Lissa, dix ans, se tenait bien droite, assise entre ses deux petits frères. Ils avaient l’air un peu grotesques tous les deux, du haut de leur huit ans, dans leurs petits costumes trop sérieux pour leurs âges. Lissa, elle-même vêtue d’une petite robe à volant toute noire assortie d’un petit gilet, avait envie de prendre la fuite. Malgré elle, elle ne pu s’empêcher de lancer un regard un brin implorant à son père. Ce dernier avait lui aussi revêtu un élégant costume noir. Lissa l’aurait trouvé très beau s’il n’avait pas été aussi triste. Elle ne l’en blâmait pas. Elle même avait réussi par un miracle quelconque à retenir ses larmes jusque-là. Elle savait qu’elle avait le droit de pleurer. Personne n’allait le lui reprocher. Ses frères ne se gênaient pas. A la droite de Lissa, un reniflement se fit entendre et elle baissa les yeux sur son petit frère, Dawson, qui avait désespérément besoin d’un mouchoir. Sans se laisser déstabiliser par l’expression larmoyante de son cadet, elle plongea sa petite main dans le petit sac dans lequel elle avait glissé un paquet de mouchoirs avant de quitter la maison plus tôt dans la matinée. Se concentrer sur ce genre de petites choses l’aidait du haut de son jeune âge a « oublier » que sa mère était partie. Elle tira du paquet un mouchoir, le lissa entre ses doigts avant de le tendre à son frère qui le prit sans broncher ni la remercier. Elle ne s’en formalisa pas. Ils avaient le droit d’être aussi impolis qu’ils le voulaient aujourd’hui. « Il faut y aller les enfants. » La voix de son père tira Lissa de ses pensées alors qu’elle rangeait le paquet de mouchoirs. Andrew Barrow s’était levé. Aucune trace de larmes n’était visible sur ses joues mais Lissa lisait aisément sa tristesse dans son regard. Il n’avait pas l’air de réaliser ce qui s’était passé, pris de court par la perte brusque et soudaine de sa femme. Une crise cardiaque. Voilà ce qui s’était passé. Lissa déglutit péniblement avant d’acquiescer. Dans un réflexe, elle attrapa la main de ses frères avant de se lever, prête à poursuivre cette harassante journée.

« Papa ! » Jappa Lissa en fonçant vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit avec brusquerie. Elle éprouva un vif soulagement à voir son père encore en bas du pallier de leur maison, en train de la dévisager. Triomphalement, elle lui tendit son porte en feuille. « Tu l'avais oublié » lui expliqua-t'elle quand bien même son geste rendait l'explication parfaitement inutile. Son père attrapa le portefeuille et le glissa d'un geste rapide dans la doublure de sa veste en cuir avant de planter un baiser sur la joue de sa fille. « Merci ma puce, je ne sais pas ce que je ferais sans toi » en guise de réponse, Lissa le glorifia d'un de ses plus beaux sourires, le genre qu'elle arborait à tout va et qui s'avérait toujours particulièrement communicatif. Elle ne répondit pas, ne prononça aucun mots. De rien, papa. Du haut de ses dix-sept ans, elle avait simplement envie de lui dire qu'il pouvait compter sur elle, qu'elle n'allait partir nulle part. Bien sûr, c'était inutile. Elle aimait à penser qu'il le savait déjà. Elle avait toujours été là pour lui et ne tenait nullement à ce que cela change.

Depuis le décès de sa mère sept ans plus tôt, elle avait joué les petites mamans, prenant soin de ses frères et se montrant incroyablement facile à vivre. Au delà de cela, elle avait été forte. Vraiment forte. Plus qu'elle ne s'en pensait capable. Elle avait retenu ses larmes devant ses frères et n'avait pas émis la moindre plainte quand son père avait décidé de quitter Los Angeles pour Boston. Elle n'avait pas pleurniché à l'idée de laisser ses amies et tout ce qu'elle avait connu derrière elle. Elle avait débarrassé sa chambre, cette chambre dans laquelle elle avait bon nombre de souvenirs avec sa mère, puis aidé ses frères à en faire autant. Pour une gamine de dix ans, ce qu'elle était à l'époque, elle s'était montrée parfaitement mature. Elle l'avait fait pour son père, mais pas que. Elle l'avait aussi fait pour Dawson et Garnet, qu'elle retrouva dans la cuisine de leur maison en retournant à l'intérieur. Comme elle, les jumeaux avaient bien grandis. Les petits garçons qu'ils étaient lors de leur départ pour Boston s'étaient mués en deux adolescents qui dépassaient désormais Lissa en taille. Peu lui importait cependant. Elle les traitait encore comme les enfants qu'ils étaient toujours à ses yeux. « T'as réussi à le rattraper ? » L'interrogea Garnet. Il avait la bouche pleine d'oeufs et de bacon et Lissa dut se retenir de lui dire de ne pas parler la bouche pleine. A la place, elle se contenta d'acquiescer en se tenant contre le comptoir sur lequel ses frères étaient attablés. Garnet et Dawson étaient des jumeaux parfaitement identiques que la plupart des gens peinaient beaucoup à différencier. Lissa n'était pas de ceux-là. S'ils étaient des sosies, ils n'en étaient pas moins des êtres bien différents avec des personnalités distinctes. « Il a souvent la tête ailleurs ces derniers temps. » Commenta Dawson qui venait de descendre le contenu de son verre de lait cul-sec. Encore une fois, Lissa ne répondit pas sur le champ. Elle eut envie de souligner que cela ne datait pas franchement d'hier mais son besoin de préserver ses frères la rattrapa encore et toujours et elle se fendit du coup d'un haussement d'épaules comme si cela ne l'avait pas effleuré. Elle se savait bonne menteuse et n'hésitait pas à en user quand elle estimait la situation justifiée. Les jumeaux ne relevèrent pas et elle en éprouva un certain soulagement. Histoire de changer pour de bon de sujet, elle commença à débarrasser le petit déj. « Faut qu'on parte tôt. Je dois passer voir un de mes profs avant le début des cours. » Les garçons ne bronchèrent pas et elle les entendit filer quelques instants plus tôt. Passant une main dans ses longs cheveux blonds, Lissa poussa un petit soupire en achevant d'entreposer les assiettes et autres verres et couverts dans le lave-vaisselle. Elle avait fréquemment l'impression de vivre sans arrêt à cent à l'heure. Ses journées répondaient à un emploi du temps relativement chargé qui exigeait d'elle qu'elle soit toujours sur le qui-vive, prête à en découdre. Son entourage aimait à la taquiner en lui demandant si elle lui arrivait de se poser parfois et elle évitait toujours la question avec l'un de ses jolis sourires. La vérité c'était qu'elle aurait adoré pouvoir se poser, mais elle n'en avait pas le temps. Comme toujours, il semblait à Lissa que le monde allait forcément s'arrêter de tourner si elle avait le malheur de relâcher un peu la pression. Quelques minutes plus tôt, les trois enfants Barrow quittèrent la maison pour aller s'entasser dans la petite voiture de Lissa. Cette dernière pouffa comme toujours en voyant Garnet se battre pour étendre ses longues jambes dans le minuscule habitacle de la voiture. Après quelques grognements, elle démarra et fila vers le lycée, prête à démarrer une nouvelle journée bien chargée.

« Lissa Barrow, je te déteste ! » L’intéressée rit en ralentissant le rythme, sa queue de cheval ondulant derrière elle. Une file pellicule de sueur couvrait chaque centimètre de son corps et elle ralentit jusqu’à se remettre à marcher. Son amie s’arrêta à côté d’elle, toute essoufflée. « Je suis sérieuse, tu sais. » Bah voyons. Lissa lui jeta un coup d’œil qui signifiait clairement qu’elle n’en croyait rien. « Je ne sais pas comment tu te débrouilles, mais tu triches, tu triches forcément. » La blonde secoua la tête en tirant la langue à son amie. « Je n'en ai pas besoin. » Rétorqua-t'elle, taquine. Elle se sentait bien, comme toujours après s'être dépensée. Le sport avait toujours eut des vertus thérapeutiques sur elle. Ca l'apaisait plus que n'importe quoi d'autre en ce monde et ça avait également le don de lui conférer le sentiment d'être vivante. C'était ainsi que Lissa Barrow était heureuse : avec le souffle court, les joues roses et un sourire fatigué quoique heureux aux lèvres. La journée commençait à peine et dans quelques heures il allait lui falloir rentrer chez elle pour se préparer avant de filer à Harvard où elle avait entamé ses études universitaires dès la fin du lycée. Certains auraient pu trouver ça franchement dingue de sa part de se lever aussi tôt pour aller courir alors même qu'elle allait passer plusieurs bonnes heures à le faire dans sa journée, mais c'était tout elle.

Elle n'avait jamais eut l'habitude de flemmarder au lit, trop occupée qu'elle avait toujours été à booster tout le monde. Son entrée à l'université n'avait pas changer cela. Sans doute que rien n'y ferait jamais. Il y a des gens qui ne se laissent tout simplement pas le temps de souffler. Les deux amies se glissèrent entre les portes d'un café, conformément à leurs habitudes. Un quotidien minutieusement réglé, une vie bien organisée. Comme d'habitude, Lissa jeta un regard envieux aux douceurs entreposées sans céder pour autant, se contentant du plaisir familier de son latte à la vanille adoré. Une fois la boisson en main, elle salua son amie avant de filer, direction son appartement qui ne se trouvait qu'à quelques rues de là. Comme toujours elle était prête, enfermée dans un quotidien bien agencé.

01 Lissa a des jumeaux de vingt-deux ans. Elle ne les a pas porté, mais c'est tout comme. C'est une maman ours dans l'âme. Le premier qui s'attaque à ses frères doit se préparer à la combattre elle. 02 Elle ressemble énormément à sa mère (tant physiquement que moralement) qui est décédée quand Liss avait dix ans. Elle se souvient bien d'elle et il ne passe pas un jour sans qu'elle ressente le manque laissé par son absence. 03 Outre ses caractéristiques physiques et sa nature sociable et enjouée, elle a hérité de sa mère une passion pour le sport. Lissa est dans une forme excellente et prend soin de son corps comme d'un véritable sanctuaire. 04 Elle a été forcé de grandir plus vite que les autres. Elle n'a pas vraiment eut d'adolescence et a plutôt vécu cette dernière via ses petits frères. Elle a toujours été une fille mature et facile à vivre, un véritable soutien pour son père qui ne s'est jamais recasé. 05 Née en Californie à Los Angeles, elle a quitté cette ville après le décès de sa mère pour s'installer avec sa famille à Boston. Rien ne se compare à la Californie dans son coeur, mais elle adore la ville qui l'a vu grandir sans mère. 06 Elle est la poupée blonde, la fille aux allures de Barbie qui n'en a que le look. Avec son sourire ultra-bright et sa longue chevelure dorée, elle a l'air d'une princesse en détresse mais il n'en est rien. Liss est son propre chevalier en armure. Elle aime à penser qu'elle a la force et la détermination de cent hommes. Bien que coquette et fan de shopping, elle a aussi un côté plutôt garçon manqué. 07 Passion du sport oblige, c'est une compétitrice, une vraie de vraie. Elle adore gagner et déteste perdre (tout en sachant le faire avec un sourire poli). Elle est bonne dans pas mal de sports mais a une préférence marquée pour le tennis et l'athlétisme). 08 Elle s'entête toujours à se montrer sous son meilleur jour. Il est rare de la voir craquer. C'est une dur à cuire, le genre de filles qui se relève sans broncher quand la vie lui porte un coup dur. Au delà de cela cependant, elle reste un être humain lambda et a trop vite tendance à l'oublier. 09 D'une nature profondément généreuse et altruiste, elle a tendance à privilégier le bien être des autres aux siens. 10 Elle veut avoir des enfants plus tard (enfin, quand elle aura trouvé l'homme qui en vaudra le coup). 11 Amie émérite, elle s'accroche à ses proches becs et ongles et ne les laisserait tomber pour rien au monde. Elle se veut indulgente et compréhensible, mais a tout de même du mal à accorder son pardon. En général, elle accepte les excuses, mais elle n'oublie pas. Jamais. 12 Elle n'est pas d'une nature violente (sauf quand on lui met une raquette de tennis entre les mains, là c'est une autre histoire), mais ne répugne pas à se battre physiquement ou non quand le combat lui apparaît comme justifié. 13 Elle a un golden retriever, Robb (#ripRobbStark), qui reste dans la maison de son père en ville vu que l'appartement de Lissa est moins adapté pour accueillir un chien de cette taille. 14 Elle adore l'eau et c'est une très bonne surfeuse. 15 Elle ne loupe aucun championnat sportif depuis qu'elle est gamine. 16 Elle adore se balader à poil chez elle. 17 Elle essaie de garder en permanente l'esprit ouvert et de ne jamais juger un livre à sa couverture. 18 Elle est entrée à Harvard à l'issue de ses années lycées grâce à un dossier scolaire pour le moins irréprochable.