Ce soir, les gars, c'est réunion de crise. J'ai pas vu Maxwell depuis... Bien trop longtemps, et depuis le début du Summer Camp, j'ai pas de nouvelles. En fait, j'ai même absolument pas eu le temps de le voir, et ce depuis le mariage officiel de Kaya et Nicholas, peu avant le bal. Et c'est une hérésie pure et dure à corriger, alors c'est de manière presque autoritaire que je l'ai traîné à travers le Laos, jusqu'à un bar. Irlandais, parce que c'est les meilleurs, et qu'y a pas de "bar laotien" à proprement dire. Attablés à une table, un malibu coco dans une main, et ma tête appuyée sur la seconde d'un air nonchalant, je plisse les yeux en regardant mon meilleur ami. « Et avec les nanas, t'en es où alors ? » Sujet primordial, surtout pour une fille. Parce que quiconque approcherait le coeur - ou juste le lit - de mon meilleur ami devait d'abord me passer sur le corps. Pour une inspection, pas pour autre chose, bande de pervers.

Je passais mon summer camp à sortie et profiter. Sauf avec ma meilleure amie, alors il fallait absolument changer ça. Alors je l'avais suivie sans broncher jusqu'à un bar irlandais. Encore et toujours un bar. Je risquais de finir alcoolique avant la fin de l'été, et j'allais devenir mather si ça continuait comme ça. Un nouveau cocktail à la main que je n'avais pas encore goûté et voilà que Margot me posait la question fatidique. Les filles. « On peut pas dire qu'il y ait une grande avancée.. » disais-je en soupirant légèrement. Je risquais de finir ma vie seul, sérieusement. « Par contre, on a fait un jeu avec mon équipe et.. j'ai embrassé ma chef d'équipe. Alors que je la connaissais pas ! Je suis trop mal depuis, j'ose à peine la regarder dans les yeux.. » avouais-je sentant le rouge me montait aux joues. Ce souvenir restera gravé dans ma mémoire, j'avais réussi à faire fort dès le second jour de ce summer camp. Et même si j'essayais de garder la face devant Nora, je restais toujours mal à l'aise de la situation.

Paille entre les lèvres, regard inquisiteur, j'attends la réponse de Max comme on attend le passage du père Noël. Et forcément, je fais une moue à sa réponse qui, au fond, ne m'étonne guère.
« Oh come on, c'est le Summer Camp, il faut que t'en profite pour afficher ton corps de rêve, tout ça... » On va pas se mentir, Maxwell, c'est un peu le stéréotype du mec parfait, alors s'il s'en donnait les moyens, j'suis sûre qu'il pourrait pécho. Mais le problème, c'est que monsieur est diablement timide, suffit de voir comment il panique parce qu'il a embrassé sa chef d'équipe. « Est-ce qu'elle t'a dit qu'elle n'était pas d'accord ? Elle a cherché à te repousser ? » J'attends un instant sa réponse, avant de conclure de moi-même: « Non. Max, c'est le but de ce genre de jeux, faut que tu t'y fasse, j'ai bien fini à poil dans le Mékong avec 5 personnes avant hier! » Et pourtant, Dieu sait qu'y a quelques années... Jamais j'aurais osé faire quoique ce soit dans le genre.

Margot me connaissait mieux que quiconque et elle savait très bien le soucis que j'avais avec les filles. Pourtant, j'essayais de faire des efforts, mais j'avais l'impression que peu importe ce que je faisais, je continuais d'être mal. « Mon corps de rêve ? Arrête de suite de boire, t'es déjà bourrée ! » lâchais-je en riant légèrement. J'étais très loin d'avoir un corps de rêve, quand je voyais certains mecs, j'avais juste l'impression d'être une patate moi à côté d'eux. Ouais, je risquais pas de faire rêver quelqu'un avec mon corps. « Non, elle m'a pas repoussée.. Elle a même essayé de me rassurer car elle a comprit que ça me rendait mal à l'aise.. » Ah, cette merveilleuse discussion où elle m'avait carrément proposé de m'embrasser de nouveau pour que j'aille mieux. Je risquais pas d'oublier. Mais là, j'oubliais totalement mon histoire et j'affichais les gros yeux, fixant Margot. « T'as fait quoi ? » Non, je pouvais pas le croire. Fin, elle faisait ce qu'elle voulait, je m'en foutais. Mais il fallait avoir un sacré courage pour faire ça quand même, je savais que moi, je ne pourrais jamais. « Mais.. t'as pas eu froid ? » Ouais, moi, je pensais juste au petit confort.

Mais, pourquoi fallait-il qu'il se déprécie autant sérieux? Je toise Maxwell d'un air dubitatif, et je pose mon verre pour venir lever son tee shirt, sans pression et venir tapoter ses abdominaux. « Moi, j'appelle ça être bien foutu. Et t'es beau, Max, t'es juste un peu trop niais pour t'en rendre compte. » Du coin de l'oeil, je vois bien que des filles le regardent, sauf qu'il est pas fichu de les draguer. Je rebaisse son tee shirt, avant qu'il ne me fasse une syncope, et je l'écoute m'expliquer la réaction de sa chef d'équipe. Bah voilà. « Parfois, je me dis que tu es aussi adorable que consternant. » Et pourtant, il m'arrive d'être timide, hein. Mais lui, c'est H24. D'ailleurs, j'crois bien qu'il a changé de couleur quand je lui ai parlé de ma soirée de l'avant veille. « J'ai.. fais un bain de minuit? » Expliquais-je naturellement, avant de froncer les sourcils à sa question. « Je sais plus trop, j'avais bu erm. » Et si j'avais froid, disons qu'un certain brun s'est occupé d'me réchauffer, mais si je balance ça, Max va crever devant moi. « Faut que t'arrêtes de réfléchir autant, Max.. j'étais pareil avant, et ça donne jamais rien de bon. » Suffit de voir comment je repoussais sans arrêt les avances d'Adriel (cc) avant, incapable de croire qu'il puisse me trouver jolie.

Sans que je m'y attende, Margot attrapait mon tee-shirt et elle le soulevait, au milieu du bar. J'affichais les gros yeux, observant les gens autour en espérant que personne ne verra ça. « Ne refais plus jamais ça ! » disais-je tout rouge, au bout du rouleau. Déjà que j'étais timide, j'avais pas une très grande envie que tout le monde puisse observer mon torse. « Le principal c'est que je suis adorable.. » Je souriais légèrement, gêné. Je savais que mes réactions pouvaient paraitre étranges pour les autres, qu'on pouvait ne pas comprendre, mais c'était plus fort que moi. Je n'arrivais pas à maîtriser cette partie de moi. Je restais plus que con quand elle m'annonçait avoir fait un bain de minuit. Avec des gens. A poil. Le genre de trucs que je ne pourrais jamais faire, même avec beaucoup d'alcool dans le sang. « T'es une grande malade ! » Ouais, fallait le dire quand même. J'attrapais mon verre pour en boire une longue gorgée, alors qu'elle reprenait la parole. « Et comment tu as fait pour réussir à changer ? » Après tout, si elle avait changé, je pourrais peut-être y arriver moi aussi non ? Il faudrait juste que j'arrête de réfléchir trop j'imagine, mais ça, ça risque d'être dur. Voir impossible en fait.

Il pète littéralement les plombs, alors que je ne fais que lever légèrement son haut. Et malgré moi, un rire léger m'échappe en le voyant virer au rouge. « Max, t'es au courant que quand tu vas à la piscine ou à la plage, t'es plus dénudé que ça? » à moins qu'il se baigne tout habillé ? Ca serait une première, surtout qu'il a rien à cacher, bien au contraire. Je souris en l'entendant se féliciter d'être au moins adorable. « Oui, adorablement trop timide! » Ouais, faut le rappeler, juste une fois. D'ailleurs, il perd encore une fois la tête quand j'avoue avoir légèrement pris un bain de minuit pratiquement à poil y a quelques nuits de ça. « Bah quoi? » Que je demande innocemment avant de porter mon verre à mes lèvres, l'écoutant me demander comment est-ce que j'ai bien pu changer. Un haussement d'épaules, et je reposais mon verre à moitié vide. « J'pense que partir en Corée, être un peu "livrée à moi-même" ça m'a aidé. Puis, j'ai fait un séjour chez les mathers après l'incendie Lowell, remember ? » Alors entre ma coloc, les soirées à gogo, et les histoires avec Adriel qui m'avaient encouragé à boire beaucoup plus souvent - et à tester d'autres trucs ... - forcément, j'étais un peu moins coincée du cul. « Et puis, qu'est ce qui te fait peur, en fait ? Tu sais qu'une nana a jamais mangé un mec? C'est pas comme si t'étais un de ces abrutis qui insistent même quand on leur dit non. » J'suis même sûre que c'est tout l'inverse.

J'affichais une grimace à ses paroles, sachant très bien qu'elle avait raison. « Ouais, mais à la plage c'est normal, pas dans un bar. » J'avais pas d'autres arguments à vrai dire, et je me rendais compte que mes réactions étaient peut-être trop exagérés. Mais j'y pouvais rien, c'était plus fort que moi, incontrôlable. Je riais légèrement, je restais content d'être adorable. Et surpris de son bain de minuit. Je restais même choqué à vrai dire, mais en même temps, elle faisait ce qu'elle voulait. Et j'aimerais tant être comme elle, les choses seraient bien plus simples dans ma vie. Je serais sûrement plus.. heureux. Détendu. « Du coup, les mathers t'ont rendus badass quoi. » disais-je en riant légèrement. Même si je ne savais pas qu'un ancien mather ultramégatropsexyparfait l'avait bien aidé. Je buvais dans ma paille, réfléchissant à sa question. Au fond, même moi je ne savais pas ce qui pouvait bien me faire autant peur. « Tu sais, il doit bien y avoir des femmes carnivores hein... » C'était pas la question, certes, mais je pouvais gagner du temps comme ça. « J'ai l'impression de pas attirer les filles, sûrement car je suis trop timide mais du coup c'est un cercle vicieux. Je suis timide, j'attire pas les filles car j'peux pas parler avec elles, du coup je reste seul donc je reste timide. » Mmh, c'était un bon résumé.

« On est en va-cances Maxwell, j'suis à peu près sûre que plein de mecs se promènent H24 à moitié à poil. » Et ce même si ça n'entre pas forcément dans le mode de vie au Laos, mais bon, la plupart des étudiants s'en tamponnent hélas. Or, là je n'avais fait que lever son haut très légèrement. Heureusement, le sujet vient rapidement à dévier vers mon bain de minuit, et le fait que j'aie changé suite à mon passage chez les Mathers. A la phrase du brun, je fais un petit haussement de sourcils subjectif, et la question sort, un sourire espiègle venant orner mes lèvres: « Tu viens de dire que tu me trouves badass, je rêve pas ? » J'trouve ça flatteur, eh, surtout quand on sait comment je pouvais être ... bah, comme lui, avant. Chose que je ne comprend pas, parce que merde, Max, c'est un peu le mec parfait. pascommeadriel Puis, je lui adresse un regard consterné quand il tente de tourner la conversation à la blague en parlant de femmes carnivores. « J'suis à peu près sûre qu'à Harvard comme au Laos, t'auras plutôt tendance à trouver des Vegan que des carnivores. » C'est limite devenu un effet de mode, bordel. Sorry, moi j'aime trop le saucisson. Puis enfin, il crache le morceau, et je reste dubitative. « Ok, donc en somme, c'est un sacré bordel. Allez, décoince toi un peu, vas draguer une des filles là bas! » Je désigne un groupe de jolies filles, pas loin de nous deux, certaines regardant même dans sa direction. Mais évidemment, compter sur le fait qu'il y aille, c'est un peu comme espérer voir le père noel. « Tu veux un cours de coaching ? Vas y, j'te sers de cobaye, moi tu peux pas avoir peur, j'te l'interdis! » Et j'suis tout à fait sérieuse, sinon, je vais me vexer après un an à se connaître.

Je réfléchissais quelques secondes et je me rendais compte qu'elle disait vrai, encore une fois. Elle m'énervait à avoir toujours raison. « Ouais, mais je suis pas comme les autres mecs. » Ah ça, j'étais bien différent oui. La plupart des mecs venant ici, ils étaient là pour draguer, pour pouvoir mettre un maximum de filles dans leur tableau de chasse. Moi, je tenais plutôt un tableau de râteau. Tristesse. « Bah oui.. T'as pas peur de dire les choses, tu fais des trucs que je pourrais jamais faire, tu te lâches, tu profites quoi. » Après tout, on était jeunes, évidemment qu'il fallait qu'on profite. C'était pas quand on sera mariés et avec des gosses qu'on risquait de profiter de notre vie. Peut-être qu'un jour, je le comprendrais. Je riais légèrement à ces mots, ah ces vegan. « Tant mieux, je préfère vivre. » Je lui souriais, j'étais content, j'étais heureux. Mais rapidement, je perdais mon sourire, sentant que la situation prenait une tournure que je n'aimais pas du tout. J'observais le groupe de filles dont elle me parlait et.. nop. Même pas en rêve. Je risquais pas de bouger de mon siège. « Je suis bien là, je préfère manger ses petites cacahuètes qui ont un goût surprenants, vraiment. » Ou pas. Mais on se défendait comme on pouvait. Sauf que c'était une mauvaise idée de manger en présence de Margot, car avec la suite de ses paroles, je manquais de m'étouffer. « Tu.. Je dois te draguer, là ? Genre, comme si on se connaissait pas ? » C'était pas l'exercice le plus simple à mes yeux, mais pourquoi pas. Après tout, quoi de mieux que de s'entraîner sur sa meilleure amie ?