Owen ne fut jamais particulièrement doué pour se faire des amis. Toujours dans ses pensées, toujours à trop réfléchir ou encore, trop passionné par un nombre incalculable de choses, il lui fut toujours assez difficile de se lier avec des gens. Liens qui, dans tous les cas, finirent bien souvent par se briser d'un bien hideuse façon. Il ne s'agissait pas là de disputer cinglantes, où les points étaient bel et bien mis sur les i, non, honnêtement, le gallois aurait bien préféré. Ses relations se finirent toujours de la même façon, dans l’indifférence et l'oubli, le plus total. Comme s'il n'était qu'un fantôme, qu'on ne voit pas, auquel on ne fait pas attention, ou pire, à qui l'on ne pense plus. Nombreux furent ceux qu'il put un jour considérer comme ami à faire des sorties sans penser à l’appeler et, plus tard, parler sans la moindre gêne de la dite-sortie, devant ses oreilles blessées. Cependant, contre toute attente, son arrivée à Harvard coïncida avec de nombreuses bonnes rencontres. Sans doutes que ces gens étaient un peu comme lui, d'une certaine manière. Dans leur monde, au-dessus de la moyenne, travailleur et sérieux. Il y eut une belle poignée de gens avec qui l'étranger se lia avec une facilité déconcertante mais, rares furent ces fameuses relations à se former au moins aussi vite que son amitié avec Lily. Entrés dans la Dunster au même moment, ils se rapprochèrent, sympathisèrent particulièrement vite, jusqu'à devenir de très proches amis. Bien vite, il fut compliqué, pour l'un comme pour l'autre, de se passer des conseils de son partenaire de bizutage, ou encore de ses échanges de messages réguliers, pour parler de tout et de rien, tout en prenant des nouvelles.

Bien sûr, le jeune homme avait une sœur et, une espèce de … Soeur de cœur dirons-nous. Une relation qui, tout comme celle de la Dunster, Owen n'arrivait guère à mettre de mots dessus, sans doutes encore trop néophyte en la matière pour s'en extirper. Dans tous les cas, malgré ces autres relations, il était particulièrement rare que la jeune américaine ne soit pas au courant d'une quelconque petite chose dans la vie de notre ami, bien trop heureux de pouvoir partager ses péripéties, quelles qu'elles soient, avec quelqu'un d'autre que sa chère sœur. Par chance, rares étaient les mauvaises nouvelles à traverser la vie du futur archéologue depuis sa séparation avec Rowena. Histoire dont, bien entendu, Lily connaissait absolument tous les tenants et aboutissants. Après tout, il était compliqué de lui cacher le fait qu'il aurait pu être papa sans cette hideuse trahison, cela expliquait d'ailleurs pourquoi le jeune homme n'avait jamais retenté de se remettre en selle. Ainsi, avec une vie plutôt calme et sereine, il n'eut jamais beaucoup à déranger son ami pour des moments de tristesses, ou tout simplement des coups de mou. Bien entendu, de son côté, il avait toujours été là pour elle, lorsque rien n'allait comme il le fallait, buvant des verres ensemble, mangeant des pots de glace, ou encore en refaisant le monde devant un film bien naze.

Pourtant, un beau jour, le gallois reçu une série de sms qui le perturbèrent quelques peu. Oh, il la connaissait bien la petite Lily, suffisamment pour savoir quand ça n'allait pas, rien qu'à la ponctuation de ses phrases ou aux choix de ses mots et, là, ça n'allait vraiment pas. Alors, comme un ami se devait de le faire, Owen se proposa de passer la soirée avec elle, boire un verre – une façon de parler bien maligne – et qu'elle lui explique tout ça. Plutôt que de sortir, la belle préféra se retrouver chez lui, en tête à tête, sans personne. Acceptant sans vraiment y réfléchir, l'étudiant se précipita rapidement pour faire quelques commissions, espérant de quoi tenir la soirée. De la bière, du whisky et quelques pots de glaces, rentrant tout juste à temps pour entendre quelques tapes sur sa porte. Porte qu'il se précipita d'aller ouvrir avec un grand sourire lorsqu'il vit enfin le visage de son amie. Amie qu'il prit d'ailleurs bien vite dans ses bras, heureux de la revoir après un long moment. Séparés par les vacances et une reprise des cours particulièrement mouvementé. « Allez, viens, entre, je vais te débarrasser. » L'invitant d'un geste de la main à entrer dans son studio, l'hôte récupéra sagement la bouteille et sa veste qu'il rangea soigneusement, avant de s'installer face à la demoiselle. « Alors, dis-moi. J'ai un peu de bière, un peu de whisky et, j'ai même de la glace, celles que tu aimes-là. En plus de ton vin. Tu veux commencer par quoi ? » Malgré cette proximité depuis quelques années, l'étranger était toujours quelques peu gêné et maladroit dans ce genre de situations, ne sachant jamais quoi faire, ni comment et, encore moins, quoi dire. « Je … Fin tu sais, j'ai toute ma soirée, c'est … Tu sais, si tu veux en parler tout de suite, ou plutôt décompresser devant un film avant en tuant un pot de glace avant ou … Enfin, on fait comme tu veux d'accord ? »