Le soleil est levé depuis un moment déjà. J'ai vu ses reflets franchir la ligne des grattes-ciels de Boston et chasser les ombres de la nuit, mais, l'esprit assez tranquille, je me suis rendormi, plongeant dans le sommeil sans rêves qui caractérise mes nuits depuis des années. Je ne sais pas combien de temps exactement j'ai sombré, mais c'est encore assez peu pour que la fouine dans mes bras soit toujours endormi. Et assez calme. J'ai cru, pendant un moment, qu'il trainerait des résidus de stress de sa période d'examens, mais non. Il a aussi repris un horaire de sommeil normal,ce qui doit aider. Mais, surtout, la chose qui me fait le plus plaisir et qui n'a rien à voir avec ses études : il ne dort plus sur le canapé! À l'exception peut-être de lorsqu'il s'endort devant un film et que je préfères rester sur les coussins avec lui que de risquer de le réveiller en le déplaçant. Et parlant de réveil…

- Salut Baby, soufflais-je, l'embrassant doucement avant de frotter mon nez contre le sien comme je lui ai montré y'a un petit moment.

Un léger sourire aux lèvres, je recule un peu mon visage pour le laisser se réveiller. Un regard vers le cadran et je reporte mon attention sur mon boyfriend.

- On devrait se lever et passer à la douche avant que ton pote débarque, lui signifiais-je.

On a sûrement encore du temps, mais j'ai pas envie de risquer d'être surpris en serviette parce qu'il aura décidé d'arriver plus tôt.


Douché, vêtu d'un blue jeans et d'un t-shirt simple, je m'affaires à préparer le café, laissant le contrôle du repas à Jona et n'intervenant que lorsqu'il me le signifie. Lorsqu'il se lance dans quelque chose du genre, il a souvent une idée très méthodique de ce qu'il veut, alors j'évite de me planter dans ses pattes. Un peu comme il le fait quand je travaille sur un truc.

Cependant, à force de se tourner autour pour tout préparer (repas gigantesque et couverts que je ne sais pas mettre correctement selon l'étiquette), je le capte pour quelques secondes, le retenant près de moi juste assez longtemps pour lui voler un baiser avant d'entendre le buzzer de l'intercom.

Il papillonne à droite et à gauche, s’assure que tout soit prêt selon l’idée qu’il s’en est fait. Tout sera parfait et il y met tout ce qu’il a. Mais, pour ça, c’est le retour de la fouine hyperactive. Sauf que ça va encore puisque c’est canalisé dans cette activité. Et je préfère encore le voir ainsi que sous l’effet de ses médicaments qu’il prenait lorsqu’on a fait séjour à Miami!

Le captant entre deux actions, je le force à prendre une pause de quelques longues secondes. Pour lui voler un baiser. Et par ce simple geste, j’ai l’impression que l’air arrête de vibrer autour de lui, me tirant un sourire en coin. Si ce n’était pas que je risquerais de lui faire cramer le déjeuner, je m’attarderais bien. Le son du buzzer nous tire cependant de notre bulle et j’acquiesce à sa demande d’aller ouvrir la porte.

Un coup sur le bouton pour déclencher la porte principale de l’immeuble et leur permettre d’entrée, puis, il suffit que l’ascenseur les déposent au bon étage. De ce que j’ai compris, nos invités sont l’un des amis d’enfance de Jona - du temps où il étudiait à Londres - et sa petite amie… fiancée? Je ne sais pas exactement à quel niveau d’engagement ils en sont et ça ne me regarde pas. D’ailleurs, je ne les connais pas. M’enfin… c’est ce que je me disais jusqu’à ouvrir la porte. Elle, s’est l’une des consoeurs Eliot de Jona. Croisée à quelques reprises déjà et qui semble toujours avoir une raison de sourire, même faiblement. Lui… La dernière fois que je l’ai vu, c’était ici-même et si on est pas parti sur la meilleure des impressions, il en reste pas moins que j’ai du faire des efforts parce que c’était l’un des meilleurs amis de Blondie, mais j’ai eu de la difficulté à réellement le blairer toute la soirée. Sauf que c’est apparement aussi le super pote de Jona…

Le monde est petit.

Les saluant simplement d’un « Bonjour. » et d’un « Bienvenue. » peut-être un peu forcé en découvrant qui on accueille aujourd’hui. Je m’efface pour les laisser entrer et que Jona s’étende un peu plus en amabilités et entrain. Son sourire face au couple, me fait retenir un soupir. Je vais devoir réviser mon attitude. Ma blondinette appréciait énormément ce type, Jona l’apprécie énormément et sa copine le regarde avec les yeux scintillants… Aller! On repart à zéro pour le bien de la cause. Je veux pas être celui qui bousille l’ambiance du brunch.