Les doigts tremblants, elle compose un numéro, numéro qu'elle aurait cru ne plus jamais composer. C'en était si douloureux qu'elle l'avait supprimé, et s'est retrouvé obligée de contacter des amis en communs pour le récupérer. Et à chaque sonnerie, c'est son coeur qui bat fort dans sa poitrine,
qu'elle entend à la place des tonalités.

C'était pas facile, déjà sortir d'un coma, tu t'étais douté que tous tes proches avaient dû être bien trop inquiets. Mais t'avais surtour apprit que pour eux, tu avais été passé pour morte, te privant de leur soutient pendant toute la semaine, et aggravant leur peine. C'était terrible. Petit à petit, tu les avais informé. Une chose les réunissaient, ils pensaient tous à une blague au premier abord. Une putain de mauvaise blague. Tu pouvais comprendre leur réaction, comment une personne morte peut envoyer des messages ? De quoi penser à des abrutis qui osent s'amuser de la situation. Ce monde est tellement remplit de personnes malhonnêtes... C'était donc épuisant de répéter les mêmes choses, de radoter, d'etre un disque qui passe en boucle et en boucle, sans s'arrêter. C'était pas leur faute, ni la tienne. Et forcément, parmi les SMS, tu avais aussi des appels, comme là, à l'instant, voyant le nom de Margot s'afficher. Un sourire, tu decrochais dans la seconde. Je me demandais quand la plus jolie des rousses allaient m'appeler, j'étais sur le point de le faire. Tu l'a connais pas depuis longtemps, mais assez, assez pour en être proche. Les moments de faiblesses, les moments où on est au plus bas, c'est souvent eux qui rapprochent les gens. Deux âmes perdues ne peuvent que se lier pour former une belle amitié. Tu es au Laos ? La question que tu demandais à tout le monde. Ils étaient chanceux, tu aurais tellement aimé y aller, avec Denys.

D'abord, elle avait cru à une blague, comme beaucoup. Puis on l'avait encouragé à vérifier d'elle même. Ash était vivante. Elle ne la connaissait peut-être que depuis quelques mois, mais il y a des épreuves qui forgent de solides amitiés, et le lien entre Margot et la blonde en faisait partie. Elle s'y était attachée. Elle l'avait pleurée. Et elle pleurait à nouveau, en l'entendant parler au téléphone. Une main contre ses lèvres, sous le choc, elle rit à travers ses larmes en l'entendant parler. « Oui... » Qu'elle parvient à articuler, non sans difficulté. « Putain.. » Ouais, deuxième mot qui lui vient. Au moins, c'est spontané. Assise en tailleur sur son lit, elle remercie le ciel qu'Eliot ne soit pas là pour voir son état lamentable. « Tu nous a fait une belle frayeur, Ash... » Rhiannon était... lamentable. Et Margot, elle avait préféré noyer le tout, comme ses sentiments pour son "colocataire" du SC, dans l'alcool. « ... Comment tu te sens ? »

Tu l'entendis tout de suite, qu'elle était bouleversée, d'entendre ta voix, de se dire que c'était bien réel, que tu étais toujours parmi les vivants. Même dans son rire, tu la discernais cette petite gorge nouée et les larmes qu'elle tentait de cacher, de ravaler. Tout comme son 'putain' qui trahissait qu'elle n'en revenait pas. T'étais habituée presque à ce genre de réactions, et ça te serrait toujours autant le cœur de le constater, que tu avais des amis en or. Un entourage que tu n'échangerais pour rien au monde, même pas de l'argent, et dieu sait que t'aimes ça, l'argent. C'est plus fort, d'avouer la peur que tu leur a fait. C'est compréhensible. Tu ne peux pas imaginer vraiment. Malgré que t'as craint cette annonce, quand ta sœur a disparu dans le ciel, que son avion c'était craché quelque part. Personne ne peut vraiment imaginer la douleur de la perte d'un être chère, jusqu'à que ça tombe sur les bras. Et puis, la douleur n'est jamais la même, car le lien qui unit deux être est propre à ces personnes. La souffrance de Margot, n'était pas la même que celle de Denys, ou bien celle d'Aymalyne. Le passé, le présent, tout ça avait un impact dans comment la douleur était perçue. Je sais... Je suis désolée... que tu disais pour la énième fois. T'avais rien à te reprocher, pourtant, tu ne cessais de culpabiliser de leur avoir foutu la trousse de leur vie. Un légume... Un beau légume... Histoire de dédramatiser. Tu t'en étais sortie, c'était ça l'essentiel. Mais, je suis accrochée à des tas de fils, la nourriture est dégueulasse et la tenue je t'en parle même pas... La faire rire, lui montrer que la Ashleigh qu'elle connaît est toujours là, même si la lowell t'a connu à une période désastreuse, où la noirceur était devenue ta meilleure amie, la descente aux enfers ton quotidien. Et toi ? C'est bien le Laos ? Il fait beau ? Y a des beaux garçons ? Y a surtout Eliot ? En une semaine, t'avait sûrement raté des choses...

Il lui faut un temps pour réaliser la chose, dans un premier temps. Et elle fait des efforts, Margot, pour rien laisser paraître. Parce qu'elle s'en doute, pour Ash non plus ça ne doit pas être une partie de plaisir. D'ailleurs, dès que la rousse lui fait part de la peur qu'elle a eu, elle s'excuse, et c'est avec frénésie que la jeune fille secoue la tête. « C'est pas ta faute Ash.. t'excuse pas. » C'est plutôt la faute de cette infirmière incompétente, qui a eu le culot de faire une telle erreur. Ils l'avaient pleuré, elle était en deuil, Margot, quand elle avait eu l'information. Et rien que pour ça, la rouquine elle pourrait clairement devenir méchante envers la responsable. Heureusement, Ashleigh la distrait en parlant de ses conditions de vie - et dieu, ce qu'elle aimait l'association de ces mots, Ashleigh et vie - à l'hôpital, lui arrachant un sourire. « Le jour où tu trouveras un hôpital où la bouffe est bonne .. préviens moi. » Qu'elle répond en souriant, plus franchement, chassant ses larmes d'un revers de la main en retrouvant peu à peu l'air qui lui manquait. Puis elle l'interroge, et la rousse remet ses idées en place, réfléchit un instant, tente de se remettre de ses émotions. « C'est bien, ouais.. il fait beau, puis c'est à part, niveau ambiance.. et c'est magnifique. » Ca y avait pas à cracher dessus. Puis quand elle parle des garçons, évidemment, Eliot habite son esprit, directement. Mais elle le chasse mentalement. « Puis les beaux garçons, j't'avoue qu'y en a pas mal, rien de bien sérieux, disons que ce Summer Camp permet de jouer les aventurières sous tous les fronts! » Et elle rit, rire léger, parce qu'elle ne peut pas s'empêcher de penser au blond, mais sincère. « Y a des gens avec toi quand même ..? J'veux dire, j'espère que t'as des proches à Cambridge.. » Parce qu'elle le sait, le SC, c'est l'évenement de l'année. Alors beaucoup sont partis...

Tu t'excuses, te doutant de la peur que tu as infligé, involontairement. Elle te reprend la rousse, un pue comme tous. Et en comprenant bien qu'elle est encore touchée, émue, tu veux lui changer les idées. Tu vas bien, t'as rien de grave, qu'elle ne se fasse pas plus de soucis pour toi. La bouffe, c'est donc le sujet à aborder. La blouse que tu portes aussi. Sans compter ces murs blancs, vides, qui manquent d'âmes, de couleurs, de joie. C'est morbide, ça sent pas forcément bon. C'est un hôpital quoi, elle le fait bien comprendre par sa réplique. C'est vrai... Tu te vois déjà sortir et foncer dans un fast food, genre five guys ou un bon chipotle. La bouffe mexicaine c'est la vie, voilà. Quant au summer camp, au Laos, t'es curieuse de savoir comment c'est là bas. Elle semble apprécier. Comment ne pas le faire aussi ? Je dois venir fin juillet, début août, tu me réserves une matinée, aprèm ou soirée ? Ou les trois, tant cas faire. Alors que niveau garçons, elle est un peu plus vague. Tu soupçonnes qu'un certain winthrop n'y soit pas pour rien. Eliot, foutu eliot. Qu'à t-il encore fait ? Je veux en savoir plus au fur et à mesure hein. Je suis pas là physiquement mais je veux l'être mentalement. Ne rien manquer, être au moins tenu informé par messages, par appels. Alors qu'elle, aussi, se demande si t'as de la compagnie à Cambridge. C'est vrai que les trois quarts sont partis, heureusement t'as Denys. Le seul dont t'a vraiment besoin actuellement. Le seul qui peut te faire aller mieux rien qu'avec sa présence. Je devais rester ici avec mon meilleur ami pour l'été, donc je suis pas seule t'inquiète. Meilleur ami, tiens c'est que ça te choquait presque ce mot désormais. Il représentait tellement plus que ce que tu pouvais décrire en ces deux mots. Tu sais, celui qui s'est retrouvé coincé en prison... Celui qui avait indirectement causé ta perte, à cause de ce complot que tu soupçonnais grandement contre lui, contre toi.

Elle n'a pas à s'excuser, jamais, pas une seule fois. C'est l'hôpital qui devrait le faire, et très honnêtement, si ça ne tenait qu'à Margot, à la place d'Ashleigh elle les attaquerait pour avoir fait une telle erreur. Peut-être qu'elle pense ça sous l'impulsion de la colère, mais n'empêche. Mais elle s'efforce de ne plus penser à ça, de changer de sujet. Le plus important, c'est qu'elle soit toujours là. « J'te réserverai n'importe quoi, tiens moi au courant. » Et surtout, elle savait déjà qu'elle allait lui sauter au cou - avec modération pour ne pas la blesser - dès lors qu'elle la verrait. Puis Margot sourit, en entendant combien Ash voulait être au courant des choses, même à distance. « Promis.. Pour l'instant, je veux surtout penser à moi pour cet été, et arrêter de me prendre la tête pour un certain mec. » Et elle sait précisément de qui la rousse parle. Elle détourne finalement le sujet vers elle, vers Cambridge. Est-ce qu'elle était seule ? Apparemment, non. Et Margot, elle peut pas retenir un sourire quand elle entend parler de son meilleur ami. « Denys, c'est ça ? » Elle lui en a tellement parlé qu'évidemment, elle a retenu le prénom. « Il est sorti ça veut dire ? » Ok, elle avait peut-être loupé cet épisode.

Un sourire prend place sur tes lèvres. Elle te réservera n'importe quoi. Peut être pas le genre de choses à te dire quand on te connaît. Tu peux être folle comme fille. Non, t'es folle, là est la nuance. Mais t'as hâte, d'y aller, de la voir, de tous les voirs. Les serrer, rire avec eux encore. Et quant à un certain mec qu'elle évoque, tu grimaces. Eliot. T'as envie de creuser mais tu veux pas lui miner le moral. Elle te parlera quand elle le voudra. T'as raison, profite, toi avant les autres. C'était la clé de la réussite. Si elle se sent pas elle même bien, si elle prend pas du temps pour elle, à se bichonner, se faire plaisir, dire non aux autres, ça impacte sur ses relations. Et en parlant de relation, la tienne, avec ton meilleur ami vient sur le tapis quand elle s'inquiète de te savoir seule à Boston. Oui Denys. Oui il est sorti mi juin, enfin, hallelujah. Il était temps quand même parce qu'après deux mois et demi t'en avais eut marre et bavé, beaucoup trop. Enfin il a des restrictions, comme pas le droit de sortir entre 22 h et 6 h du matin, pas le droit de dépasser un certain périmètre donc forcément, il peut pas venir au Laos, alors je suis restée avec lui. Pour lui, pour toi aussi. Tu refusais de t'en éloigner pour deux mois, encore !

Elle est pas prête à parler d'Eliot, de la douleur qu'il lui a faite en venant lui balancer les mots, crus, qui avaient franchi ses lèvres quand ils se sont retrouvés "colocataires" pour l'été, partageant la même chambre. "T'es juste une fille parmi tant d'autres", qu'il avait dit, et outre Rhia, pour l'instant personne ne le savait. Peut-être que c'était mieux comme ça. Et elle préférait amplement parler de choses plus joyeuses avec Ash. Que des choses joyeuses. Elle voulait plus jamais broyer du noir avec son amie, et plutôt jouir du plaisir de la savoir bien vivante. Elle esquisse un sourire, et hoche la tête quand elle lui confirme de profiter. « T'en fais pas, j'y compte bien. » Penser un peu à elle, être égoïste, rien qu'une fois. Même si dans l'immédiat, elle pense surtout à Ash, et à Denys, son meilleur ami. Quand elle annonce qu'il est sorti de prison, Margot sourit, instantanément, heureuse pour elle. Et même s'il a des restrictions, elle se doute que c'est déjà plus que suffisant pour Ashleigh, qui a du endurer de le savoir derrière des barreaux. « Dis, tu serais pas un peu mordue par hasard ? »  La question lui a souvent brûlé les lèvres, à la rousse, sans qu'elle n'ose lui poser. Mais à l'entendre parler de Denys, chaque fois, pour elle c'est une évidence: Y a pas que de l'amitié. « Le principal, c'est que vous vous soyez retrouvés. »

Tu tentes de la conseiller comme tu peux, même si t'es pas la plus douée niveau conseils, niveau écoute. Tu fais comme tu peux, pour tes amis. Elle compte bien se focaliser sur elle et tant mieux. Tu cherches pas plus loin, si elle veut en parler, elle le fera d'elle même. Forcer ça sert à rien. Enfin t'aurais peut être dû car la discussion tourne bien vite autour de toi et de Denys également. Cette question fatidique qui s'échappe du combiné : est ce que t'es mordue ? Entendre parler que tu craques pour lui, que t'as des sentiments. Mordu ? Non je me suis pas mordue que tu fais l'innocente dans un premier temps. Okay, okay. Il est possible que oui. Et comment ça se fait que tout le monde le voit sauf lui ? Tiens bonne question quand tout le monde l'avait vu pour lui envers toi mais que toi tu jouais à l'aveugle. Bien que bon, toi t'as jamais capté les signaux car l'amour tu t'en es toujours foutu. Jamais sérieuse, jamais attaché à un garçon. Le disque tous tes amis le connaissent par cœur. Oui, m'enfin c'est compliqué, parce que t'as peur de lui faire du mal, de le perdre. Pourtant tu sais encore plus ce que tu veux depuis ton réveil. Juste les mots ne sortent pas. Tu trouves pas le bon moment pour le dire. Quand il se présente, tu flippes, tu paniques et après c'est déjà trop tard pour y revenir.