T'as 17 ans, t'es jeune et t'as toujours la pêche. T'es blonde, mignonne et t'as un bon sens de l'humour. Tu ne passes pas inconnue, c'est pour ça qu'on t'a invité à cette petite fête. L'un des garçons les plus populaires de l'école fête son anniversaire ce soir et pour l'occasion, ses parents lui ont laissé la maison. Il était censé inviter rien que quelques potes... mais évidemment, dès leur départ, la piaule s'est remplis de monde. Depuis quelques heures déjà, tu t'amusais à boire, danser, draguer... bref, comme n'importe quelle fille de ton âge. Une voix s'élève et malgré la musique forte, tu réussis à l'entendre. Qui veut jouer à la bouteille ?! Ce jeu te fait toujours sourire, parce qu'il peut très facilement devenir intéressant. Naturellement, tu as levée la main et tu t'es déplacé vers le placard, où le jeu prenait lieu. C'était plus tranquille là, tous assied en rond, les manteaux accrochés au-dessus de vos têtes et avec seulement une lampe de poche pour vous éclairer. Alors, qui commence ? Tu regardes les gens autour de toi, tu ne connais pas tout le monde, mais presque. Un mec prend la bouteille en premier et la fait tourner, il embrasse sa première victime et le jeu continue jusqu'à ce que ce soit ton tour. Tu fais donc tourner la bouteille, qui finalement pointe une fille que tu ne connais pas. Uh... non... c'est injuste, je vais pas embrasser une fille !

J’ai beau avoir 15 ans, je n’ai aucun mal à me faire inviter dans ces fêtes organisées par les plus vieux. À vrai dire, malgré mes airs d’éternel enfant, j’suis mignonne à croquer et je sais très bien en jouer. C’est pas pour rien que j’ai perdu ma virginité à la fin de l’été dernier avec un mec de terminale. Bref, ce soir, j’suis là pour faire la fête avec mes copines et dès lors que j’entends quelqu’un crier « Qui veut jouer à la bouteille ?! » Je me porte volontaire. Rejoignant les autres dans ce placard où tout le monde s’installe rapidement en cercle je souris à la ronde. On est installé systématiquement un gars, une fille, un gars, une fille et ainsi de suite. Rapidement, le jeu démarre et les baisers s’échangent sous les rires amusés de la plupart des participants, moi incluse. C'est finalement le tour de la joli fille en face de moi et, lorsque la bouteille s’arrête sur moi, j’ai peine à y croire. « Uh... non... c'est injuste, je vais pas embrasser une fille ! » Je me mordille la lèvre avant d’afficher une moue boudeuse. « C’est pas la fin du monde, allez vient là. » Je m’agenouille et avance lentement vers toi, encouragé par la plupart des mecs autour qui rêvent de voir deux filles s’embrasser. Je sens mes joues s’empourprer, mais ne m’arrête pas pour autant avant d’être à quelques centimètres de toi.

Ce que tu sais depuis quelques temps, tu n'oses pas nécessairement te l'admettre encore : les filles te plaisent. Tu trouves qu'elles sont jolies, qu'elles sentent bonne. En fait, t'as toujours été curieuse de voir le corps d'une autre fille, de voir si elles sont toutes faite comme toi. Mais il y a bien plus que de la curiosité... il y a l'envie. L'envie de savoir c'que ça fait, d'embrasser une bouche fraichement surlignées d'une baume à lèvre à saveur de fraise. La bouteille tombe sur une petite blonde et tu n'arrives pas à t'en remettre. C’est pas la fin du monde, allez vient là. Tu fixes ses lèvres roses et tu fermes les yeux en la voyant s'approcher de toi. Les garçons vous encouragent, les filles sont en majorité encourageante aussi alors que d'autres sont dégoûtées que vous ayez autant d'attention en ce moment. Finalement, tu touches à ses lèvres, mais tu restes en surface. Tu n'oses pas explorer plus loin que tu te détaches d'elle. Hey ! C'est pas un baiser, ça. Tu triches, Sanchez ! Tu regardes le mec qui a parlé un instant, avant de replonger ton regard sur Serah. T'attends son approbation, en quelque sorte, avant de finalement te laisser aller. Tes lèvres se pressent contre les siennes et après quelques secondes d'adaptation, tu y ajoutes plus de passion, plus de langue. Et évidemment... plus de plaisir.

Je n’ai encore jamais embrassé une autre fille. Non pas que ça ne m’intéresse pas, en réalité, je n’y ai même jamais vraiment pensé. Mais l’idée ne me rebute pas pour autant. Tu es jolie et tu m’as l’air d’avoir une bonne hygiène buccale alors pourquoi pas? Ce n’est qu’un jeu après tout, non? Suffisamment proche, je ferme finalement les yeux et nos lèvres se touchent un bref instant, un baiser pur et chaste si on veut. J’ouvre les yeux lorsque tu te recules, légèrement surprise que ça s’arrête maintenant. D’ailleurs, on a rapidement droit à des commentaires désobligeants. « Hey ! C'est pas un baiser, ça. Tu triches, Sanchez ! » J’esquisse un sourire et tu reportes ton attention sur moi. Tu me fixes et j’hoche imperceptiblement la tête avant que tu ne viennes m’embrasser à nouveau. Cette fois, il n’y a aucun doute, c’est un vrai baiser. Moi qui m’était assise sur mes jambes sous moi, voilà que je me redresse pour pouvoir approfondir notre échange. Ok, j’avoue, j’suis un peu prise par surprise là. Tu embrasses particulièrement bien et je n’ai aucune envie de mettre fin à notre baiser. C’est pourquoi je le prolonge d’avantage, posant ma main sur ta joue, n’entendant qu’à peine les encouragements autour de nous.

Un sourire de sa part et je joue le jeu. Mes lèvres se posent sur les tiennes, ma douceur se mélange à la tienne. C'est fou comme c'est tout ce que j'avais imaginé et c'est perturbant à quel point ça ne me rebute pas. Lorsque tu te redresses, je me redresse aussi et mon corps se rapproche automatiquement près du tiens. À ce moment-là, j'ai compris qu'il ne s'agissait plus de faire plaisir à la foule, car je ne l'entendais déjà plus. C'était toi et moi dans ce petit placard étroit. Ta main se pose sur ma joue et je ressens comme un choc, des frissons me parcourent l'échine, mes jambes sont molles. Timidement, je pose mes mains sur ton ventre et les glissent jusqu'à tes hanches, avant de te serrer contre moi. Les gens n'applaudissent plus, là, au contraire. Ils tentent de nous séparer, nous disant que c'est assez. Je succombe finalement à la pression et te lâche. Mon regard transperce le tiens, je sens mon cœur battre à tout rompre. J'ai rien à dire... alors je me rassois à ma place en n'osant même pas te regarder...

Plus rien n’a d’importance que ce baiser que nous échangeons. J’en oublie le lieu, le moment et les gens présent. Tout ce qui compte, ce sont tes lèvres sur les miennes, nos langues qui se découvrent et tes mains qui explorent mon corps. Lorsqu’enfin j’entends vaguement des gens nous dire que ça suffit, je te laisse mettre fin au baiser et rigole doucement. « Fait pas la gueule Billy, je sais que t’es juste jaloux. » Je retourne lentement à ma place et ne te quitte pas des yeux. De ton côté, je sais que ça te gêne puisque tu fixes plutôt le tapis. Le jeu reprends son cours et la bouteille tourne et tourne, les baisers s’échangent et je n’arrive pas à oublier la sensation de tes lèvres. C’est étrange… qu’une femme puisse me faire cet effet. Ça ne me dérange pas à proprement parler, disons juste que je ne m’y attendais vraiment pas. Mon tour arrive et je fais tourner la bouteille en espérant qu’elle tombe sur toi. Elle ralentit, mon cœur accélère et tombe finalement sur le mec juste avant toi. Il me regarde, fier comme un paon et me fais signe d’approcher. Je retrousse quelque peu le nez, mais une idée me travers l’esprit. J’avance jusqu’à lui, l’attrape par le menton et, alors qu’il est persuadé que je m’apprête à l’embrasser, je lui tourne le visage et le lèche du menton jusqu’à la tempe. J’éclate ensuite de rire tout comme certain autour alors que d’autre se plaigne et je le repousse sans plus de cérémonie. « J’en ai marre, il me faut un verre. » Sur ce, je sors du placard, légèrement aveuglé par les lumières de l’autre côté, espérant secrètement que tu viennes me rejoindre…

Fait pas la gueule Billy, je sais que t’es juste jaloux. Dis-tu, en regardant le mec en question. Je ne le connais pas, je ne veux pas le connaître, je m'en fou en fait. Je me rassois à ma place et fait de mon mieux pour éviter de croiser ton regard. C'est pas vraiment que j'ai honte d'avoir aimée ça aussi, tu sais... C'est que ça me surprend et que ça me gêne de le découvrir devant autant de monde. Bref, le jeu continue et à ton tour, la bouteille tourne et s'arrête sur le gars juste à côté de moi. Je sais pas ce qui m'a poussé à relever les yeux, mais je t'ai regardé pendant que tu t'approchais de lui. Seulement, la tournure des choses m'a fait sourire et rire en même temps que d'autres. J’en ai marre, il me faut un verre. Tu te lèves mon regard te suit jusqu'à l'extérieur. Pour un instant, je reste là, mais le cœur n'y est plus autant... Je pense trop, peut-être. Au bout de quelques secondes, je me lève. J'reviens, il faut que j'aille aux toilettes. Excuse bidon mais suffisamment potable pour que personne ne commente. Je quitte donc le placard et traverse le salon, aveuglée aussi par les lumières. Finalement, je ne te trouve pas dans la cuisine comme je l'aurais cru, mais je fais la rencontre d'un shooter qu'une bande de fêtards sauvage m'ont forcé à avaler. Après l'avoir déposé vide sur le comptoir, je tire une drôle de tête et t'aperçois au même moment dans les escaliers, à me regarder, comme dans un rêve. Sans perdre de temps, je fonce te rejoindre en haut des escaliers et me hisse entre les gens pour atterrir avec toi, seule, dans la salle de bain. Pas un mot... mes yeux sont sur toi et mes mains sont à plat sur la porte que j'ai fermé derrière nous.

J’arrive dans la cuisine où on me donne immédiatement un verre. J’en hume le contenu et le descend finalement d’un trait pour découvrir que ce n’est que le punch dégueu qu’ils ont préparé pour la soirée. Je plisse le nez et cherche de quoi chasse ce goût horrible. Je trouve finalement mon bonheur, avale de la tequila et sors de là en voyant que tu n’arrives pas. Je m’aventure dans la maison et, en passant devant l’escalier qui mène au deuxième, une idée me traverse l’esprit. Je fais quelques pas et me retourne comme si je savais que tu étais enfin là. Je croise ton regard et monte jusqu’en haut. Je sais que tu es juste derrière moi, je n’ai même pas besoin de regarder. Allez savoir si c’est la confiance en moi ou simplement parce que j’ai vu cette étincelle dans ton regard, mais je ne suis aucunement surprise lorsque tu me suis même jusque dans la salle de bain. La porte se referme et je fais volte-face. Tu es là, les mains à plats sur la porte comme pour t’assurer que personne n’entrera pour venir nous déranger cette fois. J’ai le cœur battant et un sourire stupide sur les lèvres. Je fais un pas vers toi, puis deux et plus j’avance, plus je perds mon sourire. Plus j’avance, plus mon cœur bat fort. Et plus j’avance, plus je fixe tes lèvres. Je te jette un dernier regard comme pour avoir ton approbation et me hisse finalement sur la pointe des pieds pour t’embrasser.

À partir de là, c'était de l'impro totale. Nous sommes enfermées dans cette mini salle de bain, l'une face à l'autre, à se provoquer du regard. Mes mains sont plaquées contre la porte derrière moi, mais le devant de mon corps te fait face. Je ne sais absolument pas ce qu'il va se passer dans les prochaines minutes, mais je sens que ça va causer un sacré bordel dans ma tête... je le sais, parce que ça commence déjà. Dès l'instant où mes lèvres se sont posées sur les tiennes pour la première fois, tu t'es accaparée de moi comme un virus, voir un parasite. C'est peut-être pas ton intention première mais... pour m'attirer jusqu'ici, c'est définitivement ta seconde intention. Ton sourire me hante encore, le sentiment de vertige en te voyant t'approcher de moi... et ton regard sur mes lèvres, puis le mien sur les tiennes, je suis comme hypnotisée, complètement absorbée par le moment. Tu te mets sur la pointe des pieds et, en une seconde, je rougis en goûtant à tes lèvres. Elles goûtent comme ma perception de la couleur rose, elles goûtent la barbe à papa, elles goûtent comme le ciel. Je ne sais pas pourquoi, mais encore aujourd'hui, ce souvenir me revient en tête. Je repense à toi, à comment je me suis sentie alors que tu n'étais qu'une inconnue dans une soirée. Et peut-être que ma mémoire me joue des tours, mais dans ma tête, tu es la plus belle fille que je n'ai jamais vue. Mes mains se sont posées sur tes hanches, pour reprendre là où j'avais laissée dans le placard. Mais cette fois, je t'ai gardé contre moi.

Nos lèvres se touchent et un truc explose à l’intérieur de moi. C’est comme si je découvrais une toute nouvelle facette de la vie, carrément. Je ne savais pas que ça pourrait être aussi génial d’embrasser une fille et pourtant, je sais que je n’oublierai jamais tes lèvres. Que je n’oublierai jamais cette soirée où on s’est rencontré de façon tellement banale et cliché, tel un conte de fée où on se retrouve séparé aux douze coups de minuit. D’ailleurs, lorsque tes mains se posent sur mon corps à nouveau, je me presse contre toi, n’ayant aucune envie de quitter le confort de ta chaleur. Les miennes de main caresse tes bras et remontent vers tes épaules pour aller se perdre dans ton cou et tes cheveux. Sauf que ce moment de pur extase ne dure pas. Rien de bien ne dure jamais, le bonheur est éphémère. « OH PUTAIN LES FLICS SONT LÀ! » Une sonnerie d’alarme retentit dans mon esprit. Eh merde, j’suis loin d’être majeure et en droit de boire –comme tous les gens présent en fait- alors je me recule d’un seul coup et regarde complètement paniqué. Il faut qu’on foute le camp d’ici. Je te prends par la main et ouvre la porte à la volé, t’entrainant dans l’escalier aussi rapidement que possible.