J’avais élu domicile chez les cabots depuis le début du mois, et pour l’instant ça se passait plutôt bien. J’apprenais à connaitre chacune des filles, du moins j’essayais du mieux que je pouvais. J’avais élu domicile dans la chambre de Cécilia, j’étais toute fière de partager celle-ci avec notre présidente.

C’était amusant de voir à quel point les filles pouvaient se ressembler, en vrai on était presque toute blonde, mais je n’étais dupe, je restais la plus belle. Quand cette fille venais me voir pour me poser des questions, j’étais resté un peu perplexe, je savais que c’était une cabot elle aussi, même si on avait encore pas pris le temps de se parler.

Azael était venue m’aborder pour me proposer une interview pour son journal, un devoir qu’elle prétextait qui porterait sur ma sexualité. J’avais été à la fois surprise et galvaniser par la façon dont elle avait abordé son sujet. Dubitative, j’appréhendais un peu cette rencontre, mais d’un autre côté je restais amusé par l’aplomb de la jolie blonde.

Elle me donnait rendez-vous dans le parc, j’avais pris note de l’heure, et malgré le temps un peu brumeux je m’apprêtais pour l’occasion. Si l’article devait comporter des photos, je voulais être à mon avantage. J’étais passé chez l’esthéticienne la veille et j’enfilais une jupe plissée, pas trop courte qui pourrait mettre en valeur mes jambes que je voulais plutôt bien apprêtée.

Un sac à main en écaille beige et une barrette pour parer mes cheveux, je me sentais prête pour aborder le sujet. Dans ma tête j’imaginais les questions, les débordements, et surtout le but de tout ça. Est-ce que la jeune journaliste était délurée au point de s’inventer des sujets pour trouver une partenaire à son goût ?

J’arrivais jusqu’au point de rendez-vous, ponctuelle à la minute près, je vérifiais l’heure sur mon téléphone et je pavoisais presque en réalisant à quel point je m’étais bien débrouillée. Les oiseaux berçaient de leur champs monotone cette clarté pure et morose de l’automne, autant dire que le contexte n’engageait rien de très pavoisant.

- Azael !

D’un signe de la main je spécifiais ma présence à la jeune cabot qui avait pris soin de me donner rendez-vous. J’essayais de voir dans son regard l’expression qui donnerait le ton au déroulement de l’après-midi, pourtant elle ne laissait rien paraitre. M’approchant pour déposer une bise chaleureuse contre la joue de la blonde, je tendais la mienne pour qu’elle m’imite.

- Si je dois débattre de ma vie sexuelle avec toi, on peut pousser le vice jusqu’à se faire la bise ?

Depuis ce matin j’étais restée en éveil, le questionnaire de la blonde m’intriguait un peu, mais j’étais trop curieuse pour ne pas me prêter au jeu. Quand je m’apprêtais pour aller au rendez-vous je restais complètement en alerte, mais dès que je voyais le visage de mon interlocutrice dans le parc je retrouvais une certaine contenance.

J’essayais de lier un début de complicité avec cette fille dont je ne connaissais rien, pour l’instant elle avait l’air plutôt gentille, même un peu tendue je dirais. Quand je m’approchais pour tendre mes lèvres contre sa joue la belle se laissait faire avant de me rendre la pareille. Je souriais en constatant la façon qu’elle avait de rester à la fois timide et déterminée.

- On dira que je n’avais rien de mieux à faire.

Qui pourrait refuser de perdre une heure ou deux en répondant à des questions intimes avec une parfaite inconnue ? Ce qui m’amusais c’était cette façon qu’elle avait à la fois culotée et embarrassée de prendre son sujet à cœur. C’était comme si c’était à moi de la rassurer sur le déroulé de l’entretiens, n’était-ce pas un comble ?

- Si je suis là c’est surtout par curiosité. On va dire que tu m’as piqué avec ton sujet, et que j’ai envie de voir ce que tu me réserve.

A regarder ma voisine, on aurait dit une toute jeunette qui devait même être plus jeune que mon petit frère. Je m’imaginais un instant parler de sexe avec lui, et ça me faisais rire toute seule. J’espérais que la blonde ne le prendrait pas pour elle, je restais tout de même discrète en prenant vite le temps de retrouver mes esprits.

- Détends-toi, si je suis là, c’est que j’ai du temps pour toi. On dirait que le sujet t’embarrasse plus que moi, pourquoi tu as choisi de faire ça si ça te gêne ?

Peut-être qu’elle avait des questions dont elle n’osait pas parler à ses copines, des trucs persos à débattre avec une inconnue. Parce que si elle voulait une experte, je ne voyais pas qui l’avait aiguillée vers moi. Pour la plupart des gens ici je restais la petite fille parfaite, pas de déboire pervers à signaler pour le commun des mortels.

Quand elle me proposait de prendre un café j’acquiesçais d’un hochement de tête, un petit sourire malicieux en coin pour montrer que j’approuvais l’idée du temps qui commençait à se couvrir légèrement.

- Une tisane peut être ? J’ai peur qu’avec la caféine tes nerfs lâchent. Enfin, tu as raison, allons à l’intérieur, ça sera plus intime.

Je lui faisais un petit clin d’œil, amusée, en observant la réaction de la blonde. Est-ce qu’elle allait prendre peur si je lui disais que je m’intéressais aux jolies blondes un peu timides ? Je la suivais jusqu’à l’intérieur de ce café qui longeait le parc, à cette heure-là il n’y avait pas énormément de gens et on pouvait se trouver une table isolée dans un petit coin du bâtiment. C’était juste ce qu’il fallait pour qu’on arrive à parler sans avoir d’oreilles mal intentionnées tout autour.

- Que je parle de moi, pour toi, ou pour ton article ? J’ai pas spécialement envie d’être citée dans l’article. Est-ce qu’on peut dire pour les bien de l’enquête que je m’appelle Natasha ? J’ai toujours aimé ce prénom.

Je n’avais plus d’excuse, arrivée devant la belle journaliste, il faudrait que je me plie aux règles de son article. Le sujet bien qu’un peu différent de ceux que j’aborde d’habitude avec mes amies restait amusant, et je n’aurais manqué pour rien au monde cette interview. D’une certaine façon j’aimais qu’on parle de moi, même si cette fois-là, l but serait surement d’en sans que personne ne le découvre.

La blonde me plaisait beaucoup, elle avait un visage tout à faire charmant, et je crois que si elle voulait passer de la théorie à la pratique il ne faudrait qu’un pas. Je lui montrais que j’étais prête en la suivant dans ce café où je préférais commander une tisane légère. Même si je ne le montrais pas, je restais nerveuse et la tisane m’aiderait à appréhender tout ça d’une façon reposée.

On s’installait à une table plutôt à l’écart, je crois que ça me plaisait de pouvoir passer du temps avec elle, même si c’était juste pour un article plus que personnel. J’essayais de voir comment je pourrais parler de moi sans me mettre au premier plan, et l’idée de changer mon prénom m’apparaissait comme une évidence.

- Alors j’ai 22 ans, je suis arrivée ici dans l’été, je suis belle, blonde … Ben oui, tu vas pas mettre de photo hein ? Faut bien que les gens sachent un peu à qui ils ont à faire. 1m57, 51kg, 85B, ça c’est juste pour les curieux.

Je n’avais pas prévu me dévoiler sans que mon interlocutrice ne pose de question, j’avouais que j’étais un peu prise au dépourvu, alors je laissais sortir ce qui restait coincé en moi. En soufflant, je regardais ma voisine avec des petits yeux pour lui demander d regard de commencer les questions et de m’aider un peu.

- Je dirais que j’ai toujours apprécié la littérature contemporaine, les sports qui n’impliquent pas de finir en sueur autour d’un ballon, et j’aime aussi beaucoup la mode.

Sans entrer dans les détails, j’imaginais en avoir assez dit sur moi, si j’en ajoutais d’avantage la suite risquait d’être un peu trop tournée vers moi. Acceptant le thé qui arrivait devant moi, je remerciais la personne pour le service en accentuant mon attention sur la cuillère qui trempait dans la tasse encore trop chaude pour avoir peur que je la vide.

- Les questions ça va dans les deux sens ? J’ai le droit aussi de te poser des questions ultras perso, ou c’est réservée à la journaliste ?

Je devais avouer qu’il y aurait des tas de choses qui m’intéresserait sur la sexualité de celle qui posait les questions. Le sujet s’il avait été tiré au hasard, c’était elle qui s’était tournée vers moi pour répondre à ses questions, dans un sens ça n’était pas anodin. Offrant mon plus beau sourire à celle qui prenait des notes, j’attrapais sa main libre sur la table en posant la mienne dessus.

- Je suis tout à toi, demande moi ce que tu voudras.

Voir ma voisine un peu stressée ça me donnait encore un peu plus d’aplomb. C’était amusant de voir une journaliste toute tendue, on dira que c’était ses débuts, parce qu’il faudrait bien qu’elle s’habitue à discuter avec des inconnus de sujet personnel et privé. J’essayais de l’amadouer un peu en soulignant son malaise.

Attablé autour de cette boisson chaude, on était enfin prête à passer aux choses sérieuses, alors quand Azael me demandait de parler de moi j’essayais de me décrire en quelques mots. Je n’avais pas spécialement l’habitude de parler de moi, et pointer l’intérieur c’était encore plus dur à sortir que ce que tout le monde pouvait voire.

- C’est compliqué de se décrire en quelques mots. Je ne suis pas timide, mais de là à dire que je suis sociable. Si je te dis avenante ça compte ? Curieuse et peut être un peu arrogante, mais ça c’est le propre des cabots ?

Toutes les filles de la maison se ressemblaient finalement, et pas que pour la couleur des cheveux. Chacune avait un caractère fort, je pense qu’on était toute un peu individualiste, mais c’est ensemble qu’on arrivait à être des filles plus fortes et indépendantes. Je continuais à parler de ce que j’aimais faire en riant un peu sur la réflexion de la journaliste.

- Je parlais de transpirer autour d’un ballon, mais de toute façon le problème ne se pose pas, tu es bien placée pour savoir que les jolies filles ne transpirent pas, même dans l’effort on sait rester sensuelle.

C’était certainement qu’on ne faisait pas assez d’effort pour ressembler à une fontaine de transpiration, ou qu’il fallait rester seule pour rester humble. Pour mon footing je détestais être accompagnée, mais encore une fois j’imaginais qu’on était toute pareille, jamais je n’envisagerais demander aux copines de venir courir avec moi.

J’appréciais cet échange qu’on avait avec Azael, ça restait simple et naturel, même si ça changerait peut être quand le sujet principal viendrait sur la table. Pour taquiner la journaliste je lui proposais d’échanger les tours de celle qui poserait les questions, même si en réalité je n’avais pas spécialement de question intéressante sous la main, l’inspiration viendrait en temps voulu.

- C’est noté, je ne manquerai pas de t’en poser aussi alors !

Doucement mais surement on commençait à se diriger toute les deux vers ce sujet qui risquait d’être un peu plus glissant. Venant attraper la main d’Azael par-dessus la table, le sourire complice qu’on échangeait me rassurait, et m’amusait aussi un peu. Je redoublais mon sourire en voyant les joues de la journaliste légèrement rosies, par ma main ou par sa nouvelle question dans le vif.

- Dis-moi, t’es plutôt direct comme fille !

D’accord, j’étais aussi un peu intimidé par le fait d’étaler ma vie sexuelle. Il me suffirait de mentir, après tout qui le saurait ? Et en même temps, si je disais la vérité, qui saurait que je ne mentais pas ? Les possibilités se bousculaient dans ma tête quand je repensais aux siennes qu’elles me proposaient. A ce moment j’éclataient de rire, nerveusement sans arriver à me contrôler.

- Paon sexuel ? Je sais même pas ce que ça veut dire ? Il y a des filles fétichistes des oiseaux ? Tu me diras, ils ont une belle grande queue faut juste l’aimer multicolore.