La fin des vacances approchait et Alejandro avait quitté l'Espagne pour rejoindre Bali et profiter des vagues. Seul face à l'océan avec pour partenaire les vagues, c'est quand même bien. Pour autant, le bel Espagnol pensait à ses amis non loin de Bali, dans la péninsule asiatique, à Bambi entre autre, qui avait affiché des photos et montrée combien elle s'amusait. Il pourrait bien aller rendre une petite visite à ses amis d'Harvard, en vacances eux aussi.

Ni une ni deux, l'Espagnol loua un billet d'avion et parti pour la Thaïlande. Une fois arrivé sur place, il avait rappelé Bambi, qu'il avait appelé la veille. Elle était de bonne humeur à ce moment, semblait en tout cas, mais cette fois, sa voix au téléphone semblait bien différente. Quelque chose n'allait pas, il pouvait le sentir. Il fut tenté d'annuler sa visite, mais Alejandro décida plutôt de venir, d'aller la voir. Son amie avait sans doute besoin de lui.

Arrivé sur place, il avait vite rejoint la chambre d'hôtel de Bambi et cognait. Il entendit par-delà la porte un petit "entrez" et ouvrit. Alejandro trouva alors la belle Italienne dans tous ses états. Son réflexe fut d'entrer timidement dans la chambre, ferma la porte derrière lui et esquissa un sourire de réconfort. Son amie essuyait ses larmes. Quelqu'un était-il mort? Alejandro s'approcha et tendit les bras, prêt à y accueillir son ami. Les amis sont là pour ça.

Lors du premier appel d'Alejandro, Maxence n'était pas encore dans le coma, entre la vie et la mort. Bambi ne pensait donc qu'à la joie de passer un moment entre potes alors qu'au départ, ils n'étaient pas censés se revoir avant la rentrée... autant dire que son ton, ses mots, sa façon d'être fut bien différente lors du second appel de l'hidalgo, alors qu'elle venait de se taper une crise de larmes monstrueuse et qu'elle peinait à dégoiser trois mots sans sentir sa voix se serrer. L'italienne elle-même fut tentée d'annuler leur rendez-vous mais n'en fit rien, ravie de ne pas être toute seule pendant au moins un petit moment. Pourtant, une fois qu'il eut frappé à la porte et qu'elle l'eut invité à entrer, impossible de faire autre chose que de sécher ses larmes, paraître présentable. Mais Bambi était dévastée. Je suis désolée Al... murmura-t-elle une fois dans ses bras, tentant de ne pas craquer à nouveau. Leurs retrouvailles étaient censées être joyeuses, synonymes de fête mais il n'en n'était rien... Maxence, mon petit-ami est dans le coma depuis hier. Ils m'ont dit que sa vie ne tenait qu'à un fil et à cause de quoi ? D'une bande d'abruti qui l'a tabassé ! s'emporta-t-elle avant de se mettre à trembler.

Bambi pleurait quand il entra dans la chambre. La pauvre, mais qu'est-ce qui se passait? L'Italienne a toujours été émotive, mais quand même, de là à pleurer et ce n'était sûrement pas des larmes de joie. Bien sûr, la belle brune, désormais réfugiée dans ses bras, s'excusait, toute désemparée.

-Bambi, ça va. Je ne m'attendais juste pas à te trouver dans cet... état. Qu'est-ce qui se passe?

S'il pouvait aider en quoique ce soit, il comptait le faire, c'est certain. Il apprit alors la triste nouvelle. Alejandro avait bien sûr suivi, quoique de loin, la rupture entre Bambi et son beau rebelle. La belle s'était vite remise et sortait désormais avec Maxence. Voici que cette fois, ce ne sont pas les aléas de la vie qui font qu'un couple cesse d'être qui a frappé, mais bien une autre forme de malheur. L'air tendre et rassurant d'Alejandro laissa place à un visage teinté d'une émotion plus grave. Normal, vu les circonstances.

-Vraiment? Qu'est-ce qui est arrivé? Et toi, ça va?

L'Espagnol tentait de rester calme et de retenir le flot de questions qui lui venaient à l'esprit, mais il devait quand même s'assurer d'abord du bien être de son amie, et ensuite, bien sûr, du copain de celle-ci.

-Si tu as besoin de quoique ce soit, je suis là.

Et Alejandro n'est pas le genre d'hommes à abandonner des amis dans le besoin.

La fierté de Bambi aurait eu du mal à s'en remettre si elle s'était mise à pleurer pour un rien devant l'espagnol. Mais là, difficile de dire que c'était pour rien... elle accusait le coup, et évacuait le trop plein d'émotion qu'elle ne pouvait hélas plus contenir en son être. Une chance qu'Alejandro soit présent et fasse preuve de toute la compréhension du monde, allant même jusqu'à s'inquiéter pour le bien-être de la brunette, heureusement intacte. Elle n'avait rien, d'un point de vue physique en tout cas. Le malheur était ailleurs, bien ailleurs, et bien réel... Je n'ai rien, rassure-toi... je n'étais pas avec lui quand ça s'est passé. Mais quatre types se sont acharnés sur lui, après l'avoir pris par surprise. Il s'est pris un violent coup à la tête en premier d'après les témoins, et n'a pas eu la possibilité de se défendre. Résultat, nombreuses hémorragies, traumas crânien grave... Le discours des médecins avait heureusement un écho pour Bambi, étudiante en médecine, et elle savait que son ami comprendrait. Ne me laisse pas s'il te plaît ! Ce fut presque une supplique alors qu'elle le retenait par la manche, tétanisée. Des restes de son passé, alors qu'elle avait elle-même été battue à mort et brûlée vive au niveau du dos. Autant de souvenirs qui la rendaient nerveuse et incapable de rester seule. Les infirmières m'ont chassée parce que je ne suis pas de la famille soit disant mais... je ne veux pas rester seule... je t'en prie...

Alejandro la regardait avec attention et voyait bien que Bambi n'avait, en apparence en tout cas, aucune marque ni blessure, mais on ne sait jamais et puis savoir qu'elle n'avait pas été présente à cette agression le rassura, même si pour la belle brune, cela devait être terrible de ne pas avoir pu aider son amoureux, d'avoir appris tout cela par des étrangers. C'était sans doute une chance en soi que l'homme qu'elle aime soit encore en vie.

-D'accord... Merde, quelle histoire. Il va s'en remettre, mais ton amoureux aura sans doute besoin que tu sois forte et que tu l'aides.

Même si bon, pour le moment, elle ne pouvait pas faire grand chose. Le grand Espagnol caressait un peu l'épaule de son amie tandis qu'il enchaînait en demandant comment il pouvait l'aider. Surtout, Bambi ne voulait pas qu'il parte. Le beau brun entoura la belle dans ses bras et déposait un baiser contre sa tempe.

-Je vais nul part, t'inquiètes.

Bien sûr, Alejandro ignorait que son amie italienne avait subi presqu'aussi pire dans sa vie. S'il savait... Pour le moment, le premier obstacle on dirait était les infirmières de l'hôpital qui refusait de la laisser voir son petit ami.

-Je reste avec toi, je vais nul part. Qu'est-ce que je ferais de toute façon?

Ajoutait-il avec un petit sourire, tandis que le beau brun reculait sa tête pour regarder Bambi un instant.

-Je suis certain qu'il y a une façon de convaincre ses infirmières, quitte à donner un pot-de-vin à un médecin pour avoir son autorisation. Nous sommes en Thaïlande après tout.

Bambi ne demandait pas mieux que d'être forte, mais si on lui refusait en prime l'accès à la chambre de Maxence, le soutenir et lui parler pour qu'il comprenne qu'elle était là, bien là, à ses côtés s'avérait nettement plus complexe. Mais pour l'heure, impossible que d'aller contre la décision des infirmières, hormis attendre le lendemain que les heures de visites soient accessibles pour l'italienne. Je vais être forte pour lui tu as raison, il le faut ! Mais je ne pensais pas qu'une telle chose pourrait lui arriver à lui... j'aurais préféré être à sa place et qu'il ne lui arrive rien ! s'exclama-t-elle, en toute sincérité. Difficile de vouloir être seule dans pareilles circonstances, et ce fut pourquoi elle retint Alejandro avec fermeté et désespoir. Il ne partait nulle part, heureusement, et un petit soupir de soulagement pointa le bout de son nez à ses mots. Merci Al, tu me sauves... je ne sais pas ce que je ferais sans toi... admit-elle après leur étreinte, déposant un baiser contre sa joue pour le remercier. Elle tenta même de sourire alors que son ami lui proposait une solution à laquelle l'italienne, pourtant fille de mafieux, n'aurait pas spécialement pensé... le pot-de-vin. Il est vrai qu'au Laos, cela devait être monnaie courante et soudainement, elle fit mine de réfléchir quelques instants. Tu crois que si je soudoyais un doc, ça marcherait, sincèrement ? Connement je n'y avais pas pensé ! Tu crois que si on y allait maintenant on pourrait essayer d'obtenir gain de cause ? Je n'ai pas spécialement envie d'y aller seule, au cas où ce soit un sale porc et qu'il me demande autre chose... par contre j'ai pas mal de liquide sur moi, ce n'est pas un problème...

Tandis que son amie parlait et sonnait un peu, disons, irrationnelle, normal dans ce genre de situation, le regard du jeune homme se durcit un peu. Il était temps qu'elle se ressaisit.

-Bambi, regardes-moi. Ce n'est pas le moment de penser ce genre de choses. Ton amoureux n'aurait certainement pas voulu que vous échangiez de place. Ce qui est arrivé est terrible, mais c'est la vie. Dieu te met à l'épreuve, montres toi digne.

L'Espagnol pouvait être dur parfois, mais des épreuves, il en a connu, il ne s'épanche tout simplement pas dessus. Bien sûr, aucune de ses copines n'a été battu à mort ou presque, mais à chacun son fardeau. Le beau brun, qui était serré ensuite avec plus de fermeté encore par les bras de Bambi, la serrait un peu plus aussi.

-Les amis sont là pour ça.

C'était la moindre des choses de l'aider. Si pour cela, il se mérite un bisou en prime, alors tout est parfait. En mode solution, le jeune homme proposait qu'ils fassent un pot-de-vin à une personne bien placée à l'hôpital, comme un médecin par exemple, ce qui permettrait à Bambi de voir son homme. À la première question de son amie, il hausse des épaules.

-On peut toujours essayer.

Puis, la jeune femme mettait en branle à haute voix une sorte de plans, qu'ils pourraient bien essayer de mettre en action maintenant. Étape 1: Se rendre à l'hôpital.

-Aussi bien y aller tout de suite. Je te connais, sinon, tu ne dormiras pas de la nuit.

Sur une note plus douce, il caressait le bras de son amie et disait, avec un petit sourire, confiant en leur capacité:

-Tu vas voir, on va y arriver et tu vas le voir ton petit ami.

Bambi hocha positivement la tête alors que le ton d'Alejandro s'était un poil durcit. Le moment n'était pas au désespoir et aux hypothèses fumeuses du genre, effectivement... Et si on ne croit pas en dieu, comment fait-on ? Disons que tout ce que j'ai pu voir dans ma vie ont fini par me faire douter sur les fameux buts de dieu... et aujourd'hui encore, je ne comprends pas vraiment cette "épreuve", si épreuve il devait y avoir... Cela avait été plus fort que l'italienne, athée devant l'éternel. Dire qu'elle avait été élevée dans la pure tradition catholique... sa mère s'étranglerait de rage en l'entendant, mais tant pis. On ne pouvait nier que ce foutu dieu se barrait en vacances quand il en avait envie, et laissait les pauvres mortels se démerder avec leur douleur sans s'en préoccuper plus que cela... Par contre je crois en ton amitié... merci de rester avec moi, Alejandro. Je sais que je te demande pas mal de choses ce soir... Y compris prendre de petits risques avec le coup du dessous de table. Ce ne serait pas lui qui orchestrerait l'échange bien sûr, mais elle préférait qu'il soit présent au cas où... Comme tu me connais bien ! s'exclama l'italienne ayant un peu repris de poil de la bête. D'ailleurs, après que l'espagnol ait caressé son bras et faire preuve d'un ton plus doux, elle esquissa elle-même un sourire, avant de se redresser pour prendre son sac à main, ou pas mal de liquide se trouvait. Grâce à toi je sais que j'ai une chance... tu crois qu'on y va en taxi ou qu'on loue une voiture ? Je sais qu'on peut en louer à toute heure dans cet hôtel... en tout cas je suis prête si tu l'es !

Si Alejandro arbore une chaîne avec une croix au bout, s'il va à l'église tous les dimanches, ce n'est pas seulement pour faire bon chic bon genre, mais bien parce qu'il à la foi. Son interprétation ceci dit de la Bible et sa spiritualité ne suit peut-être pas à 100% les préceptes catholiques, mais qu'importe, il l'est. Il croyait que c'était le cas aussi de Bambi, en bonne Italienne, mais la jeune femme se définissait plutôt comme athée. Cela ne le choqua pas le moins du monde. Ce n'était sans doute pas le moment d'avoir une discussion de nature théologique ou spirituelle avec son amie, mais il dit tout de même, histoire qu'elle sache ce qu'il entend par Dieu:

-J'appelle Dieu ce qui est à la fois au plus profond de nous-mêmes et au point le plus éloigné de nos faiblesses et de nos erreurs.

Alejandro ne croyait pas vraiment au miracle, enfin, pas tels qu'on les entend, ni à la colère divine d'ailleurs ou au diable. Il croit en l'humain et en ce qu'il appelle Dieu, qui se trouve au sein de chacun.

Ensuite, la belle brune tint quand même des propos gentils en disant qu'elle croyait en eux, en leur amitié. Le commentaire le fit sourire bien sûr et il sentait que Bambi devenait déjà plus forte dans cette épreuve. Si c'était un peu grâce à lui, tant mieux.

-Entre être ici avec toi, prêt à aider et tourner en rond dans cet hôtel, mon choix est vite fait Bambi.

En clair, elle n'avait pas à s'en vouloir d'aucune façon. D'ailleurs, tous les deux, ils mettaient en place un plan pour aller à l'hôpital et arriver à voir le copain de l'Italienne, quitte à payer une petite somme à une personne douteuse.

-Je ne sais pas si tu as vu le bordel que c'est dans les rues de cette ville, mais je préférais le taxi je pense.

D'ailleurs, ils auront qu'à payer un petit plus et parions que le chauffeur de taxi deviendra leur chauffeur personnel pour la soirée. C'est pas comme s'ils manquaient d'argent tous les deux, ça leur sort pratiquement par les oreilles. Une fois dehors, ils grimpaient dans un taxi et annonçait leur destination au chauffeur. Assis à l'arrière, Alejandro pouvait apprécier un brin ce qu'il avait qualifié gentiment de bordel tout à l'heure. Le beau brun reportait vite son attention sur son amie et lui demandait:

-Depuis ce qui est arrivé, tu as eu de l'aide de quelqu'un? Du soutien?

Il espérait vraiment qu'elle n'ait pas été toute seule tout ce temps.

Bambi avait fini par se détacher de tout ce qui touchait au divin et à ce que son éducation catholique lui avait inculquée. Normal, ses malheurs divers l'avaient forgée différemment, renforcée également, lui permettant de se tourner vers autre chose qu'une entité envers qui on ne prie qu'en cas de besoin... Je n'en n'ai pas la même image. Mais ce n'est pas tellement grave, c'est bien de croire, c'est une belle chose tout de même et je le respecte ! répliqua-t-elle avec sincérité. L'italienne ne pousserait jamais l'espagnol à agir autrement, car elle ne prétendait être personne pour cela. Mais de son côté, croire en leur amitié lui paraissait plus logique, plus beau encore... en somme, la brunette commençait à reprendre peu à peu du poil de la bête, son sourire grandissant de seconde en seconde alors qu'elle demandait si l'hidalgo était prêt à l'accompagner à l'hôpital. Tu es adorable avec moi Al... merci de m'accompagner, je ne sais pas comment je vais réussir à te remercier tu sais ! Et je te rejoins... il vaut mieux prendre un taxi, surtout à cette heure ! fit-elle valoir, n'ayant pas franchement confiance en la faune que pouvait renfermer les rues de Vientiane alors qu'elle portait une assez importante somme d'argent sur elle. Méfiance, toujours. En peu de temps, les deux acolytes se retrouvèrent à bord d'un taxi dont Bambi comptait bien louer les services pour la soirée - histoire de se changer les idées après leur mission commando - et elle se tourna vers Alejandro pour lui sourire alors qu'il lui posait LA question à laquelle elle ne s'attendait pas. Son sourire s'effaça légèrement, et elle hocha négativement la tête. Non aucun. C'est à peine si j'ai réussi à en parler à ma famille pour être honnête... je crois que j'ai appris à vivre avec, à me débrouiller seule... pourquoi cette question ?