Charline Watterlovv & SLOAN BUSHNELL
Encore une fois, Sloan ne savait pas trop ce qu'il foutait là. Ses potes avaient probablement dû l'embarquer dans ce café karaoké sans qu'il ne s'en soit rendu compte, encore. Ce n'était pas la première fois qu'il foutait les pieds ici, il s'y était rendu quelques jours auparavant avec une bonne partie de son équipe, histoire de passer du bon temps. Il avait échappé de peu à la scène et à l'obligation de devoir chanter faussement devant un public indulgent ou complètement bourré. Son état de ce soir était plutôt pas mal, il n'était pas ivre à ne plus savoir comment il s'appelait, disons plutôt qu'il était joyeux. Extrêmement joyeux. L'Eliot en avait oublié tous ses petits problèmes et semblait se concentrer sur l'essentiel, le verre vide qu'il tenait dans la main. Sa bipolarité était tellement lointaine à cet instant précis, cela en était délectable. Sa pseudo relation chaotique avec Rhiannon n'était plus qu'un simple souvenir, une illusion dérisoire. Ce soir il touchait enfin du doigt le bonheur. Il ne pensait plus à rien et la drogue n'y était pour rien, c'était une petite victoire pour lui. Le beau brun se leva finalement de sa table où il était installé depuis plus d'une heure avec ses potes et contourna les étudiants pour se rendre au bar. Pas le temps d'attendre le serveur, il avait soif. Terriblement soif. En chemin, il bouscula malencontreusement une blondinette. Le premier réflexe de Sloan fut de regarder son verre vide, il était rassuré de voir qu'il était ... toujours vide. Son regard se posa sur la jeune fille, il fronça les sourcils. « Nooora ! » s'exclama-t-il avec un fin sourire sur ses lèvres. Ouais, sur ce coup-là, il n'était pas trop sur de lui. Il approcha doucement son visage en la fixant sans la moindre retenue. C'était elle ou pas ? Le doute planait dans son esprit mais avec tout l'alcool ingurgité, c'était compréhensible. C'était certainement Noora mais quelque chose clochait. Celle qu'il prenait pour sa meilleure amie lui expliqua s'appeler en réalité Charline, exactement comme son ex. L'Eliot secoua légèrement sa tête, paniqué, les sourcils toujours aussi froncés. « Charline ? » répéta-t-il bêtement. Il était incapable de réfléchir tant la situation était floue pour lui. Perdu entre tous ces prénoms et le physique atypique mais approximatif de Noora qu'il avait devant les yeux, il se mit à rigoler légèrement. « T'es pas Noora, t'es Charline mais tu ressembles à Noora et t'as le prénom de mon ex ... Mais quel genre d'hallucination tu es ? » lui demanda-t-il amusé. Sloan n'avait pas fumé et il le savait très bien, cela n'était donc pas dû à une hallucination. En plus cette fille avait l'air aussi réel que le taux d'alcool dans son sang. « Oh et puis peu importe. » Il passa son bras autour de son cou et vint se placer à côté d'elle. « Avec un aussi beau mélange, tu ne dois pas être bien méchante. Viens on va se chercher à boire. » lui proposa-t-il en avançant vers le bar, l'obligeant à le suivre. Ouais, Sloan a toujours été un mec très naturel et spontané, il parlait à tout le monde avec une facilité déconcertante. Pour une fois, l'Eliot était envahi de légèreté et comptait bien en savoir un peu plus sur cette fille mystérieuse.

Charline Watterlovv & SLOAN BUSHNELL
Il n'avait pourtant pas prit de drogue, c'était étrange qu'il voit des hallucinations aussi réelle. C'était la première fois de sa vie qu'il voyait cette fille et pourtant, il avait l'impression de la connaitre depuis des lustres. Son prénom et son physique ne lui étaient pas inconnus mais n'allaient pas ensemble. Tournaient dans sa tête, des idées et des suspicions, toutes plus loufoques les unes que les autres. Elle avait quelque chose la petite Charline, quelque chose d'inexplicable. Un charme fou. C'était bizarre de rencontrer une fille qui ait les mêmes caractères physiques que sa meilleure amie et le prénom de son ex. C'était un beau mélange des deux. Sloan restait persuadé que s'il creusait un peu et qu'il cherchait à savoir qui elle était vraiment, il trouverait d'autres similitudes dans ce genre. Il voulait en apprendre davantage sur elle, qui était-elle, que faisait-elle ici mais surtout, pourquoi lui apparaissait-elle que maintenant. L'Eliot ne croyait pas au hasard et faisait parti de ceux qui pensait que rien n'arrive sans bonne raison. Le destin lui avait mis Charline sur son chemin, il se devait de découvrir pourquoi. Prit dans un léger trip paranoïaque, il passa son bras autour de son cou et l'emmena jusqu'au bar dans l'unique but de lui offrir un verre et de prolonger cette rencontre impromptue. Ses yeux se posèrent délicatement sur elle. La belle blonde ne lui inspirait pas la colère ou l'instabilité, bien au contraire, il avait cette sensation familière et rassurante de déjà la connaître. Un fin sourire se dessina à sa remarque, c'était mignon, touchant même. « Bien sûr que c'est un compliment, un très beau compliment même. Je t'assure, tu n'as pas l'air bien méchante, je suis certain que tu ne ferais pas de mal à une mouche. Ça change de toutes les filles déterminées à pécho qu'on voit ici, c'est tout à ton honneur, je t'assure. » répondit-il d'un naturel déconcertant. Sloan n'a jamais été un homme attiré par les coups d'un soir. Dire que cela ne lui était arrivé serait un mensonge mais il n'était pas pour, il trouvait ça inutile et plus déprimant qu'autre chose. L'Eliot avait clairement un problème avec le vide et se lever seul tous les matins était particulièrement difficile pour lui. Il avait besoin d'une présence rassurante donc sentir un parfum de fille inconnue dans son lit ne lui plaisait pas, il n'aimait pas ça. La discussion venait de prendre avec Charline, il n'allait plus la lâcher de toute la soirée ou du moins, tant qu'il ne saura pas qui elle est vraiment. Son sourire vint s'élargir lorsqu'elle replaça correctement ses cheveux. Ah, il avait à faire à une fille soigneuse et soucieuse du détail, c'était une bonne chose. « Tu as raison, moi c'est Sloan et toi tu es Charline ... ? » lui demanda-t-il à son tour. Un rapide échange lui permit de se calmer instantanément, sans qu'il ne s'en rende compte, il était devenu apprivoisable. La blondinette commanda rapidement des shooters, bon choix Charline, très bon choix. « Des shooters arc-en-ciel, tu n'as pas froid aux yeux, j'aime. » dit-il en venant finalement s'asseoir sur le tabouret à côté du sien, il ne paiera pas plus cher pour autant. Rapidement le serveur sortit quelques shooteurs qu'il disposa devant eux et fit quelques manipulations de bouteilles avant de remplir les verres de quelques gestes experts. Sloan le regarda faire, amusé. « Merci chef. » lança-t-il au serveur en apposant sur le comptoir un billet qui valait largement la prestation. Que Charline profite, c'était lui qui régalait ce soir. L'Eliot prit le premier shooteur qu'il vint déposer juste devant la belle blonde et fit pareil avec le sien, devant lui. Il prit son verre dans sa main et le tendit légèrement vers elle. « A cette rencontre un peu bizarre ? » lui proposa-t-il de trinquer. Les deux verres se claquèrent d'un claquement unique avant qu'il n'apporte son verre à la bouche et qu'il ne vide son contenu, d'une traite, dans son gosier. Il se mit à rigoler en la voyant faire, ah ça veut jouer aux grandes. Il reposa brusquement le verre sur le comptoir et se tourna vers elle. « Alors dis-moi Charline, qui es-tu ? J'ai un peu bu mais je décèle un petit accent dans tes phrases. Anglaise non ? » Ouais parce que Sloan était loin de s'imaginer que cette fille n'était pas une simple vacancière et qu'elle étudiait à Harvard, dans la même confrérie que lui.

Charline Watterlovv & SLOAN BUSHNELL
Trinquer à cette soirée un peu étrange semblait être une bonne idée. Personne n'aurait pu prévoir que Sloan allait tomber sur une réplique presque parfaite de sa meilleure amie, mélangée au prénom de son ex Charline, accessoirement, la première femme qu'il a aimé. Personne. Le destin avait œuvré et pour une fois, il avait bien fait les choses. Il avait mis sur son chemin, une fille qu'il semblait connaître et ignorer, c'était assez indescriptible comme sensation. Cette fille n'avait pas froid aux yeux et il savait pertinemment qu'elle tiendrait bien la route niveau alcool. Allez savoir pourquoi, il le savait. Un large sourire se dessina sur ses lèvres quand elle alla dans son sens. Les deux verres de shooter se claquèrent ensemble dans un petit bruit à peine audible avec la musique et, sans chercher à comprendre plus loin, il s'enfila son contenu directement dans le gosier. L'Eliot reposa brusquement son verre sur le comptoir et ne perdit pas une miette de son lever de coude. Il vint rigoler légèrement en la voyant faire. Puis vint le moment où un blanc aurait pu s'installer entre eux mais la nature plutôt curieuse du jeune homme le rattrapa bien vite. Il avait décelé dans ses mots un petit accent britannique mais avec le taux d'alcool contenu dans son sang, il était possible qu'il se soit trompé. Alors, pour en avoir le coeur net, il lui demanda. Sa soif de curiosité fut assouvie. Sloan l'écouta parler attentivement, il buvait littéralement ses paroles et les imprégnait dans son esprit. On pouvait lui reprocher tout ce qu'on voulait mais une chose était certaine, il savait écouter. Le grand Sloan. A ces mots, son sourire vint s'estomper à vue d'oeil néanmoins, il essayait de ne rien laisser paraître et lui répondit le plus naturellement possible. « T'as vu un peu l'oreille experte, je savais que je connaissais cet accent. Une belle anglaise, j'aime tes origines. Tu étudies à Harvard aussi ? Donc tu es là pour la même chose que moi, ouais le Summer Camp. Tu passes de bonnes vacances ? Tu es dans une équipe ou juste en touriste complet ? » Si seulement il savait. L'Eliot était à des années lumières de capter qu'elle était en réalité dans la même confrérie et qui plus est, dans la même équipe de que lui. Il voulait juste la découvrir sans réfléchir. La blondinette ne semblait pas se contenter de cette réponse. Elle voulait savoir qui il était, chose qu'il ignorait lui-même. Depuis quelques années, Sloan s'était perdu dans sa bipolarité et ne savait plus vraiment qui il était. Entre les apparences et le gamin nostalgique et blessé qui'il faisait, ses réactions et son caractère étaient influencés par la pression qu'exerçait la société dévastatrice sur lui. Mentalement très instable, la petite Charline jouait avec le feu sans le savoir. Sans crier gare, le beau brun se leva de son tabouret, attrapa l'un des deux derniers shooter préparés par soin avec le serveur et vint le boire cul sec. Il posa un billet indécent sur le comptoir et le fit glisser en direction du mec. « La bouteille. » demanda-t-il, toujours d'un calme olympien. Son regard croisa celui du serveur et il plissa les yeux avant de pointer du doigt la bouteille. « Allez file la bouteille de vodka. » grogna-t-il. Le serveur ne semblait ne pas comprendre, c'était bien la première fois qu'on lui demandait une telle chose mais il céda en voyant le billet élevé sur le bar. Sloan attrapa la bouteille de sa main et se tourna vers Charline. Il lui afficha un mince sourire sur ses lèvres et s'approcha dangereusement d'elle. Posant son autre main libre sur le comptoir, frôlant son bras au passage, il prit appui sur le bar et se pencha pour lui murmurer ces quelques mots au creux de l'oreille. « Suis-moi, j'vais te montrer qui es le grand Sloan. » Il se redressa et vint plonger son regard dans le sien. « T'inquiète, t'as rien à craindre avec moi. » lui sourit-il en lui tendant mystérieusement la main. Charline pouvait le suivre sans crainte, c'était un garçon avec un très bon fond qui ne ferait pas de mal à une mouche non plus. Il était juste mentalement instable et avait du mal à réagir à certaines émotions mais là clairement, la colère et l'angoisse étaient loin de lui, au contraire, il se sentait plutôt rassuré avec cette fille qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes.

Charline Watterlovv & SLOAN BUSHNELL
Sloan. Le grand Sloan. Voilà comment il était vu par les autres. Partout, par tous, il avait une réputation à tenir et des apparences à sauver. Hors de question d'apparaître tel qu'il était réellement, un petit délinquant du Bronx. Dans le monde dans lequel il vivait, ce n'était clairement pas possible. Il devait se montrer digne de la chance que son beau-père lui avait donné en lui permettant d'intégrer la Eliot House. Alors, depuis plus de huit ans, il jouait un double jeu qui l'avait conduit tout droit à une bipolarité avancée. Il ne pouvait pas aller contre sa nature et pourtant, il se donnait du mal pour s'intégrer dans une confrérie où il n'admettait pas les principes, où il régnait chaque membre et chaque amabilité. Avec le temps, c'était de plus en plus dur de faire des efforts et de garder le cap. Sa relation avec le vice président était assez houleux et compromettait son intégration. Sloan devait faire gaffe à chacun de ses mots, il devait se contenir au maximum pour éviter tout débordement. Mais pas ce soir. Pas avec elle. Charline. Cette fille qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes mais qui avait su captiver son attention. Elle avait quelque chose la petite, un petit truc spécial qui l'incitait à lui faire confiance. Pas la peine de surveiller son langage, il pouvait parler librement, il en était persuadé. Pourtant, ce n'était pas vraiment le genre de l'Eliot de faire confiance aux gens mais là, il avait l'impression de pouvoir, d'avoir prescription. « C'est exactement ça Charline, j'suis recherché dans douze états, j'ai pas spécialement envie d'écourter cette soirée pour la finir en taule. » répondit-il sans même prendre le temps de réfléchir. Lorsque la belle blonde lui avoua être chez les Aquarhums pour l'été, il ne tilta pas de suite, se contentant de sourire bêtement face à Charline. Après quelques secondes, son visage s'illumina et il se mit à rire faiblement. « Attends, t'es en train de me dire qu'on est dans la même équipe ? Comment ça se fait que je ne t'ai jamais vu avant ? » lui demanda-t-il, intrigué. Au final, la discussion changea rapidement de bord lorsqu'elle prononça les quelques mots de trop. Le grand Sloan. Sans chercher à comprendre plus loin, il interpella le serveur et lui demanda la bouteille de vodka. Il ne voulait pas s'éterniser ici, c'était une très mauvaise idée. Et puis de toute façon, il ne savait pas quoi répondre à sa question. Qui était-il ? Il l'ignorait et s'était juste complètement perdu en route. La main tendue vers Charline, il attendait patiemment sa réponse, les yeux rivés sur elle. Rapidement, elle posa sa douce main dans la sienne. Il baissa les yeux pour mettre un visuel sur ce contact et afficha un mince sourire sur ses lèvres. « Méfies-toi quand même des apparences Charline. » lança-t-il en affichant son légendaire rictus sur le coin de ses lèvres. Cette proximité n'était pas bonne et il le savait. Sloan mettait un point d'honneur à ne laisser entrer personne dans sa zone de confort, il ne voulait pas risquer d'être violent ou d'avoir un quelconque geste déplacé envers elle. Et pourtant, Charline se tenait à quelques centimètres de lui. Sa mâchoire se serra avant qu'il ne lui glisse quelques mots, rien que pour eux. « Alors allons-y. » Sans attendre plus longtemps, il avança dans le bar et contourna les étudiants qui étaient en train de danser pour rejoindre la sortie. Une bouteille dans la main gauche, la présence de Charline dans la main droite, il tenait fermement sa main pour ne pas la perdre. Son épaule percuta violemment celle d'un autre mec planté là. Le visage de Sloan changea en une fraction de seconde, il devient froid et tiré. Le regard perçant vers ce mec qui avait osé le bousculer, il s'arrêta de marcher. Reste tranquille Bushnell, ce n'est pas le moment de faire des vagues. Alors que sa respiration s'était accélérée, il se retourna vers Charline et là, contre toutes attentes, les traits de son visage virent se radoucir à vue d'oeil. Sans un mot, il continua sa route vers la porte. Une fois à l'extérieur, le beau brun resserra légèrement son emprise sur elle mais garda sa main dans la sienne. Il cala la bouteille sous son bras et attrapa maladroitement son paquet de clope d'où il sortit une cigarette qu'il déposa sur le bord de ses lèvres. « Tu fumes ? » lui demanda-t-il subtilement en lui tendant le paquet. Sloan se dirigeait vers son hôtel, qui était à quelques rues d'ici, avec une petite idée en tête.