La soirée d'anniversaire de Margot bat son plein, l'alcool n'a cessé de couler à flot et il est temps pour toi de tirer ta révérence. Tu ne sais quelle heure il est. Sûrement une heure que certains qualifieraient de tard et d'autres de tôt. Tu ne fais parti d'aucun clan .. Tu es de ceux qui ne regarde plus l'heure dès que le soleil se couche, laissant la place à la nuit sombre. Une brise légère effleure tes bras nus, mais tu ne sens rien .. Tu es immunisé contre la fraicheur de la nuit. Ta démarche est lente et peu assurée, ton esprit divague et tu ne sais si tu arriveras en un seul morceau jusqu'à ta confrérie. Tu repenses à cette soirée, à ce thème imposé et tu te dis que la future présidente sait recevoir et faire la fête. T'as croisé des potes, des connaissances .. Mais t'as surtout fait des rencontres. T'as fumé et t'as bu (beaucoup trop), et tu seras sûrement incapable de te souvenir de la soirée en te réveillant demain matin. Les noms t'échappent, les visages s'évaporent dans ton esprit, ne laissant que le néant et les souvenirs. Tu n'as pas l'alcool mauvais, t'es plutôt joyeux et surtout invincible .. Mais lorsque tu te retrouves seul, alors rapidement tu deviens morose et le passé refait surface comme pour te dire que tu ne peux pas oublier. Tu ne pourras jamais oublier cette soirée .. Tu ne pourras jamais oublier ses lèvres sur les tiennes, ce goût légèrement mentholé et ce feu qui grandissait dans ton bas ventre .. Mais tu ne pourras jamais oublier que cet instant d'égarement t'as mené droit à ta perte. Les langues se sont délient et les rumeurs n'ont cessé de grandir jusqu'à ce celle qui ne devait rien savoir apprenne tout. Sa déception dans son regard tu ne pourras jamais l'oublier non plus .. et puis le vide. Et finalement, cette douleur inguérissable. Tu l'as aimé, tu l'as trahis et .. tu l'as tué. Ta respiration se coupe et tu sens l'angoisse grimpait en flèche. Tu passes une main dans tes cheveux et tu te laisses tomber sur le banc le plus proche afin de retrouver un semblant de vie. Tu vins appuyer ton dos contre le dossier du banc et ton regard se lève vers le ciel chargé de nuage. Tes yeux se ferment et t'inspires et expires comme tu avais l'habitude de faire. Ces crises tu les maîtrisais quand elles surgissaient, et plus tu en faisais et mieux tu vivais avec. Immédiatement, tu sors une cigarette de ton paquet .. C'est la seule chose qui arrive à te calmer. Cette chose te sauve tout en te menant droit vers la mort. Doucement tu rabaisses la tête, laissant ton regard s'aventurer sur toutes ses choses qui t'entouraient. Puis tu la vois cette brunette, elle marche dans ta direction .. Elle t'est familière et votre dernière rencontre n'a pas été des plus joyeuse. Dana te hait bien plus que tu ne l'imaginais, mais tu n'arrives tout simplement à comprendre d'où vient cette haine. Elle ne semble pas comprendre tout ce que tu as enduré, elle qui se disait ton amie, a tout simplement décidé de faire de son enfer ta responsabilité.

Verre en main, tu parcourais la foule à la recherche d'un peu d'air frais. Vous étiez beaucoup trop pour un si petit appartement. T'avais réussi à capter tes potes vite fait mais il fallait dire qu'un homme avait retenu ton attention une bonne partie de la soirée. Sourire aux lèvres, tu posais ton gobelet vide sur un meuble non loin de là et attrapas ta veste. Il était temps que tu rejoignes Pacôme à la soirée où elle t'avait convié. Tu lui envoyas un sms, la prévenant de ton arrivée prochaine et quittas les lieux en faisant un signe de main rapide à l'organisateur. Tu dévalas les escaliers en manquant de tomber deux trois fois, l'alcool te jouant des tours et te faisant perdre l'équilibre. Un rire idiot s'échappa de tes lèvres alors que tu te tenais à la rambarde des escaliers. D'un point de vue extérieur, t'étais juste une fille qu'avait un peu trop bu, une fille qu'avait bien profité de sa soirée. Mais de l'intérieur, t'étais juste brisée. Te noyant dans l'alcool et la drogue pour essayer de te maintenir, d'oublier tes tracas, tes faiblesses. T'y pensais même plus, ou plutôt t'essayais de ne plus y penser. Sortir, voir du monde, ne jamais être seule. Tu fuyais la solitude parce qu'elle attirait tes vieux démons. Un cercle vicieux dans lequel tu vivais depuis des années. Après quelques secondes à l'arrêt, tu finis par sortir tant bien que mal de l'immeuble et pris la route vers le campus. C'était pas très loin, t'allais pas mettre plus de cinq minutes si tout se passait bien. Autrement dit, si tu ne te perdais pas en chemin. Marchant sur la pointe des pieds, tu faisais des pirouettes, tu dansais au gré du vent et au son du tambour dans ta tête. T'entendais ton professeur de classique t'ordonner de recommencer du début la chorégraphie, t'entendais son bâton taper d'un coup sec contre le parquet de la salle. Et comme si ça faisait écho dans ta tête tu t'arrêtas et portas ta main à ton front, prise d'un mal de crâne soudain. Un grognement se fit entendre dans ta gorge et tu laissas tes bras tomber le long de ton corps, lasse. Fallait que tu sois en forme pour l'after, pour suivre ta meilleure amie qui allait, très certainement, être à fond. Tu repris ta marche, restant concentrée pour ne pas trop bifurquer, quand tes perles émeraudes croisèrent des billes marrons que tu pouvais reconnaître entre mille. Tu les avais contemplées étant petite, un peu trop peut-être même. Enaël était assis sur un banc, l'air fatigué voire même exténué. Votre dernière conversation remontait à des semaines et ça avait été mouvementé. La raison ? Tu le détestais. Tu le détestais autant que tu l'avais aimé des années auparavant. Tout était parti de lui. Juste lui. Et votre connerie. D'ordinaire, tu l'aurais évité. Mais l'abus de punch dans tes veines te poussa à te diriger vers lui, t'arrêtant une fois à sa hauteur. « T'es pas resté au Laos à ce que je vois. » dis-tu, le regard hautain et la voix froide, laissant supposer que t'aurais préféré qu'il y reste. Qu'il reste loin de toi en fait.