Confortablement installée sur ton lit, tu chantonnais l'air de la chanson qui passait dans tes écouteurs, les mains occupées à rouler ton prochain joint. T'étais seule dans la chambre pour tout l'après-midi, Tessy étant en cours et Camila toujours à l'hôpital. Rien que d'y penser, tu sentais ton ventre et ta gorge se nouer. T'avais cru la perdre, t'avais cru à un véritable drame. T'avais failli péter un plomb cette nuit là, à l'hôpital. Et contre toute attente c'était Enaël qui t'avait à peu près calmé. A présent, elle était réveillée et devait se remettre de ses blessures progressivement. Ce n'était pas devenu un légume et ça, c'était le bon point. T'avais pas encore pu la voir et bien que ça te rendait presque malade, tu ne laissais rien paraître. Comme d'habitude. Ton téléphone vibra, affichant un nouveau message provenant de ta mère. Tu te stoppas, tes yeux divaguant entre ton iphone et ta feuille slim et tu soupiras. C'était la rentrée, ce qui voulait aussi dire que t'allais avoir moins de liberté, moins de temps pour toi à cause de tes obligations avec votre émission. Tu délaissas tout ton matériel pour attraper ton cellulaire et pris le temps de lire et d'assimiler toutes les informations que maman te communiquait. Elle voulait que tu viennes à la maison ce week-end pour un dîner avec de vieux amis de la famille. Un soupir s'échappa de tes lèvres, convaincue que cela n'allait rien apporter de bon. Nour allait être présence, peut-être que ton grand-frère aussi, tu l'ignorais mais t'étais prête à l'appeler et le supplier s'il le fallait. Hors de question que tu supportes un dîner de con toute seule. Tu répondis un simple ok à ta mère et repartis à ton occupation, finissant de rouler ton joint pour l'allumer en vitesse. Comme un besoin vital, aussi essentiel que l'air qui t'était donné d'inspirer. Quand soudain, on ouvrit la porte de ta chambre. Nonchalante, tu levas la tête en la direction de la personne qui venait d'entrer, t'attendant à voir la chevelure blonde de Tessy. Pourtant, ce n'était pas le visage de ton amie qui se dessinait devant toi, mais celui d'une autre jeune femme, d'une autre... amie. Ou plutôt ancienne. Ton joint manqua de tomber, de s'échapper de tes doigts mais tu repris tes esprits avant, retirant tes écouteurs et posant ton pétard dans le cendrier posé sur ta table de chevet. Est-ce que c'était réel ou est-ce que tu avais pris de la mauvaise herbe ? L'idée de t'être endormie et d'être en plein rêve te traversa l'esprit, mais elle paraissait si... vraie. Traîner avec Tommen avait dû te raviver des souvenirs et par conséquent ce souvenir, ce visage. Selene. Son nom résonnait dans ta tête. Elle fit un pas et ça te sortit de ta torpeur « J'avais demandé un beau blond, y a eu erreur sur la livraison je crois. » dis-tu finalement, un sourire rieur apparaissant au coin de tes lèvres. Tu te levas pour te positionner à sa hauteur. Vous aviez changé, vous aviez grandi, mais il n'était pas difficile de reconnaître quelqu'un avec qui tu avais passé une période importante de ta vie. Sans réfléchir, tu l'entouras de tes bras quelques secondes « Comment tu vas Selene ? » demandas-tu, curieuse de savoir comment elle se retrouvait ici. Venait-elle voir Tom ? Ça ne t'étonnerait pas, la dernière fois que tu les avais vu ensemble ils s'échangeaient des mots doux et t'avais bien du mal à les imaginer en mauvais terme.

Crevée, fatiguée, exténuée. Trois adjectifs qui représentent à la perfection ton état d'esprit en cette fin de journée crevante. Sérieusement tu es à deux doigts de t'affaler sur un sombre inconnu tant tu as juste envie de fermer tes paupières, mais tu tiens bon et essaies de garder tes forces jusqu'à ce que tu trouves au moins la chambre qui t'a été assignée à la Cabot House. Et oui, en tant que bizut de cette charmante sororité il t'a été donné comme ordre peut-on dire de loger au moins jusqu'à la fin de ton bizutage dans l'infrastructure dédiée à ta maison. De ce que tu as compris, la meilleure université au monde a les moyens de t'offrir quelque chose de pas mal en somme et même si tu aurais peut-être trouver mieux en ville ça ne te dérange pas de vivre l'expérience havardienne à cent pour cent le temps de t'adapter. Tu es passée à l'hôtel où tu t'es vue obligée de séjourner quelques temps chercher tes bagages, ouais parce que le temps de remplir les dossiers de transfert ces cons pouvaient pas regarder où c'était libre pour quand tu débarquerais alors pendant ce temps tu t'es trouvée un trois étoiles pas loin du campus ; au calme. Tu sens même plus tes bras tant tes valises sont lourdes sans oublier ta fatigue qui ne fait qu'amplifier cet effort te semblant interminable lorsque tu empruntes les escaliers en cascade de la Cabot House. Putain mais sérieux quoi, tu devais forcément tomber sur une chambre du dernier étage hein. Puis askip tu vas être en colocation avec trois autres roses, tu sens que ça va être bien sympa si tu tombes sur de véritables clichés. Tu espères pas en tout cas. Tu sors un bout de papier sur lequel tu as écrit avec soin le numéro de chambre qui t'a été attribué de ta poche — en espérant ne pas t'être trompée, et te mets à chercher ce dernier sur chaque porte de l'étage. Finalement, quasiment arrivée au bout du couloir alléluia tu as trouvé le numéro correspondant. Honnêtement tu es bien contente de te trouver seule dans ta galère vu ta dégaine d'empotée, tu avais franchement pas envie de faire ce genre d'entrée parmi les tiennes. T'es tant soulagée d'être enfin arrivée que tu attends pas une seconde de plus pour prendre la poignée de porte pour ainsi venir prendre tes bagages et l'ouvrir d'une pression de ton pied contre cette dernière. « Chaud devant ! » que tu lances à l'aveugle lorsque tu décides d'empoigner tes bagages pour les balancer dans l'entrée. Tu sais même pas s'il y a quelqu'un là-dedans, mais peu importe au moins t'auras prévenu. Tu entres lentement dans le petit appart pour ainsi venir l'inspecter dans tous ses aspects possibles et tandis que tu te demandes déjà comment tu pourrais amménager un peu ce bazar à ta guise une silhouette se dessine devant toi, et là t'as un bug mental. Dana Elkaïm ? Ton ex meilleure amie peut-on dire après tout ce temps ? Était-ce bien la Dana que tu connais ou bien son parfait sosie ? Putain, t'en reviens pas. Tu n'avais pas idée qu'elle étudiait à Harvard la gonzesse, bah ouais au final vous vous êtes vraiment perdues de vue sans vraiment le vouloir vous deux. Tu es à la fois sur le cul de la retrouver dans de telles circonstances, mais dans un autre sens tu es soulagée et ton premier réflexe est de venir la serrer à ton tour fort dans tes bras lorsque son léger accent australien qui te semble encore si loin vient résonner comme une mélodie dans tes oreilles. Même si à l'époque Dana était déjà une véritable femme physiquement comme psychologiquement, tu sens qu'elle a pas manqué de murir d'autant plus en quelques années. « Oh bah moi tu sais ça va toujours aussi bien hein ! Mais putain j'suis choquée de te retrouver genre ici quoi.. Coïncidence ? Je ne pense pas. » que tu lui réponds le sourire en coin avant de ricaner, contente de retrouver ton amie d'antan. Ouais, votre amitié est de longue date et clairement va falloir dépoussiérer le grimmoire si vous êtes vraiment toutes deux réunies de nouveau après tant d'années. Sérieux, tu as envie de chialer tant c'est beau de la revoir. « Et toi comment tu vas ? J'pensais pas te voir par ici ! Depuis quand t'es à Harvard, mademoiselle Elkaïm autrefois grande rebelle ? » Tu te dégages de ses bras et déposes tes mains sur ses épaules, comme fière d'avoir vu ton bébé grandir. Même si, il faut l'avouer, c'est plutôt l'inverse. Tu jettes un coup d'oeil derrière ton amie qui semblait être pas mal occupée avant que tu débarques et te dis bien que le temps de la Dana que tu as toujours connu n'est pas tout à fait révolu. « Bon bah on dirait que ça marche comme sur des roulettes hein ! Et ton émission de télé-réalité ? Tu faisais pas un truc dans le genre la dernière fois qu'on s'est causées ? Putain ça fait tellement longtemps Danette.. » que tu poursuis ne pouvant pas t'empêcher de causer encore et encore, si excitée à l'idée de retrouver une si vieille amie. Tu ne pouvais pas espérer mieux, sérieux. Enfin ça t'en sais rien à vrai dire, tu oses juste espérer que tout va redevenir comme au bon vieux temps au moins avec elle, au moins avec ta Danette chérie d'amour.