Oui, elle venait de soudoyer Hades mais.. Fallait vraiment qu’elle part à Cole. Déjà, elle avait les nerfs. Parce que l’abandonner comme ça à l’aéroport quand elle se tapait autant de trajet pour le retrouver c’était le genre de truc qui la mettait en rogne. Alors s’il croyait qu’avoir tout de même envoyé son chauffeur allait le sauver, c’était se mettre le doigt dans l’œil. Mais en plus, l’envoyer chier comme il l’avait fait, lui raccrocher à la tronche et jouer le mec vexé quand elle n’avait absolument rien fait, c’était typiquement ce qui pouvait déclencher une guerre. Alors ouais, elle avait gratté et réussit. Au final, Hades ne la ramenait pas chez elle mais bel et bien à l’endroit où il vivait avec Cole et Abelard et là, l’Eliot ne pourrait juste pas se défiler. Poussant un soupir alors qu’ils arrivaient à l’endroit hyper sécurisé –paranoia bjr- elle remerciait finalement son ami avant de se diriger jusqu’à la chambre de Cole qui lui avait été indiqué au préalable. Comme bien souvent, elle ne prenait pas la peine de frapper pour prévenir de son arrivée préférant directement pousser la porte, l’air furieux. « T’as fini tes conneries Cole ? » qu’elle soufflait en repoussant la porte derrière elle. Non mais parce que concrètement, c’était juste fatiguant de le voir agir de la sorte quand tout ce qu’elle voulait était passer un peu de temps avec lui. Ils étaient ensemble depuis peu et déjà il faisait la tronche la repoussant un maximum. C’était clairement pas comme ça qu’elle voyait les choses. Prenant place sur son lit, elle poussait un soupir avant de reprendre la parole. « Je suis fatiguée, j’ai pas envie de me prendre la tête alors balance ce que t’as à dire une bonne fois pour toute et on en parle plus. »

C’était dingue les questions qu’on se posait, qu’on nous posait dans ces moments là. Chêne ou acajou ? Marbre ou granit ? Enterrement ou incinération ? Toutes ces questions, tous ces choix, toute cette organisation à régler, qui me replongeait dans ce qu’on avait déjà traversé quelques années plus tôt. Alors oui je m’impliquais, ce n’était pas mon oncle de sang mais j’avais toujours apprécié l’homme, et surtout, surtout c’était le père de Dim’ et mon cousin je voulais l’épargner comme je pouvais. Voilà donc à quoi j’avais occupé ma journée, en attendant qu’elle arrive, après notre appel houleux. J’oscillais entre les ‘peut être n’aurais-je pas du lui raccrocher au nez’ et les ‘son ex est en Suisse avec elle’, sans savoir sur quel versant pencher, et finalement quand l’heure arriva, j’envoyai simplement Charles. Quelques textos avec la belle plus tard, et les choses étaient encore plus engluées. Elle n’avait même pas voulu rentrer avec mon employé, elle avait débauché Hadès qui m’écrivit à son tour pour m’assurer qu’il la raccompagnait. Et puis c’était d’autres textos qui avaient achevé de faire pencher la balance vers la mauvaise humeur. Aisling qui fanfaronnait, qui insinuait qu’il avait dormi avec Agathe. Le mec taré, fier d’être obsédé par son ex au point de la suivre jusqu’à Suisse… Qu’il se fasse soigner… J’étais en train de balancer mon téléphone vers mon lit, installé à mon bureau, agacé par le dernier message du blond, lorsque la porte s’ouvrit sur une Agathe. Visiblement dans le même état d’esprit énervé que moi. Je relevai les yeux et impossible de ne pas avoir un début de sourire aux lèvres en la voyant approcher. Puis quand elle était en colère elle était sublime. Finalement, elle me donnait la parole, s’installant sur mon lit. Je me levai, me plaçant devant elle pour lancer d’abord, un peu provoc’ : « T’as ramené mes chocolats ? » avant de fondre sur elle, me penchant pour saisir ses lèvres, sans lui laisser le temps de répondre. Je ferais ma tête de cochon après, pour le moment j’avais juste envie de l’embrasser.

C’était sûrement pas comme ça qu’il voyait les choses mais clairement, elle n’avait pas envie qu’il l’emmerde à chaque fois même pour les trucs les plus minimes. Alors non, elle ne voulait pas qu’ils en viennent à s’hurler dessus, elle voulait simplement le retrouver, avoir des moments légers, exactement comme au téléphone un peu plus tôt avant que tout ne dégénère. Mais Cole, il avait un caractère à la con. Sûrement pire que le sien en fait et il était toujours plus que difficile de converser avec lui ou de lui faire entendre raison. Mais elle ne comptait pas se dégonfler princesse, elle ne comptait absolument pas le laisser choisir quand est-ce qu’ils pouvaient se voir ou non. Il n’aurait pas le contrôle dans tout ça, il en était hors de question. Alors ouais, elle avait demandé cette faveur à Hades et maintenant, elle entrait en trombe dans la chambre de Cole s’appropriant presque aussitôt son lit. Et peu importait qu’il le veuille ou non, Agathe ne comptait absolument pas lui laisser le moindre choix. « T’as ramené mes chocolats ? » C’était une blague ce genre de question. Oh, elle aurait presque pu l’affubler de tous les noms à ce moment précis mais avant même que le moindre son ne sorte de sa bouche, il venait prendre ses lèvres en otage et.. Ouais, ça l’apaisait un peu. Elle laissait même glisser ses mains dans sa nuque remontant doucement dans ses cheveux. Sauf que non, ça n’arrangeait pas tout. Peu importait le fait qu’il tentait de la soudoyer à travers des baisers, elle n’appréciait pas son comportement. Alors elle rompait le moment restant tout de même accroché à lui, évitant de perdre le contact. « Ne t’avises plus jamais de faire ça. » Lui raccrocher au nez, la planter à l’aéroport pensant qu’un stupide chauffeur suffirait à la calmer. Parce que non, ce n’était définitivement pas comme ça que les choses marchaient. « Et tu ne mérites absolument aucun présent. » qu'elle continuait pour retourner sur sa demande de "chocolat".

 Juste une bouffée d’Agathe, un baiser, ses lèvres sur les miennes, son parfum qui m’enivrait, juste quelques secondes de répit avant les explications qui seraient surement houleuses. Ca ne faisait même pas une semaine qu’on était officiellement un couple que déjà on se prenait la tête ? En même temps, deux caractères comme les notres… Fallait s’attendre à en voir des étincelles. Et c’est donc après quelques secondes de baiser, qu’elle le rompit, s’écartant ses mains restant dans mon cou néanmoins. Son petit ton contrarié était toujours là quand elle m’ordonna de ne plus recommencer mais y’avait quelque chose de différent. Un peu moins d’éclair dans ses yeux peut être ? Et puis moi, de mon côté, ce baiser volé ça m’avait aussi un peu apaisé, j’avoue. Et le Aisling s’était un peu effacé de mon esprit. Je répliquai à son ordre, avec un petit air effronté, jouant celui qui ne comprenait pas : « Faire quoi ? Ca ? » Et mes lèvres retournèrent se poser sur les siennes, juste quelques secondes avant de séparer nos bouches à nouveau pour l’écouter me dire que je ne méritais aucun cadeau. « Ce type est un malade mental Agathe. Il te suit même en avion, c'est quoi la prochaine étape ? Il pourrait finir par être dangereux. » Etouffons les bouffées possessives et la jalousie. Prenons un air gentil et concerné pour continuer : « C’est pas normal de s’envoler à l’autre bout du monde pour suivre quelqu’un avec qui s’est fini, ça l’est encore moins de rester avec cette ex petite amie, loger chez ses parents alors que cette dernière est claire, en couple avec un autre, et explicite sur le sujet. Alors soit tu m’as menti, et les explications n’ont pas été aussi carré que ça, soit il est vraiment idiot et il ne comprend rien, soit… » Et là l’air inquiet jouait un rôle primordial : « Soit il va vraiment mal… Et il faudrait peut être que tu en parles à un professionnel de santé, son psychiatre ou je ne sais qui… Je ne vais pas m’aventurer à toucher à son traitement… » Pas encore dirons nous. « Mais peut être qu’il faudrait qu’il se fasse aider… Qu’il se fasse hospitaliser… »

Etre avec Cole, ce n’était clairement pas s’investir dans une relation calme et posé. C’était même tout l’inverse et quelque part, c’était peut-être ce qui l’avait poussée à s’enfoncer dans tout ça. L’adrénaline, le besoin de ne jamais s’ennuyer, de ne pas avoir de routine. Elle savait qu’elle n’aurait pas ça avec lui. Mais là, il allait juste trop loin et elle refusait d’être traitée de la sorte. Il en était même hors de question. Agathe, elle était au-dessus des meufs que Cole avait eu l’habitude de fréquenter et par ce simple fait, elle méritait bien plus de considération. Et visiblement, la situation semblait l’amuser au possible puisque ne prenant pas compte de son avertissement, il revenait chercher ses lèvres un brin provocateur. Qu’il joue donc, il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle avait plus d’un tour dans son sac et que non, ça n’allait pas passer. Mais quoi qu’il en soit, elle en profitait une nouvelle fois mordillant légèrement sa lèvre inférieure alors qu’il reprenait finalement la parole. « Arrête.. Il est juste.. Il voulait juste qu’on reconstruise notre amitié, il pensait pas à mal. » Et oui, Aisling avait des problèmes mais le qualifier de malade mental, c’était un peu gros par contre et non, elle n’était pas d’accord avec ce jugement sur sa personne. « Cole.. Il était mon meilleur ami. On a partagés cinq ans de nos vies à tout faire ensemble, c’est compliqué de passer du tout au rien du jour au lendemain. » Et elle, elle pouvait totalement comprendre pourquoi est-ce qu’Aisling avait du mal à décrocher. Après tout, c’était comme ça quand on tenait aux gens, non ? « Je ne t’ai pas menti. Il est allé trop loin dans l’avion, j’ai été très claire avec lui. Et je te le répèterais des millions de fois si ça peut te rassurer mais Cole, je t’ai choisi toi et je me fiche des autres. » Pourquoi donc ne pas s’en tenir à ça ? Parce que ça serait probablement le plus facile dans tout ça et éviterait des chamailleries sans aucun sens. « Il n’est pas fou Cole. Il est protecteur, c’est différent. Je veux bien faire des concessions, répondre à tes attentes ou bien même poser des limites bien plus distinctes mais ne me demande pas de le faire enfermer quand il ne mérite pas ça. »

 Si j’étais furieux quelques minutes plus tôt, le fait qu’elle passe la porte et qu’elle soit dans un état visiblement aussi énervé que le mien eut le mérite de me faire redescendre d’un cran. Bombe Wildingham désamorcée par miss Thomspers. J’en étais presque amusée, de son agacement, de son ton autoritaire, de cet ordre qu’elle prononçait. Et puis je repris mon sérieux, après un nouveau baiser volé, pour bien évidemment accabler l’autre guignol. « Il pensait pas à mal… » répétai-je en levant les yeux au ciel. « Et les textos qu’il arrête pas de m’envoyer depuis tout à l’heure, il pensait pas à mal non plus quand il me les a envoyé ? » D’ailleurs mon portable vibra pendant le plaidoyer de la défense qu’elle me sortait. Agathe Thomspers, avocate d’Aisling trucmuche devant le tribunal Wildingham. Elle se voulait rassurante, mais le fait qu’elle soit là encore, devant moi à le défendre toujours, ça me faisait rester sur mes gardes. Mécanisme de défense oblige. Moi j’avais des preuves à conviction à lui dresser si elle voulait. Je saisis d’ailleurs mon portable pour montrer à la demoiselle le fil de ma conversation de la soirée avec l’insupportable blond : « Tiens lis. » (https://www.i-love-harvard.com/t75581p130-cole-wildingham-456124-709#2647447) « Faut que je m’attende à en recevoir de beaucoup de pauvres types instables mentalement des messages du genre ou comment ça se passe ? » Combien d’ex avait-elle à son tableau, aurais-je pu demander de manière plus cash, mais je trouvais que c’était peut être prématuré de se lancer dans LA conversation des exs. Agathe le répétait, avec assurance, qu’elle m’avait choisi,  qu’elle se fichait des autres… Elle avait un type qui traversait la terre pour être avec elle, et moi, j’étais même pas fichu de traverser la ville pour aller la chercher. Et elle me choisissait moi ? « En fait, c’est peut être toi la folle… » lui lançai-je, taquin, mes lèvres retrouvant les siennes quelques secondes, brièvement, parce que je savais que j’avais encore une bombe à désamorcer. Prenant une inspiration, je repris : « Je suis désolé Agathe… Je suis à cran, mais j’aurais pas du m’énerver autant. C’est pas à toi de prendre pour cet idiot… »

Il allait trop loin. Aising avait des défauts, elle ne dirait pas le contraire. Et ouais, parfois, il était difficile à gérer même si avec le temps, princesse avait appris à le manier et à l’empêcher de complètement péter les plombs mais.. Le faire enfermer ? Là, c’était juste trop. Et il était hors de question qu’elle y réfléchisse même rien qu’une seconde. Il était jaloux, protecteur, probablement un brin possessif mais pas fou. Loin de là. Et bien sûr qu’elle pouvait sortir tout un tas d’argument pour que Cole s’éloigne de cette possibilité. Clairement, Agathe elle ne tolèrerait pas de jouer encore une fois avec la santé mentale du blond et si elle avait bien une requête à faire, c’était celle de le laisser tranquille. « Les textos ? Quel texto ? » Elle arquait un sourcil absolument pas au courant de ce que son petit-ami était en train d’avancer. Et ce n’était qu’après avoir eu son téléphone en main que d’un soupir, elle lisait l’échange houleux qu’ils venaient d’avoir. Sérieusement ? Ok, un point pour Cole, Aisling allait trop loin. Et il n’avait absolument pas le droit de se mêler de ça ni même d’en recourir à cette forme d’altercation. Princesse verrouillait l’écran du cellulaire le posant à côté d’elle avant de se mordiller la lèvre. « Je vais le tuer. » S’il n’avait pas peur de venir chercher des emmerdes à Cole, elle savait que par contre, faire face à sa propre colère était quelque chose qu’il n’assumerai pas et il était hors de question qu’il vienne s’immiscer de la sorte dans cette relation qui ne le regardait pas. « Je suis sûre que dans le fond ça t’excites cette compétition. » Fallait pas lui faire croire le contraire. Cole il aimait le challenge, il aimait les guerres. Clairement, Agathe n’aurait jamais eu autant d’intérêt pour lui si elle avait été simple à obtenir, c’était pas comme ça qu’il fonctionnait l’anglais. « Sûrement » qu’elle marmonnait alors qu’il repartait à la conquête de ses lèvres. Sauf que non, il ne pouvait pas chercher à l’amadouer de la sorte à chaque fois. Il avait dépassé les bornes et mieux valait pour lui qu’il le comprenne. « Ouh, est-ce que je viens sérieusement d’avoir le droit à des excuses ? » qu’elle lâche d’un sourire mesquin se levant subitement du lit. « Ca ne change pas le fait que j’ai traversé la terre deux fois en peu de temps juste pour toi et que tu n’as pas été foutu de venir me chercher. A la place, j’ai dû soudoyer Hades pour avoir le droit rien qu’à une explication. » Réajustant son chemisier elle finissait par reprendre. « Et maintenant, je vais rentrer puisque de toute façon, tu ne voulais pas de moi ici. »

  Ne sentant pas la demoiselle très réceptive à mes sous entendus concernant la folie de son ex, je changeais mon fusil d’épaule. Puisque mademoiselle refusait de voir Aisling comme le dérangé qu’il était, j’allais lui mettre sous le nez les preuves de son dérèglement mental. Les fameux textos. Ses prunelles parcoururent brièvement l’écran, bon même si clairement mes réponses avaient été un peu assassines et provocantes, y’avait quand même déferlante de violences, d’agressivité et de railleries dans ses mots à lui. D’ailleurs, la conclusion de la miss m’arracha un sourire. « Non, non… On peut lui laisser la vie sauve. Mais tu devrais quand même parler à son psy. Moi je dis ça, je dis rien… » Petite allusion comme ça. Aucune menace de mon côté, j’avais compris l’interdit qui planait au dessus de la tête du garçon avec l’histoire des médocs, alors je laissais les cartes dans les mains de la jeune femme. « Je ne savais pas qu’il y avait compétition… Mais si tu veux, peut être. Et mon moment préféré de la partie c’est quand le roi éjecte le fou. » Référence aux échecs. Le jeu restait encore bien présent, mais peut être que je devrais arrêter de fanfaronner, si je ne voulais pas que le fou reprenne sa place et que le roi se fasse jarter à son tour. Mes lèvres retrouvèrent quelques secondes les siennes et puis je lâchais un peu mon masque amusé, laissant entrevoir avec un peu plus de sincérité le sentiment qui m’habitait vraiment : j’étais désolé. Sincères excuses, qui n’avaient rien à voir avec le flot de celles que je lui avais servies et re-servies lorsque je m’étais fait évincé de ma place de VP, dans le but de retrouver mon poste. Là, ça sonnait plus vrai. Elle se leva, souriant de mes paroles, savourant mes mots. « Hadès conduit mieux que moi… » Foutaises. Qu’est-ce que je dirais pas comme connerie, plutôt que d’avouer ma bêtise et mon obstination butée. « Agathe attends… » soufflai-je en me levant, ma main venant se saisir de son poignet pour la retenir dans la pièce alors qu’elle s’apprêtait à faire volte face pour en sortir. « Je… J'ai changé d'avis. J’aimerais bien que tu restes… En fait. » avouai-je dans un murmure…

Concrètement ? L’envie de partir n’était pas réellement présente. Après tout, elle n’avait pas écourtée ses vacances et son temps en famille pour retourner tranquillement dans sa chambre seule. Non. De base, elle était rentrée pour lui. Parce qu’il en avait besoin. Et bien-sûr que faire tout ça pour finalement se faire recaler, ça l’avait mise dans une colère noire princesse. Alors sûrement qu’elle en jouait un peu maintenant pour lui montrer que ce n’était définitivement pas la bonne façon d’agir avec elle mais dans les faits, elle préférait largement rester à ses côtés. « Je peux aussi tout simplement lui parler à lui. » Pas besoin de partir directement dans les tours en usant de stratégie fourbe. Pas avec Aisling du moins. C’était sûrement la seule personne qu’elle protégerait envers et contre tous des manigances de Cole. Faudrait bien qu’il s’y fasse à l’idée. « Ejecte les donc, prouve moi encore et toujours que le seul choix que j’ai à faire c’est toi. » Ouais, qu’il lui prouve donc au lieu de sans arrêt chercher la petite bête pour la faire sortir de ses gonds. Parce que pour le moment, à part l’abandonner à deux reprises et finalement l’envoyer sur les roses, il n’avait pas été très proche du petit ami sympathique qu’il devrait être au moins à certain moment. « Hades n’a même pas conduit. » Non, ça c’était de l’ordre du chauffeur puisqu’autant Cole que les De-Belgique semblait avoir une passion pour les sbires. Excuse non acceptable et dans tous les cas, totalement pittoresque. Assez pour que princesse se lève prête à s’en aller une bonne fois pour toute. Après tout, elle avait eu son semblant d’explication même si l’Eliot avait canalisé sa colère à travers quelques baisers. A croire qu’il avait une certainement emprise sur ses émotions. Et c’était la main de l’Anglais qui venait la retenir l’empêchant alors de faire un pas de plus. Plongeant ses prunelles glacées dans celle de l’égoïste, elle restait de marbre pendant quelques secondes avant de pousser un soupir. « Est-ce que tu m’autorises finalement à passer une nuit avec toi ? » Elle n’aimait pas tellement ce procédé, devoir attendre sans arrête qu’il accepte ou non sa présence. Seulement à son bon vouloir. Ce n’était pas comme ça que les choses devaient fonctionner. Mais elle faisait glisser ses lèvres sur les siennes, l’effleurant doucement. « Je crois qu’on a des choses à rattraper toi et moi. »

   « Va jouer les psy gratos pour lui alors, c’est ça… » sifflai-je avec amertume. « Donc si je résume, il te colle aux semelles comme un vieux chewing gum déjà mâché et tu continues de le fréquenter ? Tu sais que tu lui fais plus de mal de bien d’ailleurs en faisant ça ? Que t’entretient l’espoir chez ce pauvre gars ? Peut être que c’est toi en fait, qui aurait du avoir le prix de la plus égoïste, parce que c’est pas agir pour son bien que de ne pas couper franchement les ponts, si tu veux mon avis… » Et même si tu le veux pas, de toute façon c’était dit. Et la vérité dans tout cela c’était quand bien même elle m’avait choisi moi, elle n’avait pas pour autant envie de renoncer à lui. Elle me soufflait de les éjecter, tous, mais en même temps elle me privait de mes ressources, puisque moi j’agissais à la Wildingham. J’allais pas les éjecter d’un vulgaire coup de pied au derrière ou d’une droite bien placée, j’étais plus classe. Ou plus fourbe, à chacun sa vision de la petite personne perfide que j’étais. Bref des excuses quand même, parce que la demoiselle essuyait ma mauvaise humeur depuis tout à l’heure, deuil oblige, déjà qu’en temps normal j’étais con en plus quand j’étais triste c’était amplifié. Excuse et prétexte irrecevable concernant Hadès, puisqu’il n’avait même pas conduit. « Je voulais dire son chauffeur conduit mieux que le mien… » ronchonnai-je, avec une mauvaise foie assumée. Et puis je me levais, la rattrapais en quelques pas, la retenais de ma main sur son poignet… Et de mes mots, avouant que je regrettais mon attitude, que je voulais qu’elle reste… Pire encore j’avais besoin qu’elle reste. Son regard me toisa, analysant chacun des traits de mon visage comme pour en apprécier la sincérité, avant de reprendre la parole avec cette question. « Non pas une nuit… » rectifiai-je avant d’ajouter : « Autant de nuits que tu le souhaites. » Ses lèvres effleuraient les miennes, et mes doigts desserrèrent leur emprise pour relâcher sa main, venant se poser dans le creux de son dos. « Beaucoup de choses en effet… » acquiesçai-je avant de venir m’emparer de cette bouche qui narguait la mienne, baiser plus marqué et plus fiévreux que les précédents.