On était à quoi ? Non. Non, j'étais à quoi ? Quelques mètres de mon hôtel, mais j'avais quand même du mal à me situer. J'avais l'impression que les rues se déformaient, qu'elles bougeaient, qu'elles ne voulaient pas me laisser passer. J'étais bourrée. Mais bourrée bien, j'étais en forme. Pour rire, (seule oui), parler (toujours seule) et même bien d'autres choses. Je cherchais en vain le retour vers l'hôtel, et j'avais bien l'impression que si je ne me posais pas pour me remettre les idées en place, j'allais finir la nuit dehors. Et... non merci. On sait pas ce qu'il peut m'arriver dans ces rues. On pouvait bien me retrouver morte dans une flaque de sang. Je décidais alors de faire une pause, pour m'accroupir sur les marches de ce qui ressemblait à bar, ou un club de strip tease, j'en sais rien. Je sortais un petit paquet de ma poche, et en récupérait une cigarette.  Je ne fumais presque jamais, mais j'avais toujours un paquet avec moi. Pour les urgences, dirons-nous. Je l'allumais et forcément, je me rendais compte que j'avais perdu mon briquet. Bordel de merde. Au même moment, j'entendais un fond de musique et voyais un mec sortir du bâtiment. Je soupirais, n'ayant pas vraiment envie de lui demander du feu. Tellement cliché, et nul. Blasée, je jetais machinalement la clope par terre, ou plutôt sur le mec. Je n'avais visiblement plus la notion de la distance.

J'avais fait de mon mieux pour m'intégrer, pour essayer de rencontrer du monde. On était beaucoup quand même, il devait y a voir plusieurs centaines de harvardiens au Laos pour l'été, les chances d'en recontrer quelques uns étaient assez hautes tout de même. Par contre, passer chacune de mes soirées en boîte à attendre que quelqu'un vienne lancer une conversation n'allait pas aider, fallait que je prenne les choses en main et que je lance la conversation par moi-même. Mais d'un autre côté, c'était bruyant à l'intérieur, ça ne facilitait pas la conversation, bref j'allais être beaucoup plus efficace à l'extérieur. Ou bien je pouvais juste m'arrêter là, filer à la maison et faire une bonne sieste. C'était un peu tard après tout, plusieurs clubs commençaient à fermer leurs portes et même celui que je m'apprêtais à quitter commençait à se vider. Mouais, autant juste retourner chez moi. Je sortais, descendis les escaliers qui menaient à l'entrée de la boîte et sortis mon téléphone pour appeler un taxi. "La prochaine fois essaie de la jeter dans la poubelle." dis-je, en me tournant vers une des personnes accoudées le long du mur. Je me penchais pour aller jeter la clope (qui avait d'ailleurs l'air neuve, un vilain gaspillage) et regardais à nouveau la fille qui était assise par terre. "T'as l'air dans un sale état, nuit arrosée j'imagine?"

C'était probablement la première fois depuis le début de l'été que j'étais blasée de la sorte. Je n'en connaissais pas les raisons, j'étais juste bourrée et j'avais pas de feu. C'était assez visiblement pour me mettre de mauvaise humeur. En plus, je voyais tout ces gens quitter le bar devant lequel je squattais. Je faisais tellement pas attention à ce que je faisais ni, aux gens autour de moi que j'avais malencontreusement jeté ma clope neuve sur un mec. Je ne relevais pas la remarque. Ouais, bah si je l'avais pas jeté dans une poubelle, c'est qu'il n'y en avait pas une à ma portée. Je soupirais, me relevant en secouant mon short parce que des saletés s'étaient collées dessus. « J'suis dans un sale état ? T'as qu'à dire que je ressemble à un coprolithe aussi non ? » dis-je en rigolant. Ouais, l'alcool me faisait dire des mots très chelou, mais je n'y peux rien, je suis un dictionnaire ambulant. Je levais mon regard vers le mec en question, et je me rendais compte que je le connaissais de vue. « T'es dans mon équipe je crois ? Hum... » Je cherchais son prénom. Impossible de le retrouver. Merde, moi qui me souvient de tous les détails d'habitude. Ça ne me revenait pas. « J'suis paumée, t'arriverais à me ramener au golden sun hotel ? » lui demandai-je en me rapprochant.

Elle semblait avoir été offusquée par mon commentaire. Bah oui, faut pas croire que tu brilles dans la nuit quand t'es assise par terre en train de jeter des clopes sur un inconnu, clairement t'es dans un sale état. Elle se levait donc, et continuait son commentaire sur mon comportement, avant de se rapprocher un peu. Je réussis à distinguer son visage, et bizarrement nous étions sur la même longueur d'ondes; on savait qu'on était dans la même équipe, mais on ne connaissais pas les noms de chacun. Autant juste le garder un mystère tiens. "Hum, je te reconnais, ouais on doit être de la même... Allo?" On me répondait enfin, je dis au taxi de venir me chercher à cette fameuse boîte, tandis qu'elle se rapprochait encore de moi pour me demander de lui dire de la déposer au golden sun hotel. Tiens, moi qui était arrivé en retard, j'étais obligé de prendre une chambre à l'hôtel pour le mois de juillet, le temps que des chambres se fassent libres. "Oui. Pas de problème. Merci, à plus tard." Je raccrochais, et soupirais en tournant la tête vers la fille en question. Je reculais d'un pas. "Le taxi arrive d'ici quelques minutes, on a de la chance il est dans le coin. Tu as une chambre là-bas?" dis-je, en faisant référence à l'hôtel en question.

J'étais peut être bourrée, mais je savais encore reconnaître les gens. Un bon point, peut être ? Ce mec était dans mon équipe, je l'avais reconnu. Mais bref, le mec m'ignorait royalement, il décidait de passer un appel. Ok, un taxi sûrement. Du coup, je sautais sur l'occasion et lui demandais de me ramener à l'hôtel. Ca va, ça lui coûterait presque rien et peut être même bien que c'était un cadeau que je lui faisais. Franchement, partager un taxi avec une jolie fille, c'est cool non ? « Oui j'ai une chambre là-bas. T'es à quel hôtel ? » demandai-je, en le regardant. C'était quand même bizarre, j'avais plutôt bien parlé avec tous les membres de mon équipe et lui, je ne le connaissais pas. Enfin, je crois que je ne connaissais même pas c'est prénom. « J'suis Olympe, au fait. Et ton prénom me revient vraiment pas, désolé. » dis-je en rigolant légèrement. Quel boulet, pour le coup. Quelques minutes après, le taxi arrivait finalement.

Pfiou, non seulement on était de la même équipe, mais on partageait le même hôtel en plus. C'était définitivement son jour de chance. Ou peut-être pas en fait, vu son état. Enfin, elle avait probablement eu une nuit arrosée et assez fun contrairement à moi qui m'était bien ennuyé lors des dernières heures de la soirée, donc j'étais en aucune position de parler. « Comme toi, j'ai une chambre au Golden Sun, c'est ton jour de chance » dis-je en souriant légèrement. Ah merde, c'était probablement sorti de ma bouche sur un ton plus joueur que je le souhaitais. Merde, bon allez pas grave hein. Le taxi s'approchait, et d'ici quelques minutes il finit par arriver, tandis que la dénommée Olympe me lâchait une question. «Orlando, comme la ville. Je crois pas qu'on se soit déjà parlé, donc je te blâme pas t'en fais pas. Enchanté, Olympe. » dis-je avec un léger rire. Je me penchais pour ouvrir la porte du taxi et lançais un regard à Olympe, comme pour l'inviter à rentrer avant moi. Allez, j'te tiens la porte, ne rends pas la situation gênante.

J'avais peut être de la chance d'être tombée sur lui. C'était un étudiant d'Harvard, un mec de la même équipe que moi et par conséquent, j'imagine que je ne risquais pas grand chose avec lui. Le niveau d'alcool que j'avais ingurgité pendant la soirée me poussait à lui faire confiance et je lui demandais donc de me ramener à l'hôtel. Il avait une chambre dans le même hôtel que moi, comme par hasard, au moins, je ne lui ferais pas faire un détour. On partagerait seulement le même taxi. Je souriais en le voyant me tenir la porte du véhicule, alors qu'il disait s'appeler Orlando. Je le regardais un instant, avant de finalement m'avancer pour entrer dans la voiture.  « Alors enchantée, Orlando. » lâchai-je doucement à sa hauteur, avant de m'asseoir à l'intérieur. Le trajet se fit dans le plus grand des calmes, l'alcool et mon état euphorique commençait à redescendre pour laisser place à la Olympe calme et contrôlée de d'habitude. « Je crève de faim. » dis-je en soupirant. Le taxi arrivait finalement à destination et je payais le chauffeur, avant que le jeune homme ne le fasse. Je lui lnçais un regard amusé, si ce n'était pas un radin, il allait se sentir dépassé et un peu mal à l'aise de mon geste. Exactement ce que je recherchais.  « C'est pour te remercier d'avoir eu pitié de la nana qui t'a lancé une clope dessus. » dis-je en riant.

ps: désolé pour le retard chat