Au cours de ma vie, j’ai rarement eu l’occasion de voyager. Les seules fois où j’ai pu visiter un nouveau pays, c’est en m’y installant. En tout, j’ai connu trois contrées : l’Italie, là où j’ai grandi ; l’Angleterre, où j’ai mûri ; et les Etats-Unis, où j’ai débarqué à la recherche d’Idris. Alors, forcément, quand j’ai entendu parler du Summer Camp, j’ai pas réfléchi bien longtemps et j’ai sauté sur l’occasion. Sans même compter le fait que ça me permettait de me rapprocher encore un peu plus du milieu universitaire que j’allais intégrer dans deux mois tout pile, à la rentrée. Alors autant creuser davantage mon trou parmi les grosses têtes d’Harvard en me pavanant au Laos. Puis d’un autre côté, ça me permettait aussi d’être auprès de ma meilleure amie dont j’avais pas suffisamment profité à mon goût depuis mon arrivée à Boston. Je me suis fait tout un tas de petits films dans ma tête, des idées pour sortir, voir du pays, vivre. Et ce soir, c’était l’un des grands soirs de cet été. On s’était promises de se lancer à l’aventure du parc naturel Phou Phanang. De nuit, en en faisant qu’à nos têtes, guidées par nos âmes d’aventurières. Et ça promettait déjà. Parce que sans lumière, à l’exception des petites lampes de poche dont j’avais armé le sac, on risquait de tomber dans bien des coins sordides. Je lui avais donné rendez-vous près des hôtels, devant la voiture que j’avais fait en sorte de louer pour quelques jours grâce à mes économies. Installée sur le capot du 4x4, je vérifiais une dernière fois mon sac de survie, qui contenait le nécessaire pour ne pas crever durant la nuit.