Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility[FB] (clay&lily) There's no certainty - only opportunity.
I LOVE HARVARD
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
AccueilAccueil  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • Le Deal du moment :
    Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
    Voir le deal

    [FB] (clay&lily) There's no certainty - only opportunity.
    InvitéInvité
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Anonymous
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas
    Lien du postSam 10 Juin - 12:14
    taggercitereditionsupprimeradresse

    there's no certainty
    only opportunity.
    clay & lily

    Boston, septembre 2016.
    C’était une mesure en contre temps. Celle de son cœur qui battait puissamment contre sa cage thoracique, avec lenteur, patientant. Lily avait oublié depuis combien de temps elle attendait, que quelqu’un arrive, que quelque chose se passe. Toute sa vie s’était résumée à cela pendant longtemps : attendre encore et encore que les jours s’égrainent, que tout ce qu’elle bâtissait s’étiole autour de sa silhouette comme poussière. Mais qu’attendait-elle aujourd’hui ? Désorientée, accablée par le poids de cette vie qui connaissait un sursis imprévu, elle se demandait vers quoi se diriger, et surtout vers qui. Des jours passés cloués à ce lit d’hôpital, rythmés par les allers et venues des infirmières, et en un rien de temps toutes les certitudes qu’elle avait toujours nourries s’étaient évanouies. Elle aurait dû se réjouir pourtant, de savoir que plus rien ne serait plus jamais comme avant, qu’elle n’aurait plus à s’inquiéter du jour qui serait le dernier. Mais sur le coup, elle n’avait pas pu. Comme vidée de sa substance, amputée de cette partie d’elle pourrissante qui lui avait pourtant tenu compagnie toute sa vie, elle n’avait pas pu. Les vieux réflexes devaient être oubliés au profit de nouveaux. S’époumoner n’était plus un problème, courir, marcher longuement, non plus. Dans ses veines une énergie naissante s’était mise à pulser lentement, amorçant le début d’une transformation en son corps figé jusqu’alors dans la maladie et la fragilité.

    Lily avait oublié depuis combien de temps elle attendait, que quelqu’un arrive, que quelque chose se passe. Il lui semblait être là depuis des heures, quand en vérité, il n’avait dû s’écouler qu’un bon quart d’heure. Depuis trois semaines elle avait repris les cours à l’université, réintégré la Lowell House après une convalescence bien trop longue à son goût. Ils avaient fait passer une annonce parmi les étudiants : apparemment, la police de Boston recherchait une personne solide, parlant couramment le russe, pour servir d’interprète. Ce n’était peut-être pas cela, l’annonce exacte, mais c’est en tout cas ce que Lily avait retenu. Elle avait hésité, une fois, puis deux. C’est le mot « solide » qui avait retenu tout particulièrement son attention, et c’est sans doute pour se prouver à elle-même qu’elle en était capable qu’elle avait répondu, se présentant au bureau où aurait lieu l’entretien avec une bonne demi-heure d’avance. Assise le long d’un couloir adjacent à des bureaux, distraitement, elle observait les silhouettes qui passaient autour d’elle, rythmées par un quotidien dont elle ne connaissait pas tellement les codes. Jamais auparavant elle n’avait eu besoin de se rendre dans un bureau de police. Elle connaissait les revers des ambassades, avait déjà dû passer des entretiens auprès des psychologues de l’agence où travaillait son père. Mais jamais elle n’avait eu à fréquenter cet univers-là. Jamais de près en tout cas.
    .
    © FRIMELDA

    InvitéInvité
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Anonymous
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas
    Lien du postLun 12 Juin - 16:03
    taggercitereditionsupprimeradresse
       



    « Septembre 2016
    « there's no certainty, only opportunity »
    Lily & Clay

    Page après page, chaque mot est fatalement écorché du fait d’un manque flagrant de pratique de cette langue slave que très peu usent ici. Les secrets de ce journal intime subtilisé à la fille d’un suspect lors d’une perquisition toutefois banale resteront sans réponse le temps de trouver un successeur à notre interprète, partie pour quelques semaines en formation. En formation… Un stage dans un hôtel cinq étoiles en compagnie de ses confrères venus des quatre coins du pays et tout cela au frais de la princesse, payé par cet état gavé comme une oie que l’on dégraisse aux besoins de quelques fonctionnaires.

    Quelques jours à peine avant le départ annoncé de la traductrice, une demande avait été faite pour la remplacer temporairement. Mais cette mutation n'a trouvé grâce même des plus quémandeurs d'ordinaire. Il faut avouer que quitter conjoint et enfants pour le misérable salaire proposé n'était pas très attrayant. Seul un jeune, sans port ni attache et en quête d'expérience, aurait pu y prétendre. Mais encore une fois hélas, en cette période de l'année, tous les diplômés ont déjà trouvé depuis l'été de quoi s'occuper. Alors aux grands maux les grands remèdes:  il nous a fallu aller piocher dans un nouveau vivier, acte risqué mais néanmoins nécessaire à présent que toutes nos options se retrouvaient épuisées. L'offre avait été discrètement portée aux oreilles du doyen de l'université qui lui-même avait fait passer le mot à quelques étudiants prometteurs et dignes de confiance, sans la moindre frasque de consignée dans leurs dossiers. Et puisqu'une bonne dizaine de noms nous avaient été rapportés,  sept hommes et trois femmes histoire de conserver un semblant de parité, il faut à présent sélectionner rapidement le meilleur d'entre eux, celui qui nous aidera dans nos recherches sur cette enquête. Pour se faire, quatre gradés ont été ce matin rattachés à ce qui a été désigné comme un " jury ", conviés à se présenter en même temps que les quelques étudiants convoqués. L'un après l'autre, les candidats doivent prouver de leurs facultés à la fois intellectuelles, dialectiques mais aussi morales puisqu'il sera question d'être présent dans la même pièce qu'un suspect. L'un d'eux d'ailleurs, un jeune représentant de la Dunster, n'a pas particulièrement brillé lorsqu'il a fallu démontrer sa loyauté, se perdant dans ses propres mensonges portant sur sa vie privée et ses... petits hobbies l'aidant à s'apaiser. Il a quitté la pièce sans grand espoir: inutile de prendre des gants avec un fumeur de marijuana. Pourtant, il est encore difficile de départager tous les autres candidats.

    Après une pause bien méritée auprès de la machine à café, mon regard galvaude encore sur les mémoires de cette gamine presque sortie de la puberté. J'ai beau tenter de les lire en long, en large, en travers... Chaque ligne reste pour moi un mystère et j'y perçois une façon comme une autre de l'utiliser à bon escient. Si les extraits des grands textes pris dans la littérature soviétique leurs sont si communs, peut-être qu'il en sera autrement avec les mots d'une gamine de 16 ans. La prochaine et dernière candidate attend non loin de là, au beau milieu du couloir qui dessert les bureaux, petite rouquine assez fluette qui ne paye de mine que par une éblouissante crinière cuivrée devant laquelle je passe sans même me retourner. De nouveau assis en bout de table, légèrement en retrait, confortablement adossé bien que le poids des heures passées ici commencent à me peser, je prends mon mal en patience jusqu'à ce que le Capitaine qui vient de se redresser la convie à venir nous rejoindre. " Mlle ". Tous lui sourient, plus ou moins faussement parce que je devine sous leurs airs nonchalants cette même impatience qui me brule à cet instant. Et à peine est-elle installée que son dossier est  pour la première fois examiné, en quelques minutes seulement, la première impression étant souvent la bonne. Étant le plus misogyne des quatre, c'est forcément un silence qui s'installe et j'en comprends rapidement la teneur: à moi l'honneur. " Lily-rose Savannah Hopkins, 25 ans, de nationalité anglo-américaine. Vous êtes étudiante à Harvard... " Il n'y a là aucune question, juste un précaire résumé de ce qui est couché sur papier pendant que j'élague encore un peu plus son dossier. " Vous avez voyagé et depuis 4 ans, perdue sur Boston. Célibataire? " Peut-être que cela lui paraitra déplacé et pourtant, la question n'est pas sans intérêt. Elle sera sans doute appelée à venir ici au pied levé, au détriment de sa vie privée. "  Travailler pour nous, c'est s'engager à ne rien divulguer de ce que vous verrez ici. " Une clause qu'elle aura à signer en temps voulu si tant est qu'elle fasse l'affaire. Pourtant aux vues de ce qui est notifié concernant son père, de profession pas vraiment claire et qui laisse présumer de sa nature, il y a matière à creuser. Aussitôt le feuillet est jeté à quelques centimètres pour me caler profondément, l'air circonspect et aussi délicat que je puisse l'être envers la gente féminine, cherche le conflit. " Un gout prononcé pour l'art et la peinture. Alors c'est quoi le problème... " Quel vice t'as fait venir jusqu'ici... " Un besoin de suivre les traces de papa ? "


    MAY


    @Lily-Rose S. Hopkins
    InvitéInvité
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Anonymous
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas
    Lien du postLun 26 Juin - 10:39
    taggercitereditionsupprimeradresse

    there's no certainty
    only opportunity.
    clay & lily

    Son sang pulse dans ses veines jusqu’à ses tempes. Concentrée qu’elle est, Lily n’entend plus que cela. Elle s’étourdit peu à peu, ne distingue plus rien à part les élans de sa propre conscience qui lui murmurent de partir, maintenant, avant de s’enliser dans une situation qu’elle regrettera. Il faut souligner qu’elle a un certain talent en la matière : se mettre dans de beaux draps, provoquer les désastres quand ils étaient maintenus en équilibre. Pour sauter à pieds joints dans le plat, oh ça oui, Lily est douée. Et dans son malheur, elle a toujours eu de la chance. Mais elle ignore si cela pourra durer.

    « Hmm ? » murmure-t-elle en levant le menton brusquement, réponse à l’homme qui vient de l’interpeller.

    Ses grands yeux éberlués se posent sur sa silhouette massive, en une fraction de secondes ses pensées se réorganisent. Prestement elle se lève alors, manque de peu de renverser une pile de brochures en balançant son sac sur son épaule. La maladresse est une tare dont on se départit souvent très mal. Elle vous colle, rend vos membres poisseux, vous gangrène enfin. Elle déglutit une fois, puis deux, entre enfin. Tour à tour elle les regarde, installés en ligne comme s’ils incarnaient un jury de concours. Il y a dans le tableau qui se dessine devant ses yeux un air de déjà-vu. Ce n’est pas la première fois qu’elle se prête à un exercice de cette nature, sauf qu’avant, elle n’était pas là pour apporter quoique ce soit. Elle répondait à des questions préétablies, qui permettraient soi-disant de vérifier que son état psychologique n’avait pas été perturbé par l’arrivée d’hommes en costumes cintrés. Ils étaient venus la chercher en pleine nuit, lui signifiant que son père ne rentrerait pas ce soir-là, ni le suivant. Il avait été retenu. Il lui faudrait passer, pour sa sécurité, quelques jours à l’ambassade avec de parfaits inconnus. Intermède qui était devenu rituel au gré de son enfance dissolue.  

    Avec une lenteur étudiée, et un calme dérangeant, Lily s’installe. Son sac rejoint le sol, ses paumes au début posées sur ses cuisses finissent par préférer le plat de la table. Ils la dévisagent, elle le sait. Mieux, elle le sent, jusque dans les tréfonds de sa chair faussement candide. Un tremblement imperceptible la traverse, rire sous-tendu de ses nerfs qui tressautent sous l’épiderme. Ils ne la pensent pas crédible. Comme souvent, sa silhouette la trahie avant que la vivacité de son esprit ait pu s’interposer. Un homme prend la parole, dessine d’elle un portrait administratif qui n’a rien de surprenant. A chacune de ses déclarations, Lily acquiesce, répond en écho lorsqu’il le faut un : « Oui, je le suis. » stoïque qui ne dénote aucune surprise face à la teneur de la question. L’examen frôle la routine, et bientôt ses réponses vont finir par ressembler à des leitmotiv. « J’imagine, oui. » Ne rien divulguer. Oh ça oui, elle connaît.  Si seulement il savait.

    Sans mot dire, elle observe ses attitudes. Sa façon de se mouvoir. L’expression de ses traits aussi. Comme un ongle qui cherche à gratter une surface trop lisse, qui veut effleurer la brèche pour y plonger les mains, il subodore rapidement quelque chose et évoque son père. Il est sur son dossier, forcément. Qu’ont-ils noté ? « Informaticien spécialisé » sans doute, ou quelque chose dans ce goût-là. Sa remarque lui arracha un sourire contenu en demi-lune. Comme s’il y avait forcément une raison pernicieuse à sa venue dans ces bureaux, que l’altruisme n’avait aucune place dans l’antre qui est la leur. Du bout des lèvres une réponse lui échappa alors, jouant des mots quitte à frôler l’inconscience : « Il n’a pas la négligence d’en laisser. » Cela passerait pour de l’ironie. S’en était un peu au fond, même si cela déguisait une vérité effrayante évoquée sans fard. Les traits tirés par une forme d’apathie, ses épaules s’affaissèrent légèrement. Elle ajouta d’une même voix : « Sont-ce mes motivations qui vous intéressent ou mes capacités à traduire ? Les unes sont plus intéressantes que les autres. »

    @Clay Fitz. Cooper
    © FRIMELDA

    InvitéInvité
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Anonymous
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas
    Lien du postVen 18 Aoû - 15:59
    taggercitereditionsupprimeradresse
       



    « Septembre 2016
    « there's no certainty, only opportunity »
    Lily & Clay

    « Il n’a pas la négligence d’en laisser. » La réponse me fait instinctivement ciller puisque j'apprécie son effronterie, mais dans une certaine mesure seulement. Tous les candidats jusque là reçus étaient en grand majorité des pistonnés et la venue de ce curriculum vitae-ci me fait un sale effet. Trop lisse et sans la moindre relation avec le judiciaire pour justifier de sa présence, c'est justement cette différence qui lui donne de son importance. « Sont-ce mes motivations qui vous intéressent ou mes capacités à traduire ? » Le senior installé à l'extrémité de la table se met soudainement à rire, preuve qu'elle caracole déjà aux limites de leur patience. Et ses bonnes manières, cette façon de s'exprimer me font tourner de l'œil, un brin déjà agacé.  «  Les unes sont plus intéressantes que les autres. » " C'est vous qui le dites..." Un murmure grondé à peine sa phrase ponctuée d'une fin qui se laissait que trop désirer. Comme par transmission de pensée, je devine d'emblée déjà ce qui sommeille dans les esprits: sois belle et tais-toi. On ne demande pas à nos traducteurs d'être pourvus d'éloquence, juste de faire notre bonheur en moins d'une heure.

    Un moment de silence et il est temps de reprendre cette danse, de spéculer sur ses aptitudes qu'elle tient à nous dévoiler. Si mes confrères n'ont encore pris la parole, c'est parce qu'il me revient de la travailler encore, sans formation particulière, un exercice pour lequel je n'ai pas leur grande expérience mais tout vient à celui qui s'y prête. Je n'ai eu affaire jusque là qu'à des interrogatoires ayant pour but de prouver de la culpabilité des suspects mis en détention et dans le fond, la procédure reste la même, ou presque. Il me faut juste trouver en elle de quoi satisfaire à la demande. " Alors répondez à la question. " Les deux coudes plantés sur le plan de mon bureau de fortune, je n'ai de cesse de l'examiner. Plutôt mignonne dans son genre - bien qu'un peu trop efflanquée - , de trop même pour errer en toute quiétude dans l'établissement où elle sera très certainement - dès la première semaine - hélée, sifflée, contemplée avec avidité pour des aptitudes cachées. " Pourquoi perdre votre temps ici ? "

    Et si je fais preuve d'arrogance envers elle, c'est parce que je la sais capable d'atteindre les objectifs que nous nous sommes donnés alors il vaut mieux qu'elle se fasse dès à présent à la brutalité de ce monde masculin et si particulier. D'ailleurs, je ne me fais pas prier pour en rajouter, jetant devant elle le journal intime de la gamine à la surprise générale. " Lt. Cooper." Immédiatement rappelé à l'ordre par l'un de mes congénères qui a reconnu la couverture de la pièce saisie. " Ce qu'elle ne sait pas ne peut pas lui nuire. " D'un regard sournois, je l'observe à présent face au livre. " Allez-y. Faites-nous profiter de vos compétences linguistiques. Une page au hasard. "

    MAY


    @Lily-Rose S. Hopkins
    InvitéInvité
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Anonymous
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas
    Lien du postVen 18 Aoû - 19:14
    taggercitereditionsupprimeradresse

    there's no certainty
    only opportunity.
    clay & lily

    Ses lèvres se pincent, ligne scellée. Lily n’ajoute rien, et les laisse la jauger. Un rire s’élève, celui du plus âgé. Elle le suit du regard, se demandant intérieurement ce qu’il peut y avoir de si drôle, et si c’est un principe dans leur organisation de perdre leur temps  en préjugés machistes. Son faciès ne correspond pas au stéréotype qu’ils attendaient. Elle aurait dû s’en douter. Trop frêle, trop petite, trop maladive. Mais elle est venue en connaissance de cause, tout en sachant qu’ils tenteraient d’écraser ce qu’elle incarnait pour voir si elle serait à la hauteur. Sa motivation résidait en ce point-là peut-être : se prouver à elle-même qu’elle pouvait le faire, qu’elle était capable de les aider en faisant fi des difficultés qu’elle pourrait rencontrer dans cette entreprise, des jugements, railleries, et autres remarques salasses dont elle pourrait être la victime.  Alors elle ne se démonte pas, le dos droit, plantée sur sa chaise, assise sur son orgueil qu’elle sent renaître lentement sous le regard tantôt rieur, tantôt désabusé de ses interlocuteurs. L’ironie maîtrisée de celui qui l’interroge vient à peine griffer l’expression statuaire dans laquelle ses traits se sont figés. Il insiste alors, sur ses motivations qu’elle n’estime pas forcément important d’évoquer. Mais soit, c’est lui qui mène la danse après tout. Elle ne voit pas de raison de la contrarier.

    « Parce que je pense pouvoir vous aider, tout simplement. Je n’ai pas d’aptitudes particulières. Je ne suis ni stratège, ni très agile. Et je n’ai pas l’ambition d’intégrer vos rangs un jour, ni d’être traductrice professionnelle … » Elle marque une pause, se demande après coup pourquoi elle dresse un portrait aussi peu encourageant alors même qu’elle est censée donner ses motivations. Qu’importe, trop tard. « J’ai passé toute mon enfance en Russie. Le russe est quasiment ma langue maternelle, et je n’ai pas grandi dans un univers où la violence n’avait aucune emprise. Bien au contraire. Je ne suis pas là pour faire de l’esbroufe, ou pour prouver à des hommes qui en ont vu d’autres que je ne suis pas une petite fille. Je suis là pour voir si je peux vous être utile. C’est tout. » Les raisons profondes, qui touchent au psychologique, ils n’ont pas besoin de les connaître en détail. De toute façon, les détails de sa vie ne leur apporteront rien en particulier.

    Soucieuse en s’efforçant de le montrer le moins possible, malgré elle pourtant, ses doigts se tordent légèrement devant sa silhouette. Elle pose de grands yeux sur le lieutenant qui la questionne, se demande un instant si son caractère est aussi anguleux que ne l’est son corps. L’un est parfois révélateur de l’autre. Surprise par sa réaction, elle a un léger mouvement de recul lorsqu’il fait glisser sur la surface de la table le journal. Aux vues de la réaction de ses collègues alentour, c’est donc cela, qu’il faut traduire. Prudents, méticuleux, ses doigts se posent sur la surface cartonnée, en examinent les contours. Elle avait un journal quasiment semblable étant plus jeune, acheté dans une librairie de quartier qui proposait des ouvrages bon marché et des ensembles de carnets un peu atypiques, présentant souvent des camaïeux de couleurs sur la première de couverture. Faisant craquer le journal sous ses doigts en l’ouvrant en deux, elle feuilleta quelques pages, découvrant au passage une série de journées dépeintes dans une écriture aux caractères enfantins. La manière d’écrire contrastait avec le style. Une façon de former les lettres comme une enfant de dix ans, une manière de s’exprimer qui brouillait les frontières de l’âge. Une adolescente peut-être. Ou une jeune femme. Décidant de débuter au prologue d’une journée plutôt que n’importe où, Lily plissa légèrement les yeux en lisant, tentant d’ignorer les ratures dont la jeune écrivain était visiblement coutumière.

    « 18 juin 2013. Pour la première fois depuis des semaines, il … Elle ne précise pas son nom et le remplace par une sorte de symbole … est venu me chercher à la sortie du lycée, juste à l’endroit où nous nous retrouvions d’habitude. Il m’avait promis que nous fêterions le Kupala ensemble … c’est une fête traditionnelle russe, qui équivaut un peu à notre Saint Valentin, et qui a lieue en général aux alentours du solstice d'été … et que nous n’aurions pas à nous cacher après ce jour. Qu’il quitterait sa femme … Je sais qu’à ce sujet il ne disait pas la vérité, et que c’était juste pour me donner de l’espoir. Je l’ai croisée la semaine dernière, sa femme, en allant voir maman à la boutique. Elle a parlé du projet qu’ils avaient de quitter la région pour Moscou … Elle change de personne ensuite, et semble vouloir s’adresser directement à lui … Pourquoi m’as-tu menti alors ? Pourquoi me croire trop naïve ? Après tout ce que j’ai pu faire pour toi … Tous ces messages transmis sans jamais te demander ce qu’ils voulaient dire … » La page se terminait sur une rature de plus. L’écriture était vraiment grossière, et l’encre humide, si bien qu’il lui était difficile de lire la fin du paragraphe. « Dois-je continuer ? » demanda en attendant Lily qui venait de relever son nez aquilin, posant de grands yeux sur ses interlocuteurs en se forçant intérieurement à ne pas trop cogiter sur le sens du contenu qu’elle venait de lire.


    @Clay Fitz. Cooper
    © FRIMELDA

    InvitéInvité
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Anonymous
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas
    Lien du postSam 21 Oct - 10:01
    taggercitereditionsupprimeradresse
    - sujet abandonné -
    Contenu sponsorisé
    feat
    Arrivée
    Multicomptes
    Crédits
    Discord
    Pseudo & pronom IRL
    Informations
    participer à veritas ?les secrets à ne pas révéler
    Veritas

    Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum