'est bon pas besoin, j'ai compris, t'es le petit ami d'Ash non ? Continuant dans son petit jeu toujours et encore. Elle veut voir ce que ça te fais, si il reste encore une infime partie de toi encore accroc à elle.

J’étais un peu énervé en la repérant, ma voix était sèche, mon ton vexé… Peut être que j’étais idiot de réagir ainsi mais voilà, la veille, avec son petit cirque, elle m’avait mis dans une situation inconfortable vis à vis d’Ash et on n’avait tout simplement pas besoin de ça en ce moment. Ashleigh avait la trouille de sortir suite aux enlèvements, et ensuite y’avait eu le visionnage de sa sexe tape avec Maxime, alors le retour de Dina maintenant, oui, ça ne tombait absolument pas bien. Surtout si mademoiselle avait décidé de tout cacher à Ash, m’imposant indirectement le même manège ridicule. Je l’avais donc coupée, de manière un peu rude, dans sa discussion en cours avec un jeune homme, laissant pour une fois mes bonnes manières de côté. Son regard accrocha le mien. Quelques secondes troublantes, où il me sembla que c’était bon, vu la lueur qui y brillait, Dina m’avait reconnu. Elle souffla mon prénom et l’espace d’un instant, je crus que le jeu était terminé, puisqu’elle se tournait alors vers moi. « Dina… » Sauf qu’elle ajouta un –c’est bien ça ?- interrogatif et hésitant, avant de préciser que les présentations n’étaient pas nécessaires ce soir puisqu’elle avait compris que j’étais le petit ami d’Ashleigh. Je fronçais les sourcils en répliquant alors d’une voix dure : « A quoi tu joues enfin ? » Je ne comprenais pas, si la veille c’était Ash qu’elle avait voulu protéger, pourquoi reprendre le même numéro ce soir ? A moins que… A moins qu’elle m’ait véritablement oublié ? Est-ce que c’était moi, qui avais accordé trop d’importance à nos moments ensemble ou bien peut être qu’elle avait des problèmes de mémoire ? De vrais problèmes médicaux, ma mine renfrognée se fit un peu plus intriguée : « Tu te souviens vraiment pas ? » Mais pas le temps de la questionner davantage, l’autre type avec qui elle était en train de parler quelques secondes plus tôt ronchonna à son tour, probablement énervé de se voir voler son attention par mon arrivée impromptue à leurs côtés. "Hého, on était en train de discuter là, tu veux pas aller voir ailleurs si on y est." grogna le gars.  

Dina elle accroche ton regard, un brin malicieuse, on peut voir briller un léger sentiment de satisfaction qui plane sur son visage quand ta voix retentit. Elle continue son petit manège, te piquant, te cherchant un peu, voulant faire travailler ta mémoire comme si elle voulait que tu retombes à ces années en arrière. Égoïstement, elle espère peut-être que sa peau te hante encore un peu parfois. Elle te toise encore un peu, portant son verre à ses lèvres sans lâcher ton regard. Sirotant une gorgée, le sourire en coin qu'elle ne peut pas s'empêcher de dissimuler quand elle aperçoit un peu de crainte, mélangé à l'énervement qu'elle puisse t'avoir oublié. Princesse entrouvre la bouche, la réponse au bout de la langue alors que l'inconnu vient rétorquer avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit. Dina pouffe un rire, repose son verre avant de descendre de son perchoir. - Calme toi.. Attends moi ici. Ecoute là ou pas, Dina elle n'attend rien de toi. Elle te propose par politesse, mais Denys venait d'accaparer toute son attention. Elle glisse sa main dans la sienne, lui emboîtant le pas avant de traverser la foule. - J'ai envie d'une clope. Le contact de ta peau, à niveau. Évidement qu'elle s'en rappelle, comment pourrait-elle oublier ? T'as été l'une de ses plus belles proies, elle aurait presque pu s'attacher avec le temps. Enfin dehors, elle lâche ta main, vient embrasser ta joue furtivement avant de se poser contre ce mur froid. - Ça t'aurais fait chier si je t'avais oublié ? Fouillant dans sa poche, elle sort une clope de son paquet à moitié vide, la cale entre ses lèvres rouges sang et tend le paquet à Denys. - C'était peut-être mieux au final.. Maintenant que t'es en couple. Dina elle voit plus l'intérêt de se souvenir, plus l'intérêt de garder contact.

Trois ans c’était quoi ? Rien du tout. On n’oublie pas quelqu’un comme ça, pas quelqu’un avec qui on a été proche et intime comme nous avions pu l’être elle et moi. Ou alors elle avait véritablement tout zappé ? Tout oublié ? Un accident ? Une amnésie ? Un Alzheimer précoce ? Ou juste moi qui en faisais des tonnes ? Est-ce que c’était encore moi, qui m’imaginais que ça avait pu compter alors qu’en fait je n’avais été qu’un de plus parmi tous les autres ? Un de plus qu’elle aurait oublié ? Et bordel, pourquoi cette éventualié, ça pinçait autant, là au creux de ma poitrine ? Peut être que je devrais m’en foutre complètement, qu’elle se rappelle ou non, qu’elle joue ou non, mais c’était pas le cas. Parce que je m’appelais Denys Zacharias et que j’étais incorrigible sur ce point : quelqu’un qui avait compté, compterait toujours un peu. Pour cela, surement, que mon répertoire d’amis comptait un nombre incalculable d’ex copines ou d’anciennes aventures. J’étais jamais capable de rayer quelqu’un de ma vie. Même celles qui m’avaient brisé le cœur. Même celles qui m’avaient repoussé. Même Dina. Alors que je la détaillais, la scrutant, cherchant à comprendre, l’autre gars s’impatienta. La brune le calma directement en lui soufflant d’attendre, et sa main se glissa dans la mienne. Electrisant contact. Déroutant aussi. Pourquoi ne pas juste me dire ‘bye bye’ on se voit plus tard ? C’était bien qu’elle devait se rappeler non, pour m’entrainer avec elle vers l’extérieur… Mes neurones chauffaient, déboussolé par l’intriguante. « Dina attends… » commençai-je, mes doigts se resserrant un peu sur les siens, comme pour prolonger ce contact entre nos doigts, comme si ça pouvait faire resurgir les souvenirs chez elle. Et on se retrouva dehors où elle me relâcha en révélant pourquoi elle m’avait entraîné ici : pour une clope. « Et moi j’ai envie de comprendre. Explique moi. » quémandai-je, avec un air perdu. Et c’est en s’avançant jusqu’à moi, en venant poser ses lèvres contre ma joue, ce petit geste de tendresse, d’affection, ce geste que j’avais eu des centaines de fois envers elle par le passé, qu’elle me confirma mes soupçons : elle se rappelait et toute cette amnésie n’était qu’une comédie. Et en s’adossant, amusée, elle me toisa alors que je l’observais avec surprise, mes doigts venant effleurer l’endroit où ses lèvres s’étaient posé. Troublé. « T’es pas possible… » soufflai-je d’abord. « J’étais en train de me dire que t’avais peut être une amnésie ou un truc du genre… Mais oui, ça m’aurait fait chier. » ajoutai-je pour répondre à sa question. Attrapant une cigarette dans son paquet, l’allumant de mon briquet et m’avançant ensuite pour l’aider à allumer la sienne, je repris quant à ses objections : « Arrête Dina, je peux pas faire semblant, tu le sais… J’ai pas envie de t’oublier. J’en ai jamais eu envie. » A la différence d’elle, surement. Peut être que c’était pour cela qu’elle ne m’avait jamais répondu. A aucun des appels, à aucun des messages laissés après qu’elle m’ait quitté. Et quand elel évoqua mon couple, je sentis mon cœur se serrer. « Et d’ailleurs, Ash… Faut qu’on lui dise. Elle va nous en vouloir de lui cacher. »  

Un bond en arrière, dans ce passé où elle venait de comprendre ce qu'était le vrai sens du mot liberté. Ce mot tabou chez elle, les mains et les chevilles trop longtemps liées. Elle se rappelle de toi, de tout ce que tu es, étais, de ta tendresse et ta sensibilité qui te perdra un jour probablement. Et Dina elle avait aimé ça, elle avait aimé ton côté humanitaire, ton côté fleur bleue qu'elle recherche en vain chez elle. La porte à peine poussée que la brise de vent vient lui glacer le visage, lui arrachant un long frisson qui lui provoque un tremblement dont elle exagère la mimique. Tu t'approches, un peu trop près pour allumer la flamme entre nous, venant éclairer à moitié le visage de Princesse, faire briller un peu plus ses lèvres et son regard vient kidnapper le tient. - T'as toujours tes beaux yeux.. Qu'elle dit dans un fin sourire révélateur, franche pour une fois Dina ne débite pas un tas de mensonges. Comme ceux auxquels elle avait pu te faire croire il y a trois ans, ces mensonges avec lesquels elle t'as enroulée pour mieux t'étouffer, comme une araignée qui emprisonne ses proies dans son fil argenté. - Intéressant.. Dit-elle en recrachant sa fumée en hochant la tête. Elle garde tes paroles dans un coin de sa tête, se confiant à la possibilité d'avoir toujours un peu ta porte ouverte pour elle. Pour ce que vous avez vécus à deux il y a un moment. Elle baisse la tête Dina, dans une fausse mimique d'intimidation, ses mèches de cheveux retombant sur son visage dans le geste, cachant son sourire en coin. - À quoi servent les souvenirs si on peut plus les utiliser Den' ? Parce que clairement, Dina elle a pas forcément envie de s'abstenir avec toi, pas forcément envie de te regarder embrasser une autre femme sous ses yeux en sachant qu'elle, elle ne pourra plus goûter à tes lèvres. -C'est ta copine, pas la mienne.. Je te laisse lui dire. En ce qui me concerne, j'ai pas vraiment de compte à lui rendre ! Haussement d'épaules, air dédaigneux alors qu'elle ramène une fois de plus sa clope au bec. - Tu l'aimes ? Qu'elle demande après avoir laissé planer un court silence. - Ashleigh ?

Nouvelle connexion entre nos prunelles alors que mon pouce s’active sur mon briquet, activant la flamme de l’objet et allumant l’extrémité de sa clope. Une connexion troublante, tout autant que le contact de ses doigts contre les miens un peu plus tôt. Peut être parce que notre histoire remontait à trois ans désormais, que le passé et les souvenirs que le fait de l’avoir devant moi resurgissait un peu trop vite, un peu trop intensément. Ses mots m’arrachèrent un petit sourire flatté. « Et toi, t’as toujours ton sourire ravageur. » Qui avait du en faire tomber plus d’un après moi… Je tirai sur ma clope en m’écartant un peu la laissant retenir et imprimer mes mots quand à l’impossibilité et ma non envie de l’oublier. Elle était là devant moi, et elle était désormais étudiante sur le campus, l’amie de ma copine, je ne comptais pas tirer un trait sur Dina, hors de question. Pas alors que je venais à peine de la retrouver. « Moi je les garde nos souvenirs, je me souviens de tout. Peut être juste que j’aurais aimé une autre fin. T’as le droit de m’oublier, si tu préfères… Après tout, c’est un peu ce que t’as fait déjà… » Mon regard se baissa un instant vers le sol, pour masquer la lueur blessée que son rejet, la distance, l’indifférence avec laquelle elle avait mis fin à notre relation avait provoqué en moi. Tirant plutôt une nouvelle bouffée sur ma cigarette incandescente, quand le sujet Ash revint sur le tapis, je relevai les yeux. « T’as des comptes à lui rendre quand même, t’es pas sa bizut ? Elle va te faire morfler. » plaisantai-je, retrouvant une bride de sourire au coin des lèvres, taquinant plus qu’autre chose mon interlocutrice. Ash était loin d’être une tortionnaire avec ses bizuts, Dina avait du déjà le réaliser. Et à la question suivante, c’est avec une évidence et sans l’ombre d’une hésitation que je répondis : « Comme un dingue… » Et c’est aussi pour ça que je ne supportais pas de lui cacher mon lien passé avec Dina, parce que je savais que ce genre d’omission, de secret, risquait de la blesser.

Dina elle sent l'alchimie encore quand les regards se croisent, la même que celle d'au début, celle qui avait réussie à l'atteindre, à percer sa carapace de fer et succomber facilement à ton étreinte chaude. Et les flashbacks de vos nuits endiablées refaisaient surface dans son esprit. Quelques secondes seulement, le temps d'un regard accrocheur avant que celui-ci ne s'envole pour se poser un peu plus loin à côté d'elle. Mettant en place une certaine distance dérangeante pour Princesse qui en a pas l'habitude avec toi, qui ne la supporte pas vraiment en fait. Elle subit, de sentir ta présence sans pouvoir l'effleurer, la toucher pleinement comme elle le voudrait. Comme dans ses souvenirs rabâchés depuis le début de cette discussion. Et c'est sûrement de sa faute, elle le sait Dina, elle n'aurait peut être pas dû partir à l'époque. - Mais c'est déjà la fin, tu t'es mis une corde au cou avec Ashleigh.. Être ton amie, c'est ça que tu veux avec moi ? Qu'on soit juste des amis ? Parce que tu penses en être capable toi ? Pas elle. - J'ai rien oublié non plus, et c'est pour ça que j'ai pas envie d'être ton amie parce que je n'y arriverais pas moi. Ça l'intéresse pas Dina, elle veut soit tout soit rien et surtout pas une moitié de toi. La plus ennuyante en prime. Elle ricane, écoutant à demi tes mises en garde sans y accorder la moindre importance. - Et tu me connaît assez pour savoir que rien ne me fait peur.. Arque un sourcil, provocatrice princesse elle tourne légèrement la tête sur le côté pour te regarder. Son sourire s'évapore après que tes lèvres se bouclent, après que ta réponse soit venue la percuter comme un ouragan. - C'est bien. Seule réplique qu'elle a su sortir.

On sentait des nuances de reproches, de déception, malgré moi, quand je repensais à nous, à notre histoire… A ces étreintes auxquelles j’avais donné un tout autre sens qu’elle visiblement, devenant vite complètement accro à l’italienne, à son tempérament de feu, à son sourire ravageur… Oui, elle m’avait eu, elle m’avait complètement eu, sous son joug, sous son pouvoir, pour mieux disparaître ensuite. Une absence, un vide, des messages et des appels sans réponse, tout ça qui me laissait un coup amer… Tout ce qui donnait cette lueur un peu triste à mon regard que je baissai pour échapper au sien, quelques secondes. Et c’est sur mon couple qu’elle reprenait la parole. « T’as pas changé en fait… Tu vois toujours l’engagement comme une corde au cou ? » rigolai-je en reprenant ses mots. « T’es heureuse comme ça Dina ? Fuir, ne pas t’attacher, t’échapper toujours ? » Parce que c’était ce qu’elle avait fait avec moi, et vu sa façon de parler à l’instant, j’étais quasi certain que je n’étais pas le seul avec qui elle avait évité de trop se lier. « T’as même pas envie qu’on soit amis toi ? Tu préfères jouer les amnésiques vraiment ? » demandai-je, un peu blessé. Et quand elle semblait s’amuser de son futur bizutage sous les griffes de mon actuelle copine, je décidais de jouer la provoc : « Rien ne te fait peur ? » Rire moqueur, j’expirai une dernière fois la fumée de la clope avant de l’écraser plus loin. « T’es une trouillasse Dina. T’es une sacrée flippée. » Regard provocateur à mon tour, me rapprochant à nouveau pour planter mes prunelles dans les siennes, joueur : « T’as tellement peur que tu préfères me sortir de ta vie plutôt que de m’y laisser avoir une petite place. » Oui voilà en quoi t’étais une trouillasse Dina Ricci. Et c’est sur ces mots que je m’écartais à nouveau, lui tendant la main pour lancer : « Alors, tu joues les peureuses et tu retournes t’amuser avec le guignol qui t’attend à l’intérieur ou tu me suis et on file s’amuser ailleurs ? »

Ces retrouvailles c'était.. Spécial ? Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle ressent Dina à ce moment là, face à Denys. Princesse elle peut lire en lui comme dans un livre ouvert, d'un simple regard, d'une simple mimique qu'elle a apprit à connaitre par cœur à force. Et puis c'est souvent les mêmes qu'elle rencontre dans sa vie, les mêmes expressions de déception, de degout parfois, de tristesse chez certain. C'est tout ce qu'elle sait semer, planter dans les cœurs de ses hommes qui ont tous comptaient chacun à leur manière dans sa vie. Mais jamais assez, ou peut être que si, peut-être que Denys aurait pu être l'exception à la règle si elle n'était pas tombé sur cette petite boîte noire. Alors elle a préférée claquer la porte plutôt que de lui briser le cœur. Probablement que c'est ce qu'elle a quand même fait au final, par peur. - Je sais que j'suis bien en tout cas comme ça.. Court silence, le temps de soupirer. - Probablement que j'pourrais être mieux si j'essayais la corde au cou un jour. Elle lâche un rire moqueur, clin d'œil complice avant de jeter sa clope au sol et l'écraser rapidement. Princesse abandonne son mur, se redressant pour venir se planter face à toi, tordant la bouche d'hésitation. Pas le temps de te répondre que tu enchaînes, la traitant de trouillarde et elle fronce les sourcils d'incompréhension. À la limite de répliquer, de monter sur ses grands chevaux comme elle sait si bien le faire princesse mais le son de cloche de ta dernière phrase la freine. - Tu veux ta place dans ma vie ? D'accord Den', tu l'as. Le sourire aux lèvres, le sadisme puant a plein nez. - On verra pendant combien de temps t'auras envie d'y rester.. Qu'elle souffle en appuyant sur ses derniers mots. Parce qu'elle te l'as dit, être ton amie, ça ne l'intéresse pas. Elle baisse le regard vers ta main tendue, immobile avant de finalement l'attraper et te ramener vers elle dans son élan. Ton corps percute à peine le sien, et elle profite de cette proximité pour faire glisser sa main contre tannique chaude. - J'ai peur de rien Zacharias. Qu'elle dit, décomposant sa phrase pour que tu puisses bien l'imprégner. Princesse se rapproche, trop, beaucoup trop, assez pour sentir à peine le bout de tes lèvres et ta respiration qui caresse sa peau. - Et toi ? Est-ce que t'es si courageux que ça pour me garder dans ta vie ? Est-ce que c'est vraiment ça que tu veux Denys ? Accepter une tempête dans ce quotidien si tranquille que t'as réussi à te créer ?