Ces histoires d’appart pour aider Maxime, et maintenant l’excuse de ‘voir un truc avec Lucky’ avant qu’on se voit, tout ça m’avait rendu plus que suspicieux. Ash était surement toujours fâché, et elle cherchait à m’éviter. Je ne voyais pas d’autres explications. Sauf que je connaissais bien la blondinette, et que d’habitude, elle mettait des mots sur sa rancune et sa colère, elle n’utilisait pas des subterfuges pour fuir la confrontation, elle n’inventait pas des prétextes pour faire passer son message. Alors pourquoi agissait-elle ainsi depuis le retour du Laos ? Y avait-il autre chose ? C’est intrigué, soucieux, préoccupé, que je me mis à ressasser tout ça, sans rien comprendre, cherchant des réponses en surfant sur son compte insta, tombant alors sur ce dernier post où elle s’était prise en photo avec un certain Basile rencontré pendant le SC. Mes yeux scrutèrent l’écran un instant, sourcils froncés, petit air contrarié… Basile, comme le Basile de Louve ? Est-ce qu’il y avait quelque chose à comprendre là dessous ? Et est-ce que ça avait à voir avec son attitude fuyante ? Mes magouilles pour qu’elle vienne, même mon snap, rien ne semblait fonctionner et finalement c’était sa meilleure amie qu’elle allait voir, Lucky, avec qui elle avait déjà passé la semaine. Ok. Trop étrange. Elle voulait voir Lucky pour lui demander comment me jeter gentiment ? Elle voulait lui demander conseil pour savoir qui de Basile ou moi choisir ? Ca y est, les neurones bouillonnant, j’envisageais le pire. Verrouillant mon écran, je quittai le loft, direction l’adresse de Maxime, son appartement. Au mieux, elle était vraiment en train d’organiser sa sous loc’ et je l’aiderais pour qu’elle finisse plus vite, au pire… Au pire… Au pire je ne savais pas à quoi m’attendre. J’imaginais plein de scénario, qu’elle s’était rendue compte qu’elle ne me voulait que comme pote, qu’il y avait eu un rapprochement avec ce type, le mec de Louve, sachant très bien qu’Ash avait bu plus que de raison là bas, c’était possible surtout vu comme elle était remontée. Bref, c’est vraiment pas serein du tout que j’arrivais finalement devant la porte du mather, et que je toquais en annonçant : « Ash, c’est Denys, je suis venu te prêter main forte. Vu que moi je suis dispo.» Ouais, bon, c’était à Lucky qu’elle avait demandé de l’aide, mais comme ça on allait enfin pouvoir se voir parce que la blondinette me manquait vraiment trop…  

Le voyage retour avait été plus que long. T'avais minimisé la chose, clairement, quand Denys t'en avait parlé. Ca avait été interminable en vrai. Plus de 24 h dans un avion, c'était vraiment pas la meilleure chose pour un bébé de six mois, mais pas le choix, il fallait que tu rentres sur Boston. Le Laos c'était pas la meilleure destination pour la petite et franchement t'avais aucune raison d'y rester. Le summer camp c'est pour s'amuser et avec un bébé de cet âge là, c'est pas possible. Surtout le peu de temps que tu dors comme mademoiselle fait pas ses nuits, à cause de ses dents. N'ayant toujours rien dit au grec, t'avais dû trouver l'excuse que tu devais faire deux trois choses chez Maxime pour qu'il puisse louer son appart pour la fin de l'été, dans le but de se faire un peu de sous. Den' savait pertinemment que le français roule pas sur l'or, encore moins avec un enfant à charge. C'était donc crédible, enfin hormis les faits que tu lui sortais des excuses sans fin. Celle de devoir rester plus longtemps chez Max, de devoir demander à Lucky de l'aide avant de pouvoir le rejoindre. Pour toi ça paraissait évident, tu pouvais pas sortir le voir et laisser la petite toute seule ici. Fallait que ta meilleure amie puisse te donner un coup de main, genre la garder quelques heures. Mais pour lui c'était pas pareil, c'était louche, tu le voyais bien qu'il trouvait ça intriguant. Et toi ça te faisait encore plus chier de lui mentir, de devoir être si vague. Surtout que t'avais envie de le voir, terriblement, et que Lucky elle répondait pas à ton message. Ton tél avait beau ne pas être sur silencieux, tu ne cessais d'appuyer sur le bouton central de celui ci afin de voir si t'avais un message de la brunette te libérant de la petite et te permettant de le retrouver lui. Rien. Le vide. Le néant. En plus elle dormait pas. Au contraire c'était l'heure du goûter donc du biberon. Préparant le tout, en galère, y avait de la poudre blanche sur le plan de travail, la boîte encore ouverte, tu secouais le biberon. Attrapant Naélie, tu la prenais sur toi, la calant dans le creux de ton coude pour pouvoir lui donner à manger. En un rien de temps elle vida le contenu. La gardant sur toi un petit peu, tu lui fis faire le rot. Et bien sur pour ne pas te faciliter la vie, elle se mit à vomir sur toi. Dégueu que tu lâches en regardant ton haut. Un coup de sopalin, tu la poses dans son transat pour pouvoir nettoyer le biberon, changer ton haut, mais c'est sans compter que tu entends la voix de Denys de l'autre côté de la porte. Un regard vers celle ci, un vers Naélie, puis à nouveau vers la porte, la panique te gagne. Sans dire un mot tu commences à ranger les jouets qui traînent, à planquer le biberon derrière un coussin du canapé. Les couches et lingettes sur la table basse du salon finissent sous la table. J'arrive que tu dis, une voix un peu pressée. Attrapant la petite dans son transat, tu la déposes dans la chambre, un peu après la porte. Tu cours prendre un hochet dans le salon que tu lui donnes. Un truc bien bruyant, bonne idée Ash'. Tu tentes de lui reprendre en échange d'un doudou. Je reviens très vite, tente de pas faire de bruit que tu dis à la petite, priant pour qu'elle comprenne et soit sage. Sortant de la chambre, tu réalises que ton haut n'est pas changé. Je suis là dans une minute. Attrapant un haut dans ta valise non défaite, tu enlèves le premier, le fait voler dans la pièce. C'est en panique, les cheveux ébouriffés que tu sors de la pièce pour aller vers l'entrée de l'appart, tout en enfilant ton haut. Pieds nus, tu marches sur un cube, grinçant entre tes dents et donnant un coup de pieds dans celui ci. Ton haut enfilé, tes mains qui se plaquent dans tes cheveux, tu ouvres finalement la porte, légèrement essoufflée. Pourquoi tu m'as pas prévenu que tu passais ? Super accueil Ash'. C'est vrai que dans un autre cas tu te serais bien plus réjouit que ça de le voir débarquer à l'improviste. Mais là...

A force de trop cogiter, j'en venais à imaginer le pire des scénarios, que peut être si Ash m'évitait, si elle réclamait à voir Lucky avant qu'on se retrouve elle et moi c'était parce qu'elle voulait lui demander comment me larguer comme il faut. Peut être qu'elle avait fait des rencontres au SC, peut être même qu'elle avait réalisé qu'elle ne tenait pas à moi tant que ça,  peut être que... Mon poing s'abattit sur le bois de la porte et je m'annonçais d'une voix forte et bien audible, précisant que je venais aider. Elle répondit un 'j'arrive' un peu étouffé par la porte toujours close et qui était surtout mensonger vu le temps qu'elle mit avant d'ouvrir cette fameuse porte. Une minute qu'elle annonçait ensuite alors que je scrutais l'entrée avec un air de plus en plus méfiant. Elle m'ouvrit enfin les cheveux en vrac, un peu essoufflée, et avec ces premières paroles... Douche froide immédiate. Ou comment nourrir un peu plus le mauvais pressentiment que j'avais,  que quelque chose clochait, qu'elle m'en voulait encore, qu'elle n'avait pas envie de me voir. J'en restais scotché sur le pas de la porte. Sourire gêné, me justifiant : "T'avais l'air de galèrer, et je me suis dit que Lucky devait être fatiguée du voyage aussi alors que moi j'étais en pleine forme donc plus apte à t'aider..." Et visiblement j'aurais du m'abstenir.  "Ça va ?" Demandai-je en la détaillant, la surprise de sa réaction et les souvenirs de nos disputes encore en tête canalisant mon envie de fondre sur elle pour l'embrasser. Oui j'étais entre deux eaux : super content de la retrouver, qu'elle soit enfin là devant moi, et déçu que ça se passe dans ce climat, qu'elle réagisse ainsi devant mon arrivée surprise, hanté par mes doutes quant à nous.  "J'ai l'impression que je dérange. T'es pas toute seule ?"

Si tu attendais impatiemment la réponse de Lucky pour pouvoir rejoindre Denys, tu ne t'attendais absolument pas à ce qu'il débarque et à entendre sa voix derrière la porte d'entrée. Une chance que tu venais juste de finir de donner le biberon à Naélie, mais l'appart était un vrai bordel. T'étais censée le ranger sauf que là c'était tout l'opposé. Des jouets de partout et plein d'autres indices pour faire comprendre la présence d'un bébé ici. En vitesse tu tentes de ranger tout ça, au moins un peu, déposant la petite dans la chambre avec un doudou et changeant de haut en vitesse. T'en oublie la boîte de lait sur le comptoir de la cuisine, encore ouverte quand tu ouvres au grec, cette voix clairement distante pour lui demander ce qu'il fait ici. Et tu le remarques de suite son expression gênée et pas très à l'aise, te faisant prendre conscience de tes mots et de la froideur avec laquelle tu les a dits. T'aurais pas dû, je t'assure. Pas très rassurante, encore une fois. Tu te dandines légèrement, ton pieds qui a écrasé le cube allant sur l'autre comme pour se soulager. Débordée mais ça va, ça va. Ou pas du tout que ça allait. Et si t'es très bonne menteuse habituellement, là tu étais tellement dépassée par la situation que tu devais pas être crédible, pas totalement du moins. T'étais tellement active que tu restais là, devant lui, devant la porte, bloquant le chemin et oubliant les bonnes manières de le faire rentrer à l'intérieur. Peut être que t'en avais pas envie sachant le bazar qui y régnait et qu'il allait encore plus suspectait quelque chose... Justement, il suspectait bien un truc avec sa nouvelle question. Si si je suis seule, avec qui veux tu que je sois ? tu demandes presque sur la défensive, essayant limite de retourner la situation. Tu te retenais de lancer un regard derrière toi alors que tu en mourais d'envie, comme si la petite allait débarquer à tout moment alors qu'elle sait pas marcher et qu'elle est attachée dans son transat. Tu veux rentrer ? Forcément qu'il veut. Question conne, à laquelle tu pries presque le bon dieu qu'il y réponde un non... Tu te pousses du chemin en comprenant que s'il a fait le chemin ce n'est pas pour rester planter sur le paillasson. Tu veux quelque chose à boire ? Nerveuse, fallait tu t'occupes les mains. Je sais, j'ai pas beaucoup avancé. Si tu lances toi même le sujet, peut être qu'il ne s'y attardera pas ?

Plus la discussion avançait et moins tu étais rassurante, sans même le vouloir. Tu cherchais pas à être désagréable, à lui faire croire qu'il te fait chier, juste que c'était vraiment pas le moment et que s'il t'avait dit qu'il venait t'aurais mieux pu prévoir ton coup. D'ailleurs, il réussit à te faire culpabiliser, disant que tu lui manquais et qu'il voulait te voir plutôt qu'attendre. Tu me manquais aussi mais j'aurais préféré qu'on se voit tranquillement, au lieu de vite fait ici, à devoir m'aider. Qu'il ne pense pas que tu étais dégoûtée de sa présence. C'était pas du tout ça. Tu lui aurais probablement sauté au cou ou à ses lèvres, faisant déjà balancer son haut quelque part dans la pièce. Hélas, c'était bien plus complexe. Si bien qu'il le sentait qu'il y avait quelque chose, te pensant même pas seule. Objectant, essayant de retourner la situation sur qui pourrait être là et c'est immédiatement au summer camp qu'il fit référence, ainsi qu'à ton instagram. Ouais j'aurais pu... Vague, il a pas trop tord. T'es bien rentrée du Laos accompagnée mais pas vraiment avec un ami. D'ailleurs tu lui proposes finalement de rentrer, remarquant que tu l'as toujours pas fait, profitant de pouvoir jeter un œil vers la chambre, comme pour t'assurer qu'aucun bruit ne sortait de la chambre. Offrant quelque chose à boire, il refuse immédiatement, dans le but de finir le plus vite pour rentrer le plus vite. Tu sens l'angoisse te gagner. Tu sais qu'il est déterminé et qu'il lâchera pas le morceau. La preuve, il s'approche de toi, posant ses mains sur tes hanches pour te voler un baiser. Ta main vague dans ton cou, ton regard se fait évasif, alors qu'habituellement tu l'aurais regardé droit dans ses pupilles bleus. Je... Je peux pas... Et tu peux pas lui donner juste cette explication. J'ai encore plein de choses à faire que tu dis en te décalant de lui pour aller dans la cuisine, te servir à boire, ayant soudainement chaud. C'est là que tu vois le lait en poudre encore ouvert et posé sur le comptoir. Un vent de panique, tu te tournes aussitôt vers lui, faisant quelques pas dans sa direction. T'es sur que tu veux m'aider ? Tu travailles assez comme ça toute la semaine... T'essayes comme tu peux de le dissuader de t'aider, peut être même de rentrer chez vous. Ton téléphone se met à biper et tu vois un message de Lucky, qui répond enfin qu'elle peut. Une réponse rapide pour lui dire que trop tard Denys est là, décidé. Elle répond dans la foulée en te souhaitant bonne chance et tu souffles. Tu sens que c'est pas facile cette situation, ça te pèse déjà, de lui mentir, lui cacher ça. T'as pu voir ta nièce alors ? Elle a quel âge ? que tu demandes pour un peu gratter des infos, sur l'âge de la petite, s'il a aimé passer du temps avec elle, s'il a réussi à la supporter...

Et comme elle semblait toujours un peu stressée, par cette histoire d’appart’, de coup de main à rendre à Max, moi je répliquais, taquin, essayant surtout de détendre l’atmosphère devant son accueil glacial : « Arrête, ça tombe bien. On l’a jamais fait dans l’appartement de Maxime… » Ou en fait, elle, elle l’avait peut être déjà fait avec le locataire des lieux, chose que j’ignorais en fait, et que je n’avais probablement pas envie de savoir. Sa réaction m’intriguait quand même, j’en venais même à l’imaginer avec Basile, ou je ne sais quel rencontre faite au summer camp, mais non, elle était seule, même si elle approuvait le fait qu’elle aurait en effet pu rentrer avec quelqu’un du Laos. Et une fois à l’intérieur, finalement, je finis par m’approcher d’elle, mes mains sur ses hanches pour l’attirer à moi et l’embrasser doucement en affirmant qu’on aurait tout le temps de se poser au loft ensuite, parce que je ne comptais pas rentrer chez nous sans elle. Paroles et baiser qui la raidirent d’autant plus et la braquèrent. Réaction qui me dérouta un peu plus. Elle filait dans la cuisine et je la suivis, observant sans comprendre la jeune femme qui s’agitait, remarquant la poudre ouverte mais ne tiltant pas, Maxime avait du laisser traîner des trucs pour son fils. Il était un peu bordélique en fait le mather… « Ash laisse moi t’aider, c’est non négociable. C’est un coup de main purement intéressé tu sais. C’est égoïstement pour pouvoir plus profiter de toi ens… » commençai-je avant de la voir attraper son téléphone pour lire des messages et y répondre, faisant mourir ma phrase sur mes lèvres et faisant disparaître l’ébauche de sourire qui y était apparu. Elle était froide comme un glaçon, fuyante, me snobait pour textoter… Une lueur blessée dans les yeux, je répondis un peu sèchement à sa question : « Mila ? Oui, je l’ai vu. Elle va avoir deux ans en septembre. Bon on range ou on papote ? »

T'avais beau avoir l'air froide, distante, que sa présence te gêne, tu savais aussi que lui il était déterminé. Qu'il recule pas si facilement et que niveau patience il en a pas mal. Il en fait preuve encore en proposant carrément de le faire ici, chez Maxime. Idée trop tentante, si tu n'étais pas stressée et préoccupée par le fait qu'il soit ici et que Naélie soit dans la pièce non loin. Il me tuerait s'il venait à apprendre qu'on l'a fait chez lui... Et en quelle année Ashleigh Strauss elle s'inquiétait de ce genre de choses ? Toi t'aimes le risque, le danger. L'excuse que ton meilleur ami l'apprenne c'était pas crédible. Ca t'aurait fait une belle jambe, ça t'en ferait une en fait, sauf que toute excuse était bonne pour empêcher tout dérapage. Tu savais que s'il te touchait tu n'allais pas être assez forte pour lui résister. D'ailleurs c'est ce qu'il fit, t'attirant à lui, pour t'embrasser, et toi trouvant un moyen pour lui échapper. Une autre excuse. Une tout aussi bidon que la précédente. Tu as beaucoup à faire ici, ouais, pourtant tu cherches absolument à le foutre à la porte, au lieu qu'il t'aide. Tu te dirigeais vers la cuisine pour lui échapper, pour boire, pour t'occuper, voyant alors le lait en poudre et faisant marche arrière pour qu'il ne remarque rien. Il n'avait pas envie de partir, il comptait bien quitter cet appart avec toi, et il insistait, tant bien que tu écoutais à peine, répondant à Lucky. T'avais jamais fait ça, l'ignorer pour répondre à un sms. Généralement, Denys dans une pièce, toute ton attention était sur lui. Ton téléphone aux oubliettes. Tu ne cessais de te griller, petit à petit. Alors tu tentais de lui parler de sa nièce, ne captant pas cette lueur blessée qui avait prit place dans ses yeux. Voyant pas qu'il était touché de ton attitude. Trop absorbée par tes craintes, t'oubliais son ressenti, ou t'avais pas envie de le voir, sachant parfaitement que t'étais loin d'être agréable. Et c'est sortant ton nez de ton téléphone, que tu le sentis qu'il était sec, voulant finalement ranger et ne plus discuter. Arrête Denys, je peux me débrouiller toute seule dis-tu sèchement à ton tour, levant la voix agacée. Est ce que tu parlais de l'appart à ranger ou de la petite ? Tu te voilais la face, clairement, et ton haussement de ton dans cet appart pas très grand avait résonné assez loin pour que la petite l'entende. Des pleurs se firent entendre et tu te mis aussitôt à tousser, de plus en plus fort au fur et à mesure que les pleurs s'accentuaient. Prise de panique, tu marchais jusqu'à lui, lui prenant le haut du bras et l'entraînant vers la sortie. Va t-en, je me sens pas très bien que tu continues, imitant encore des toussotements. Tu commençais vraiment à te sentir pas bien, à avoir chaud, à paniquer, à angoisser. Les nerfs commençant à lâcher, la pression a retomber également.

Echec. Ni mes plaisanteries, reprenant notre habituel jeu de baptême de nouveaux lieux, ni mon rapprochement, ni même mon baiser, rien ne semblait faire fondre la glace. Elle fuyait dans la cuisine, je la suivis, sauf que c’est à un nouveau mur que je me heurtais. En fait, c’était pire que de la fuite là, de l’indifférence, elle répondait à des sms devant moi, ignorant clairement les paroles que je lui soufflais. Paroles qui se coupèrent donc, sourire qui disparut. L’effet bonne humeur de la retrouver s’était dissipé et tous mes doutes semblaient confirmés par son attitude. A qui elle écrivait ? Elle avait vraiment rencontré quelqu’un ? Est-ce que c’était à un autre type qu’elle écrivait là ? Est-ce que son envie de me chasser d’ici c’était parce qu’elle ne savait pas comment me faire cette annonce ? Malgré moi, mon ton s’était fait plus sec, blessé, agacé, voulant ranger donc, puisque c’était son excuse pour se tenir loin du loft. Et à son tour, elle s’énervait, répliquant sans pincette qu’elle pouvait se débrouiller toute seule. « Tu peux ou tu veux ? Dis le si tu veux que je parte ça ira plus vite… » Bordel, depuis quand elle passait par quatre chemins ? Ash c’était plus le genre de nana à dire clairement ce qu’elle pensait, à ne pas utiliser des prétextes bidons. Quand elle voulait un truc, elle savait très bien le dire d’habitude. Sauf que d’un coup, un bruit provenant de la chambre me fit tourner la tête. Des pleurs ? « Qu’est-ce que… » Vite couverts par une quinte de toux de la jeune femme qui m’attrapait le bras et m’entrainait vers la sortie. « Arrête Ash ! Lâche moi. Qu’est-ce que c’est qui se passe enfin ? » demandai-je en me défaisant de son emprise, mes mains s’ancrant sur ses épaules et mes yeux se plantant dans les siens pour qu’elle arrête son numéro de malade imaginaire, les pleurs résonnant désormais distinctement jusqu’à nous. « Tu gardes Ethan ? »

Se débrouiller seule ? Pour le coup non tu pouvais pas. Tu savais pas comment t'occuper d'un enfant, pas sur du long terme, pas h24. Encore moins un si petit être, fragile, qui parle pas, qui peut pas te dire de quoi il a besoin, ce qu'il a. Les derniers jours t'avaient dépassé, complètement, et ça se ressentait, parce que la super bonne menteuse que tu pouvais être habituellement, qui avait toujours le dernier mot, qui ne se fait pas prendre de court, qui sait toujours rebondir, là elle était loin. Très loin. Excuses bidons les unes après les autres. T'étais entre cette envie de le voir, de fondre sur lui, ses lèvres, dans ses bras, mais aussi de le voir partir à cause de Naélie. Du coup, tu tentais de lui faire comprendre sans le lui dire directement. Ton but n'était pas de le blesser, ni de t'embrouiller avec. Juste de l'épargner du stress que tu vivais au quotidien depuis que t'avais mit un pied au Laos. Raté, tu étais désagréable avec lui. Le ton se mit à monter sans que tu t'en remarques, ayant pour réaction immédiate de l'énerver lui aussi. Tu vois pas que c'est ce que j'essaye de te faire comprendre ? que tu réponds, des pleurs se faisant enfin entendre à cause de vos voix qui avaient monté de plusieurs étages. Feintant une toux soudaine, tu l'entraînais vers la sortie, cette fois ne passant plus par quatre chemins. Le mettre à la porte, c'est ce que tu faisais. Tu faisais genre que c'était car tu étais soudainement malade, mais tu le mettais quand même à la porte. Chose qu'il n'apprécia pas, t'ordonnant de le lâcher et s'écartant lui même de ton emprise. Ses mains sur tes épaules, prise au dépourvu, les pleurs eux ne se stoppant pas, tu vis une petite porte dans sa question. Une dernière tentative de mensonge. Oui, oui, et il se sent pas très bien, vaut mieux tu repasses. Ta voix était plus douce, plus apaisée. Mais pourquoi tu chercherais à lui cacher Ethan ? Juste pour quelques jours où serait le mal ? Pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Ca n'avait aucun sens mais ton cerveau était off. Plus du tout en état de cogiter à toutes ces raisons. Fatiguée des nuits de sommeil que tu ne faisais plus entièrement, fatiguée des biberons, des couches, des pleurs, de toute l'attention focalisée sur ce petit bout, au lieu de le focaliser sur ta personne, t'étais plus en état de penser manipulation, encore moins avec Denys, aussi proche de la vérité.