Je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu. Souffrance et manipulation dans une vie dystopique. On m'a arraché à mon cocon familiale alors que je n'avais que sept ans. Sept petites années et tant d'autres devant soit. Foutaise. Je suis morte ce jour-là. Il m'a donné naissance à nouveau des années après et tel un phoenix je renais de mes cendres.

Au début c'était dur. Mes parents me manquaient terriblement. Je ne cessais de les appeler, mais ils ne venaient pas me chercher. J'avais pour demeure une pièce humide et mal odorante de 7m2 sans fenêtre. Un matelas à même le sol posé juste à côté d'un évier dont la plomberie était à refaire et un toilette noir de crasse. Ma petite chambre bleue remplit de poupées et de têtes à coiffés ne me paraissait tout à coup plus si petite ou trop bleu. J'avais si froid et si peur. A part cette pièce sans aucune humanité, je n'avais pas vraiment à me plaindre. Il était assez gentil, il me préparait des sandwich à la dinde et à la mayonnaise. Il me laissait jouer avec ses poupées et il continuait à m'apprendre à faire des multiplications, à lire et à écrire, comme à l'école. Je n'avais pas toujours conscience de quels jours on était, mais il me fêtait tous les ans mon anniversaire. Je ne m'étais jamais demandé comment il connaissait ma date d'anniversaire. Cependant, le jour de mes 10 ans, son comportement changea complètement. Jusqu'à maintenant on aurait dit qu'il était le grand-frère que je n'avais jamais eu. J'étais contente d'avoir un grand-frère, même s'il me faisait dormir dans une petite chambre sale. Il me donnait de la glace, me faisait un sandwich de plus quand j'avais très faim, parfois il me lisait une histoire.



Mais à mes 15 ans je compris enfin que s'il avait fait ça c'était parce qu'il m'aimait et j"avais été ingrate de ne pas le comprendre avant. Alors moi aussi je me mis à l'aimer et à lui rendre toute l'attention qu'il m'avait généreusement offert depuis mes sept ans. Il avait su me protéger du monde extérieur et de ceux qui me voulaient du mal. Il avait su m'apporter toute l'attention et la tendresse dont j'avais eu besoin. D'abord, comme un frère puis comme un amant.
Petit à petit je lui fis confiance et je quittais ma petite pièce pour aller vivre avec lui dans notre maison et pouvoir profiter de son amour dans notre lit.
Mais il y a neuf ans, on m'a arraché à cet amour. On est venu me chercher dans ma maison, on a tiré sur l'homme que j'aimais et on m'a forcé à quitter ce cocon d'amour et de paix. J'ai vu des tas de psychologues, de psychiatres, suivi des thérapies pour entendre le diagnostique final. Syndrome de Stockholm. A force de manipulation et de conditionnement pendant 11 longues années, je suis tombée amoureuse de mon ravisseur.

A présent j'ai conscience de tout ça. J'ai conscience d'avoir été manipulé, d'avoir été sa chose et même d'avoir été violé pendant 8 ans .. Mais mes sentiments se mélanges et parfois je ne saurais dire si ce qu'il à fait été bien ou mal. Je suis celle que je suis à présent à cause de lui. Parfois forte et parfois fragile. Je suis tiraillée entre les sentiments que j'ai pu éprouver pour lui et cette envie de vomir à l'idée qu'il m'ai volé ma vie .J'ai décidé de reprendre ma vie en main et de vivre la jeunesse que je n'ai jamais eu. J'ai donc retrouvé mes parents qui ont été d'un soutien très précieux. Après trois ans de psychothérapie, de test et d'une bonne remise à niveau scolaire, j'étais prête à reprendre une vie normale. Ils m'ont inscrit à Havard comme ils l'avaient prévu pour moi alors que j'étais à peine née. Ils pensent que reprendre une vie normale m'aidera à vaincre mes démons et à oublier ce que j'ai vécu. Mais moi je sais que je n'oublierai jamais et cette part d'ombre qu'il à laissé en moi sera toujours présente..