L'air frais du matin qui lui frappait doucement le visage, brise aussi froide qu'un matin d'hiver. Cela faisait longtemps que Boston n'avait connu des températures aussi basses, l'automne à son apogée, des semaines avant que la saison de Noël arrive. Katherine aimait l'été, toute personne connaissant un tant soit peu la jeune femme savait qu'elle préférait la chaleur, le soleil, l'odeur de la plage. Le fait de bientôt rentrer dans la saison contraire à cette dernière, c'était comme une allégorie de l'état d'esprit de la dunster. Elle se lèverait tous les matins comme une marionnette, le froid inhibant un peu plus tous ses sentiments, inhibant un peu plus son envie de vivre. Elle avait mis des distances avec tous ses amis, toutes ses connaissances et elle ne parlait plus qu'à sa meilleure amie, habitant avec cette dernière, elle ne pouvait échapper à une discussion matinale avec Absolem. Plus d'une personne pensait sûrement qu'elle avait bien cherché ce qui lui arrivait, enchaînant les conneries cet été, n'ayant demandé de nouvelles à personne, elle en avait oublié West, qui avait fini dans un caniveau. Kat n'était pas allé à l'enterrement, ce qui était peut-être un frein à son deuil, mais la culpabilité était de trop pour la blonde. Face à tout cela, elle avait renvoyé bouler Nathanaël, elle s'était éloigné d'Ilhan qu'elle avait pourtant essayé de recontacter, apprenant bien vite que le mather avait une ou deux femmes dans sa vie, c'était comme tout lui échappait.
C'était avec tous ces coups du destin, qu'elle avait trouvé sur les toits d'Harvard un refuge, un petit coin de paradis qu'elle seule connaissait, un endroit où elle se sentait bien, ses pieds dans le vide, la tête pleine d'envie, le seul endroit où elle pouvait croire à un avenir heureux. Elle était attiré par cet air frais chaque matin, comme si quelque chose devait s'y passer. C'est ainsi que, ce matin là, une petite voix vint la déstabiliser, sursautant alors qu'elle était proche du vide, elle se retourna pour découvrir une jeune femme, une beauté naturelle, des mots plaisantins s'échappant de ses lèvres pulpeuses. Elle était littéralement magnifique. Sa remarque espiègle arracha même un sourire à la blonde. « Saut... Non ! Enfin, je veux dire, c'est pas ma priorité actuellement. » ironie, chose qu'elle n'avait su faire depuis longtemps Katherine, s'étonnant elle même de sortir cela. Elle s'éloigna alors du bord, retombant sur ses pieds alors qu'elle regagnait les dalles du toit. « Je suis Kat, et toi ? » l'envie de connaitre le nom de la jeune femme était forte, elle voulait tout savoir de la brune, son nom, sa vie, son âge, ses passions...

Déluge de frissons lui échappant, contrôle tacite brisé par l’idée même que la brune puisse faire l’ultime pas. Mots sous la pression du vertige d’être balancé sans retenue, oubli de réfléchir avant de parler, précaution prise toujours après. Bulldozer n’y allant plus par quatre chemins, gamine inconsciente du pouvoir de quelques mots. Gamine souffrant de ces mots prononcés sans aucun sentiment, celle souffrant de la parole acide de sa propre mère. Ce silence bénéfique dont elle ne reviendrait sûrement plus, simple femme se tenant debout sur un toit, celle observant prête à intervenir si besoin était. Ce soulagement s’inscrivant que trop facilement sur ses traits, douce folie que d’avoir imaginer ce genre de scénario et pourtant c’était souvent bien le cas. En alerte, ses sens s’offrant une pause bien méritée en s’asseyant au bord. Permission prise, bulldozer ambulant prête à chambouler une vie déjà bien faite. « Cool alors. » Malice reprenant le contrôle des traits de son visage. Aquarelle de malice s’offrant au monde pour un prix ridicule, ce sourire étranger la remettant d’humeur plaisantine. « Cornelia mais ça fait un peu pompeux par rapport à Kat alors partons sur Coco ? » Surnom ridicule qu’elle lui donnait en offrande une unique fois. Cornelia, le pompeux définissant son style de vie bien plus qu’un vulgaire raccourci n’ayant point de sens. Coco, l’exotisme qu’elle n’avait pas. Que faire d’autre que de se cacher derrière l’excuse du prestige familial. Surnom trop compliqué à aimer, une question se heurtant à chaque fois à son incompréhension. Pourquoi ? Pourquoi en avoir tellement besoin ? Uniquement héritage de la bêtise de ses parents, unique héritage d’une administration incompétente. Cornelia, corbeau des nuits venant enchanter pour ronger de l’intérieur. Charognard ne méritant point autant de considération. « Et si tu me disais pourquoi tu fais croire à chaque personne assez folle pour venir sur ce toit, pourquoi tu as l’air de penser à te jeter aussi facilement ? Personnellement, je trouve que l’air lugubre ne va pas au teint des jolies jeunes femmes mais bon le goût ça ne se discute pas d’après des idiots philosophes. » Décidément, jeune héritière devant garder sa bouche close à jamais avec les inepties qu’elle pouvait bien sortir dans une seule minute. Gamine incapable de rester silencieuse après toutes ses années à se renfermer sur elle-même. Coquillage l’enfermant venant à s’ouvrir d’un seul coup, n’offrant aucun avertissement au monde extérieur pour tenter de la dompter avant l’heure. Des inhibitions tombant, celles verbales découvrant le vrai monde extérieur pour ne plus jamais revenir, fléau dont elle portait la joie. Particularité lui offrant son bon nombre de problèmes.