Tu dors la?

Il est tard. 3h du mat … Je soupire en voyant l'horaire inscrit sur le haut de l’écran de mon ordinateur, seule source de lumière dans le salon ou je suis installé.
Le canapé est de plus en plus dure sous mes fesses, parce que mine de rien ça fait plusieurs heures que je suis assis, les pieds sur la table, et l’ordinateur sur mes jambes.
Un autre soupire, je me frotte les yeux, et regarde les lignes que je lis en diagonale.
Aucun sens. Je ne comprends plus rien à ce que je lis… Allez, un dernier lien sur lequel je clique, et je vais rejoindre Benji. Je vais certainement le déranger dans son sommeil, et j'espère qu’il va très vite se rendormir. Au lieu de quoi je ... je me ferais pardonner. Demain peut être, ce soir je me sens trop fatigué, pour faire autre chose que le tenir entre mes bras et dormir.

J’aurais peut être pas dû rester aussi tard, et oublier l’heure. Voilà une situation qui ne m’est pas arrivé depuis longtemps, ou peut être juste pendant les révisions. Mais ce n’est pas ma faute! J’ai seulement reçu une alerte d’un site que j’ai suivis y a quelques temps. Octobre pour être exact. Peu de temps après l’Email que m’avait envoyé Benji avec la liste de ses connaissances. J’avais trouvé un forum sur lequel j’ai activé une ou deux connaissances, trés, trés anciennes connaissances, pour qu’elles cherchent des choses pour moi : Des informations sur deux personnes en particulier du passé de mon homme. Et, dernièrement, y a eu Lisbeth, celle qui m’a surprise en m’informant qui j’étais réellement … Un white hacker.
Cette information m’a fait penser à une idée : m’inscrire sous le surnom de l’ancien moi sur le même forum … ça a activé beaucoup plus de connaissances, qui ont bougé beaucoup plus rapidement, et qui m’ont trouvé 2 ou 3 pistes, tôt ce soir.
Je me rappelle même pas avoir dîné, comprends à peine que mon compagnon avait passé quelques heures à lire un livre à côté de moi avant de m’embrasser et d’aller au lit, et ne sait même pas si Pénélope est à la maison ou pas.
La, faut vraiment que j’y aille.
Après avoir lu ce message privé…

Merde.
Tel un zombie, mes jambes m’ont emmené dans mon lit. L’esprit absent je m’assoie sur le bord et fixe la raie de lumière qui s’infiltre du réverbère de la rue dehors, et dessine un trait sur le placard.
Merde.

Tu dors la?

La nuit qui m'entoure ne m'aveugle que partiellement, mes yeux s'habituent à son obscurité, et je peux différencier les formes jusqu'a mon lit. Mon brun qui y dors déjà est paisible, et le réverbère de la rue dessine encore son trait de lumiére sur le placard de notre chambre...
Même avec tout ces détails, j'aurais tout autant pu ne rien voir. Mon cerveau marche trop vite pour que les éléments de ma chambre aient aucun sens pour lui, et j'ai beau fixer un point quelque part sur le mur... je ne suis pas réellement présent. Pas ici. Pas mentalement.

Jusqu'a ce que le mouvement de mon petit ami me ramène dans la réalité, me surprends légèrement au début, puis avec sa caresse, me fait légèrement redescendre sur terre. Et sans que j’aie à le regarder, je sais qu’il s'inquiète de me voir encore eveillé. Sa demande que je le rejoigne est trop tentante. Beaucoup trop pour que j’y résiste. C’est donc tout doucement, que je prends place, me tournant vers lui, signe que je ne vais pas dormir. Parce que normalement, tout les autres soirs, je me laisse aller entre ses bras, lui tournant le dos, afin de le sentir me couvrir.
Ce soir cependant je le fais pas.
“Tu dors babe?”
Stupide comme question. Il dormais oui. Mais la, il ne va plus refermer les yeux aussi vite.
Egoiste comme question aussi, me rendis je compte. Il va savoir qu’il y a quelque chose, il va se relever et me demander ce qui se passe. Tout autre soir j’aurais été plus silencieux, et plus subtile, j’aurais essayé de dormir, avant qu’il me relève en se rendant compte que je ne suis pas aussi immobile que j'étais censé l'être.
Cependant, ce soir, non.

Tu dors la?

Je peux paraitre égoïste la. Je peux facilement passer pour quelqu’un qui réveille son petit ami du sommeil pour quelque chose qui le tracasse, sans prendre en considération le repos de ce dernier.
Mais je me fous un peu de ce que je peux paraître. Ce que je viens de découvrir n’est pas quelque chose qui pourra attendre demain, et je sais que mon brun ne m’en voudra pas. Au pire, l’égoïste en moi trouvera comment se faire pardonner… Et demain, on n’aura qu'à flâner un peu plus au lit.
Il me rassure, ou essaie de me rassurer, parce qu’il sait qu’en temps normal je pourrais m’en vouloir. Ce soir… non pas vraiment. Je suis trop absorbé par l’histoire pour penser à autre chose.
Peut être s’en rends t il compte, vu que ses doigts bougent vers ma nuque, et qu’il me caressent, me massent, d’une manière tellement délicieuse, qu'à un moment je ferme les yeux. Avant de les rouvrire, et de les planter dans les siens.
Me rapprochant de lui, je pose mes mains sous ma joue, et demande
-Babe? Est ce que tu peux me parler de Salcha Pauloff ?
Ce nom. J’aurais cru ne jamais l’entendre après l’avoir cherché plusieurs mois plus tôt. Ou peut être l’aurais je vu dans un magazine. Mais apparement non. Je l’ai revu ce soir.

Tu dors la?

Pourquoi elle?
Il réponds à ma question par une autre, et je le sens trés intrigué par ce dont j'ai besoin de savoir. Assez logique vu que ... 3 mois de coup régulier ça ne demande pas à ce qu'on s'étende plus sur ça. Je me serais certainement dit la même chose, si je n'avais pas été tellement minutieux par le moindre petit détail. Voila pourquoi, même après la recherche préliminaire que j'ai fait en septembre, je ne me suis pas arrêté aux informations que je lui ai envoyé. J'ai passé quelques noms à des "amis", et quelques autres à d'autres amis ... chacun a eu une mission differentes, pour ne pas les intriguer et les faire douter du centre de la recherche. Benji.
Et y a une semaine j'ai ... donne le nom de Salcha et de la Fitzgerald. Des personnes qui ne m'ont pas interessé tant que ça dans le temps, mais que je me devais de verifier en profondeur.
...
Je ne sais pas si j'ai bien fait.  
-"Je voudrais savoir, quand est ce que tu l'as vu pour la dernières fois "
Je tergiverse, encore. Pas parce que je suis mal à l'aise, plutôt parce que je saurais pas comment le lui demander "Pour être plus exact, quand est ce que tu as couché avec elle pour la dernière fois".
Sans protection, ajoutais je silencieusement. Je suis calme... bizarrement.

Tu dors la?

Peut être trop direct comme question. Je ne sais pas, je ne remarque même pas entièrement sa façon de me répondre, et continue sur ma lancé.
"Genre le mois, est ce que ça peut être autour de Octobre 2012 ? et est ce que ..." Voila la partie intrusive babe "... est ce que tu te protégeais avec elle? ?" Je me relève, pour me retrouver assis devant lui, pose ma main sur la sienne, rassurant.
Je ne suis pas bouleversé, ou emmerdé par ma découverte. Je ne lui en veut absolument pas, parce qu'il n y a rien à lui en vouloir. Et je suis calme, parce qu'il aura besoin de ce calme, quand il va comprendre le sens de ma question. Et il va me trouver la, pour lui, avec lui, quand il saura ce que je veux dire, et de quoi je parles.
Babe?