Aaron s'est fait une amoureuse à la garderie de l'hôtel et il ne demande qu'à rester là-bas à chaque fois qu'on met le nez en dehors de la chambre. Du coup, après l'avoir déposé là-bas avec sa petite soeur, je me suis dirigé vers le lac se trouvant au Nord de la ville afin de découvrir des beaux paysages et prendre du temps un peu pour moi. Je me tartine de crème solaire (j'veux pas que Leandra se moque de moi en rentrant parce que je suis plus rouge que bronzé) et je m'aventure sur le lac comme un vrai aventurier, sac à dos bien rempli et lunettes de soleil sur le nez. Le lac est vraiment magnifique et je prends quelques photos pour envoyer à Leandra et pour mon compte instagram quand je m'approche un peu trop du bord légèrement en pente. Résultat ? Je finis en bas de cette pente, incapable de bouger ma jambe alors que mon téléphone est tombé je ne sais pas trop où. « Y'a quelqu'un ?! », que je crie en regardant autour de moi. Espérons que quelqu'un me trouve vite. Mais les minutes passent, peut-être même une heure quand je décide d'essayer de remonter la pente malgré ma jambe certainement cassée. Bravo Jude, bravo.

J'ai du mal à croire que ça fait déjà un mois qu'on est au Laos, et surtout, que dans un mois, ça sera fatalement l'heure du retour à Cambridge, et donc, à Harvard. J'aime mes études, hein, mais disons que je préfère profiter des paysages ici, comme le lac Nong Seuam, où je me promène tranquillement seule depuis une bonne demie heure déjà, à défaut de pouvoir y traîner Eliot, qui ne peut toujours pas se permettre de faire de longues promenades à cause de sa blessure. Ah, mon boulet. Parlant de boulet, au loin de finis par distinguer une silhouette familière.. Et visiblement mal en point. Wtf ? « Jude ? » Sourcils froncés, je presse le pas pour aller à sa hauteur, et clairement, y a un souci. Deux mètres en dessous de moi, dans une espèce de creux, le jeune homme semble blessé. « Qu'est ce qui s'est passé ? Ca va ? » Soucieuse, je m'agenouille au bord de l'espèce de ravin, bord relativement glissant. Ow. « T'es tombé, c'est ça ? »

J'essaie de remonter, désespérément mais c'est plus difficile que ce que je pensais, et ma jambe droite me fait atrocement mal. Impossible de la bouger sans qu'un cri de douleur ne ressorte de ma gorge. Je crois bien qu'elle est cassée, et c'est vraiment pas fun pour le reste du séjour. Leandra va me traiter de boulet, c'est sûr. J'abandonne et j'appelle au secours une deuxième fois : je commence à sérieusement fatigué et cette jambe me lance atrocement. J'suis en train de me dire que j'vais mourir ici quand j'entends quelqu'un,  « Jude ? » Je lève la tête pour apercevoir la rouquine et je me sens soulagé. « Margot ! » On se connait depuis peu : elle est la chef de mon équipe pour le Summer Camp et j'espère qu'elle va réussir à me sortir de là. « Qu'est ce qui s'est passé ? Ca va ? » Je ris, un peu nerveusement, « T'es tombé, c'est ça ? » Je secoue la tête, et d'un air le plus sérieux au monde je lui dis, « Oh j'ai décidé de m'allonger dans ce trou pour prendre le soleil, tout va bien. » Je passe ma main sur mon visage et j'essaie de me redresser un peu, grimaçant de douleur. « J'crois que j'me suis pété la jambe et j'ai aucune idée de où mon téléphone est.. », que je dis de manière beaucoup plus sérieuse qu'il y a une minute.

Il a sacrément dû mal se réceptionner pour ne même pas réussir à se sortir de ce trou. sourcils froncés, penchée vers lui, il semble presque soulagé de me voir. Non, pas presque, il l'est, et de toute évidence, il est là depuis un moment.  « Oh j'ai décidé de m'allonger dans ce trou pour prendre le soleil, tout va bien. » Je secoue la tête avec un léger sourire sur le bout des lèvres, montrant clairement que je retiens un rire. Mais plus sérieusement, il m'avoue: « J'crois que j'me suis pété la jambe et j'ai aucune idée de où mon téléphone est.. » Merde. Je sors mon portable de ma poche presque aussitôt. « Bouges pas, j'ai le mien, j'ai le numéro de l'hôpital de Vientiane. » L'avantage, quand on a eu son mec à l'hosto le mois dernier. Et en plus, je connais presque toutes les infirmières. Je passe rapidement le coup de fil, avant de revenir vers Jude. « Ils sont en route. Tu .. Veux qu'on essaie de te sortir de là en les attendant? Ou j'te tiens compagnie et ils se débrouilleront pour te remorquer ? » Ok, c'est vilain de dire ça comme ça, mais faut avouer que c'est drôle.

Je suis coincé dans ce trou et la demoiselle me demande si j'ai besoin d'aide alors forcément, je ne peux pas m'empêcher de dire ironiquement que je suis ici parce que j'en avais envie. Mais plus sérieusement, que j'viens de me casser la jambe et que j'ai fait tomber mon téléphone je ne sais pas où, ce qui craint fortement. Elle se retient de rire et j'apprécie le fait qu'elle ne rit pas, parce que même si j'essaie de rire, cette situation m'agace un peu. Se casser la jambe en vacances, c'est la dernière chose cool à faire. « Bouges pas, j'ai le mien, j'ai le numéro de l'hôpital de Vientiane. » Je la regarde passer le coup de fil, assez surpris. « T'as le numéro de l'hosto dans ton téléphone ? » Dis donc, c'est pratique mais pas franchement habituel, surtout qu'on est pas dans notre pays quoi. Encore, si elle avait le téléphone de l'hosto de Boston j'aurais compris mais là... « Ils sont en route. Tu .. Veux qu'on essaie de te sortir de là en les attendant? Ou j'te tiens compagnie et ils se débrouilleront pour te remorquer ? » Je regarde ma jambe et j'essaie de la bouger un peu mais je grimace aussitôt, secouant alors activement la tête. « En tant que médecin, je déconseille qu'on me bouge. » Ouais, j'aime bien placer le "en tant que médecin" maintenant que j'suis diplômé de médecine. « J'espère pas qu'on aura besoin de nos jambes pour les dernières épreuves du Summer Camp... », que je dis avec ironie en regardant la chef de mon équipe. « Quand j'pense que t'as réussi à bouffer des insectes, j'en reviens pas. J'ai pas su en avaler un seul. » A ma grande déception mais que voulez-vous, j'ai pas réussi mais que voulez-vous... je dois pas être un grand fan de ce genre de nourriture.

Téléphone en main, je m'empresse de contacter l'hôpital, à défaut de savoir quoi faire dans ce genre de situation. J'étudie le journalisme, pas la médecine, et en plus de ça, je me suis jamais rien cassé dans ma vie. Alors que j'écoute la tonalité d'attente, Jude s'étonne. « T'as le numéro de l'hosto dans ton téléphone ? » Un sourire léger vient au coin de mes lèvres. « Mon petit ami y a déjà fait un séjour y a deux semaines. Autant dire que c'est presque mon numéro favori. » J'pense qu'ils auront jamais été tant harcelés par une américaine dans leur vie, les pauvres. J'explique la situation rapidement, avant de raccrocher, pour mieux demander à Jude ce que je dois faire par la suite. Et visiblement.. Bouger semble être un mauvais plan. « En tant que médecin, je déconseille qu'on me bouge. » Wait, what ? « Alors ça c'est le comble, quand même. Le médecin se casse une jambe, et c'est celle qui y connaît rien qui lui vient en aide. Bouge pas, j'arrive. Quoique, tu risques pas de bouger. » Bahaha, que je suis drôle. Je m'assois sur le rebord de la pente, pour mieux glisser lentement jusqu'en bas et le rejoindre. « J'espère pas qu'on aura besoin de nos jambes pour les dernières épreuves du Summer Camp... » Je fronce le nez, croisant les bras. « On a pas encore eu d'épreuve ultra physique, alors qui sait.. peut-être qu'on va y échapper. » Après tout, peut-être qu'on aura un test de logique, ou que sais-je ... « Quand j'pense que t'as réussi à bouffer des insectes, j'en reviens pas. J'ai pas su en avaler un seul. » Assise à côté de lui, je fronce le nez avec un petit sourire. « J'ai fais des voyages humanitaires en 2015, et j'ai déjà voyagé en Asie.. alors j'avais déjà tenté les insectes. » J'suis le genre de nana qui part du principe que tant qu'on a pas essayé, on peut pas juger. Avec une grimace, j'ajoute quand même : « Mais les larves.. fin tout ce qui est vivant, j'pouvais pas. Puis au moins, t'as eu le courage d'essayer. » Contrairement à d'autres qui ont pas bougé le petit doigt.  

Ca n'est pas commun de voir quelqu'un avoir le numéro de l'hosto de l'endroit où on passe ses vacances alors forcément, ça me fait sourire. « Mon petit ami y a déjà fait un séjour y a deux semaines. Autant dire que c'est presque mon numéro favori. » Je ris légèrement. « D'accord je vois... » En tout cas, s'il y a bien une chose que je sais, c'est qu'on ne doit pas me bouger. « Alors ça c'est le comble, quand même. Le médecin se casse une jambe, et c'est celle qui y connaît rien qui lui vient en aide. Bouge pas, j'arrive. Quoique, tu risques pas de bouger. » Je secoue la tête en souriant. « T'as avalé un clown ce matin ? » Je la regarde s'assoir au bord et je suis quand même content qu'elle m'ait trouvé.  « On a pas encore eu d'épreuve ultra physique, alors qui sait.. peut-être qu'on va y échapper. » Et bien je serai inutile alors. Comme pour les insectes. « J'ai fais des voyages humanitaires en 2015, et j'ai déjà voyagé en Asie.. alors j'avais déjà tenté les insectes. Mais les larves.. fin tout ce qui est vivant, j'pouvais pas. Puis au moins, t'as eu le courage d'essayer. » Je la regarde, assez surpris. « T'as fait des voyages humanitaire ? C'est cool ça, t'as été où ? » Je grimace, « J'ai fait des voyages humanitaires et j'avais jamais avalé un insecte de ma vie. » En même temps, quand je suis allé en Afrique pendant Ebola, j'ai pas eu tellement le temps de faire du tourisme ou de goûter les spécialités du coin. « La morale de l'histoire, c'est que l'Asie ne doit pas beaucoup m'aimer. » Parce que depuis que je suis à Harvard, je ne m'étais jamais cassé quoi que ce soit et c'est quand on vient ici que ça m'arrive... coïncidence ? Je ne crois pas.   

Ouais, merci Eliot et son complexe du super-héros, grâce à qui j'ai le numéro de l'hôpital de Vientiane. Au sourire de Jude, je comprends qu'il est amusé par mon explication. « D'accord je vois... » Je hausse une épaule avec un demi sourire, avant de descendre le rejoindre en bas du trou dans lequel il est tombé, non sans placer une petite blague en chemin.« T'as avalé un clown ce matin ? » Je me contente de rire légèrement, m'installant à côté de lui sagement. « On t'a pas dit que c'est grace à mon sens de l'humour que j'suis passée chef d'équipe? » Je fronce le nez, amusée, jusqu'à ce qu'il parle de notre dernière épreuve, et que je lui avoue avoir fait des voyages humanitaires. « T'as fait des voyages humanitaire ? C'est cool ça, t'as été où ? » Pensive, je commence à énumérer de tête: « J'ai fais le Cambodge et le Vietnam, surtout. Puis j'me suis égarée en Corée, et j'y suis restée un an. » Le retour à Harvard avait été dur, même si j'avais été contente de retrouver mes soeurs. « J'ai fais des voyages humanitaires et j'avais jamais avalé un insecte de ma vie. La morale de l'histoire, c'est que l'Asie ne doit pas beaucoup m'aimer. » Je fronce les sourcils en riant doucement, évitant de regarder vers sa jambe qui devait être sacrément endolorie. « Ou bien t'as juste mal joué ton coup. Puis honnêtement, niveau insectes, tu loupes rien, à part les grillons, j'en ai aimé aucun, et encore, "aimer" c'est un grand mot! » Je fais une nouvelle grimace, avant de demander, curieuse: « T'es médecin donc ? Genre, diplomé, tout ça ? »