Maman.. Pourquoi je suis pas blanc ? s'étonne Wade, du haut de ses 8 ans. La mère, étonnée, ne semble pas comprendre la question. Ou du moins, où son fils unique veut en venir. Bah les copains, ils ont raison à l'école.. Ils disent que t'es blanche, et moi noir.. Papa est noir ? Madame Jackson comprend désormais qu'il est temps de tout révéler à son fils. Ce fils qu'elle aime tant. Ce fils à qui elle donnerait tout. Ce fils pour qui elle a été jusqu'en Afrique. Madame Jackson est veuve d'un mari noir, il est décédé peu après leur mariage, elle n'a pas eu le bonheur de porter un enfant dans son ventre. Elle en a pourtant toujours rêvé.. Se marier de nouveau n'était pas envisageable, elle a donc adopté Sekou, maintenant Wade. Abandonné à la naissance par une jeune mère, qui avait commit l'acte sexuel sans être marié, ce qui ne serait pas passé dans sa famille. Le père ne voulait pas de l'enfant, ne voulant pas l'avorter, et donc le tuer en son point de vue, elle fugue des mois de Bamako, pour donner naissance à Sekou et le laisser avoir une vie meilleure. C'est Maryse Jackson qui l'adopte quand il a 2 ans. Oui.. Papa est noir lâche Maryse avec une mine touchée, submergée par l'émotion. Elle repense à son mari, qu'elle a longtemps côtoyé sans en profiter comme elle l'aurait souhaité en tant que mari. Pourquoi tu pleures maman ? s'inquiète Wade, en lui séchant les petites larmes qui coulent. Ecoute Wade.. Tu es mon enfant, mais ce n'est pas qui t'ai mît au monde.. C'est ton autre maman.. Au Mali. C'est très difficile d'aborder ce sujet avec son enfant adopté. Mais toute personne qui suit cette démarche sait qu'elle y sera un jour confronté. Le moment est si redouté, et craint. Comment l'enfant va réagir ? N'aimera-t-il plus sa maman comme avant ? Cool j'ai deux mamans, mais elle est où l'autre ? Pourquoi je la connais pas, les questions de Wade coulent de source. Perspicace cet enfant. Ton autre maman, m'a dit de prendre soin de toi, elle m'a dit de te donner un deuxième prénom, Sekou. Et tu es né le 17 août, pas le 1er janvier. Ça c'est la date des papiers américains. Tu es malien. Toutes ces révélations sont prises avec fascination par Wade Sekou. Il ne comprend pas tout à son âge, il ne pense qu'à une chose; le répéter à ses copains d'école. Wow ! Super ! J'ai deux prénoms et deux pays ! J'suis pressé de le dire au club et à l'école s'élance Wade. La richesse culturelle est très intéressante dans notre monde, aujourd'hui, très ouvert. Cependant, est-ce que cela sera bien vu par les parents des autres enfants ? Les enfants ne naissent pas xénophobe, mais le deviennent. Dans la grande ville d'Atlanta, en Géorgie, il semble qu'il y est plus de personnes racistes qu'il n'y paraît...

Allez Wade, tu me fais ma classique, pam pam pam hurle Pat, l'entraineur de Wade. Après les entrainements collectifs, Wade reste une heure de plus pour parfaire ses gammes. C'est le meilleur de la salle de boxe dans sa catégorie. Wade prend garde, sautille, et s'exécute. Droite, gauche, droite, il reprend sa garde, et répète au rythme de Pat. PLUS VITE WADE PLUS VITE la sueur coule sur le ring, les coups dans les pattes d'oie retentissent jusqu'aux vestiaires. La respiration de Wade est calquée sur le rythme des coups. Son visage est marqué mais il aime cette souffrance. Cette souffrance qui lui permet d'évacuer toute sa frustration, son énervement. AHHH expulse Wade, ce cri sourd et vif lui permet de se libérer. Aller plus vite, enchainer. Ses gammes se répètent de plus en plus vite. Le chronomètre de Pat sonne, fin de la session. Wade récupère hors du ring... en faisant de la corde à sauter. Du haut de ses 17 ans, Wade est très impliqué. Il sait qu'il a un potentiel incroyable. La boxe c'est sa drogue, son échappatoire. Tout le monde  en cours, sait qu'il n'est pas un vrai américain, mais un malien. Bien que le racisme soit censé s'être dissipé, il est toujours présent, et ce très tard. Les afro-américains, qui sont très peu nombreux, subissent les foudres d'élèves riches et peu intelligents. Désolé coach, aujourd'hui ça va pas fort.. Tu sais pourquoi.. regrette le jeune boxeur. On m'a encore fait chier.. J'essaie de rester calme pour pas en défoncer un ou deux.. J'sais pas à quoi ils jouent.. Ils savent que je suis champion de ma catégorie mais se sentent plus pisser parce qu'ils sont riches.. Ils me promettront un procès et m'enverront chez les nègres comme ils disent. Pat fait comprendre son dégoût par des signes de la tête. C'est aussi ça un champion.. Savoir se contrôler, ainsi que ses émotions. Ne pas céder à la nervosité, au risque de faire des actes regrettables. D'autant plus que Wade n'est pas violent.. C'est pas grave.. Enfin si, mais t'en occupes pas, c'est des merdeux de première. Profite de ta dernière semaine de repos avant ta finale.. Allez files, on se voit Dimanche matin.
La semaine s'écoule, c'est l'heure d'une énième finale pour Wade. Le titre de champion des poids lourds de lycées est en jeu. Il représente son Etat, la Géorgie, face au Texas. Les pugilistes achèvent leurs gammes d'échauffement et rentrent aux vestiaires pour enfiler leur tenue de combat. Allez, tu rentres dedans dès qu'il y a une ouverture, mais ne te précipites surtout pas, tu as le temps, t'es meilleur que lui. Oublies pas tout ce qu'on a vu. Si tu t'en prends une, deux ou même trois, encaisse et reste calme. motive Pat, tout en mettant les gants à son poulain. Il lui adresse des tapes amicales, d'encouragement, d'amitié, de respect. Wade fait deux derniers enchainements, puis est appelé par l'évènementiel, ainsi que la foule. Son visage change, il entre motivé dans la scène. L'atmosphère est palpable, chaude. On sent une lourdeur dans l'air, qui nous prend la gorge, dans l'attente du combat. La cloche retentit, les boxeurs se tapent dans les gants, signe du début du combat. Wade met quelques directs, bloqués par son adversaire texan. Les boxeurs se tournent autour, Wade tente un crochet droit, et baisse sa garde dans l'action, son adversaire esquive et riposte avec un direct dans la tête. Wade encaisse, il prend ses distances, et repart à la charge, il enchaine quelques directs et un crochet gauche. Il a l'ascendant dans ce round. Le premier round s'achève, Wade est devant. Plus que deux.. Allez, c'est bien, tu l'as, continue comme ça. Après l'avoir touché, essaye d'en rajouter il panique. Les boxeurs se redirigent au centre du ring, c'est reparti pour 3 autres minutes. Wade met des coups bloqués, il arme un crochet mais son adversaire le voit, et anticipe. Il le dépasse et lui colle une frappe surpuissante. Wade est au tapis. Il se relève difficilement, 7 secondes sont décomptées. L'arbitre vérifie qu'il n'a pas perdu conscience, on repart, Wade bloque et encaisse. Il est en ballottage défavorable, il tente de resserrer la distance en accrochant son adversaire. Bah alors mon pauvre esclave nègre, tu subis la foudre ? lui soupire son adversaire lorsqu'ils sont collés. Wade le repousse et veut l'envoyer au tapis, mais le round s'achève. Le troisième round sera décisif. Il m'a insulté l'enculé. se confie Wade à son coach pendant qu'il retrouve ses esprits. C'est pas grave, rentre pas dans son jeu lui répond Pat en le renvoyant au centre. L'ultime round débute, et son adversaire continue sa provocation. Cela a le don d'énerver Wade qui multiplie les coups inutiles, il s'agace. Le texan laisse figurer une ouverture, Wade fonce, c'était une feinte, le texan se repositionne enchaine avec un direct, puis un crochet, Wade est sonné debout. Il tente de se protéger avec ses mains, il n'a pas le choix, il tente un direct qui ne touche pas, le texan envoie un uppercut puis un ultime crochet dans la zone haute de la tête. Wade est au tapis, et ne se relèvera pas.
Le coup semble être sérieux, Wade ne parvient pas à reprendre ses esprits, et ne sait plus où il se trouve. Il est emmené à l'hôpital pour des examens approfondis.. Le verdict est difficile.. La boxe à niveau compétitif, c'est fini pour lui. Traumatisme crânien avec légère lésion qui doit être opérée.