Coup de panique dès le réveil. Comme toujours tu ouvres les yeux, regarde ton téléphone afin de traîner sur instagram, snapchat, répondre à quelques messages reçus dans la nuit. D'ailleurs dans tes messages tu vois quelques uns de Wade. Tes pupilles bougent de gauche à droite pour lire le message. Ca parle d'Ivy, d'une chute, qu'elle est tombée sur la tête et qu'elle est à l'hôpital. T'en sais pas plus alors tu pianotes quelques mots au mather, pour en savoir d'avantage, comme si elle va bien, si rien de grave. En même temps tu captes que Denys n'est pas avec toi dans le lit, alors tu l'avertis, qu'il va falloir que tu partes aujourd'hui, non demain, et qu'il doit t'emmener à l'aéroport maintenant. Pareil pour Lucky et Dimitri que tu devais récupérer seulement le lendemain. Okay pour partir plus tôt, façon s'ils étaient pas dispo ben ils se seraient chargés de se trouver un autre avion, pas question que tu restes là, sagement, à attendre, alors que ta meilleure amie est mal en point, au Laos. Tu flippes et te lèves aussitôt pour commencer à préparer une valise. Tu prends n'importe quoi, des hauts, des bas, des sous vêts, qu'importe que ça match ou pas, c'est le dernier de tes soucis. Quelques affaires de beauté et quand Denys rentre, vous partez en direction de l'aéroport, après avoir prévenu que t'avais besoin de l'avion dans une heure grand maximum. Cette escale aux Bahamas t'embête un peu, mais t'apprends que tu ne peux rien faire de plus que de toute façon elle est dans le coma. De quoi te rendre encore plus mal. C'est une blague ? Pourquoi faut-il qu'il arrive toujours un truc à tes proches ? Lucky et Denys début avril, ensuite Ayma, puis là Ivy... A chaque fois que ça va un peu mieux, un nouveau truc qui te tombe dessus. Et Den' qui peut même pas t'accompagner alors que t'aurais aimé l'avoir avec toi, t'aurais eut besoin de lui. Tu déposes donc un baiser sur ses lèvres, doux, tendre, qui dure, pour lui dire au revoir alors que tu grimpes dans ton jet privé. Le cœur noué, le ventre serré. 5 h de vol, seule, interminable, pour rejoindre les Bahamas. Puis Lucky et Dimi arrivent et voient à ta tronche que ça va pas et que faut pas te parler. Tu donnes les affaires que t'as récupéré chez Dimitri la veille, comme il t'a demandé, et direction le Laos. Vous y arrivez que le 28, aussitôt tu vas voir à l'hôpital pour avoir des infos, embarquant ta valise avec toi, prenant pas le temps de t'installer à l'hôtel. Le voyage a été très long, des dizaines d'heure de vol, une chance que tu aies ton jet privé, qu'il n'y ait pas besoin d'escale etc. Quand tu arrives sur place, tu demandes à parler aux médecins en premier pour t'assurer de son état. Tu sais pas qu'elle est réveillée. C'est eux qui te l'apprennent, avec une autre mauvaise nouvelle, une très mauvaise nouvelle. Et tu réagis pas sur le coup, tu te dis qu'ils doivent se tromper, que c'est une erreur. Tu fais plus confiance aux hôpitaux. Alors tu rentres dans sa chambre, le sourire aux lèvres de la voir dans ce lit, en vie, les chaînes de télé qui changent, une par une. Ivy, tu m'as faite peur que tu dis en venant vers elle pour la prendre dans tes bras et la serrer. Comment tu te sens ? Tu vois bien que sa tête a été touché, mais tu réalises pas. Elle a l'air en pleine forme, elle même. Ils doivent se tromper. Ils doivent être encore moins compétents qu'à Boston alors forcément ils disent n'importe quoi.

T'as flippé, paniqué, quand t'as reçu ce message de Wade. T'as foncé direct à l'aéroport pour aller récupérer Lucky et Dimitri et partir au Laos. T'as reçu quelques sms quand vous avez dû vous stopper pour refaire le plein de l'avion, mais sinon rien. T'as juste eut l'adresse de l'hôpital pour aller la voir et c'est là bas que les médecins t'ont prévenu. Elle est réveillée mais quelque chose a changé. Pas un petit quelque chose, mais toi, tu ne veux pas y croire. Ce sont des incompétents, qui disent de la merde. Tu rentres dans sa chambre, t'avançant vers elle, lui disant combien t'as eu peur, tout en la serrant dans tes bras. Une étreinte douce, pour ne pas lui faire mal, mais une qui exprime combien tu tiens à elle. Ivy, si tu la perds, tu perds une part de toi, une moitié. C'est ta meilleure amie depuis toute petite, tu la connais depuis tant d'années, que tu ne conçois pas un futur sans elle à tes côtés. J'arrive pas de Londres Ivy que tu lui dis, ne faisant pas encore attention à ce que les médecins t'ont dit. Elle semble en super forme, mais elle se met à te parler de ton visage, d'un botox que tu aurais fait. Tu fais des gros yeux et hausse un sourcil quand elle parle de ton approche des trente ans. J'ai pas touché mon visage Ivy, jamais je ferai ça. Mine choquée, ton visage est parfait comme il est, tu risques pas de passer sous le bistouri, ni de te faire tirer le visage. Tu captes pas encore qu'elle est bloquée à cinq ans en arrière. Tu réagis pas qu'elle se pense avoir dix neuf ans et que forcément en voyant ton visage avec cinq ans de plus, elle se dit que t'as prit un sacré coup de vieux donc botox. Puis elle enchaîne avec Wade et Maëlys. L'ex du mather, dont t'as entendu pas mal parlé de part la blondinette. Tu tiltes petit à petit, que les médecins ils ont peut être pas menti, ils sont peut être pas aussi nuls que ça... Ivy, c'était mon anniversaire y a un mois, j'ai fait quel âge ? que tu essayes de demander en ayant l'air pas trop étrange. Faut pas lui faire un choc, ça peut être pire, ça peut la braquer et même la faire retarder à retrouver la mémoire. Un risque que tu n'es pas prête à prendre. Si elle a oublié les cinq dernières années, elle a donc oublié toute cette année, où vous vous êtes retrouvées, encore plus rapprochées. Elle va oublier Denys, elle va oublier la chanson qui n'est pas tout à fait finie, elle va oublier de t'épauler sur certaines choses qu'elle comprendra pas. Bref, c'est pas possible.

Ils te l'ont dit mais t'as voulu en faire qu'à ta tête, rien écouter. Pourtant, au fur et à mesure qu'elle parle, tu trouves des petits détails étranges. Déjà elle croit que t'as fait du botox, ensuite elle parle de Wade et Maëlys, qui ne sont plus ensemble depuis longtemps. Ca devrait être Briony qu'elle devrait dire comme prénom mais non... Alors tu finis par lui demander l'âge que tu as fait début juin. Dix huit ans qu'elle te dit. Tu tousses légèrement, pour masquer ta surprise. Non pas possible, la connaissant elle doit te faire une blague, elle doit s'amuser avec toi pour te faire croire qu'elle a perdu la mémoire. Elle doit trouver ça marrant elle. Tu ne réponds pas, qu'est ce que tu vas dire ? Que t'en a vingt trois et elle vingt cinq normalement ? Non, ils t'ont dit de ne pas la brusquer, d'y aller en douceur. Mais comment tu peux y aller en douceur ? Tu sais bien que je vais aller dans le New Hampshire, étudier là bas, mais c'est pas loin, on pourra se voir bien plus souvent. C'est seulement à quelques heures de route, rien de bien fou. Enfin à l'époque si tu avais su que tu allais venir étudier à Harvard toi aussi, et y rencontrer des gens géniaux, dont Denys, et développer de forts sentiments pour lui... Tu chasses le jeune homme de tes idées, tu peux même pas lui parler de lui puisqu'elle se croit cinq ans en arrière. Tu peux me dire ce dont tu te souviens ? Me faire un petit résumé de ta vie, tes relations, amicales comme amoureuses ? que tu tentes encore une fois de savoir, pour voir ce dont elle se souvient ou non. Si elle est vraiment bloqué à des années en arrière ou pas.

Sa question te fait de la peine, car vous aviez déjà eut cette discussion y a cinq ans, sur ton choix d'université, sur pourquoi tu voulais aller à Darmouth et non Harvard. La dernière était l'université où tes propres parents avaient étudiés et franchement tu t'attendais trop à ce que ton père veuille que tu rejoigne la eliot, comme Ayma l'avait fait au final. Toi, pas question, alors en allant là bas, à Darmouth, qui avait un très bon programme et réputation, tu allais être tranquille. Loin de lui, d'elle, de la réputation de la famille à tenir dont tu te tape. Ceci avaient été tes raisons à l'époque. Elle avait comprit mais voilà qu'il fallait revenir dessus. C'est pas pour les mecs, je doute pas qu'ils sont canons à Boston, c'est par rapport à mon père et ma sœur. Là bas je serai tranquille. Libre tu avais été, de faire ce que tu veux, de rendre de compte à personne, de pas avoir Ayma dans les pattes, bien que tu avais débarque l'an dernier à Boston, justement pour lui pourrir la vie et lui annoncer être sa demie sœur et non sœur sœur. C'est seulement à deux heures de route, t'inquiète je viendrais te voir souvent et vérifier si les mecs sont aussi canons que tu le dis. Et sur ce point tu n'avais pas été déçue. Un an auparavant t'avais rencontré pas mal de mecs qui avaient fini dans tes draps. Royce, Milan, Amare, Gidéon, Milo, et la liste était encore bien trop longue pour te rappeler de tous. T'avais même goûté aux profs, et à présent ? Un seul avait ton cœur et ton corps... Voyant qu'elle pensait que tu avais dix huit ans, tu cherchais à savoir ce dont elle se souvient, creusant sur sa vie amoureuse, sur son quotidien. Elle pensait ne pas avoir de vie amoureuse, pourtant aux dernières nouvelles tu savais qu'elle était intime avec Aaron. Tu savais aussi que Maelys n'était plus là et qu'elle n'était plus à la lowell depuis un petit moment déjà. Malheur. T'as prit un coup sur la tête, les médecins voulaient savoir si tu allais bien, si y avait pas de séquelles. Ca allait être crédible. Je vais leur dire que tout va bien, je reviens... Un baiser sur sa joue, tu quittes la chambre pour aller voir un médecin. Cherchant à savoir ce qui se passe, combien de temps ça va durer ce trou de mémoire, si elle va un jour se souvenirs de ces années qui lui manquent. Incapable de te répondre, de te donner une réponse fiable, directe, tout dépendant de son choc, de son envie de se souvenir, ils peuvent rien dire. Ca change d'un patient à l'autre. Pas rassurée, tu te poses contre le mur de l'hôpital, ta paume de main se plaquant sur ton front. Perdue, désarmée. Pourquoi elle ? Puis... la petite ? Tu te souviens qu'elle t'a dit en avoir la garde car Landry s'absentait pendant trois mois pour son truc de foot. Naélie elle est où là ? Tu sms vite Wade, il doit peut être savoir, tu espères. Tu te sers un verre d'eau et tu retournes dans la chambre, tentant de sourire, ne rien laisser paraître. Tu vas devoir rester un peu ici, ensuite tu pourras sortir, mais tu devras rentrer avec moi sur Boston Ivy. Comment tu allais expliquer que tu vis sur Boston d'ailleurs ? La panique te gagnait totalement.

Tu lèves les yeux au ciel en l'écoutant. Elle trouve ça peut être drôle de te penser constipé comme elle dit, mais toi ça te fait pas rire, vraiment pas. Elle a perdu la mémoire, tu dois jouer la comédie pour pas la brusquer et puis elle se croit avoir 22 ans alors c'est pas cool. Tu sais pas trop comment gérer ça, t'es encore sous le choc toi. Tu vas donc voir les médecins pour voir ce qu'ils disent. Médecins qui savent pas quoi te dire car tout dépend d'un patient à un autre. Déboussolée quand ils ont aucune réponse à t'apporter, tu reviens dans la chambre, lui annonçant les choses. Elle doit rester un peu ici, ensuite elle pourra sortir et surtout elle devra rentrer avec toi à Boston. Ce qui semble pas lui plaire. D'abord joyeuse devant sa série préférée, elle finit par s'emporter, n'acceptant pas cette nouvelle. Elle t'énerve, encore plus quand elle explique vouloir rester avec Wade. Non mais la blague là ! Non Ivy, tu rentres avec moi et tu restes encore moins avec lui ! Affirmatif. C'est à cause de lui qu'elle est dans cet état, que tu te retrouves dans ce pétrin, alors non elle restera pas avec cet enfoiré. Que tu tombes pas sur lui au Laos car tu vas le pourrir comme jamais. Et t'as beau dire non, elle continue à s'emporter, en français. Tu comprends rien, génial. Si tu pouvais parler en anglais ça serait mieux déjà. Voix un peu plus calme, tu comptes pas la laisser s'amuser ici, refaire la folle, prendre le risque de faire une autre couille. Tu rentres avec moi sur Boston, je veux pas qui t'arrive un autre truc Ivy, c'est trop dangereux. Et t'as oublié que la Ivy d'y a trois ans est têtue, encore plus que maintenant.