J'ai pas quitté le campus dès que j'en ai eu l'occasion. Chose qui est rare. J'aime trop le club pour vouloir passer toutes mes journées à Harvard, mais c'est difficile de me concentrer un minimum quand les mecs font la fête chez les WI. Du coup, j'suis resté plus tard que prévu et j'ai envoyé un message à Jax pour lui dire de ramener ses fesses. J'attends le Mather et je me demande bien comment la soirée finira cette fois. Jax, c'est pas un frère motard... J'arrive toujours pas à m'expliquer comment on est devenus d'aussi bons potes, mais je m'en coutre fiche dans la mesure où je m'amuse avec ce con. À chaque fois, la soirée dégénère et, franchement, je suis loin de m'en plaindre. Je tire une taffe de ma cigarette et envoie le nuage de goudron dans l'air. J'finirai sûrement avec un putain de cancer des poumons. Et alors? @Jax O. Stogstrom

HRP:

Nous passons sous silences les raisons pour lesquelles on s'était retrouvés en taule la dernière fois. Ça me va. De toute évidence, je crois que ni toi ni moi n'allons l'oublier de si tôt et, étrangement, bien que c'était la première fois, j'ai l'impression que ce ne sera pas la dernière. Tu me ramène amèrement à la réalité en me disant que les étudiants bossent et que les examens approchent. Ouais... Je le sais. Heureusement que j'ai toujours eu de la facilité à avoir de bonnes notes. "Ouais... Comme si j'pouvais oublier." Le retour aux études à d'abord été ardu mais j'en suis à ma deuxième année alors j'imagine que je m'en sors pas trop mal. J'suis cependant pas surpris que les fêtes soient rares ces temps-ci. Certains étudiants buchent comme des malades et d'autres procrastine... C'est dans la nature des choses. On réfléchit à nos options et tu me demandes si j'me cherche une fille pour la nuit. Pas ce soir. "J'crois que j'préfère me caler à quelque part mec. Si ça te va." J'hausse les épaules, noncbalant. "La compagnie, c'est pas ce qui manque au club." Jax est comme un frère. Il sait que j'suis un WI. C'est pas un secret d'état, mais je ne le dis pas à tout le monde. "Toi t'en cherches?" J'me plaindrai pas s'il me dit qu'il aimerait qu'on partage la soirée avec des filles. Ça peut être amusant.

Des filles nous rejoindront si c’est c’que tu veux. J’en ai rien à foutre, mais faut dire que, des soirées entre mecs, ça ne fait jamais de mal. L’amitié purement masculine dans son état naturel. Dieu sait que cette soirée a de très grandes chances de dégénérer. Tu décides qu’on va « profiter entre mec de boire un bon coup avant de rentrer ». Comme tu dis… « Pas besoin de gonzesse ce soir. » J’hoche positivement la tête, sourire aux lèvres. Tu me guides rapidement et on se retrouve dans un bar où j’me souviens être allé une fois ou deux. L’ambiance est plutôt calme, tamisée. Y’a pas beaucoup de personne, mais c’est clairement pas étonnant. Le serveur arrive à notre table et tu m’dis de me faire plaisir. T’offres la première tournée. Ton sourire est contagieux. J’te renvoie un sourire en coin. J’commande un verre de rhum épicé et tu me suis avec un whisky sans glace. Nos consommations arrivent rapidement et j’en bois une gorgée, la savourant un instant. « C’est quoi la suite? On va se regarder dans le blanc des yeux et j’te raconterai tous mes secrets? » Je pouffe de rire. C’est un métier comme un autre… mais putain que j’en ferais pas le mien. Faut croire que, toi, c’est un truc qui t’intéresse. Après tout, t’en est à ta septième année d’étude. « J’crois que j’ai besoin de parler de la noirceur de mon âme, Jax. » Le pire, c’est que j’ai vraiment un côté sombre… Mon surnom n’a pas été choisi au hasard. Grand sourire aux lèvres, je bois une autre gorgée. « Trêve de plaisanterie… c’est la fiesta ce soir. C’est le temps de sortir ta bucketlist mec. »

J’te charrie sur ton métier parce que c’est facile. J’le dénigre pas, cependant. Ce choix est probablement tout à ton honneur. Aller jouer dans les traumas et les idées noires des gens, c’est une sacrée tâche. Dieu sait que l’Homme est un putain de casse-tête et qu’il faut être maître pour en déceler toutes les nuances et encore plus pour en réparer les fissures. C’est ça, l’humain. On n’y peut rien. Si t’es assez fou pour t’aventurer dans cette voie, c’est ton choix. De toute façon, tout géni n’est-il pas un peu fou? Tu m’dis que j’serais bien bête de croire que tu ne connais pas déjà certains de mes secrets. «… qui te dis que le but de cette soirée est que tu me parles de tes problèmes? » Je lève les yeux au ciel, expression amusée sur le visage. J’repense à Woody et à sa mission sur le campus. Mon esprit divague un instant et tu ne combles pas le silence. Putain… des mecs se font passer pour les Wild Indians et foutent la merde. Tu m'ferais pas ça, right? Je bois d’une traite le reste de mon verre au moment où tu fais de même. J’recommande la même chose. J’reviens à la réalité et j’te dis de sortir ta bucketlist, histoire qu’on s’amuse un peu ce soir. Après tout, il faut bien profiter de chaque moment comme si c’était le dernier. Carpe diem mon vieux… Carpe diem. Tu finis par me renvoyer l’ascenseur. Ma bucketlist, mh? Bordel, j’sais même pas ce que je ferai demain, mon pote. J’profite du moment et c’est tout. J’devrais peut-être m’en faire une, après tout. « J’lte suis mon pote! Tu le sais. » Un grand sourire, presque diabolique, s’installe sur mes lèvres. Bien entendu que j’le sais, Jax. Nos verres arrivent et je trempe mes lèvres dans le liquide ambré, toujours un sourire en coin. « Qui t’dis que j’ai pas des conneries sur ma liste? Genre… passer une journée dans un spa nordique?» Ok. Ça fait aucun sens et tu l’sais.  « Ok then… Ce soir, on fait les conneries qui nous passent par la tête. On fait toutes les foutues conneries qu’on considère devoir faire au moins une fois dans notre vie. » Je lève mon verre et le regarde. « Sounds great? »