Laos. Destination originale pour des vacances d'été, se dorloter dans un pays en pleine période hivernale où les températures n'atteignaient même pas les 30° celsius. Vacances de rêve, en effet. En toute honnêteté, Eliot s'était inscrit à ce voyage histoire de ne pas se morfondre seul à Boston étant donné que son entourage entier paraissait participer au Summer Camp, mais il aurait pu très bien s'en passer. Après tout, le Laos ne lui était pas une destination inconnue vu le nombre de séjours qu'il a passé sur le territoire asiatique dans le passé, et il y a trois mois à peine.  Pourtant le voici, le voilà. Et son principal argument restait tout de même cette ville, le Vientiane, encore vierge de l'exploration Llewellyenne. En plus d'un besoin de changement d'air, selon ses proches. A peine de retour à Harvard qu'il repartait. Mais vu son retour cataclysmique à Boston, c'était sans doute une bonne chose d'avoir suivi ses amis ici; c'est ce qu'il se forçait à se dire mais il désespérait d'ores et déjà sur son départ des Etats-Unis. Et la raison est la même que celle qui le tourmentait déjà sur le territoire américain, une petite rousse haute comme trois pommes. Petite rousse dont il ignorait totalement la présence au Summer Camp et il imaginait restée aux Etats-Unis. D'où sa réticence à vouloir bouger à l'autre bout du monde, étant donné que son dernier voyage de l'autre côté du globe ne lui avait rien apporté de bon. Il s'imaginait déjà un retour tout aussi catastrophique qu'il y a deux mois à la rentrée, comme si ce n'était pas déjà une catastrophe aujourd'hui alors qu'Eliot l'avait boudé comme un enfant ces derniers temps pour un malentendu désastreux avec Elias. Malentendu, m'enfin, Eliot en était toujours sceptique. D'où son mutisme, d'où son ignorance quant aux plans de Margot pour l'été, d'où son envie manquante de venir au Laos. Il y allait à reculons à vrai dire à l'hôtel, et une fois devant sa chambre distribuée par on-ne-sait-qui, il soupira, jeta un regard aux alentours dans le couloir, voir si une rousse sauvage n'apparaîtrait pas soudainement. Nope. Est-ce qu'il était devenu si addict à une fille, qu'il boudait injustement soit dit en passant, qu'il s'en pourrissait son été lui-même ? Possiblement. Soupirant une dernière fois, vaincu, persuadé une bonne fois pour toutes de ne plus revoir Margot pendant deux mois, il ouvrit enfin la porte de sa chambre. Et.. ce fut le drame. Positivement. (Ou est-ce qu'un drame pouvait être positif ? Vous avez 4h.) Eliot se figea net alors qu'une fine silhouette, de dos, se trouvait devant lui, dans la chambre, à ranger ses affaires. Même de dos, il pouvait la reconnaître entre milles. « C'est une blague ? » Lâcha-t-il de façon impromptu, faisant retourner la jeune femme par la même occasion. Ouaip, aucun doute : Margot. « Tu..Tu.. C'est ta chambre ? » Surpris, choqué, heureux, excité, confus - trop de sentiments - et de questions - l'envahirent d'un coup qu'il en resta figé. Ok, well.

@Margot Weasley

Bon, l'arrivée à Vientiane ne s'est, de toute évidence, pas faite sous le soleil. Météo aléatoire, Margot s'était réfugié dans l'hôtel en toute hâte, fuyant la pluie pour demander à rejoindre sa chambre à la réception, ses longs cheveux roux dégoulinants sur la moquette de l'entrée. Tout comme son short, son haut, absolument tout, en somme. Mais qu'importe, rien ne pourrait gâcher son plaisir d'être enfin loin de Boston. Ils auraient même pu l'envoyer en Summer Camp dans l'état voisin du Massachusetts que ça lui aurait suffi, à la petite. Et pour couronner le tout, dès l'arrivée on l'avait informée qu'elle était chef d'équipe. Stress, bonheur, entrain, des émotions contradictoires, et surtout, la promesse d'un été agité pour Margot, et dans le sens positif, elle espérait. C'est donc trempée comme une vieille chaussette avec une valise presque aussi grosse qu'elle qu'elle parvient enfin à rejoindre la chambre qu'on lui a attribué, la jeune fille ayant choisi la carte du hasard jusqu'au bout lorsqu'on lui a proposé de faire son Summer Camp en colocation. Qu'importe ? Kaya ne venait pas, Sofia avait probablement mieux à faire, et puis cet été, Margot, elle voulait un grand coup de renouveau. Trop de prises de tête, dernièrement, surtout avec un certain blond qui lui avait retourné la tête et le coeur en un temps record. Elle a quitté Harvard remontée comme une pendule, la Weasley, furieuse contre Eliot qui semblait avoir si confiance en elle qu'il l'a directement soupçonnée de faire du charme à son meilleur pote. Tss.

Une fois laissée seule dans la chambre, elle constate qu'elle aura de toute évidence une seule colocataire. Alors, elle commence sagement à ouvrir sa valise dans son coin, à sortir des affaires, surtout une serviette pour éponger ses cheveux, poil de carotte continuant de dégouliner au vu de l'épaisseur de ses cheveux. Par la fenêtre, la pluie semblait se calmer. Et elle délaisse sa valise le temps d'ouvrir la fenêtre, Margot, quand elle entend de manière distincte une voix familière dans son dos. C'est une blague? Elle pivote avec tellement de vivacité que ses cheveux pourraient presque lui claquer à la tronche. « Qu'est-ce que .. » Eliot. Eliot est là, face à elle, visiblement aussi surpris qu'elle. Elle en recule, Margot, à tel point qu'elle pourrait presque finir le cul sur le balcon. Et à sa question, elle fronce les sourcils. « Non non je déballe ma valise dans une chambre lambda. Pourquoi, qu'est ce que tu fais là? » Elle était partie du principe qu'on la mettrait dans une chambre avec une colocataire, Margot. Qu'elle ferait connaissance avec une fille. A moins que...

Sérieusement, quelles auraient été les chances ? Une sur mille ? Dix milles ? Margot, putain. Pendant quelques secondes, il crut à un mirage visuel Eliot. Il crut que son cerveau lui jouait des tours ; à force qu’elle habite ses pensées h24, soit la raison de ses sauts d’humeur et de sa mauvaise foi quant à ce voyage d’été, peut-être qu’il en était juste devenir fou au point d’halluciner. S’il fermait les yeux et se les frottait comme pour se sortir d’un rêve irréel et qu’elle disparaissait d’un coup, il n’en serait pas moins surpris. Mais non. Il avait cligné des yeux maintes fois – trop de fois, à vrai dire – et elle restait toujours en face de lui, presque aussi ahurie que lui en le voyant. Presque. Parce que lui était dans un état de transe si haut qu’on pouvait douter à cet instant s’il n’avait pas un fantôme posté devant lui plutôt que Margot. A croire qu’il la revoyait pour la première fois depuis des mois, voire des années – même, à son retour à Boston, il n’avait pas été aussi figé. Mais c’est son cerveau qui tournait à cent à l’heure aussi, c’est lui le fautif parce que c’est lui qui avait additionné aussi vite qu’une machine les éléments deux à deux et été arrivé à une conclusion, cette conclusion qui le rendait figé. Parce qu’honnêtement, pas besoin d’être Einstein pour comprendre les choses. « C’est une blague ! » Fut tout ce qu’il put sortir en réponse à ..ça, à sa question et d’un ton un peu plus fort qu’il avait prévu dû à la surprise. « Je.. C’est ma chambre ! » Un peu plus et on croirait presque à un enfant boudeur qui se chamaillait avec ses aînés pour qu’ils libèrent son antre privé. M’enfin, paraît-il, Eliot était un enfant ces derniers temps, autant jouer le rôle jusqu’au bout non ? « J’veux dire.. Hors de question qu’on partage la même chambre, je vais aller voir la réception ! » Ceci dit, bien qu’il le clamait, il ne bougea toujours pas d’un iota, quelque peu déboussolé par la situation totalement imprévue. Il observa avec une panique inhabituelle autour de la rousse aux alentours de lui, la chambre, le couloir, comme s’il tentait d’appeler à l’aide – mais en vain. Il n’y avait que Margot et lui. Dans cette chambre. « Enfin sauf si.. c’est toi qui ais demandé à ce qu’on.. partage une chambre ?  » Reprit-il, après quelques secondes de réflexion, les sourcils froncés. Quand bien même il savait qu’elle n’allait sûrement pas demander quelque chose d’aussi.. significatif en vue de leur relation.. instable, dirons-nous, il posa tout de même la question parce que holy shit, pourquoi il a fallu que cela tombe sur elle; sur eux ?

Pour le coup, le calcul se fait plus vite dans le cerveau de la rousse que dans celui du blond. Eliot. Au milieu de sa chambre, et voilà qu'il se répète, à demander si c'est une blague. Wtf. Bras croisés, elle roule des yeux malgré elle, Margot, s'efforçant de cacher la surprise générée par ces retrouvailles pour le moins... inattendues. Ca fait deux bonnes semaines qu'ils ne s'adressent plus la parole. Elle a perdu le compte, depuis la MPH, mais tout ce qu'elle sait, c'est que clairement, c'était pas à elle de s'excuser. Alors quand môssieur vocifère que cette chambre est la sienne, Margot, elle voit rouge (comme ses cheveux, lel). « Ta chambre? » Qu'elle repète, mi-incrédule, mi-hilare. Parce que si c'est sa chambre, mais aussi celle d'Eliot... Houston, on a un problème. Et elle hausse un sourcil en entendant sa réaction. Hors de question qu’on partage la même chambre, je vais aller voir la réception. Ptdr, lol lol lol, voilà ce qui se passe dans la tête de Margot dans l'immédiat, qui laisse d'ailleurs échapper un rire jaune, et met même ses deux pouces en l'air. « Be my guest, parce que moi, je bougerais pas d'ici. » Première arrivée, première servie, et s'il était pas content, il allait dormir dans le couloir, ou dans l'ascenseur, sait-on jamais que ça berce.

Et quand il marque un temps d'arrêt, hésitant, sa question lui fout un coup au coeur, c'est vrai. En temps normal, elle aurait pu demander, ouais. Sauf que t'as merdé, Eliot. T'as merdé, et t'as eu le culot de l'accuser elle et ton meilleur pote. « Oui, j'ai aussi invité quelques potes, dont Elias, ça te va ? (coucoufaustine) » Qu'elle demande en penchant la tête, un sourire mauvais sur les lèvres. Puis elle soupire, se détourne du blond. « Non, j'ai rien demandé. On m'a proposé de laisser jouer le hasard, et j'ai dis oui. Tu parles. » Hasard de merde, karma pourri, appelez ça comme vous voulez, mais Margot, elle va finir par aller camper dans les chambres de ses potes s'il faut qu'ils cohabitent. « Libre à toi d'aller à la réception si ça te chante. D'ailleurs tu devrais faire gaffe, t'es dans un rayon de deux mètres autour de moi, t'vas ptet choper un virus. » Tu l'vois, Eliot, comme elle est remontée contre toi?

Well. Peut-être bien que c'était pas sa chambre. Mais leur chambre? Putain, est-ce que c'était de la chance ou de la malchance ça? Il devait se mettre à jouer au loto, non? Enfin, là, il avait déjà l'impression de gagner au loto, cela dit. C'était tout comme, jusqu'aux émotions qu'il ressentait aka l'abasourdissement, stupéfaction, la confusion etc etc. Vraiment confus, à réclamer sa chambre. Margot, elle, paraissait tout aussi incrédule. « Bien. Moi non plus. » Dit-il tout simplement, reprenant enfin possession de ses membres et pénétrant dans la chambre, traînant sa valise derrière, refermant la porte par la même occasion. Si elle ne comptait pas bouger, lui non plus. Rien ne servirait d'aller à la réception du coup. Néanmoins, toujours autant figé, il resta sur le pas de la porte, à l'observer, tout simplement. Parce que c'est ce qu'il pouvait faire seulement maintenant - l'observer, ô quand bien même il aimerait faire bien autre chose. Mais il la suivait tout simplement du regard tandis qu'elle s'excitait d'une façon totalement attendue en réponse à sa malheureuse question. Mais évidemment, elle ne s'arrêtait pas à seulement répondre à cette question, parce qu'une Margot remontée n'était pas dans la retenue. Oh que non. Entre la pique sur Elias - toujours là quand il faut pas le coco, son sarcasme, la p'tite blague sur le virus, il était servi. S'il avait quelques doutes qu'elle était on ne peut plus mécontente contre lui, maintenant, il n'avait aucun doute. « Arrête, Margot, s'te plaît. Ça va, j'ai compris. » Soupira-t-il avant d'enfin reprendre possession de ses membres, s'avancer dans la chambre et refermer la porte derrière lui. Bon, de toute façon c'était sa chambre, non? Il n'allait pas aller ailleurs. Et peut-être bien que c'était juste le destin qui les avait réunis, même s'il n'y croyait pas à ces conneries. Mais c'était beaucoup trop gros quand même. Well.« Ou non, continue, tout compte fait. Si il faut prétendre de jouer les colocs pendant 2 mois, on règle les choses maintenant, ok? » Décidé, il s'avança vers elle, avant de se planter dix mètres plus loin, vers son lit, et croisa les bras. Colocs. Ils en étaient réduits à se qualifier comme ça, maintenant ? « Tu veux commencer? Ou j'commence? »

C'était un cauchemar. Un putain de cauchemar alors même qu'elle pensait pouvoir profiter de cet été pour respirer. Oublier, aussi, le manque de confiance farouche dont avait fait preuve Eliot envers elle, mais envers Elias aussi. Puis si y avait que ça. Culotté, le mec, de faire la tronche pour ça quand on sait que quelques jours après, Margot a vu des snaps d'ellenesaitplusqui affichant Eliot aux bras d'une nana à Las Vegas. Tranquille le mec. Alors s'il voulait jouer à ça, à agir comme de parfaits inconnus, elle allait rentrer dans son jeu. Et ça ne manque pas: A peine ouvre-t-il la bouche qu'elle rétorque, acerbe, qu'elle lance de multiples piques, à propos d'Elias, à propos d'elle. Et il la somme d'arrêter. Il a compris ? Est-ce qu'il comprend la moindre chose la concernant, à vraie dire ? La rouquine se contente de le toiser en haussant un sourcil. De toute évidence, sachant que lui comme elle ne voulaient pas bouger, l'été s'annonçait.. tendu. Elle pivote pour continuer de ranger ses affaires, quand le blond reprend la parole. « Y a rien à régler. » Qu'elle marmonne, plus pour elle-même que pour lui de prime abord. Mais visiblement, il semble prêt à mettre cartes sur tables, Eliot, alors qu'il claque la porte, s'installe sur son lit, prêt à en découdre. Alors, Margot lâche les vêtements qu'elle tenait dans ses mains pour les reposer dans la valise, et relève les yeux vers le jeune homme. « Ca va aller vite pour moi, alors autant que j'ouvre le bal: » Elle fait le tour de son lit pour s'asseoir dessus, le visage impassible, les mains jointes. « Tu fais ton Summer Camp, j'fais le mien. D'ailleurs, j'préfère te prévenir, j'ai ton pote Philip dans mon équipe, ça va, t'as pas peur que j'essaie de me le faire celui là, ou inversement ? » Elle contracte la mâchoire, tandis qu'elle relève les yeux vers Eliot. Putain, ça lui fait tellement mal au coeur chaque fois qu'ils se regardent comme ça. « Au bal, j't'ai dis que je te faciliterais pas les choses. J't'ai dis qu'il me faudrait du temps pour t'faire confiance. Et au final, tu me pointe du doigt pour un rien? Alors que s'teplait, t'es loin d'être un ange, vu les photos que j'ai pu voir quelques jours après. » Un rire jaune lui échappe malgré elle. C'est comme si elle avait ces putains d'images gravées dans la rétine. « C'est bon, j'ai fini, coloc. » Achève la rousse avec une fausse indifférence.

Quelle mouche l'avait piqué pour s'engouffrer dans la chambre au lieu de fuir et se dénicher une autre chambre, dites-moi? N'importe quelle chambre. Mais non, l'abruti qu'il était préférait foncer droit dans le tas, dans le danger et s'amuser malgré lui à lui taper sur le système. C'était du suicide. Il le savait. Mais putain qu'il ne pouvait pas partir de cette chambre comme ça, s'éloigner d'elle encore une fois alors que la raison de son humeur morose depuis le moment où il avait embarqué dans l'avion était son éloignement à la rousse. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Parce que clairement, elle était plus jamais proche de lui. Géographiquement parlant. On ne pouvait pas faire plus proche. Mais dans émotionnellement parlant, c'était une autre histoire. Un fossé, une mer, un océan les séparait, l'éloignait d'elle et putain qu'il se rendait compte maintenant à quel point c'était.. frustrant. Brisant, même. D'la revoir ici après deux semaines sous silence et se confronter à un mur. Mur qu'il avait construit lui-même ou grandement aidé à construire, soit dit en passant, mais ce n'était qu'un détail. Ce mur lui cassait les burnes et surtout le cœur (pour être plus poétique, t'as vu), d'où son retour de veste quant à cette histoire de changement de chambre. Il voulait la confrontation, ou ce qu'elle pouvait lui donner. Et au début, il faillit croire que : rien, elle n'avait rien à donner, elle semblait jouer la butée. Mais il la connaissait que trop bien pour savoir qu'elle ne retenait rien, dans ce moments-là alors il avait patienté quelques secondes, tentant de paraître le plus serein possible alors que c'était le boxon dans sa tête, dans son cœur. Et il avait raison, elle ne le loupa pas.  

« Y'a rien à régler, hein ? Bien sûr. » Qu'il chuchota, ironique, dans un soupir alors qu'elle venait de terminer un monologue visé à le détruire - mission accomplie. 'Tu fais ton Summer Camp, j'fais le mien'. Ses paroles lui hantaient l'esprit, se répétant un à un en boucle. Durant son tour de paroles, il ne l'avait pas interrompu, il avait tenté de garder une expression calme et contrôlée - alors qu'encore une fois, tout explosait en lui, et même quand elle avait mentionné des 'photos qu'elle a pu voir' sans qu'il en ait la moindre idée ce dont elle faisait référence, il s'était contenté de la fixer. La fixer jusqu'à ce qu'elle signale la fin de son tour. Là, il avait acquiescé brièvement de la tête. « Bien à mon tour, c'est ça? » Dit-il, non sans serrer des dents. De colère. Mais pas contre elle, non, jamais contre elle, contre lui-même. Et ses conneries à deux balles. « D'abord, je note pour le "mon summer camp, et ton summer camp". Et j'ignore la remarque sur Philip, ne commence pas s'il te plaît. Ensuite : qu'on soit clair, j't'ai jamais remis en cause dans toute cette histoire avec Elias, ok? Je vais pas m'excuser pour cette partie, pas envers toi en tout cas, parce que j't'ai jamais pointé du doigt pour ça - du moins intentionnellement. » Cette histoire avec Elias, quand bien même elle était réglée et ô combien de fois même son meilleur ami lui avait démontré par a + b qu'il n'y avait absolument rien, son caractère d'entêté et de têtu fini l'empêchait de s'excuser pour ce qu'il avait vu. Il n'allait pas s'excuser de tenir à Margot. Et 'tenir' était un euphémisme. « Par contre, je.. Pour les photos.. » Non sérieusement, c'était quoi cette histoire dont il ignorait tout, même s'il se doutait de quelles photos elle voulait parler? « Je sais pas quoi te dire à part que peu importe ce que t'as vu, ce n'est pas ce que tu crois. Mais peu importe ce que j'te dis, tu ne vas sûrement pas me croire parce que tu ne me fais pas encore assez confiance de toute façon, c'est ça? » Demanda-t-il, morose. C'est ce qu'il comprenait dans 'il me faudrait du temps pour t'faire confiance', non? Il en grogna de frustration. « A quoi ça rime tout ça? » Demanda-t-il d'un coup, sorti de nul part. « Tout ça, j'veux dire, nous? J'me mets à péter un câble dès que n'importe quel homme s'approche de toi, et tu.. tu.. On se brise pour un simple rien alors.. Alors qu'on est même pas ensemble. » Pas encore, du moins. Et sans doute jamais vu comment ils étaient partis. « On survivra jamais à deux, dans cette chambre. » C'était la conclusion à laquelle il arrivait ouaip. Ils finiront par se monter dessus (sans arrières pensées, j'vous vois venir).

Ca ne faisait pas cinq minutes qu'ils étaient dans la même pièce, et déjà, le ton montait. Parce que c'est plus fort qu'elle, elle bout littéralement quand elle voit Eliot, Margot. A choisir entre sa furieuse envie d'aller dans ses bras, et celle de le haïr de tout son être, elle se jette à corps perdu dans la seconde option. Seul rempart susceptible de la protéger de nouvelles déceptions, d'une peine de cœur supplémentaire. Plus jamais, qu'elle s'est juré, et elle s'y tient... Comme elle peut. Mais s'ils devaient cohabiter pendant les deux prochains mois, autant mettre cartes sur table, il avait raison. Et pour le faire, la rousse ne prend pas de gants. Elle n'aime pas faire dans la dentelle et la délicatesse, et ce encore moins quand elle est en colère. Et devant son expression remplie d'ironie une fois qu'elle eut terminé, elle rit jaune. Tu l'as cherché, se retient-elle de dire, se contentant de se hisser sur le lit, assise en tailleur, bras croisés, telle une enfant boudeuse à qui on aurait refusé un énième caprice. Son caprice, c'est Eliot. Et elle se le refuse elle-même. Se contentant de se murer dans le silence une fois qu'elle eut terminé, acquiesçant vaguement lorsqu'il en déduit que c'était à son tour de prendre la parole. Et la première chose qu'il relève, ce sont les paroles qui lui ont fait le plus de mal à dire : C'est lui d'un côté, elle de l'autre. Oh bien sur, elle aurait pu dire ça parce qu'elle le déteste, parce qu'elle lui en veut, parce qu'elle est en colère. Mais c'est surtout parce qu'elle ne supporterait pas de le voir avec une autre. S'il avait vu sa réaction devant son téléphone, quand elle avait reçu ces foutus snaps de lui avec une bombe atomique...

Par contre, pour la mise en cause avec Elias à la MPH, elle rit presque à gorge déployée. Pourtant, elle s'en souvient bien, du regard qu'ils leur avait adressé à tous les deux. Des remarques sous entendues, mais claires au vu de son ton sec. Et ça lui avait fait mal, à Margot, mais elle écoute en silence, comme il a pu faire preuve de respect pendant son propre monologue. Puis vient le sujet. Les photos. Elle serre la mâchoire, Margot, parce que rien qu'à évoquer ce détail, elle s'en souvient comme si c'était hier. Elle qui ne va que rarement regarder ses storys, elle a eu l'idiotie de se poser dans sa chambre, et de jeter un œil aux nouvelles. Et elle le reconnaît tellement bien, Margot, que ça lui a sauté aux yeux. Eliot, à moitié débrayé, un verre à la main, et surtout, une fille pratiquement nue assise à califourchon sur lui. Une photo, une vidéo. Ah il s'amusait bien, hein. Elle n'a pas voulu en voir plus, Margot, et elle a pas pu, à vraie dire, son téléphone ayant volé de l'autre côté de son lit. « C'est pas c'que je crois. » Qu'elle ne peut s'empêcher de répéter dans un murmure, secouant la tête avec incrédulité. N'est-ce pas ce que tous les hommes disent quand ils sont pris sur le fait accompli dans les séries télévisées? Mais elle a pas le temps de réagir, Margot, qu'Eliot enchaîne. Et la rousse hausse un sourcil, attend la suite, sagement. Ou pas. Et elle peut pas les ignorer, ces palpitations qui la retournent quand il parle de ses réactions quand un homme l'approche de trop près. Il est jaloux, elle l'a compris. Et elle aussi, elle pète les plombs facilement quand une fille approche de lui, le bal l'avait suffisamment bien prouvé. Mais il marquait également un point quand il disait qu'ils n'étaient pas ensemble. Ils ne s'appartiennent pas. Elle lui en veut pour quelque chose qu'elle ne peut pas lui reprocher. Il vit, comme un homme célibataire. Ce qu'il est.

Regard baissé, elle se contente de soupirer, dans un premier temps. D'encaisser. Et ça lui demande tous les efforts du monde, à Margot, pour ne pas craquer face à la situation. « T'as raison, ça rime à rien. Fais ce que tu veux, Eliot. » Elle passe ses mains sur son visage, ses doigts filtrent dans ses cheveux roux, et elle se redresse, nerveuse. Elle peut pas rester face à lui comme ça. « Je t'appartiens pas, et tu peux faire ce que tu veux. Même aller te frotter contre je ne sais quelle pute à Las Vegas. » Oops, ça lui a échappé. « On est pas obligés de s’entre-tuer. Tu fais tes vacances, j'fais les miennes. Cette chambre, de toutes façons, elle sert qu'à dormir, s'doucher, et quoi? Rien. La colocation devrait pas être bien dure. » Et intérieurement, elle se convainc déjà du fait qu'elle rentrera à pas d'heure et partira au petit matin, si ça peut lui éviter de croiser son regard bleu au réveil. Rien que d'y penser, elle en a mal au ventre. « Well, bienvenue au Laos » qu'elle achève d'un ton neutre, tout en retournant vers sa valise. Le cœur lourd comme des pierres, elle se sent couler, Margot. Elle a l'impression qu'elle vient de s'amputer elle même d'un organe, et le plus important de tous.

Chaque tête-à-tête arrivait à ce point avec eux. Il n'y avait pas de répit, si ce n'était les jours où ils s'ignoraient volontairement dû aux conflits dès qu'ils se retrouvaient à deux dans une pièce. Elle le rendait fou. Dans tous les sens du terme. Ils ne connaissaient pas de juste milieu, d'autant plus. Soit c'était le moment magique et émotions qui faisait sauter son cœur à des battements irréguliers, soit c'était le moment cataclysmique qui faisait monter en lui une attitude aussi conne et destructrice qu'une tornade. Aujourd'hui, ils se casaient dans la deuxième catégorie. A juste titre. Sans étonnement. Vu leur dernière interaction il y a deux semaines, il fallait s'y attendre. Ce mini règlement de compte ne tombait pas comme un cheveu sur la soupe. Soit, la surprise de la chambre l'était, mais pas leur confrontation. Eliot savait que celle-ci allait venir à un moment ou un autre, et bien qu'il n'eut pas été prêt à proprement parler dès qu'il avait débarqué dans la chambre et remarqué sa présence, il avait également argumenté son point de vue pour équilibrer le balance. En ignorant ses réactions. Ou tenter. Car il se connaissait on ne peut mieux, la connaissait on ne peut mieux et pouvait s'imaginer l'expression de son visage à chaque parole prononcée, entendre son cœur se briser à chaque mot lancé sur un ton distant. Ton distant qu'il ne maîtrisait pas à vrai dire. Ou en quelque sorte. C'était ce ton que son cerveau décidait d'utiliser de lui-même pour se protéger. Une réaction toute à fait normale. Se protéger d'elle, se protéger de lui parce que s'il s'écoutait, il se jetterait sans aucune hésitation sur elle pour la prendre.. dans ses bras, hum. Assise en tailleur sur son lit, telle une enfant qui boudait, il dû réellement se battre contre son corps pour ne pas bouger de sa partie de sa chambre et l'emprisonner à jamais. Elle avait beau le détruire petit à petit avec ses paroles, il n'en restait pas moins accroc à elle. Et ironiquement, c'était ce qui l'avait perdu, à jouer les possessifs avec elle, à dévoiler à la face du jour à quel point elle le rendait totalement dingue ne serait-ce qu'en jetant un simple regard à un autre gars. Tous les signes étaient là. Tous les putain de signes étaient là, il le savait, il ne supporterait pas d'la perdre, pour un autre ou tout court. Mais la raison contredisait son cœur, et c'était la raison qui prenait contrôle de lui-même ce soir, dans cette confrontation. La raison qui le poussait à simplement hocher la tête de haut en bas lorsqu'elle lui dicta de faire ce qu'il voulait, quand bien même il sentit son cœur se briser en milles morceaux. 'Je ne t'appartiens pas.' Merci de le lui rappeler. 'Tu peux faire ce que tu veux.' « ... Même aller te frotter contre je ne sais quelle pute à Las Vegas. » ... Attendez, quoi ? Wow, wow, wow, rembobinez s'il vous plaît. « Quoi ? » Aussi vif qu'un éclair, il réagit. Mais elle ne l'écoutait pas, continuait dans son discours sur la cohabitation qu'ils étaient contrains de vivre. Toujours plus de mots, pour toujours plus le détruire petit à petit, elle jouait très bien la je-m'en-foutiste. Un peu trop bien. Et c'est ce qui l'inquiétait le plus. « Comment.. Tu.. Qu'.. T'es au courant ? » Sa respiration en avait ralenti, il était en apnée pendant quelques secondes, face à un dos aussi expressif qu'un visage. C'est tout ce qu'il avait décidé de retenir cela dit au milieu de ses belles paroles, préférant se concentrer sur un sujet facilement plus défendable et moins insupportable que de promettre de jouer les étrangers pendant deux mois. « Ce n'est pas c'que tu.. » Avait-il même commencé à se défendre mais ses paroles lui revinrent ensuite dans la figure comme un poing qu'il se prendrait dans la gueule 'tu fais ce que tu veux, je ne t'appartiens pas.' « Tu sais quoi, peu importe. T'as raison. Tu as totalement raison. C'est juste une chambre. C'est juste un été. T'es juste une fille parmi tant d'autres. » Allez, bam. Merci la raison.

Et à chaque seconde supplémentaire, elle se répète que c'est une erreur, Margot, que de lui faire front. Chaque fois, ça se termine mal, elle a retenu la leçon. Allez savoir ce qui la rend aussi bête quand elle est avec Eliot. Cette envie, ce besoin irrépressible de lui faire face au lieu de fuir. Parce qu'elle devrait le fuir, c'était ce qu'elle s'était juré de faire à son départ, à son retour, à chaque fois que son coeur a pris des coups. Mais il la rend aussi faible... Terriblement faible, et ce même lorsqu'elle est furieuse après lui. Quand elle mentionne les photos qu'elle a reçu, il réagit au quart de tour. Mais elle ne s'arrête pas pour autant, elle va jusqu'au bout de sa pensée, lui tournant même le dos, se disant que, probablement, les choses seront plus simples ainsi. Peut-être qu'au fond... Ils ne sont pas faits pour être ensemble. De son côté, Eliot bégaie, se perd dans ses mots, dans ses maux, et impassible, elle ne réagit pas, Margot. Bien sûr qu'elle est au courant. Le problème de nos jours avec les réseaux sociaux, c'est que si toi ou tes potes ne tiennent pas bien l'alcool, les informations peuvent bien vite fuiter. Et elle ne sait même plus qui a merdé, la rouquine, et elle s'en fiche éperdument. Et au final, après quelques débuts de phrase inintelligible, Eliot reprend. Et prend un virage direct, radical, surprenant. Il lui donne raison. Et plus encore, et c'est surtout la fin qui la glace, la paralyse, elle qui voulait se montrer si froide et intransigeante face à l'homme qui d'un simple mot, peut la détruire. Et il l'a fait. « T'es juste une fille parmi tant d'autres. » La phrase se répète, en boucle, dans sa tête. Une fille parmi tant d'autres. Et s'il lui avait dit n'importe quelle horreur, ça aurait sans doute été moins douloureux. Qu'il la déteste, la méprise, qu'il refuse de poser les yeux sur elle. Tout, sauf l'idée même qu'elle puisse être sans importance à ses yeux, parce que pour elle... pour elle, il est tout. Et ça, elle osera probablement jamais lui dire, encore moins maintenant. Sa mâchoire se contracte, tandis que ses gestes se suspendent, un moment. Le temps d'avaler les mots, d'avaler la douleur, aussi. « Bien sur que j'ai raison. » Elle décide de ne pas lui donner tort. Elle n'en peut plus de se battre, de s'escrimer contre du vent. Et elle ne se retourne même pas pour le regarder. Elle reste la, appuyée contre sa valise, et pourtant, elle a la nausée, Margot, tant elle se retient de pleurer, de hurler. Une fille parmi tant d'autres. Elle se mord l'intérieur de la joue, si fort qu'elle en sent le gout métallique du sang qui afflue. « Ils ont oublié une serviette. » Elle pousse sa valise dans un coin, qu'elle referme après avoir pris son sac, et se redresse pour traverser la chambre vers la sortie. Sans un mot de plus, elle s'évapore, Margot, traverse le couloir en courant, s'engouffre dans l'ascenseur aussi vite qu'elle le peut. La tête appuyée contre la paroi, elle ferme les yeux, retient ses larmes. Elle ira chercher la serviette plus tard. Là, elle a besoin d'un verre. Elle a besoin d'être loin de lui, surtout. Le coeur brisé, elle sent déjà que cette colocation s'annonce difficile.