L'Homme est un putain d'arnaqueur. Il ment, trompe, tue et parfois prétend le faire par amour. La race humaine se croit supérieure aux autres, se permettant de torturer quand elle le juge utile. Parfois elle le fait aussi juste par plaisir. Comme mon père. Lui qui n'a jamais voulu me considérer comme un égal, lui qui avait voulu me faire grandir trop vite, lui qui même des années après continuait de me contrôler. J'avais toujours fait genre de n'en avoir rien à foutre, préférant me concentrer sur l'argent qu'il me donnait en échange de son silence. Mais en marchant maintenant sous la pluie, en laissant les gouttes d'eau tremper mes cheveux, rouler sur ma peau et me rafraîchir les idées, je me rendais compte qu'il fallait que j'agisse. Mes pas résonnaient dans la nuit, la rue était déserte contrastant avec le chaos qu'il y avait dans mon esprit. Dans ma tête se répètaient les paroles de cette chanson de Woodkid. Cours, garçon, cours. Ce monde n'est pas fait pour toi. Ce monde n'était fait pour personne. A part peut-être ces connards de riche qui vivaient comme des chiens, dont le cœur était corrompu par le pouvoir de l'argent. Les pauvres, eux, mangaient leurs restes, quand ils voulaient bien leur donner. Pourtant je faisais partie de ce monde, j'y avançais petit à petit avec l'impression d'avoir un fusil sur la tempe. Une erreur et mon père appuierait sur la gâchette avec, en prime, un sourire froid aux lèvres. Mais, ce sourire, c'était maintenant moi qui l'avait tandis que mon regard s'arrêtait sur le nom de ce club. People's Republik. Devant, une femme aux cheveux plus sombres que la nuit et pourtant aux yeux plus clairs que la plus bleue des mers. « Tu m'attendais ? » Question stupide. Personne ne m'attendait jamais.

à la flamme de tes yeux — Je toussais, suffoquais à ce énième haut le coeur qui me retournait l'estomac et me faisait vomir une dernière fois. Une main appuyée sur la cuvette des toilettes, l'autre maintenant mes cheveux en l'air pour ne pas les salir. Pourtant, je me sentais terriblement sale à cet instant. Sale, minable, vide. Comme à chaque fois que j'avais ces crises de boulimies. Comme à chaque fois que je me gavais pour ensuite me vider l'estomac sans pitié, en enfonçant mes doigts dans ma gorge. Le souffle court, j'attendais sans bouger, avant de cracher pour tenter d'évacuer ce goût écœurant qui dévorait mon palais. Je me redressais, légèrement tremblante, tirais la chasse et poussais la porte de la cabine dans laquelle je m'étais enfermée. Mon reflet me frappa de plein fouet dans le miroir qui me faisait face. Je baissais les yeux, évitant mon teint blafard alors que je me lavais les mains, et me rinçais la bouche. J'essuyais le maquillage qui avait coulé sous mes yeux avec mon pouce, et poussais la porte des toilettes du fast food ouvert quasiment h24. La soirée était déjà bien avancée, et les sms sur mon portable m'incitant à sortir ne manquaient pas. Ma veste en simili cuir sur les épaules, je décidais de partir à pied jusqu'au People's. Je souriais en voyant les sms de mes potes bourrés que j'avais quitté un peu plus tôt tout en prenant un chewing-gum.. avant de m'arrêter sur un sms en particulier. Davy. Sans réfléchir davantage, je lui demandais de ramener son cul. Je voulais m'amuser ce soir et aussi paradoxal soit-il.. l'Eliot était bien placé pour. Arrivant devant la boite de nuit, je m'appuyai contre une murette en attendant qu'il se pointe, m'allumant une énième clope. Puis au bout de quelques minutes, je le voyais arriver. - Faut croire.. dis-je avec un sourire amusé, l'observant de la tête au pieds. Puis je sautais de ma murette, écrasant ma cigarette au sol. - On y va ? Et sans réellement le consulter, j'entrais dans la boite, sachant pertinemment qu'il me suivrait.