3 décembre, c’est le jour où tu te retrouvais à nouveau libérée de cet enfer des derniers jours. Une dizaines de jours depuis Thanksgiving. Une dizaine de jours depuis que t’avais disparus, encore. Cette fois avec d’autres personnes. Moins seule, moins dans la pénombre, moins attachée, oui, mais ça ne changeait pas grand chose. Ça ne changeait pas que c’était la seconde fois. Que ça avait recommencé et que ça avait fait renaître des souvenirs que tu tentais d’enfouir depuis des mois. Tu avais eut envie de prendre une douche, de te nettoyer et tenter d’oublier, à nouveau cette tragédie. Mais pour l’heure, tu avais dû répondre à des questions, interminables. Sur avec qui tu étais à la soirée, ce que tu as bu, à fait. Qu’est ce que tu te souviens. Ce qui a eut lieu pendant votre enfermement. Blablabla. Toi tu voulais juste oublier et arrêter de répondre aux questions, parce que cette fois ça n’allait pas aider. Vous n’allez pas les retrouver. Tu ne savais même pas à quoi il ressemble, ni leur odeur. T’avais rien, absolument rien pour les faire coincer, alors autant tourner la page, vite. Agacée, sur la défensive, les nerfs, tu rentrais au loft. Il était 8 h du matin passé. Le calme régnait. Avant même d’aller vers la douche, c’est à ta chambre que tu te rendis pour jeter un œil sur Naélie. T’avais pas cessé de penser à elle, au fait qu’elle devait être perdue, à Denys, qui avait dû se débrouiller avec la petite et en plus s’inquiéter pour toi. Un nombre incalculables de messages, d’appels, avaient inondé ton tel quand on te l’a remis et que tu l’avais allumé. T’avais encore fait peur à tes proches. Voyant la petite dans son lit, les poings serrés contre sa couverture et elle, tu souris, souhaitant pouvoir dormir aussi paisiblement à nouveau. Chose que tu sais qui sera impossible, qui l’était déjà depuis mars et sera que pire. Refermant la porte de la chambre, tu vas te doucher, durant plusieurs longues minutes, laissant l’eau chaude ruisseler sur toi. Tellement longuement, que la pièce se remplit bien vite de vapeur, de buée. Quand tu en sors, une serviette sur les cheveux et une autour du corps, tu ne peux t’empêcher de te regarder dans le miroir. Aucune trace physique à la différence de l’autre fois, mais ce ne sont peut être pas les pires... Enfilant un legging et un haut, cheveux brossés, dents lavés, tu te rends vers une nouvelle chambre du loft : celle de Denys. Est ce qu’il n’est pas déjà parti au travail ? Ouvrant doucement la porte de sa chambre, tu y passes juste ta tête pour le voir allonger sur son matelas. Un nouveau sourire se dessine sur ton visage. Toujours aussi beau, encore plus quand il dort, tu t’avances vers le lit. Assise sur le bord de celui ci, tu jettes un coup d’œil vers lui, pensive. Délicatement, tu te faufiles sous la couette, au chaud, face à lui. Et tendrement, tu tentes de t’approcher de lui, sans le réveiller. De tes yeux bleus, tu te contentes de le regarder dormir. T’as envie de te coller à lui mais tu ne veux pas l’empêcher de dormir, tu te doutes qu’il n’a pas dû beaucoup trouver le sommeil ces derniers jours. Alors tu le contemple, simplement, ce sourire aux lèvres. T’as pas sommeil malgré la fatigue qui te gagne. Ou plutôt t’as pas envie de fermer les yeux. Tu préfères le voir, lui, te sentir à nouveau si prêt, sentir encore sa présence, comme si on ne t’en avait pas privé pendant des jours. Il t’a atrocement manqué et tu le comprends encore plus là. Tu comprends définitivement ce qu’il représente.

Assommé. Je me tuais au boulot comme pour oublier mon portable qui ne sonnait pas ou encore pour occulter le vide du loft depuis thanksgiving, depuis ce fameux bal où mon fichu bracelet m'avait encore une fois empêché de l'accompagner. Peut être que je veux oublier aussi ce gouffre qui s'était creusé peu à peu entre nous. Notre altercation au sujet des tests que j'avais planqué, altercation qui avait dérivé sur le sujet Gab... Je voulais chasser tout ça de mon esprit parce qu'immanquablement je me mettais à penser que cette dispute compterait peut être parmi nos dernières discussions... Et non, ce genre de pensées pessimistes, je ne devais pas me les permettre. Ash est forte. Ash est douée.  Elle va s'en sortir. Y'avait l'ombre de ce qui lui était arrivé déjà, ses précédents ravisseurs, mais cette fois c'était différent. Ils étaient plusieurs à être disparus. Alors j'essayais de m'ancrer dans la tête l'idée d'un big after sans fin où tous les disparus se seraient retrouvés en zappant leurs portables... Oui. Je me rassurais comme je pouvais avant de plonger ma tête sous le capot d'une vieille chevrolet et de me salir les mains en m'activant sur le moteur du véhicule. Des heures comme jamais. Au garage. Au gym club. Tout ça pour mettre mon cerveau en veille. M'occuper avec le taf. Rentrer. Récupérer la petite auprès de la nounou. Et Crevé, s'en occuper. Puis se doucher. Regarder l'heure bien avancée et se pieuter... Assommé de fatigue. Voilà le seul remède pour dormir. Voilà ma thérapie pour ne pas devenir complètement fou sans elle, sans nouvelles d'elle...
Je commençais exceptionnellement tard aujourd'hui. Pas de mode de garde pour Naé. Normalement, c'était Ashleigh qui n'avait pas cours ce matin là qui avait prévu de la garder... J'y avais songé avec la gorge serrée en me glissant sous ma couette le soir, lorsque j'avais annulé mon réveil matin. Et puis, emporté par la fatigue j'avais sombré dans un sommeil de plomb. Jusqu'à ce moment. Ce froissement quasi imperceptible près de moi. Cette présence sur le matelas. Discrète et silencieuse. Mais qui suffit à me faire sortir de ma léthargie. Mes paupières papillonnèrent un peu. "Ash..." que je soupirai en découvrant qui se tenait près de moi. Donc je dormais encore et je faisais encore ce rêve c'est ça ? Ce rêve où elle n'a pas disparu et où tout va bien entre nous ? Mes mains voyagèrent jusqu'à sa taille pour s'y ancrer et l'attirer un peu contre moi. Et enfouissant ma bouille ensommeillée au creux de son cou, je soufflai : "Tu me manques..."  Ça faisait des semaines, des mois qu'elle me manquait. Même bien avant qu'elle disparaisse, elle me manquait déjà.  Parce que je supportait pas cette distance, nos moments ensemble de plus en plus rares...

Il semblait dormir si paisiblement que ça le rendait encore plus beau que d’habitude. Tu te demandais à quoi il pensait, il rêvait. Ça devait être quelque chose de bien, de joyeux pour qu’il soit si apaisé. Alors ne le quittant pas des yeux, tu te poses face à lui, essayant de te détendre avec sa simple présence. Il avait cette capacité, ce don, à te rendre plus sereine. À te réconforter sans même qu’il ne le sache ou que toi tu ne le sache. Il lui suffisait de poser les yeux sur toi pour que tu ailles mieux parfois et là même sans qu’il soit conscient de ta présence, sans qu’il te voit, il arrivait à te faire du bien, encore. Tu aurais pu rester comme ça longtemps, mais il avait dû sentir le poids sur l’autre partie du matelas. Il devait pas si bien dormir en fait. Ses yeux s’ouvrirent, ses paupières clignant à plusieurs reprises. Le mal du réveil ou l’incompréhension de ta présence ? Son surnom, sortant de ta bouche, te lança des frissons dans le bas du dos. T’aurais pu ne jamais l’entendre à nouveau ce surnom. Mais c’était pas le cas. Tu le laisses alors t’attirer à lui, faisant passer ton bras sur son torse, te rapprochant de lui au plus possible. Je suis là... que tu souffles à ton tour, remontant le regard vers ses prunelles pour appuyer tes mots. Tu veux le rassurer, lui faire comprendre que tu es là, qu’il ne rêve pas malgré ce qu’il donne comme impression. Tu le serres un peu plus contre toi, respirant son odeur, t’imprégnant de lui a tous les niveaux. Tu m’as manqué, tu me manques... que tu lâches à ton tour. Il doit avoir autant besoin que toi de l’entendre, d’être rassuré. Et sans même t’en rendre compte, tu lâches quelque chose d’autre : je t’aime. Les yeux dans les yeux, à la fois consciente et inconsciente des paroles que tu viens de prononcer. La première fois que tu lui dis. Ce besoin qu’il le sache, cette peur qu’à nouveau quelque chose vous arrive sans qu’il n’est pu vraiment savoir à quel point il compte...

Y'avait quand même ses mains qui venaient se poser tout contre mon torse et les miennes qui continuaient leur petit bout de chemin plus bas, sur sa taille, remontant légèrement son haut dans la manoeuvre pour l'attirer à moi, mes doigts entrant ainsi en contact avec sa peau. Y'avait son souffle, ses mots, son 'je suis là', tout ça qui sonnait si vrai... trop vrai pour n'être qu'un simple songe ? Son regard connecté au mien, j'avais envie d'y croire, là, dans mon demi sommeil, émergeant tout juste... J'avais envie qu'elle soit vraiment là, dans ce lit, dans mes bras... Mon visage s'enfouissant au creux de son cou, cherchant sa chaleur, son odeur, j'eus cette nouvelle impression de réalité, tout en avouant le manque ressenti, manque réciproque puisqu'elle le reconnut à son tour. Et si j'avais des doutes sur le fait de rêver, les mots qu'elle ajouta ensuite en plongeant ses yeux dans les miens ne firent que les accentuer. Ou les confirmer : je rêvais. Oui c'était certain. "Je veux pas me réveiller..." réclamai-je en fondant alors sur elle pour venir m'emparer de ses lèvres... Sauf qu'aucun rêve ne pouvait imiter le goût si exquis de ses baisers... Mon coeur s'emballa alors au creux de ma poitrine, je m'ecartais un peu pour la contempler avec surprise : "T'es vraiment là ? "  Et la seconde d'après,  comme pour m'en assurer, je lui volais un nouveau baiser. "Ne disparaîs plus jamais."  Ajoutai-je avant de réaliser  les mots que j'avais entendu quelques secondes plus tôt, comprenant qu'il n'étaient finalement pas le fruit de mon imagination. "Je t'aime aussi..."  Mais ça elle le savait déjà. Ou pas... parce qu'entre mes mensonges, la distance, ma retenue depuis notre mise en couple, elle avait peut être oublié l'essentiel :je ne pouvais pas me passer d'elle.  "Ça te dit qu'on reste dans ce lit genre... pour toujours ? "  suggérai-je alors avec un petit sourire, les questions sur ce qui s'était passé depuis thanksgiving, sur ce qu'elle avait fait, où elle s'était retrouvée, tout ça me brûlant les lèvres, mais je n'avais nullement envie de la questionner et de la faire revivre tout ça si elle ne le souhaitait pas.


 

Qui l'aurait cru ? Que non seulement toi, Ashleigh Strauss, tu finirais par te mettre en couple, sérieusement, mais aussi que tu allais tomber amoureuse ? Que tu allais finir par dire 'je t'aime' à ton copain. Toi qui t'étais moqué plus d'une fois, par le passé, de ces autres qui disaient ce genre de mot. Ton cas était quand même différent. Après ce second enlèvement, cette peur à nouveau de ne plus revoir tes proches, de craindre ne plus jamais revoir Denys, et puis là, le retrouver dans son lit, si beau, si paisible. Impossible de ne pas flancher, et ne pas dire ces mots. Ils venaient tellement du fond de ton cœur, que tu ne t'en rendais pas compte immédiatement. Mais peut être un peu libérée, de ce poids, de ce que tu ressens pour lui, qui n'a jamais su être vraiment dit, tu souris en l'entendant croire rêver. Prise de cours par ses lèvres qui se posent aux tiennes, tu ne peux pas le lui confirmer, ou si, par ce baiser, que tu approfondis, d'une de tes mains sur sa joue. Les yeux fermés, te délectant de ce moment, tu souris encore quand il réalise plus sérieusement ta présence. Plus jamais que tu réponds aussi vite, sachant déjà que tu promettais peut être l'impossible. T'avais pas demandé à le quitter lors du premier enlèvement, ni lors de ton accident de karting où tu étais passée pour morte, et encore moins à cette fête de Thanksgiving. On te l'avait imposé, alors tu faisais une promesse que tu comptais tenir, mais que tu savais peut être fausse à cause de la vie, du destin. Au moins, toi, tu comptais la tenir, concernant tes choix, ce qui adviendra de tes décisions et juste les tiennes. Et si lui il l'avait déjà dit plus d'une fois, s'il avait déjà avoué à de nombreuses reprises qu'il était amoureux de toi, s'il avait déjà prononcé ces trois mots, ça faisait du bien de l'entendre. Surtout maintenant. Surtout après tout ce qui avait eut dernièrement. La distance, le manque de temps dû à vos obligations, la fatigue, des mensonges, des craintes. Tu te sentais rassurais, que c'était encore toi, qui lui met ces étincelles dans les yeux, fait battre son cœur si vite. Je veux que tu dis simplement, revenant toi vers ses lèvres pour un nouveau baiser. Et si seulement c'était faisable, tu signais tout de suite. L'envie de revoir le monde extérieur, revoir les gens, leurs regards, leurs pitiés, non c'était trop. Tu voulais oublier, et tu savais déjà qu'avec les rumeurs, les ragots, tu n'allais pas pouvoir tourner si vite la page. Autant profiter de ce cocon, dans les bras de celui qui te connaît par cœur, de celui que t'aimes, pour reprendre des forces et devoir ignorer ce qui viendrait par la suite. Dit moi que tu travailles pas ? Ou dit moi que tu vas pas aller travailler. C'était plutôt ça que tu lui demandais indirectement. Pas question de devoir le laisser filer et l'attendre toute la journée. Tu le voulais égoïstement que pour toi.

C’était un rêve délicieux… Un rêve au goût de réalité même. Oui parce que ses lèvres que j’embrassais, ce goût inimitable, la chaleur de ce contact, l’électricité que cela faisait naitre au creux de mon être, tout ça, ça me fit doucement comprendre, malgré l’engourdissement matinal de mon esprit, que c’était bel et bien en train de se produire : Ash était là. Je me détachais pour mieux la contempler, réalisant qu’elle était réelle, et non pas le fruit de mon imagination, elle était là, vraiment et elle me promettait de ne plus jamais disparaître… Un sourire sur les lèvres, l’écho de ses mots précédents me revenait en tête, faisant s’accélérer un peu plus mon pouls. Alors même si elle le savait déjà, je lui soufflais à mon tour que je l’aimais, parce que toute la réserve de ces derniers temps, nos récentes disputes, et par dessus le marché sa disparition, tout ça pouvait avoir effacer l’essentiel : elle. Elle et seulement elle. J’ajoutais ensuite sur un ton plus léger l’option d’hiberner dans le lit, option approuvée par la demoiselle et appuyée d’un nouveau baiser… C’était avant que j’aurais du la scotcher là avec moi, avant cette fichue soirée où je n’avais pas pu l’accompagner, avant que je ne sais qui s’en prenne à nouveau à elle… Bien sûr je me questionnais sur ce qui s’était passé, sur les dégénérés qui avaient fait ça, mais mes questions je les gardais bien au fond de moi, pas besoin d’agrandir davantage la plaie, surtout avec ce qu’elle avait déjà vécu. D’ailleurs, c’était sur mon taf qu’elle me questionnait d’emblée, cherchant à savoir si moi, j’allais devoir m’échapper du lit. Je secouais la tête : « Je ne travaille pas ce matin… » Grâce aux heures accumulées ces derniers jours. Puis comme je sentais déjà que l’idée de la laisser pour l’après midi allait être mal accueillie, et que de toute façon, c’était inenvisageable dans ma tête, je poursuivis : « Et puis, pour le reste de la journée, je peux appeler pour dire que j’ai de la fièvre… » J’ajoutai avec un sourire : « Ca sera presque pas un mensonge, je commence à avoir chaud là… » Référence à sa présence contre moi ici. « Comment tu te sens ? » demandai-je finalement quand même. Malgré ma retenue à ne pas la questionner, je me rappelais de son état, de ses blessures et tuméfactions, suite à sa précédente disparition, et mon ‘comment tu te sens’ cherchait surtout à éluder le fait si oui ou non, on s’en était encore pris à elle physiquement…

T'avais eut de la chance, qu'il soit là, à dormir, et non déjà partit pour le travail. Mais est ce que tu allais en avoir aussi pour la suite ? Il allait sûrement devoir se rendre au gym club, ou au garage. Il n'avait pas arrêté d'enchaîner les heures depuis sa sortie de prison, pas de raison que ça change non ? Alors tu espérais, tu quémandais, sans trop être direct, que tu voulais qu'il reste. C'était une question oui, mais clairement qui le suppliait de ne pas aller bosser. Un petit sourire quand il affirma ne pas bosser ce matin. Seulement ce matin. En revanche, pour l'aprèm, il allait forcément devoir partir ? C'est ce qu'il fit comprendre, en indiquant qu'il pouvait trouver une excuse pour ne pas y aller et ainsi rester en mode hibernation, avec toi. Ton sourire s'agrandit aussitôt devant cette excuse toute trouvée et que tu validais d'un hochement de tête. J'ai un peu froid moi que tu réponds, te rapprochant ainsi un peu plus à lui, comme une excuse, puis à la fois non. C'est vrai que c'était encore récent, et tout cette histoire te faisait froid dans le dos. Il devait le voir, le savoir. Ca se lisait dans tes yeux. Ton corps devait le crier, ton désarroi. Mieux... grâce à toi. Tu ne voulais pas lui mentir. T'avais pas envie d'en parler non plus mais pas question de faire semblant avec lui. Y avait eut assez de mensonges comme ça dernièrement. Non sans parler que t'avais mis longtemps avant de lui confier pour la première fois et t'avais bien retenu que ça avait apporté plus de soucis que de bien pour vous deux. J'étais pas seule, j'étais avec Brent tu sais, alors t'inquiète pas. Okay c'était un peu mission impossible de lui dire de ne pas s'inquiéter, mais il pouvait savoir que j'étais au moins avec un de nos amis, et que l'on était même une dizaine dans cette pièce. Bien moins à craindre. Je sais que tu te poses plein de question, que tu veux comprendre, et je sais qu'il faudra qu'on en parle, je veux juste pas auourd'hui. Tes yeux dans les siens, tu vins à nouveau poser tes lèvres sur les siennes. Oui il allait falloir en parler juste pas maintenant, pas alors que tu veux profiter de le retrouver. Est ce que je vais retrouver un tatouage ou quelque chose d'autre sur toi ? que tu préfères le taquiner, rappelant ainsi l'après accident, l'après fausse mort, où tu avais retrouvé ton prénom gravé sur sa poitrine. Prénom que tu viens caresser du bout des doigts. Et on peut prendre un petit déjeuner ? T'as pas très faim mais tu fais l'effort. Pour passer un moment agréable et car lui a sûrement très faim.

Ma matinée de libre, puisque j’avais Naé à garder, la nounou n’étant pas dispo, j’avais normalement prévu d’aller au garage l’après midi, sauf que déjà mes neurones cherchaient une excuse qui ne tarda pas à venir : de la fièvre. C’était la saison des grippes, c’était tout à fait plausible, et par téléphone mon mensonge passerait sûrement bien… Oui parce qu’en face, j’étais un bien piètre menteur. J’ajoutai avoir un peu chaud, présence d’Ash contre moi oblige. Ma petite amie, elle, répliquait avoir plutôt froid. « Viens là, à nous deux on devrait finir par avoir la bonne température… » commentai-je en l’attirant un peu plus contre moi, mon emprise se resserrant avec douceur autour d’elle. Avant de me stopper un peu, de me rappeler son état, ses bleus, ses plaies, la dernière fois. Et si elle était encore blessée, là, sous ses habits ? Et si mon étreinte était en train d’appuyer sur une zone douloureuse ? C’est donc de son état que je venais m’enquérir, bien que je n’aie pas envie de jouer les inquisiteurs. Elle me rassura. Elle précisa ne pas avoir traversé cela seul, et c’est avec un petit soulagement que je l’entendis me parler de Brent. J’avais noté sa disparition, puisqu’au taf nous nous étions inquiétés pour lui. Mais si ils avaient vécu ça ensemble, ils avaient au moins pu se soutenir, et si Ash était libre et qu’elle allait bien, c’était que c’était surement le cas de mon ami et collègue. « Je comprends, t’en fais pas… » soufflai-je, quand elle expliqua ne pas vouloir me raconter cette nouvelle épreuve maintenant. « Je… Je veux juste m’assurer que t’es pas blessée. » Et son regard puis ses lèvres sur les miennes finirent d’effacer mes craintes. Je devais me concentrer sur l’essentiel, chasser mes interrogations et profiter de nos retrouvailles. Puisque c’était ce qu’elle voulait, oublier un peu le temps de notre journée ensemble, je jouais le jeu, la faisant marcher alors : « En fait je me suis fait tatouer –propriété d’Ashleigh Strauss- sur les fesses, tu veux voir ? » Foutaises bien sûr. Si la dernière fois, c’était dans l’alcool que je m’étais noyé suite à sa ‘mort’ ce coup ci, j’avais opté pour une noyade plus ‘saine’ moins dangereuse dirons nous : dans le travail. Et ça avait été ma thérapie pour ne pas ruminer son absence. « Disons que j’ai fait mes heures du mois en une semaine et demi… » Et quand elle suggéra le petit déj, je me relevai un peu dans le lit, près à jouer les serveurs. « Room service, quelle est votre commande mademoiselle ? »

T'avais nullement besoin de prétendre avoir froid pour te rapprocher de lui, mais ça permettait de cacher que c'était pas juste les degrés dans le négatif à l'extérieur qui sont la cause de ce froid que tu ressens. Sous cette couette, dans ses bras, y avait aucun froid. Il faisait chaud et bon, c'était juste les événements trop récents qui te glacent encore le sang. Pourtant, c'était rien à côté de ce que tu avais subit en mars. T'avais été retenu plus longtemps oui, mais sans être maltraité, ni physiquement, ni moralement. Tu avais eut le soutient des autres 'prisonniers' en plus. Mais, ça avait fait re ouvrir la plaie précédente. Ca avait agrandit ce choque que tu avais enfouit. Ces souvenirs douloureux. Et si la première fois tu avais su faire semblant de t'en remettre, grâce au fait que personne ne savait hors Lucky, Darren et Denys, cette fois, tu ne pouvais pas en dire autant. Encore moins qu'aucun n'indice sur ces gens étaient en possession de la police... Tu te blottis un peu plus contre lui, souriant de son excuse pour vous réchauffer et obtenir une température adéquate. Tu savais, depuis longtemps déjà, que t'étais chanceuse d'avoir Den' dans ta vie, mais dans ce genre de moment, t'en étais plus convaincue que jamais. Présent, patient, aimant. Il savait comment agir avec toi. Ne pas te brusquer, attendre que tu fasses le pas, que tu sois prête. Malgré toutes les questions qu'il devait se poser, il prenait sur lui, pour ne pas rajouter une coucher et être simplement là pour toi. C'est pourquoi tu lui fis comprendre, que tu voulais profiter de ce moment, de lui, de cette journée, à laisser le reste derrière mais que tu lui dirais ce qu'il veut savoir plus tard. Il devait déjà se sentir impuissant et mal, d'avoir pas encore été là pour t'empêcher de vivre ce nouveau malheur, pas question de le mettre de côté. Tu lui en parlerais, tu te confieras, juste pas là. Tu avais en effet de la chance, de rentrer et de le retrouver. D'avoir quelqu'un d'aussi proche sur qui te reposer. Pas tous ont cette chance. Alors tu le rassure comme tu peux, évoquant vaguement les choses, finissant par un baiser des plus sincères. Non, pas physiquement. Mais psychiquement c'était plus que blessée que tu étais. Ne voulant pas l'inquiéter, tu préférais changer le sujet. Tenter l'humour, comme toujours, pour détendre l'atmosphère, pour sortir de ce malaise. Et il jouait le jeu, ce qui te fit plaisir, quand il aurait pu continuer de creuser. Je veux voir bien sûr. Ca avait beau être une blague, tu disais jamais non à voir ou toucher ses fesses. Super bien foutu, jusque là, c'était un régal pour tes yeux et mains. Et le propriété ne pouvait que te plaire. Je devrais faire pareil sur les miennes ? En mettant propriété de Denys Zacharias bien sur et pas ton propre nom quand même. Précisons, sait-on jamais. Plus sérieusement, tu souris un peu moins en apprenant qu'il avait fait les heures du mois en une semaine et demie. Tu savais que c'était pour ne pas se retrouver seul au loft, sans toi, pour ne pas ruminer, ne pas trop penser, ni se tracasser. Pour s'occuper l'esprit, les mains, être en activité et vider toute l'inquiétude, le stress, les remords peut être. Ca restait quand même beaucoup d'heures, de fatigue et il devait être épuisé. Son dos avait dû prendre cher aussi. Je suis désolée... que tu ne pus retenir. Désolée de l'avoir encore inquiété, pour la tu ne sais combien de fois. De l'avoir rendu mal, triste. Ca avait beau ne pas être ta faute, savoir que tu étais la responsable de son mal être, ça te tuais. Pour ne pas repartir dans cette discussion un peu triste, dans ces souvenirs inoubliables, tu proposais un petit déj. Pour 'fêter' vos retrouvailles. Ce moment étant bien symbolique entre vous. Des flashs du retour du spring break te vinrent. Du premier matin, le meilleur à tes yeux. D'un Denys boudeur, et toi qui avait tenté de le réveiller pour te faire pardonner avec ce plateau bien garni. Un Denys qui n'avait pas su bouder bien longtemps et toi qui avait encore plus su comment te faire pardonner en finissant dans ses bras, après avoir déguster des framboises sur vos corps. Des pensées plus positives, plus heureuses, qui firent naître un sourire sur tes lèvres. J'ai pas très faim, mais un jus d'orange et des framboises je veux bien. Ton sourire voulait le rassurer, parce qu'une Ashleigh qui n'a pas faim c'était rare, très rare. T'es plus le genre ventre sur pattes, qui mange tout le temps, tout le temps. Les framboises allaient donc l'amadouer un peu, tu espérais. Tu voulais surtout que lui prenne des forces, après les heures qu'il avait enchaîné quand même. Quant à toi, c'était de lui que tu voulais te rassasier, pour reprendre des forces. Le regard vers lui en le voyant quitter la chambre, tes pupilles ne rataient rien du magnifique spectacle. Puis même pas une minute plus tard, embarquant la couette avec toi, tu le suivais dans la cuisine. Dos à toi, face au plan de travail et frigo, tu vins enlacer sa taille, déposant un tendre baiser sur son omoplate. Merci. Simple, efficace. Tu lui étais infiniment reconnaissante.

Je me doutais bien qu’à l’intérieur, ce qu’elle venait de vivre avait du la toucher, raviver tous les traumatismes et épreuves de cette année. Mais j’étais néanmoins soulagé d’apprendre qu’au moins, elle n’avait pas été physiquement blessée, pas cette fois. Je n’insistais pas davantage sur le sujet, malgré mes interrogations. Les occasions d’en apprendre davantage sur toute cette histoire seraient nombreuses ensuite et Ash avait clairement exprimé qu’elle ne voulait pas s’étaler dessus maintenant. Elle préférait plaisanter sur de nouveaux tatouages qui auraient fait leur apparition sur mon corps, et je rentrais vite dans ce jeu en évoquant une nouvelle inscription imaginaire sur mon derrière, ce qui l’amusa et elle m’interrogeait ensuite, me demandant si elle devait elle aussi se faire faire ce genre de tatouage sur la même zone de son anatomie. « J’attends déjà le ‘D’ dont tu m’avais parlé y’a un moment. » répliquai-je, me référant à l’un de nos délires lorsque j’étais incarcéré et qu’on avait les lettres comme seul moyen de se contacter à l’époque. Et mes mains glissaient instinctivement de ses hanches vers la courbures de ses fesses, un peu possessivement. « Sois pas désolée, au moins j’ai moins de scrupules à passer la journée avec toi aujourd’hui… » Après les heures que j’avais enchaîné, je l’avais mérité ma journée de ‘fièvre’ au lit avec elle. Journée qui devait commencer par un petit déj forcément. Pourtant quand je me redressais près à jouer les room services, la commande de ma blonde préférée ne fut pas très garnie.  Je ne relevais pas, comprenant bien que l’appétit ne devait pas être au rendez vous pour elle, je me contentais de m’extirper de la chaleur du lit en annonçant : « Framboises et jus d’orange, c’est noté. » En caleçon, je saisis un T shirt pour m’y glisser avant de disparaître en direction de la cuisine. Lançant la cafetière avant d’attraper un mug, un verre, et un plateau, je n’entendis pas les bruits de pas feutrés alors que je m’activais. Ce n’est que lorsque je sentis les bras de la jeune femme autour de moi que je compris qu’elle m’avait imité et était sorti du lit. Mes mains glissèrent jusqu’aux siennes, savourant ce contact, son baiser dans mon dos, sa présence tout simplement. « Le room service c’est au lit normalement. » Terminant de remplir le verre de jus de fruit, je me tournai ensuite vers elle, la saisissant doucement par la taille ensuite. Un baiser sur son front, et je repris la parole : « Comme l’option ‘lit pour toujours’ semble être impossible… » Mes tafs, ses cours, la mather… Trop de choses qui rendaient notre hibernation irréalisable malheureusement… « …Ca te dirait de tenter l’option de rester officiellement dans ma chambre… Pour t’y installer ? » demandai-je, un peu nerveux bizarrement. Disons qu’avec Ash, on avait été BF et colocs, avant même d’être en couple. Alors la phase ‘on emménage ensemble’ et tout le tintouin, je n’avais pas connu avec elle. Sauf que ce que j’étais en train de lui demander, ça revenait un peu à ça. « Je rangerais mon bazar sur le bureau pour que tu puisses y poser ton ordi et y bosser tes cours. Et y’a largement de la place pour toi dans mon armoire, j’ai déjà une belle collection de tes soutiens gorges qui s’y trouvent de toute façon… » Et pour le reste, ça changerait quoi ? Elle passait déjà la plupart de ses nuits dans mon lit. « Comme ça quand Naé va repartir, on pourra officiellement libérer la quatrième chambre. Avec Nate, on avait pensé la proposer à Brent. »