Je me mords la lèvre inférieure nerveusement. J’sens mon cœur battre la chamade quand je monte les escaliers du club pour aller dans ta chambre. J’me permets d’entrer et j'vois que t'es pas là. Un sourire en coin se fraye un chemin vers mes lèvres lorsque mon esprit vagabond t’imagine nu, l’eau coulant sur ton corps sculpté alors que je m'assois sur ton lit, les draps encore froissés. Je nous revoie. J’sens encore tes lèvres brûlantes sur mon corps et tes exquis coups de reins. J’oserai jamais te l’avouer, mais j’suis immanquablement folle de toi. Tu m’électrises. Avec toi, j’ai pas besoin d’faire semblant. J’me sens bien. Ça me terrifie. Tout ça. Ces sentiments. Ma robe noire tombe sur le sol et je me retrouve rapidement en dentelle couchée sur ton lit, excitée à l’idée de ce que tu pourrais bien me réserver en me retrouvant là. J'te vois arriver, une simple serviette autour des hanches et j'suis prête à aller à ta rencontre jusqu'à ce que je vois ma cousine sortir de la salle de bain, la peau encore humide.  C’est une putain de blague?

L’eau coule sur mon corps en sueur et les mains de Muse glisse dans mon dos avec du savon. J’esquisse un sourire en coin, profitant du moment sans me douter un seul instant que tu es en route pour venir me voir, me faire une surprise. Malheureusement, ce qui aurait pu être une belle surprise n’en sera pas une. Ni pour toi, ni pour moi. Pas même pour Muse. Si j’avais été un mec bien, j’aurais probablement jamais baisé ta cousine. Le fait est, je ne suis pas un mec bien et elle est canon. Je l’aide à frotter son dos à mon tour et lorsqu’on est finalement propre, j’arrête l’eau, passe une serviette autour de ma taille et sort de la salle de bain. Dès lors que j’ouvre la porte et croise ton regard, j’oublie tout le reste. Un choc électrique me parcours tout entier, c’est l’effet de ta présence. J’ouvre grand les yeux, avale de travers. J’voudrais dire à Muse de rester dans la salle de bain, mais il est trop tard. Elle arrive à côté de moi et moi, j’suis là à te fixer comme un putain d’imbécile. « Dylan.. »

J’ai l’impression que la putain de terre vient d’arrêter de tourner. Mon cerveau a du mal à analyser la situation. Un instant, j’arrête de respirer. Je regarde Muse, ses cheveux mouillés et cette simple serviette qui cache sa nudité. T’as couché avec ma cousine. T’AS COUCHÉ AVEC MA FOUTUE COUSINE. J’ai envie d’crier. J’ai envie d’te foutre des baffes. « Dylan… » Quoi? Qu’est-ce que t’as bien à me dire, connard? Rien. Rien, t’as pas a t’expliquer. T’as pas à t’excuser. J’ai été conne de m’attacher à toi. J’ai été stupide d’me laisser aller. J’aurais dû foutre en l’air mes sentiments pour toi avant même que tu puisses le faire. J’sens mon cœur qui se serre, tout comme ma mâchoire. J’croise ton regard en enfilant ma robe et j’vois pas l’intérêt d’ajouter quoi que ce soit. Plus jamais j’laisserai qui que ce soit s’approcher assez prêt pour me blesser comme tu viens d’le faire. Plus. Jamais. Va t’faire foutre. « Désolée pour le dérangement. » que je grommelle entre mes dents avant d’ouvrir la porte pour sortir. J'dois sortir d'ici putain.

Tu me regardes d’un silence glacial et je déteste te voir aussi stoïque. Ça n’annonce absolument rien de bon. Non pas que j’ai cru que cette situation pourrait apporter quoi que ce soit d’intéressant. C’est définitivement pas pour ça que j’ai baisé Muse. C’est arrivé, c’est tout. J’croyais qu’on avait le feu vert, allez savoir. J’ai été con, terriblement con. C’est pas la première fois, mais j’ai jamais blessé quelqu’un comme je viens de le faire là et ça Dylan. Putain… ça me déchire de l’intérieur. « Désolée pour le dérangement. » Tu sors et c’est seulement là que mon corps se remet en fonction. Mes jambes me propulsent vers l’avant et j’abandonne ta cousine dans ma chambre. Rien à foutre pour l’instant, désolé Muse. « Dylan, attend! » Hors de question que je te laisse partir comme ça. Pas toi. Je cours pratiquement, mais ma serviette ne me permet pas des mouvements très fluides. J’arrive néanmoins à ta hauteur et te prends l’avant-bras pour t’empêcher d’aller plus loin. « Dy, parle-moi putain. Cri moi dessus, frappe moi, j’men fou. » Je peux pas te voir comme ça. C’est pas toi, c’est pas normal, c’est pas ce qui devait se passer.

Stupide. Stupide. Stupide. J’me répète en boucle ce mot alors que je fonce dans le couloir. J’veux mettre le plus de distance entre toi et moi. J’ai besoin d’air. J’ai besoin de m’époumoner, la tête dans un oreiller. J’ai besoin d’pleurer d’peine et d’rage. J’croyais que mon cœur commençait à cicatriser, à tes côtés. Au contraire, tu viens de l’écraser en dessous d’ta chaussure comme si c’était un vulgaire morceau de papier.  « Dylan, attend! » J’presse le pas. La dernière chose dont j’aie besoin en ce moment c’est bien d’entendre ta voix. Avec toi… j’étais pas la cousine qui a perdu ses parents. J’étais pas l’ancienne amie devenue désagréable. J’étais pas la gosse brisée. J’étais Dylan. Juste Dy’. J’me rends maintenant compte qu’en fait… j’suis juste un nom de plus sur ton tableau d’chasse. Tu m’attrapes l’avant-bras et je m’arrête à contre cœur, te fusillant du regard. « Me touche pas. » J’ai pas envie d’sentir ta peau sur la mienne. J’ai pas envie d’te parler. J’la sens… cette putain d’attraction… J’sens cette étincelle d’espoir et ces petits papillons dans le ventre. J’me dégoûte. J’ai mal. J’ai mal et j’m’en veux de t’avoir laissé l’opportunité d’me briser. J’me déteste presque autant que j’te déteste. Et… je te déteste autant que je t’aime. Putain. « Dy, parle-moi putain. Cri moi dessus, frappe moi, j’men fou. » J’te ferai pas ce plaisir, Sin. Non. J’ai pas envie qu’tu me vois dans cet état. Pas envie qu’tu réalises à quel point tu viens de d’me foutre en l’air. Je serre les poings et mes jointures blanchissent. Puis, je les relâche et j’tente de garder une certaine contenance. J’me cache de nouveau sous ma putain d’carapace. Je mets mon masque de reine des glaces. « Y’a rien à dire, Sin. Tu fais c’que tu veux. J’en ai rien à foutre. » C’est faux. J’me retiens pour pas m’effondrer. J’me retiens pour pas pleurer et aussi pour ne pas déverser sur toi toute la colère que j’garde à l’intérieur. « Tu baises qui tu veux. C’est pas comme si y’avait plus que ça entre nous. »

¸Je me maudis pour mes mauvaises décisions, mais rien que je puisse m’infliger ne sera aussi pire que de te voir partir comme ça, brisé par mes actions. Je peux pas te regarder partir Dylan, je peux pas rester là sans rien faire. C’est pas possible ça. N’importe qui, n’importe quelle nana, mais pas toi. Parce que t’es pas n’importe qui, ni n’importe quelle nana. Et j’ai peut-être mis trop de temps à le voir, à l’admettre, mais merde! T’es tellement plus que ça. « Me touche pas. » Tu te dégages de mon emprise sur ton poignet et c’est pire qu’un coup de poignard en plein cœur. Je ne peux même plus te toucher? C’est une coupure drastique par rapport à notre relation et ça fait mal. Je suppose que je le mérite. « Y’a rien à dire, Sin. Tu fais c’que tu veux. J’en ai rien à foutre. » C’est pas vrai ça. Tu mens. Ça se voit sur ton visage. Ou alors c’est moi qui veut que ce soit vrai. Non, ce l’est réellement. Il doit bien y avoir un million de chose que t’as envie de me dire, de me balancer à la tête. Puis je sais que tu n’avais pas envie de me voir avec ta cousine –ni avec qui que ce soit d’ailleurs. « Tu baises qui tu veux. C’est pas comme si y’avait plus que ça entre nous. » Je secoue la tête, niant tes paroles en bloc. « Arrête de dire des conneries, je sais que t’en pense rien Dy. » J’voudrais avoir les bons mots pour te faire comprendre, pour m’excuser, me faire pardonner. Sauf que des mots, j’en ai plein et ils ne sont pas suffisants. Rien ne sera jamais suffisant. « Dylan.. j’suis désolé. » C’est faible. Très faible et ça me fait mal même de le dire parce que je sais qu’à ta place, je serais probablement en train de détruire quelque chose. Je te fixe en laissant la honte et la frustration me bouffer de l’intérieur. Toutes les baises du monde ne valent pas la peine que je t’apporte présentement.

J’ai envie d’pleurer et de rire à la fois. Putain, qu’est-ce que tu veux à la fin? T’as eu c’que tu voulais, right? Tu m’as baisé et basta. C’est pas comme si j’connaissais pas ta réputation, Sin. J’ai été stupide, c’est tout. J’comprends pas pourquoi t’es là, pourquoi tu m’as couru après. J’ai déjà assez la tête en vrac et le cœur à l’envers… J’ai franchement pas envie qu’tu me fasses des excuses. Ce dont j’ai besoin, c’est d’exploser. J’ai besoin d’faire sortir le méchant… besoin d’crier et d’pleurer. Besoin d’me faire mal. J’essaie d’ériger un mur entre nous. J’essaie d’faire comme si j’en avais rien à foutre, mais tu me connais trop bien. Ça me tue. « Arrête de dire des conneries, je sais que t’en pense rien Dy. » Va t’faire foutre. Je ricane cyniquement. J’éclate de rire comme une putain de folle. J’suis las. « Fuck! Tu préférerais que j’te dise quoi, mh? Que j’te déteste? T’aimerais que j’fonde en larme? Que j’te dise que j’me suis laissée prendre au jeu et que j’me suis plus attachée à toi qu’à n’importe qui d’autre depuis la putain d’mort de mes parents? Que j’croyais que j’comptais plus que ça? » Shit. J’aurais pas dû t’dire tout ça. Je soupire. Évite ton regard. J’sens mon regard se remplir de larmes à la fois de tristesse et de rage. Je les refoule. « Ça changerait quoi, mh? Rien. » J’ai la gorge serrée. Tout est dit. J’suis tombée amoureuse de toi… et j’viens d’me faire briser le cœur. « Dylan… j’suis désolé. » J’lève les yeux au ciel. « Mouais… pas autant qu’moi. » J’te dis ça sèchement et j’te tourne le dos. Y’a rien à dire de plus. J’m’en veux de t’avoir laissé entrer dans ma vie. J’veux plus jamais vivre ça. Une partie d’moi voudrait que tu ne me laisses pas partir et qu’tu m’dises que tu m’aimes… et j’me déteste pour ça.

Tu ris. Comme si t’avais pris des hallucinogènes, tu ris à gorge déployé et t’as l’air complètement folle. Mais je préfère ça à ton silence. Je préfère n’importe quoi à ton silence. « Fuck! Tu préférerais que j’te dise quoi, mh? Que j’te déteste? T’aimerais que j’fonde en larme? Que j’te dise que j’me suis laissée prendre au jeu et que j’me suis plus attachée à toi qu’à n’importe qui d’autre depuis la putain d’mort de mes parents? Que j’croyais que j’comptais plus que ça? » J’encaisse le coup, tente de ne pas montrer à quel point ça me blesse. Merde. J’me suis attaché à toi aussi Dy. Pas mal plus que je ne veux l’admettre même. Mais c’est pas le moment de m’en rendre compte j’imagine. On réalise ce qu’on perd seulement lorsqu’il est trop tard qu’ils disent; ils sont raison. « Ça changerait quoi, mh? Rien. » T’as probablement raison toi aussi. T’as toujours raison Dylan. Et cette fois n’est pas différent. Excepté qu’elle l’est –totalement même. Parce que cette fois, tu t’en vas. Et cette fois, j’peux pas te retenir. J’te dis que j’suis désolé, mais même ça c’est rien. C’est pas suffisant. Pas même près d’être suffisant. « Mouais… pas autant qu’moi. » Y’a une tonne de chose que je voudrais te dire. Si j’le pouvais, j’ouvrirais ma cage thoracique pour que tu vois ton nom brulé dans la chair à vif de mon cœur. Mais j’peux pas. Et comme je ne peux pas faire ça et que j’ai certainement pas les couilles de te dire ce que je ressens, je fixe ton dos en silence. J’me maudis de tous les noms du ciel et juge de ne jamais refaire la même erreur avec toi. Sauf que j’crois pas vraiment que tu me donneras un jour une seconde chance. Alors je baisse la tête, j’veux pas te voir partir; j’peux juste pas te voir partir Dylan.