J’ai l’impression d’avoir passé sous un rouleau compresseur lorsque je me réveille et j’ai du mal à même ouvrir les yeux tellement mon corps est encore dans un énorme cocon. Je m’efforce cependant de le faire pour saisir où je suis. La dernière chose dont je me souviens est que j’étais au bar et là, clairement, j’y suis plus. C’est moelleux sous moi et ça sent particulièrement bon. C’est quoi ce parfum? J’ai l’impression de le connaitre, mais j’arrive pas à voir d’où. J’ouvre lentement un œil, puis l’autre. Une chambre –que je ne connais pas. J’y ai déjà mis les pieds? Pas que je sache. J’suis rentré avec un mec alors? Ou une fille? Non, c’est un parfum bien masculin et le manque flagrant de déco confirme que c’est pas la chambre d’une nana. Mais pourquoi j’me souviens de rien merde? Je me redresse lentement et ma tête m’élance. « Fuck » Je jure à voix haute et pense enfin à regarder dans le lit à côté de moi, mais il n’y a personne. Pourquoi j’suis toute seule merde!?

@L. Hyde Black

Je t’ai observé un instant… Les cheveux étalés sur l’oreiller. Cette expression faciale sereine tellement différente de cette moue boudeuse scotchée à tes lèvres à chaque fois que je te vois. Habillé d’un simple bas de pyjama qui tombe lâchement sur mes hanches, j’suis sorti de ma chambre pour aller dans la cuisine. Bah ouais, j’ai dormi avec toi. P’tain, y’a des limites à être gentleman. Mon lit, mes règles. J’peux malheureusement pas t’en tenir rigueur parce que t’étais clairement pas en état de prendre une décision éclairée hier. J’ai pété un plomb quand je t’ai vu, les jambes molles, partir avec ce connard au sourire mesquin. Il avait clairement un truc et tête et, toi, t’avais perdu toute inhibitions. T’étais plus là… T’es yeux étaient vides. Il t’avais drogué, ni plus ni moins. J’ai appelé Arrow pour qu’il me file un coup de main et j’ai déversé ma rage sur la tronche de cake alors que mon pote t’installait dans la voiture. Il a dû m’arrêter… parce que je l’aurais tué le bâtard… Mon regard se pose sur mes jointures blessées alors que j’prépare une omelette. Je secoue la tête pour m’enlever ces pensées de la tête. Quand j’ouvre la porte, j’te voix assise dans le lit et ta tête me dit rien qui vaille. Ouais… tu dois probablement pas savoir comment t’es arrivée ici. J’reste figé un instant. « La marmotte est réveillée », dis-je un sourire amusé aux lèvres. J’finis par déposer le petit déj sur la table de nuit et j’te tends des acétaminophènes. « Tiens. J’crois que t’en as probablement besoin. »

Lorsque la porte de la chambre s’ouvre enfin et que c’est toi que je vois apparaitre, mon cerveau tourne à cent cinquante kilomètre heure. C’est quoi ce foutu bordel? C’est une mauvaise blague, c’est ça? T’es peut-être canon, mais je doute fortement d’avoir accepté de revenir avec toi jusqu’à ce.. cette… c’est chez toi ici? Eh merde. Me dites pas que j’suis dans ton lit. Je me lève presque d’un bond d’ailleurs, mais j’ai trop la tête qui plombe pour même bouger. Je fronce les sourcils, mauvaise. « La marmotte est réveillée » C’est sympa encore. J’aurais envie de t’arracher ton petit sourire suffisant et je ne peux qu’imaginer une cinquantaine de scénario qui aurait pu me mener jusqu’ici. Pourtant, aucun d’entre eux ne détient la vérité. « Tiens. J’crois que t’en as probablement besoin. » Je regarde les cachets que tu me tends, regarde l’assiette de petit déjeuner à côté, te regarde. « C’est quoi ce bordel? » J’connais même pas ton prénom et tu crois que j’vais accepter n’importe quoi venant de toi? « C’est quoi ces pilules? » L’ironie, j’vous jure.

Je réagirais probablement de la même façon si j'étais toi. Se réveiller dans un endroit inconnu n'est jamais une expérience très agréable. J'imagine que ma présence m'arrange en rien la situation. Après tout, tu ne sais absolument rien de moi à part peut-être mon appartenance au club des Wild Indians. Tes prunelles passent du déjeuner à moi dans une incompréhension totale. C'est quoi ce bordel? Mouais... Ce bordel, c'est ma façon d'prendre soin d'toi alors qu'un mec allait clairement te violer hier soir. C'est ça, ce bordel. Tu me demandes c'est quoi ces pilules et franchement je me trouve con d'pas l'avoir mentionné plus tôt... Genre, tiens, avale ces cachets de nature inconnue et ne poses pas de questions. Putain. "Du speed, obviously." Je lève les yeux au ciel. "De l'Acétaminophène... Parce que j'suis prêt à parier que c'est pas la grande forme ce matin." Je te tends le verre de jus d'orange. J'sais pas quoi c'que je devrais faire. J'imagine que t'expliquer la situation serait déjà un bon début. "Tu te rappelles de quoi exactement... de la soirée d'hier?"

"Du speed, obviously." Je fronce les sourcils, n’appréciant pas particulièrement la blague. J’veux bien prendre de la drogue, mais pas d’un inconnu et pas de si bon matin. D’ailleurs, on est bien le matin, là, pas vrai? "De l'acétaminophène... Parce que j'suis prêt à parier que c'est pas la grande forme ce matin." Je me détends un peu et accepte enfin les cachets puisque ouais, j’ai un sacré mal de crâne et que ça ne pourra qu’aider. Je m’assois contre la tête du lit et te regarde toujours sur mes gardes. J’accepte tout de même le verre de jus et décide qu’il est sans danger alors j’en prends une grande gorgée qui m’arrache la gorge à cause de l’acidité. "Tu te rappelles de quoi exactement... de la soirée d'hier?" Je fronce à nouveau les sourcils, réalisant que je ne me souviens pas de grand-chose. Mais c’est quoi ce bordel? C’est devenu une mode de droguer les gens pour qu’ils oublient tout? Thanksgiving et maintenant ça. J’vais presque finir par être prudente. « Pas grand-chose.. j’étais au bar, je dansais avec un mec, il m’a payé un verre, mais t’étais pas là. » Enfin, pas que je me souvienne. Alors pourquoi j’suis ici?

T’es sur tes gardes et j’comprends ça. Putain… Tu viens tout de même de te réveiller dans un endroit totalement inconnu avec moi, un motard, qui t’apporte un foutu déjeuner. Les probabilités que tu finisses dans une telle situation étaient plutôt nulles. Sauf que c’est exactement ce qui se passe et on doit dealer avec ça, tout simplement. Tu dois te demander ce que tu fiches ici. J’te demande de quoi tu te souviens, histoire de savoir ce que je dois compléter. D’après moi, tes souvenirs doivent être inexistants ou plutôt vagues. C’est souvent ce qui se passe. « Pas grand-chose… j’étais au bar, je dansais avec un mec, il m’a payé un verre, mais t’étais pas là. » Mouais… C’est bien ce que je croyais. J’allais aux toilettes quand j’ai vu le salaud t’emmener à l’extérieur en douce. J’hoche la tête et mets mes mains dans mes poches, cachant mes jointures blessées. P’tain, c’est à se demander si j’fais que ça de ma vie, me battre, quand t’es dans les parages. Je m’humecte les lèvres et m’assois au bout du lit, exposant finalement mes jointures. « Quand j’t’ai vu, un mec t’emmenait à l’extérieur et t’avais pas l’air bien. J’veux dire… vraiment pas. T’étais droguée.» Je me racle la gorge et te jette un coup d'œil. « J’suis sorti à l’extérieur et il te pelotait contre un mur… T’étais trop faible pour faire quoi que ce soit. » Foutu connard. Je lui ai foutu une raclée. On traite pas les femmes comme ça. J'ai pété un plomb en pensant que la prochaine pourrait être ma soeur. J’hausse les épaules. « J’me suis interposé. J’savais pas où t’habitais… j’t’ai ramené ici. »

Tu sembles prendre un moment pour réfléchir, bien peser tes paroles et trouver la façon de m’expliquer. Pourtant, je n’suis pas une petite chose fragile, je n’sais pas ce que tu vas t’imaginer. Du coup, moi, j’ai seulement envie d’te gueuler de cracher le morceau. Finalement, tu t’assois au pied du lit et je te fixe. « Quand j’t’ai vu, un mec t’emmenait à l’extérieur et t’avais pas l’air bien. J’veux dire… vraiment pas. T’étais droguée. » Certes, mais je me drogue pratiquement tous les jours alors… what’s new? « J’suis sorti à l’extérieur et il te pelotait contre un mur… T’étais trop faible pour faire quoi que ce soit. » Oh.. ce genre de drogue. Je te détaille d’un nouvel œil, comprenant finalement ce qui s’est probablement passé. Je te regarde lentement de la tête aux pieds et avise tes jointures blessées, confirmant ma théorie. Cette fois, c’est pour moi que t’as pété des gueules, pas contre moi. « J’me suis interposé. J’savais pas où t’habitais… j’t’ai ramené ici. » J’avale difficilement ma salive et hoche la tête. J’suis mal à l’aise, j’sais aucunement quoi dire ou faire. Alors je lâche un simple « Merci. » En détournant le regard. C’est pas que ce mot me brûle la langue, mais tout juste. Sans toi, dieu sait ce qui me serait arrivé alors je te dois bien plus qu’un petit merci dit à la va vite. Pourtant, tout c’que j’ai en tête là, c’est « Pourquoi t’as fait ça pour moi ? »