Mais tu ne regardes pas devant toi ou quoi ?!

Je suis arrivée sur le campus il y a un mois, avec mes parents nous avons ouvert un dojo en ville. Mais ils m’ont permis d’aller en cours afin de pouvoir avoir une bonne éducation comme ils disent. Je ne comprends pas grand-chose au plan du campus. J’ai appris l’anglais, je m’exprime un peu même si parfois les mots m’échappent et que je dois mimer pour me faire comprendre. Je trouve qu’il est pas mal aussi que je m’intègre un peu plus même si j’ai du mal. Je marche la tête en l’air en espérant trouver les noms des rues sur les bâtiments, puis, je m’arrête et je baisse la tête pour lire le plan. Je marche un peu et voilà que je heurte une jeune personne. Je lui dis en chinois : «赦免 » (Pardon, pardon). Je ne sais pas pourquoi est-ce que je le dis en chinois, mais bon, je dis en anglais. « Pardon pardon, vous allez bien ? Excusez-moi. » Je m’incline plusieurs fois et j’attend que la personne me réponde tranquillement ou pas.

Bambi avait de plus en plus de mal à tenir le rythme des cours et des stages de médecine, même si elle n'en n'était qu'à son quatrième mois de grossesse. Les complications s'accumulaient et la fatigue avec. Sans doute, avec quelques bouquins et autres fiches de révisions en main, ne regardait-elle pas vraiment où elle allait au moment où on la percuta de plein fouet. Ni une ni deux, l'italienne lâcha ses bouquins et fiches pour protéger son ventre arrondi, réflexe de future maman. La jeune femme qui lui fit face la seconde qui suivit s'exprima dans ce qui lui sembla être du chinois avant de s'excuser platement en anglais. Bien je suis pas sûre que ce soit le mot ! fit-elle un peu sèchement, ayant vraiment craint pour ses jumeaux. Vous ne regardiez pas devant vous ?!

Mais tu ne regardes pas devant toi ou quoi ?!

Regardant la jeune femme, je ne me sens pas très bien, je préfère essayer de l’aider au mieux, laissant mes affaires sur le sol, je ramasse toutes celles de la jeune femme et je lui pose sur le banc à côté. Je lui donne alors ses affaires : « Pardon, je viens tout juste d’arriver et je suis littéralement perdue… » Je ne sais pas trop ce que je peux dire de plus, je suis carrément perdue, je préfère aussi m’excuser encore une fois : « Excusez-moi, j’espère que vous allez bien, je suis désolée, je ne vous avais pas vu. » Je souris, je ne sais pas du tout ce que je peux faire pour arranger les choses, je ramasse mes affaires et je me demande bien ce que je continuer comme ça. Je regarde la jeune femme, je vois son pullover tout sale, je me dis dans ma tête que j’irai lui en acheter un pour remplacer celui-là.

La demoiselle s'excusa à de nombreuses reprises, ce qui fit aussitôt culpabiliser Bambi, pas méchante pour trois sous. Un brin bouche bée pendant quelques instants, l'italienne finit par esquisser un petit sourire rassurant. Cette étudiante devait être nouvelle et l'enguirlander ne l'aiderait certainement pas à trouver son chemin. Ce n'est rien... j'ai surtout eu peur pour le bébé expliqua-t-elle d'une voix plus adoucie. Je pense que ça va aller, plus de peur que de mal... vous ça va ? s'enquit-elle tout de même, puisque après tout, la demoiselle en face d'elle avait été bousculée aussi. Je peux peut-être vous conduire quelque part, vous servir de guide ?

Mais tu ne regardes pas devant toi ou quoi ?!

« Tout va bien, j’espère que pour vous cela ira, je m’en veux terriblement de vous avoir fait tomber. » Je ne sais pas trop ce qu’elle va me dire, mais bon, je me dis qu’il serait pas mal aussi que je tente de voir les choses sous un bon angle. Je souris, et je lui dis : « Et bien, j’ai cours dans cette salle, seulement, je ne comprends pas trop pourquoi est-ce que je ne trouve pas l’endroit. J’ai dû me tromper de chemin. » Je ne sais pas vraiment si cela va fonctionner ou pas, en tous les cas, la jeune femme que j’ai en face de moi et vraiment gentille de m’aider comme ça.

La demoiselle en face de Bambi semblait réellement s'en vouloir, et ce fut plus fort qu'elle, il fallait que l'italienne la rassure... gentillesse oblige. Ne vous en faites pas, plus de peur que de mal. N'ayez pas de crainte, je n'ai même pas mal ! reprit-elle d'une voix plus douce et posée. Lui proposer de l'aider coulait de source, si bien que la brunette regarda aussitôt le plan que lui montrait cette presque parfaite inconnue. Effectivement vous n'êtes pas dans la bonne direction à vrai dire... mais je vais vous accompagner, ce sera plus simple pour vous !

Mais tu ne regardes pas devant toi ou quoi ?!

Je regarde la jeune femme, je ne sais pas trop quoi lui dire, je sais juste que j’ai envie de la remercier comme il se doit. Sauf que je ne la connais pas du tout, je souris gentiment et m’inclinant modestement, je la remercie : « Pour vous remercier autorisez moi au moins à vous emmener déjeuner. » Je ne sais pas trop ce qu’elle va me répondre en tous les cas, je l’observe pour essayer de comprendre un peu plus sa personne. Je m’arrête un instant de l’observer et je lui réponds : « En tous les cas, c’est bien gentil à vous de m’emmener, merci beaucoup. » Je trouve que parfois il faut essayer de bien se comporter afin de remercier au mieux les personnes qui nous entourent.

Bambi ne s'attendait en aucune manière à un quelconque remerciement, et fut on ne peut plus surprise des paroles de son interlocutrice, qui s'inclinait encore on ne peut plus respectueusement. Un réflexe dû à sa culture, sans nul doute, pour laquelle l'italienne avait tout le respect du monde. Oh vous n'êtes pas obligée de vous donnez cette peine vous savez... je vais très bien et mes bébés également ! la rassura-t-elle d'un sourire apaisant, n'hésitant pas à l'emmener là où elle souhaitait se rendre. La gentillesse de la brunette reprenait le dessus, comme à son habitude, et c'était pour le mieux. Je vous en prie, je sais ce que c'est que d'être perdue... au fait, je m'appelle Bambi, et vous ?

Mais tu ne regardes pas devant toi ou quoi ?!

« C’est normal, c’est vraiment gentil de votre part de m’accompagner. » Je souris, je suis heureuse de la voir comme ça, je lui réponds alors contente d’avoir fait sa connaissance. « Qiao Liu, je me nomme Qiao. » Je ne sais pas trop quoi dire, en tous les cas, je trouve que pour le moment, j’apprécie beaucoup cette jeune femme. Je me demande bien si je n’ai pas eu un peu de chance d’être passée par là. Enfin de compte, je souris, je marche à ses côtés et je trouve qu’il est pas très bien pour moi de lui demander, mais je suis un peu curieuse : « Vous avez dis vos bébés, mais vous savez si cela va être des jumeaux ? »

C'est tout naturel... apparemment vous êtes nouvelle dans le coin, et Harvard est si immense ! Surtout lorsque l'on vient d'un autre pays, ce qui est mon cas également expliqua-t-elle tout en prenant le bras de cette inconnue pas si inconnue que cela, surtout maintenant que cette dernière s'était présentée. Qiao... c'est un bien joli prénom ! Pardonnez-moi si je me trompe par avance mais... êtes-vous chinoise ? Bien que la brunette n'ait aucune connaissance dans cette belle langue, il lui semblait reconnaître la sonorité des prénoms de ce pays. En effet, vous avez bien entendu... j'attends un garçon et une fille, le choix du roi ! Je m'estime chanceuse, et cela m'apporte beaucoup de bonheur... oh mais je vous ennuie sûrement avec ces détails ! rit-elle doucement alors qu'elles voguaient toutes deux jusqu'à destination.