Il ne se cache de rien, et c'est un peu ce qui te plait. Beaucoup, à vraie dire. Sa façon de laisser planer le mystère tout en sortant ses pensées, brutes, ça relève de l'exploit, et ça t'attire comme un papillon suivrait une lumière. Peut-être t'offrira-t-il un verre, peut-être pas. Toi, tu te contentes de hausser un sourcil, d'esquisser un sourire en coin, enfantin. « Au pire, peut-être que je m'arrangerais pour m'en faire payer un par un de tes clients. » Le sourire devient espiègle, moins gamin, plus catin. Tu passes ta langue entre tes lèvres avant de rire légèrement, toujours aussi épatée par sa façon de dire les choses de façon directe. T'es pas étonnée de l'entendre clamer que les étudiantes l'intéressent principalement. Après tout, ce serait mentir que de dire que tu ne bosses pas ici en partie pour faire du repérage. « Je ne suis pas étonnée. Quand elles ouvrent le porte-feuilles, c'est bien. Quand elles ouvrent les jambes, c'est du bonus. » Tu mâches pas tes mots non plus, relevant tes grands yeux clairs vers les siens avec cette pointe de malice qui te caractérise au quotidien, avant de vaquer à nouveau à tes quelques occupations avant la fin fatidique de ton shift. La liberté, la fin du service, la fin des sourires forcés, mais lui, il te donne pas envie de te forcer, il attise juste ta curiosité. Alors ouais, quand tu le vois aller vers la sortie, sans un mot, tu finis par suivre. Tu cours pas après, tu prends pas ton temps non plus, tu doses ta démarche, jusqu'à finir comme la gamine que tu es, sans réfléchir, sans talons sur l'asphalte, respirant l'air nocturne du Massachussets mélangé à l'odeur de sa cigarette. Tu ris doucement à sa remarque, pour mieux hausser une épaule en t'approchant d'un air faussement embêté. Faussement désolé, alors qu'en réalité, l'avis des autres t'importe peu. Même celui d'un homme qui t'intrigue comme celui-ci. « J'aurais bien dit que c'est dommage, mais je ne le pense pas. Même face à un beau garçon, je privilégie la liberté de mes doigts de pied. » Tu laisses planer le fait qu'il te plait, mais après tout, c'est un mystère ni pour l'un, ni pour l'autre. Tu sais que tu l'intrigue, tu sais qu'il essaie de te percer. Beaucoup ont tenté, peu ont réussi à t'ouvrir à eux. Lui, t'as pas encore décidé de son statut, et c'est un fait plutôt rare. T'es du genre à savoir ce que tu veux d'un homme en cinq minutes, chrono en main. La ville brille sous ton regard d'intrépide, alors qu'il récupère la cigarette que tu lui a brièvement volé. Il connaît la ville, y est même né. Tu esquisses une moue, intriguée, curiosité naturelle. « Alors c'est plutôt à toi de me faire visiter. » Tu te considères toujours comme une nouvelle, quelques mois ne t'ayant pas réellement suffit pour connaître les moindres recoins de Cambridge. La voix de ton inconnu fend à nouveau l'air entre deux bouffées de clope, et quand il parle de te porter .. Un rire franc t'échappe. Tu baisses les yeux sur tes pieds nus, avant de les relever vers son visage en secouant la tête. « C'est pas le bitume qui va m'effrayer, j'ai pas besoin de tes bras, sois rassuré. » Et comme pour illustrer tes mots, tu fais un pas, puis un autre, te promenant, talons en main dans la rue, sans trop savoir où tu vas, mais te doutant qu'il suivrait. « Tu viens d'ici. Décris moi Boston en trois mots. » Tu courbes ta tête en arrière pour le regarder, assouvissant ta curiosité en employant le moyen du jeu. Éternelle gamine en plus d'être féline.