Bercée par l’amour, par la bienveillance, et ce à vrai dire depuis avant ma naissance. C’est comme si j’avais été un cadeau des dieux, un enfant demandé des centaines de fois aux cieux. Je ne suis pas un miracle, bien au contraire, je suis la dernière d’une série de quatre frères. Mais voilà, unique fille au milieu d’une fratrie, j’ai grandit comme une princesse dorlotée par leurs railleries. La seule a porter ce prénom idiot, d’un Junior qui faisait parti de nos ancêtres et jouait les conquistadors. Un anglais aux Amériques, j’aurai du d’ors et déjà en deviner les effluves pathétiques. Loin des stéréotypes dont on veut parfois m’affubler, le fait est que je ne suis jamais encline à la naïveté. J’ai passé mon enfance à jouer aux soldats plutôt que de me dire qu’un garçon deviendrait un jour mon roi. Endurcit par leurs forts caractères, il est clair que je ne suis pas de celles qui se laissent faire. Et faute d’être leur seule fille, d’être le bijoux de la famille, mes parents ont misé bien trop gros sur moi, mais c’est par envie aussi que j’ai accepté de vivre un tantinet sous leurs propres lois. Si le premier était devenu mécano, le second a bafoué leurs idéaux. Le troisième lui, a préféré, de beaucoup, devenir ingénieur dans une France où baignait son coeur. Le quatrième s’est marié, a fait deux enfants alors qu’il disait qu’il n’en aurait jamais. Pour ma part c’était simple vraiment, je me devais de tenter ma chance dans le monde des grands. Les états unis m’ayant toujours attirés, parce que féminine malgré eux, j’ai suivi des séries américaines dans lesquelles les gens semblaient heureux. J’ai donc passé des années, entre des joutes verbales masculines, à devenir l’une des meilleures, ma propre héroïne, prête à faire mes erreurs.

La recherche de la perfection, l’envie de donner vie à ses rêves, de s’accorder des trêves , de se dire que tout arrive pour une bonne raison. Alors je n’ai pas réellement profité de tous ces moments, de ceux qui semblent être un rite de passage, des instants qui empêchent et provoquent les naufrages. Non, moi Harley, je n’ai juste connu que les groupes du soir, d'études invétérées, bien loin des soirées arrosées. J’ai réussi pourtant à y trouver une moitié, celui que j’ai gardé avec moi durant quelques années. Presque j'en aurai oublié mon objectif premier. Sauf que les premiers amours ne durent jamais toujours, et quand il a eu une proposition pour aller écrire dans une maison d’édition … Il est parti, et moi j’ai replongé dans le train train si banal de ma vie. L’école, plus rien de frivole. Mais malgré mais excellents résultats, à cette bourse si demandée, je n’ai pas eu droit. Mes frères se sont cotisés, il ont dit que j’étais le seul véritable espoir, et qu’ils m’aideraient à ne pas rester en Angleterre pour sombrer dans le noir. Mais leurs billets je ne les voulais pas, parce c'est trop de choses qu'ils ont fait pour m'aider à grandir, même s'ils n'oseront jamais ouvertement le dire, j’avais cette sensation étrange que je me devais de faire cela par moi. C’est avec un crédit sur les bras que finalement, à dix huit ans, j’ai acheté mon billet d’aller simple pour voler jusqu’à cette université qui m’a si souvent hantée. Et ce n’est qu’une fois arrivée à l’aéroport de Boston que j’ai pu constater, un virement de plusieurs dollars sur mon compte effectué. De la part de ceux qui même loin se soucieront toujours de mes chagrins, bien que je deviens muette pour certains qui ont croisé mon chemin. Princesse Junior, qui pour eux vaut de l’or.