he's dead ? too bad

sky & melusine

Il se fait tard alors ce soir, j'hésite entre rejoindre Angus au bar ou bien directement rentrer à la maison. Après tout, cela ne vaut peut-être pas la peine de passer au boulot de mon colocataire s'il ne finit que dans une demi-heure. D'autant plus que son appartement est plus près que son lieu de travail. J'ai encore tendance à dire que c'est chez lui et pas chez moi. J'ai emménagé il y a seulement quelques jours, lorsque j'ai décidé de ne pas rester à la Dunster House. Depuis, on a pris cette habitude de se retrouver au bar où il travaille pour qu'il me raccompagne à l'appart après les cours. Mais cette fois-ci, je me suis un peu égarée en partant de chez une amie et me voilà plus éloigné que je n'étais censée l'être. Cela ne me rassure pas de marcher dans les ruelles de Cambridge, de nuit et seule. C'est bien pour ça qu'en général je me débrouille pour me faire raccompagner. Je presse le pas, souhaitant rentrer le plus rapidement possible afin de pouvoir me cacher sous ma couette. Je garde mes yeux fixés sur le sol, voire même la pointe de mes pieds, j'ai pas envie de croiser le regard de qui que ce soit et si j'avais pris mes écouteurs, je les aurais enfoncés dans mes oreilles. Cela aurait sûrement pu certainement recouvrir la voix d'une jeune femme non loin de moi. Les sourcils froncés, je relève la tête en direction du bruit et découvre une scène que je connais que trop bien. Il ne m'en faut pas plus pour me retrouver tétanisée, plongée dans le souvenir de cette nuit à la Cabot House, lors de ma première année. Au cauchemar qui refait surface et qui vient ébranler tout le travail que j'ai pu faire sur moi c'est trois dernières années. Réveiller mes peurs, mes craintes, faire sortir ce monstre que j'avais tenté d'oublier. Mon souffle s'accélère tandis que je vois cette fille céder à la panique à son tour. Je la comprends tellement, je suis passée par là. Sauf qu'une voix au fond de moi me crie de ne pas la laisser subir la même chose. De l'aider, de la sauver. Que ce qui m'est arrivé ne devrait plus arriver à qui que ce soit. Alors je regarde autour de moi et ramasse une grosse pierre à mes pieds avant de courir vers ces deux inconnus. Sur le dernier mètre, je lâche un cris, un cris de guerre, un cris pour me donner du courage, avant d'asséner un coup sur le crâne de l'agresseur à l'aide de mon arme improvisée. « LÂCHE LA ! » que je hurle comme une furie. Je ne sais pas si j'ai frappé assez fort pour l'ébranler, probablement pas car il se tourne et passe une main autour de mon cou tandis qu'il garde l'autre sur la blonde. Je me débats comme une folle, je suis certainement déjà en train de pleurer. J'en sais trop rien, tout mon corps est en ébullition et je ne saurais dire s'il s'agit de rage ou de peur. Je lance un regard vers l'autre fille, un regard désolé. Désolé de pas avoir pu faire beaucoup mieux. De peut-être avoir empiré la situation.

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