La soirée tire à sa fin. J'adore cet endroit et, franchement, le Black Dog est un des endroits que je préfère dans cette ville avec son atmosphère tamisée et la bonne humeur des clients,
mais j'ai ma putain de journée dans le corps. Un point douloureux entre mes deux omoplates m'énerve alors que je lave machinalement les tables vides. L'heure de fermeture est presque arrivée et mes pieds ont bien besoin de repos. J'ai le moral dans les talons, mais ça c'est loin d'être nouveau. Je me sens étrangement vide. J'ai besoin d'un shooter et, éventuellement, d'une bonne baise pour me changer les idées. Du coin de l'oeil, je te vois, Clay, le propriétaire, qui passes non loin. J'en profite pour reluquer un peu tes fesses. «  Qu'est-ce que tu fais là. J'te croyais déjà parti. »  @Clay Fitz. Cooper

Ce qui semblait un jeu de séduction banal et amusant s’est rapidement transformée en autre chose. J’vois bien qu’il y a un truc qui cloche. Ces derniers temps, t’évites presque de m’effleurer. Je commence à me poser des questions et, éventuellement, j’aurai mes réponses. Je ne vais pas laisser trainer ça bien longtemps. J’aime particulièrement la franchise. Tu devrais le savoir, pourtant. «  Ben vient juste après.»  J’hoche la tête. Voilà qui explique ta présence. «  Mais t’es pas obligée de rester cette fois. » J’peux pas m’empêcher de ricaner. «  C’est une façon subtile d’me dire que tu veux pas d’moi ici, Clay? » Je te jette un coup d’œil taquin. Tu sais bien que j’rigole. «  J’pourrais faire l’employer model et t’dire que ça m’ferait plaisir de rester, mais j’suis morte de fatigue… »  Je pourrais étirer un peu les choses et dire que j’serais prête à rester si tu le veux. Après tout, tes lèvres semblent parfaites pour ce que j’ai en tête, mais j’ai bien remarqué ce petit malaise quand je te drague. «  T’es sûr que t’as pas besoin d’moi? » J’me gêne pas pour te déshabiller du regard, cependant. La vue est agréable, il faut bien l’avouer. Et… franchement, j’espère que tu profites de mon décolleté une fois de temps en temps. Soudainement, je sens un truc pointu et froid sur ma tempe droite et une voix masculine brutale m’écorche les tympans. «  Personne bouge ou j’lui explose la cervelle. » Mon cœur bat la chamade et j’retiens mon souffle, mes yeux écarquillés posés sur toi.

Pour être totalement franche, je me contre fiche que t’aies plus envie de t’amuser un peu. Je me fous royalement que tu veuilles plus presser tes mains sur mes hanches ou poser tes lèvres dans mon cou, aussi agréable cela était-il. Il ne faut pas le prendre personnel, mais je ne suis pas le genre à m’attacher. Ce qui m’agace, c’est l’ambiance à couper au couteau. Je ne m’étale cependant pas sur le sujet ce soir. Je le ferai, éventuellement, mais je suis trop fatiguée pour même penser à l’éventualité d’attaquer le problème à bras le corps. Malheureusement, la perspective de retourner chez moi bien tranquille est totalement pulvérisée lorsqu’une voix masculine crache à mon oreille des menaces qu’il rend d’autant plus réelles lorsque je sens un pistolet sur ma tempe. Ma gorge se serre et je retiens mon souffle. Putain d’bordel de merde.  « On a pas fait une bonne soirée, si tu revenais demain plutôt. » J’avale difficilement ma salive.  Je sens ma bouche devenir pâteuse sous le stress. Je te connais assez pour savoir que je suis entre de bonnes mains, mais j’ai foutrement hâte qu’il arrête de me menacer avec une arme. J’ai l’impression que mon cœur veut sortir de sa cage, fracassant ma poitrine à un rythme effréné.

Il te demande ce que ma vie vaut pour toi. J’suis confuse. J’ai du mal à comprendre ce qui se passe. Tout ce qui compte, c’est ce foutu canon sur ma tempe. J’arrive pas à penser à autre chose. « Me braquer. Tu sais au moins à qui appartiennent ces murs? » Je sens une main attraper ma crinière et tirer vers l’arrière. La douleur me fait grimacer alors que ce connard me tire les cheveux. Je sens son souffle dans mon cou et je sens mes poils se dresser sur mes bras. Fais quelque chose, Clay. Bordel. « J’crois que t’as pas compris, mec. Je me foutre fiche de qui t’es. » Rapidement, je me retrouve face la première sur la table la plus proche et une douleur irradie d’mon front jusqu’à l’arrière de ma tête. Je lâche un gémissement et serre les dents. Putain. Une de ses mains me tient la joue étampée sur la table, doigts emmêlés dans mes cheveux, alors qu’il doit probablement te menacer de son pistolet avec l’autre. Je sens ma respiration tremblante et je commence sérieusement à paniquer. « Met l’argent dans un sac, maintenant. »

Je sens mon cœur s’activer sous l’adrénaline, la peur. Ses doigts crasseux s’emmêlent dans ma tignasse et je serre la mâchoire pour retenir un cri de frustration et de douleur. Putain… J’me sens vulnérable et je déteste ça. Je sais me défendre pourtant. Suite aux agressions à Harvard, j’ai mis un point d’honneur à apprendre à me défendre. J’ai pris des cours de krav maga. Pourtant, j’suis paralysée, le souffle court, comme une putain de victime. Les yeux rivés sur toi, je tente de contrôler ma respiration. J’suis loin de me sentir en sécurité, mais je sais que tu gères la situation... J’ai besoin de garder un minimum d’espoir. Le carillon vient titiller mon oreille et le silence se fait, comme si la scène s’était soudainement mise sur ‘pause’. Rapidement, ladite personne rebrousse chemin. Du moins, j’en tire cette conclusion. La police devrait arriver bientôt, right? Toute personne censée irait prévenir les flics en voyant ça. Je l’espère. Bordel. « Les sacs sont dans la réserve. Laisse la y aller. » J’avale difficilement ma salive, la bouche sèche.  J’suis même pas certaine d’être en mesure de marcher. Putain, j’suis faible. J’sens mes jambes trembler comme si elles voulaient se dérober sous moi. Fuck. J’suis plus forte que ça, non? J’suis plus courageuse que ça… Je prends de grandes respirations. On se calme… « À côté des packs de blondes. »

Sa main toujours dans ma chevelure, il tire sur mes cheveux pour me relever. J’serre la mâchoire. Pas question que j’lui laisse voir à quel point j’suis terrifiée en ce moment. Nan. J’le fusille du regard et ses doigts laissent ma tignasse tranquille pour me fouiller. Le problème, c’est qu’il prend trop son temps à mon goût. J’serre les points, légèrement tremblante, les yeux fixés devant moi, alors qu’il me tripote. J’ai envie d’lui foutre mon poing dans la gueule. Mon regard croise le tien et j’essaie d’te faire comprendre silencieusement que j’espère que t’as un plan. Le mec m’enlève mon téléphone et me pousse dans la direction de la réserve. Mes jambes peu sûres d’elles ne se dérobent pas sous moi et j’en remercie le ciel. Mes prunelles cherchent frénétiquement fameux sacs tout près des packs de blonde, mais je ne les trouve pas. Putain de merde. Putain. De. Merde. Ça veut dire quoi? C’est quoi ton plan? C’était une manière subtile d’me dire de foutre le camp? Nan, j’te laisserais pas seul dans cette situation. J’continue à chercher. J’écarte les cartons frénétiquement. Faites que je trouve ce que tu veux que je ramène. Bordel. Mes doigts effleurent du plastique et je prends le sac. En l’ouvrant, je découvre une arme. Bien joué Clay. Je l’effleure et hoche la tête avant de le remettre dans le sac. L’être humain moyen ne serait probablement pas rassuré en voyant une arme, mais j’suis pas comme ça. La faute à Sin, j’imagine. Ça a ses bons côtés d’avoir fréquenté un motard. J’sors de la réserve, le visage inexpressif, mais tout de même nerveuse. Une fois à ta hauteur, je te regarde du coin de l’œil. Il semble comprendre qu’un truc cloche parce qu’il pointe son fusil vers moi. Heureusement, tu as déjà le sac entre les mains.

HRP: