Willow. Amie de longue date, rencontrée lors de mon périple, demoiselle blessée au cours d’une rando, portée comme une princesse par mes bons soins jusqu’à l’arrivée, ça avait marqué le début d’une belle amitié entre nous, même si sur le campus, mademoiselle Prada avait toujours été catégorique sur le fait de ne pas se montrer ensemble. Eliot/Mather, les histoires, ma coloc avec Hippolyte. Elle avait ses raisons, et moi qu’importe, pourvu que je pouvais continuer à la voir, même si c’était en aparté, ça m’allait. Alors à présent que j’étais sorti de prison, on avait pu reprendre nos petits échanges de sms, quasi quotidiens. J’avais entre autre appris qu’elle était l’ex de Tate, le fameux Eliot qui avait couché avec Ash, et puis elle s’était un peu confiée sur Marin aussi. La jeune femme venait de perdre son papa, alors forcément quand elle m’avait proposé qu’on se voit, j’avais sauté sur l’occasion : ça lui changerait les idées. Et puis elle m’avait manquée, on pourrait rattraper le temps perdu. Et étonnamment, j’obtenais une sortie en lieu public, après avoir souligné que je n’étais plus mather, ni même étudiant de toute façon. J’arrivais en premier sur place et patientai devant l’établissement, attendant de voir apparaître la silhouette de la jeune femme.  

J’attendais devant l’établissement et une luxueuse voiture se rangea le long du trottoir. Mon amie, toujours aussi élégante même dans la plus sobre des tenues, sortit du véhicule en abordant un large sourire. « Willow ! » lançai-je avec enthousiasme alors qu’elle s’avançait vers moi en me détaillant. Son commentaire sur mon ‘physique’ changé par la prison, je ne sus pas dans quel sens le comprendre, mais pas le temps e lui demander des précisions qu’elle me prenait dans ses bras, profitant de l’étreinte, je la soulevais doucement, en la serrant contre moi, la faisant décoller du sol quelques secondes, juste pour la démo : « Changé physiquement mais toujours capable de te porter aussi facilement. Mes muscles n’ont pas trop souffert tu vois. » Ou Willow était un petit poids plume, ça aussi c’était possible. Et en la reposant ensuite, me détachant, je reconnus également à mon tour : « Tu m’as manqué aussi. Ca me fait plaisir qu’on se voit ce soir. Et c’est notre première sortie en public, attention ! » rigolai-je en lui ouvrant ensuite galamment la porte du restaurant. « J’ai jamais compris pourquoi y’avait tant d’histoires eliot/mather en tout cas. » Ouais en même temps, en ayant cohabité/couché avec Hippolyte et en étant fou amoureux, il fut un temps, de Gabrielle, je n’étais pas bien placé pour saisir la rivalité supposée m’animer contre eux. « C’est pas ça qui va me manquer. » A présent je n’étais même plus étudiant, enfin je faisais confiance à Ash pour me tenir au jus de l’éternelle guerre bleu versus vert.  

Je la soulevais comme un petit poids plume qu’elle était, vantant avec humour ma musculature, elle qui m’accusait d’avoir changer. Ca, ça ne changeait pas. Je la portais toujours avec la même aisance la demoiselle. On plaisantait ensuite sur notre première sortie, en public, attention, et j’étais flatté qu’elle passe au dessus de tout cela, des guerres stupides intra confréries, tout ça pour passer du temps en ma compagnie. C’était qu’elle m’avait manqué la petite eliot pendant mon incarcération. Elle rigola avec moi, avant de révéler avec sérieux que les règles de sa confrérie étaient désuètes et inutiles, plus décoratives qu’autre chose puisque personne ne les suivait. Le VP en première ligne, puisque j’étais bien placé pour savoir qu’il avait eu une liaison avec Lucky, l’ex mather étant l’une de mes amies. « En fait, t’aimais l’adrénaline que ça t’apportait de me voir en cachette c’est ça ? » rigolai-je. Mais maintenant, je n’étais ni mather, ni étudiant, alors plus besoin de faire des secrets, sauf si ça l’amusait. « On peut reprendre nos habitudes si tu préfères qu’on se voit en douce. » proposai-je avec amusement alors qu’elle, elle me pressait un peu pour qu’on rentre. « T’as raison, à table. » Entrant dans l’établissement, guidés jusqu’à notre table, on prit ensuite place et nos menus en main, on commençait à réfléchir à ce qu’on voulait commander. Je salivais devant les intitulés des plats. « Tu sais la bouffe là bas, en prison, c’était franchement pas terrible… » révélai-je. Ca m’avait permis d’apprécier drôlement chaque repas que j’avais pu faire depuis. « C’est la première fois que je sors au restaurant depuis ma sortie. Alors je crois que je vais commander une côte de bœuf. » Peut être que j’avais trop faim moi aussi en fait. « Et toi ? Laisse moi deviner ? Une cuisse de poulet MARINée. » Ouais j’insiste sur le MARIN dans le mot marinée, juste pour la taquiner gentiment sur ses révélations par textos au sujet de mon rouge préféré.  

 J’étais vraiment content de la retrouver, au point de la taquiner sur ce renouveau : me voir au grand jour. Willow n’avait pas juste pris cette décision par rapport à mon nouveau statut, parce que voir un ancien taulard ça devait être mal vu aussi au sein de sa confrérie élitiste, mais elle avait en vérité changer de vision vis à vis de la Eliot en elle même. Elle me taquinait quand même en retour, et je lui tirai la langue avant qu’on le file au restaurant. Menu alléchant, et open carte. Will’ insistait pour m’inviter, pour que je me fasse plaisir après avoir ingurgité de la nourriture bas de gamme préparée par les cuisines de l’établissement pénitentiaire. Je regardais donc à nouveau la carte et puis lançai une nouvelle taquinerie à mon amie. Oui avec ses révélations au sujet de mon meilleur pote, je voulais enquêter un peu, obtenir plus d’infos. Sauf que je me rendis donc trop tard que c’était une boulette, et que je venais de vexer la demoiselle. « Désolé Willow, je ne voulais pas… Je… Si y’a rien entre lui et toi on peut bien en parler du coup ? » Mais comme elle hélait le serveur je grimaçais. « Will, excuse moi… » Mes doigts allèrent saisir les siens, doucement, et je reprenais, plus compréhensif, moins taquin : « Je sais ce que c’est que de s’attacher à quelqu’un qui joue les insaisissables, quelqu’un qui fuit les relations sérieuses et qui préfère s’éclater… » Oui, je le savais très bien même, parce que j’étais fou amoureux d’Ash et qu’on ne faisait pas mieux en terme d’alter égo de Marin. La même. En plus jolie. Mais sur leur vision des relations, sur leur rejet de toute forme d’engagement, mes deux amis se rejoignaient à merveille. Alors, peut être que je devrais dire à Willow de laisser tomber, de s’éloigner de Marin, pour lui éviter la même erreur que moi j’avais fait avec Ash ? Ou peut être que simplement, j’allais me contenter de lui dire les choses comme je les sentais : « Les gens comme ça, faut pas les brusquer, faut pas attendre d’eux quelque chose, faut pas leur mettre de pression. Faut profiter de ce qu’ils nous offrent, se contenter du moment présent… » Des coucheries de temps en temps, des messages, des appels, des gestes d’attention… Le moindre petit truc était toujours bon à prendre. Mais oui clairement, fallait pas espérer plus. Même si on finissait toujours par le faire…  

  Je connaissais Willow depuis un bail, depuis l’un de mes voyages, alors forcément d’apprendre qu’il y avait potentiellement un truc avec Marin, mon Marinou, ça me donnait envie de creuser et… J’avais du mal m’y prendre. Je sentais mon interlocutrice troublée, se fermant. Elle répliqua que c’était compliqué, restant évasive. Elle n’allait plus rien me dire. Je me sentais nul d’avoir lancé des taquineries comme ça, alors je reprenais mon sérieux. Ma main dans la sienne, je me livrais un peu. Parce que oui, je parlais en connaissance de cause. Je savais très bien ce que c’était que de s’attacher à un électron libre. Et je crois que ça devait être écrit sur mon front que j’étais amoureux d’elle, d’Ash, parce que la jeune femme comprit aussitôt que c’était à elle que je me référais. « Tu sais, si Marin et Ash sont meilleurs potes c’est pas pour rien. Ils se ressemblent beaucoup sur ce point. » expliquai-je, sans répondre clairement à sa question d’abord, avant de lâcher : « Oui elle est comme ça. En quelques sortes… » Je ne pouvais pas attendre de Will qu’elle se livre si moi je ne confiais rien, puis avoir un avis féminin sur la question était toujours bon alors je racontais : « On… On dort toutes les nuits ensemble depuis que je suis sorti de prison, on n’arrête pas de s’écrire. Je passe mes journées au boulot à lui envoyer des snaps ou des sms… Et puis, on couche ensemble aussi, souvent… Parfois, elle m’embrasser. Parfois, elle repousse mes petits gestes. L’autre jour, on était à une vente de calendriers, j’ai passé mon bras autour de sa taille, juste ça, et j’ai bien vu que ça l’avait gêné. Alors je suis paumé. Je sais pas ce qu’elle veut. Je sais pas ce que je peux faire ou ne pas faire. Je sais, je devrais lui en parler à elle… » Probablement. En attendant, j’appliquais mon propre conseil à moi même : je me contentais de ça. De ces petits rapprochements qu’elle m’offrait. De nos nuits ensemble. Des étreintes dans ses bras. Willow se confia à son tour alors. Elle avait peur. Elle ne voulait pas s’attacher, elle ne voulait plus s’attacher. « C’est Tate qui t’a brisé le cœur ? Tu sais Marin, c’est pas un salop. Je dis pas ça parce que c’est mon meilleur ami. Il est volage, il tient pas en place, il déconne tout le temps, il a aucune envie de se poser, mais il jouera pas avec tes sentiments. » assurai-je, tout à fait confiant vis à vis de mon winthrop préféré. C’était un dragueur, il aimait les filles, il aimait enchaîner les conquêtes, mais il se jouerait pas d’une nana qui s’attachait à lui, pas volontairement. « Tu devrais lui parler. » ajoutai-je. Et puis pour clore le sujet un peu déprimant de nos vies sentimentales qui finalement se ressemblaient un peu, Willow commandait du champ’. « T’es folle, t’as vu le pri.. » Ouais ok, vu son regard je protestais pas. Je saisis la bouteille que le serveur avait ramené. « T’as raison changeons nous les idées ! » Et joueur, je fis sauter le bouchon en l’air dans un poc sonore alors que le champ’ sortait en jet et arrosait un peu la jeune femme, ce qui m’arracha un petit rire. « Faut pas me laisser ouvrir le champagne, tu sais, j’suis davantage habitué aux bières qu’à ça moi. » me défendis-je, genre j’avais pas fait exprès de l’arroser.