Peut-être me connaissez-vous ou peut-être pas ! Je ne peux pas vraiment dire que je vienne d’une famille influente, ni même aux moyens financiers hors normes. Je suis le fils de Nicholas et Bernadette Haynes, mon père était un infirmier, fier et heureux du métier qu’il faisait. Ma mère, elle était responsable dans une maison de retraite, un univers au final proche du milieu de la médecine, mais bien moins attirant à mes yeux. Il m’arrivait souvent, après l’école, de rejoindre mon père à l’hôpital, de me retrouver dans le bureau des infirmiers/infirmières et de me retrouver à faire mes devoirs avec eux. Mon amour pour la médecine est née à ce moment-là. Je ne les ai jamais vu réellement agir, je n’avais pas le droit de quitter ces quatre murs, pour me retrouver dans des couloirs, peu conseillé à un enfant. Mon rêve prenait fin, lorsque ma mère arrivait, pour me récupérer et me ramener à la maison, laissant mon père terminer son service, bien souvent le lendemain matin. Moi Cael Haynes, je suis fils unique, mes parents ont souhaité une famille nombreuse durant longtemps, mais cela a fini par rester qu’un souhait, après le jour de ma naissance. Un accouchement, sous le signe de la catastrophe, remplis de complications qui ont failli couter la vie de ma mère, mais la mienne également.

Pourtant, je n’ai jamais regretté de me retrouver le seul enfant de la famille, je n’en ai jamais souffert, principalement grâce à cette rencontre, celle d’Alison et de son frère. Ils sont entrés bien rapidement dans ma vie, elle, elle est venue ma meilleure amie, celle à qui on peut tout dire, du haut du faible âge que j’avais. Je me souviens encore, de ces plaisanteries des adultes que l’on pouvait entendre, qui nous voyait déjà amoureux et pour certain même, marié. Une image qui me semblait bien difficile à imaginer et pourtant qui a fait bien du chemin dans ma tête avec le temps. Alison est devenue la première et probablement unique femme, que j’ai aimé, elle a été ma première copine, mon premier amour et mon plus grand amour. A cet époque, il y avait une différence d’âge, qui pouvait sembler énorme, j’en avais 18, pendant qu’elle venait tout juste de fêter ses 15 ans. Mais voilà, pendant que les autres garçons de mon lycée regardaient les filles un peu plus âgées, aux vêtements bien souvent en petite quantité. Moi je n’avais d’yeux que pour elle, celle qui faisait battre mon cœur, alors pourquoi ne pas vivre cette histoire ?

Trois ans que l’on était ensemble, trois ans qu’elle était la plus belle chose que je pouvais avoir dans ma vie, je ne pouvais rien demander de plus, je suivais des études de médecine et j’avais la fille que j’aimais. Attention, le bonheur est bien souvent de courte durée. Un bonheur qui sera mis en péril par une opportunité, celle que j’avais de quitter Harvard, de rejoindre la France, d’apprendre la médecine auprès des meilleurs. Cela impliquait quitter Harvard, quitter Boston, quitter ma famille, mais aussi, quitter celle que j’aimais. J’en ai passé des jours à réfléchir, j’en ai passé du temps à peser le pour et le contre et au final, mon rêve l’a emporté.

C’est donc à Paris, puis à Nice et enfin à Grenoble, que j’ai suivi mon cursus, que j’ai appris la langue pour devenir un parfait bilingue. Avec toujours ce pincement au cœur, ce manque et cette peine de ne pas savoir comment elle allait, ce qu’elle devenait, comment elle avait vécu toute cette histoire. Quoi que… Avec quelques réponses, grâce à son frère, qui avait réussi à accepter ce contact que l’on avait gardé, qui malgré le peu d’information qu’il me donnait, me disait comment allait sa sœur, mon ex petite copine.

Sept ans, c’est long, en 7 ans, il peut s’en passer bien des choses, la preuve, je suis devenu un médecin, moi qui me revois encore comme ce petit garçon aux yeux remplis d’étoile quand j’arrivais au boulot de mon père. Cette blouse blanche, c’est la mienne, elle porte désormais mon nom, mon propre badge. Pourtant, un regret reste toujours, un regret persiste et il est désormais temps de revenir. Je suis devenu médecin, maintenant, je quitte la France, je quitte ce pays qui m’a tant appris, pour rejoindre Boston, pour revenir auprès des miens, pour revenir auprès d’Alison, dans l’espoir et la douce idée de la reconquérir.