« Azélie ma chérie, descends s’il te plaît. » « Maman, j’suis occupée là, ça peut pas attendre un peu ? » « Non, descends ! Et sois bien habillée, je te prie ! » Bien habillée, elle est mignonne elle. Tu es toujours à ton meilleur, là n’est pas le problème. Une robe noire, des escarpins assortis et tout sera merveilleux. Bordel, qu’est-ce que tu détestes ça quand ton père arrivait à la villa avec l’un de ses associés qu’il tenait absolument à présenter à sa famille, ou qu’il voulait lui faire visiter la résidence, preuve de son succès indéniable. Ta mère, en bas de l’escalier, te fixait d’un air navré sur le visage. Non, Madame White n’est pas toujours d’accord avec son cher mari, mais elle n’a rien à dire non plus. Une fois les escaliers descendus, tu rejoins ton père au salon et il n’est pas seul. Il fallait bien s’y attendre. Deux hommes d’un âge différent s’y tenaient, te souriant ce qui était un peu effrayant. Les inconnus se lèvent et c’est là que tu remarques réellement le plus jeune des deux. Il a un sourire à tomber, du genre beau gosse, qui sait qu’il peut emmener qui il veut dans son lit. Le genre de mec qui t’énerve, rien que par sa présence et que tu ne te gênes pas pour remettre à sa place. Tu le regardes attentivement de la tête aux pieds, haussant un sourcil en croisant les bras sur ta poitrine, puis tu finis par exprimer ce que tu pensais. « C’est qui c’paysan ?! » « Azélie, sois polie, enfin ! » La voix cinglante de ton père, aussi sèche qu’un coup de fouet. Tu lui réponds, d’un sourire hypocrite avant de river ton regard dans celui du jeune homme, sûr de lui, séducteur et prétentieux. « Ma fille, je te présente ton fiancé ! » Les mots ont du mal à traverser complètement ton cerveau. Fiancé comme dans, mariage ? Impossible. Tu regardes ton père, abasourdie par ses paroles, les yeux ronds avant d’éclater de rire. « Attends, mon quoi ? » « Ton fiancé. Il s’appelle… » « On en a déjà parlé, j’veux pas d’un fiancé. » « Tu n’as pas ton mot à dire Azélie. Votre mariage assurera la longévité de nos entreprises. » La longévité de leur entreprise. Et puis quoi encore ? Il a décidé de tes études, de ta façon de te comporter, de tes passions. Il aurait au moins pu te laisser le choix de celui qui allait partager ta vie. Mais non, impossible de choisir quoi que ce soit avec ton géniteur.

Assise à califourchon sur ton désormais fiancé, tu tiens sans grande conviction un oreiller sur son visage, alors qu’il commence à s’agiter. Une fois qu’il a enlevé ce qui l’empêchait de respirer convenablement, il marmonna dans un léger sommeil : « Azé… qu’est-ce que tu fais ? » « J’essaye de t’étouffer. » « Tu quoi ? » Demanda-t-il, ouvrant ses yeux doucement, te fixant. Il a l’air endormi, mais pas du tout inquiet. « Je veux t’étouffer avec l’oreiller. C’est simple à comprendre, non ? » « Euh… Okay et pourquoi ? » « Parce que tu ronfles comme un camion, c’est insupportable ! » « D’accord, je vois.. » « Alors, arrête de bouger, de parler, et même de me regarder, tu me déconcentres ! » Et sans attendre, tu te mis à presser une nouvelle fois l’oreiller sur son visage. Il ne mit pas très longtemps à te l’enlever des moins et de le jeter à l’autre bout de la chambre. Pourtant, il est loin d’être énervé et un sourire discret, jonche ses lèvres. Il est attendrissant comme ça et ça en devient énervant. Tout ça en est ridicule. Il t’agace tellement à te fixer comme ça avec son petit air qui sait qu’il domine les choses. Tu ne bouges pas, lui non plus, si ce n’est qu’il a posé ses mains sur tes jambes. Il les glisse sur tes cuisses nues, lentement sans quitter ton regard et sans que son sourire ne s’efface, tandis que tu dois te faire violence pour garder ta mine impassible et ennuyée. Ton fiancé fini par se redresser sur ses douces et s’approche doucement de ton visage. Trop tard bonhomme, tu as bien vu où il voulait en venir et il en est hors de question, pas avec lui. Tu reprends ta place initiale en lui tournant le dos et te roulant en boule. « Laisse tomber ! » « Quoi ? Pourquoi ? » « Parce qu’on est pas en public et que personne ne nous regarde. T’as pas à te forcer. J’suis pas une de ses filles que tu ramènes du bar pour la sauter dans une ruelle. » « Tu m’connais mal White et c’est bien dommage. » Il n’ajoute rien et pousse un long soupire avant de se rendormir, recommençant à ronfler avec force.