T’avais passé une soirée d’enfer .. Mais pas dans le bon sens du terme. T’avais succombé à la tentation en accompagnant ta meilleure amie à une soirée organisée par sa confrérie. Tu n’aimais pas plus que ça ce système de confrérie et participer à un événement produit par ce système te plaisait encore moins. Mais tu savais que Len était heureuse de te savoir avec elle. T’avais donc accepté de l’accompagner après un énième battement de cils excessif de sa part. Vous avez enchaîné les verres et l’alcool t’était rapidement monté à la tête. Tu ne tenais pas bien la boisson et tu pouvais rapidement être dépassé par les évènements. Tu connaissais heureusement tes limites et sans prévenir personne tu t’étais éclipsée de la soirée. Un acte que tu regretteras surement demain matin, sachant que la demoiselle qui te servait de meilleure amie n’appréciait pas d’être abandonné. T’avais pris un taxi, un petit coup de folie qui te coûta cher, mais tu n’aurais pas pu rentré à pied vivante. T’avais rapidement retrouvé ton lit et tu t’étais endormie aussitôt. C’est le vibreur de ton téléphone qui te réveilla le lendemain. Repoussant la couette d’un coup, laissant la fraîcheur du matin se posait sur ton corps. Tu frisonnes avant de te relever à moitié, étirant tes bras au-dessus de ta tête. Tu ramènes tes cheveux sur le sommet de ta tête en un chignon un peu fouillis. T’attrapes ton téléphone pour checker les messages et notifications que tu venais de recevoir .. Len te rappelle une énième fois ton abandon de la nuit dernière .. Tu lèves les yeux au ciel. Cette fille ne lâchait jamais l’affaire. Tu t’excuses encore une fois, lui rappelant que tu ne tenais pas aussi bien l’alcool qu’elle par manque d’expérience .. Une petite pique rien que pour le plaisir. Tu sors enfin de ton lit, rejoignant le salon silencieux .. C’est bien étrange, mais tu n’y fais pas plus attention. Tu occultes carrément la présence sur le canapé. Le matin tu n’étais pas très réactive du moins jusqu’à ce que tu prennes ton café. Tu rentres dans la cuisine appuyant sur le bouton de la machine, lorsque ton cerveau sort de sa léthargie. Ton regard s’agrandit et tu retournes dans le salon. Tu te stoppes devant l’inconnu silencieuse. Il te jauge du regard et tu fronces les sourcils. « T’es qui toi ? » demandes-tu soudainement. T’es peut-être un peu trop violente verbalement parlant, mais tu détestais croiser des inconnus dans ton appartement. « Tu connais Hugo ou Théo ? Putain je leur ai déjà dit de pas ramener n’importe quoi à la maison. » Non, tu ne t’étais pas trompé en employant le terme « n’importe quoi » .. Tu préférais lui faire comprendre que sa présence ne te plaisait pas et qu’être l’ami d’un de tes frères ne lui offrait pas tout les droits.

Allongé dans un lit inconnu, tu sentais une présence à tes côtés. Il n'était pas nécessaire que tu ouvres les yeux pour deviner qu'il s'agissait du corps nu d'une jeune femme rencontrée la veille. D'humeur ronchon, tu sortis du lit en douceur, en silence, et attrapas tes affaires avant de te faufiler à l'extérieur de la chambre où tu avais passé une nuit en bonne compagnie. Sans laisser un mot ou même ton vrai numéro, tu quittas l'appartement et te dirigeas machinalement vers chez ton meilleur ami, Hugo. Ça faisait peu de temps que tu étais sorti de prison et n'avais pas eu le temps de le voir. Entre ses études, son nouvel emploi, et ton chômage qui te prenait un temps fou -ironie quand tu nous tiens- vous n'aviez pas eu beaucoup d'occasion pour vous voir. T'arrivas bien vite, nonchalant, jusqu'à son immeuble et ne pris même pas la peine de sonner à l'interphone: tu connaissais déjà le mot de passe pour entrer. Montant les marches quatre par quatre, tu avais presque hâte d'avoir une discussion avec ton meilleur ami. Une fois devant la porte d'entrée, tu t'apprêtais à toquer quand tu te rappelas où est-ce que la clé de secours était cachée. Parfait. Une tour dans la serrure et la porte se déverrouilla, dévoilant l'appartement sans vie du vétérinaire. Soit monsieur était encore endormi, soit il avait d'ores et déjà déserté. Bref, dans l'unique but de l'attendre, tu t'installas sur le canapé et t'occupas avec des jeux sur ton téléphone. Enfin le jeu. Vu le modèle de ton mobile, on ne pouvait te proposer que Snake. Au bout d'une bonne heure d'attente, tu entendis du vacarme dans la cuisine et levas les yeux vers la source de cette activité soudaine. Une jeune femme, brune, se tenait à quelques mètres de toi. Elle ne semblait pas t'avoir encore remarqué mais toi, tu la reluquais de haut en bas sans aucune gêne. Quel veinard cet Hugo. Tu comprenais mieux pourquoi il n'était toujours pas debout. Lorsque, enfin, la brunette remarqua ta présence, elle s'avança vers toi et te demandas qui tu étais. Vu son ton, elle était mal lunée. Dans un sentiment de surprise, tes sourcils se soulevèrent et tu ne mis pas longtemps à lever tes fesses du canapé pour t'approcher de son corps frêle. Ses mots se voulaient violents, blessants, mais ce n'était qu'une douce mélodie à tes oreilles. Tu te penchas en avant pour se mettre à sa hauteur, montrant son infériorité par rapport à toi et annonças « Ce n'est pas parce qu'Hugo, ou Theo, a réussi à te faire écarter les cuisses qu'il faut penser que t'as tous les droits ma jolie. ». Elle mâchait pas ses mots, très bien, toi non plus. Tu la contournas et attrapas le café qu'elle venait de se faire pour porter la tasse à tes lèvres. Adossé contre un des meubles de la cuisine, tu la jaugeas du regard et levas les yeux au ciel « C'est bon déride toi, t'as vraiment cru que c'était du sérieux ? Si ça peut t'aider à avaler la pilule, j'te suggère de partir avant qu'ils ne se réveillent. » dis-tu, dans un élan de bonté. Ou pas.

T’hallucinais. Oui c’était le mot adéquat à choisir dans cette situation. Tu venais de te lever, et tu te faisais agresser dans ta propre maison. T’avais l’habitude qu’Hugo et Théo ramènent des amis à eux à la maison, mais t’avais pas l’habitude que ces derniers soient des connards. Te retrouvant en face du jeune homme, tu serras les poings avant de les poser sur tes hanches. Il ne te connaissait pas, tu le connaissais pas non plus, mais il venait titiller la mauvaise personne au réveil. T’étais une Blackburn, l’unique fille de cette famille, mais ça ne t’empêchais pas d’avoir un caractère aussi pourri que celui de tes frères. L’inconnu se releva, te toisa de sa hauteur avant de se pencher vers toi. Tu ne baissas pas le regard,  le plongeant dans le sien. Ses mots s’échappent de tes lèvres et là … C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Certes, les mots crus q’il emploie te choque, mais c’est cette idée qu’il se fait de toi qui te choque le plus. Il te prenait pour une des conquêtes de tes frères et se permettait de juger cet acte comme s’il était le maître de la maison. « PARDON ! » dis-tu un peu trop fort. Tes nerfs étaient mis à rude épreuve et même si tu pouvais envisager le fait qu’Hugo ou Théo n’aient jamais parlé de toi, tu trouvais ça vraiment petit de juger quelqu’un aussi ouvertement. « Mais sérieux tu te prends pour qui ? » demandes-tu en venant appuyer ton index sur ta poitrine. Tu ne comptais pas arrondir les angles .. Non au contraire. « Y a pas d’inceste ici tête de cul ! Alors garde tes délires chelou pour toi et vire de chez moi ! » T’espérais qu’il redescende un peu, parce que monsieur se croyait au-dessus de tout .. Mais il n’était rien d’autre qu’un mec sans importance. Il prenait ses aises et t’irritait un peu plus. Il semblait croire dur comme fer que tu venais de coucher avec l’un de tes frères et là … Tu jures avoir la nausée. « Ecoute je vais te le redire encore une fois, parce qu’apparemment ça marche pas bien la-haut. » dis-tu en désignant ta tête. « Je ne suis pas une de ces filles qui couchent avec les deux guignols .. Je m’appelle Ailis Blackburn abruti. » Oui autant, affirmer tes dires en lui balançant ton prénom et ton nom pas que ça t’enchante qu’un mec pareil connaisse ton identité, mais à un moment avec de tel accusation il fallait donner les meilleures preuves.

Toujours adossé à un meuble de cuisine tout en sirotant ton (enfin son) café, tu ne la regardais même plus jusqu'à ce qu'elle s'écrit, ahurie par tes mots. Et comme tu t'y attendais, elle partait dans une grande tirade, montant sur ses grands chevaux en te demandant pour qui est-ce que tu te prenais. Imperturbable, tu l'écoutais parler sans porter de réel intérêt à ce qu'elle pouvait bien inventer. Elle s'avança jusqu'à ta hauteur et posa son doigt menaçant contre ta poitrine. Ce qu'elle racontait n'avait aucun sens et tu n'avais qu'une envie : rire. Mais tu te retenais. Cette femme avait une imagination bien intéressante, on pouvait même dire qu'elle innovait. De l'inceste, on te l'avait jamais faite celle-ci. Toujours avec sa mauvaise humeur et ses grands airs, elle pointa ta tête de son index en disant que ça ne devait pas bien marcher par ici et prétendu s'appeler Ailis Blackburn. Comme Hugo. Bien, soit elle était vraiment dérangée, soit il s'était marié dans la nuit, tu voyais pas d'autres explications possibles. Tu vidas d'un coup ta tasse et la posas délicatement dans l'évier avant de te racler la gorge « Comment te dire... » commenças-tu à dire avant de relever la tête vers elle et d'applaudir avec un grand sourire « On me l'avait jamais faite celle-la ! Allez j'te donne la médaille de la plus innovatrice, t'es contente ? » ajoutas-tu en levant tes pouces en l'air pour elle. Puis tu la contournas pour aller jusqu'à la porte, l'ouvrant en grand « Maintenant je te prierais de sortir avant que je raconte toutes tes conneries aux frangins. Je suis sûr que ça les fera moins rire que moi de savoir qu'une meuf qu'ils ont tiré s'invente une vie avec eux. » conclus-tu en lui montrant la sortie.

En fait, tu pars du principe que tout ça est un rêve. Oui c'est ça, impossible que ce moment entre lui et toi soit réel. Tu vivais simplement un mauvais rêve. Tu fermes les yeux quelques secondes et tu vins te pincer. Tes yeux s'ouvrent de nouveau et tu le vois toujours en face toi. Un soupire s'échappe de tes lèvres .. Non, tu ne rêvais pas .. Malheureusement pour toi. Ses mots te choquent, t'énervent et te laissent sur le cul. T'imagines bien ce besoin de se sentir toujours supérieur à la femme qui se trouve devant lui. Macho .. Sûrement .. Mais tu préfères te dire que c'est juste un homme blessé dans son amour propre qui compense ce fait par sa grande gueule. Il te prend pour une folle, pour une actrice de mauvais goût. Tu ne comprends pas son problème. T'avais autre chose à faire que de mentir sur ton identité, que tu sois la soeur ou comme il le pense le plan fesse d'un de tes frères, t'assumerais n'importe quelle identité. Il n'a peur de rien et s'avance vers la porte d'entrée avant de l'ouvrir en grand t'invitant à partir .. Tu lèves les yeux au ciel, rejetant son offre d'un geste de la main las. T'en avais marre de te battre contre un gars qui devait sûrement penser que seul sa première impression était la bonne. Tu te ressers un café, portant la tasse à tes lèvres avant de te diriger vers ta chambre .. T'aimais pas te justifier comme ça. T'attrapes ton téléphone et ta carte d'identité et tu rejoins à nouveau le salon. Toujours devant la porte, tu l'observes quelques secondes avant de lui lancer ta carte d'identité. « ]Vire de chez moi maintenant. » lances-tu calmement. « Sinon, je te jure que j'appelle les flics. » Tu dégaines ton téléphone, composant le numéro de la police. T'en avais marre de gérer une situation pareil dès ton réveil. Tu lèves tes jambes afin de les déposer sur la table basse devant toi, à vrai dire tu ne comptais pas appeler les flics tu ne voulais pas en arriver là, mais autant lui mettre un peu la pression ..

Ses yeux se levèrent vers le ciel en même temps que tu insistais presque du regard pour la voir partir. Pour toi, tu ne faisais que rendre service à ton pote ou à son frère, rien d'autre. Puis, il fallait dire qu'elle te paraissait vraiment folle à cet instant. Son histoire, tu l'imaginais faite de toute pièce. Et on pouvait le dire : elle était plutôt bonne actrice. D'un geste las, elle t'informa qu'elle n'allait pas prendre la porte comme tu l'y avais invitée et partit dans la cuisine pour prendre... un café. Ok, elle était tenace. Du pied, tu refermas la porte dans un claquement sourd et soupiras. « Franchement, t'as l'air d'être une fille sympa hein. Mais tu t'attaches trop vite si tu veux mon avis. C'est pas parce que t'as mangé sa bite une nuit que t'es mariée avec. » dis-tu en la voyant repartir vers une des chambres. Tant pis pour elle, qu'elle vienne pas pleurer lorsqu'Hugo ou Theo viendra la foutre dehors avec moins de délicatesse que toi. Parce que oui, tu avais été délicat, vraiment. La belle brune refit son apparition devant toi et sans que tu ne t'y attendes, elle te lança un objet dans les mains. Curieux, tu le regardas et découvris une carte d'identité. Tes sourcils se levèrent, étonné, quand tu remarquas la véritable identité de la jeune femme. Et le temps que tu captes bien qu'elle n'avait pas menti, elle eut le temps de composer le numéro des flics. La salope. Cinq grands pas et tu arrivas à sa hauteur, lui arrachant le cellulaire des mains. « Ça m'étonnerait. » annonças-tu en levant ton bras en l'air, le mettant hors de sa portée. « J'ai peut-être eu tort mais en même temps, t'as vu ta tronche ? On dirait que t'as passé ta soirée à faire des folies. » ajoutas-tu en haussant les sourcils, presque coquin.

T’arques un sourcil avant de secouer la tête face à ses propos crus .. Ce mec te débecte c’est définitif. Tu ne réponds rien bien trop ennuyé. Te battre contre du vide n’était pas vraiment enrichissant. Alors, tu fais ta vie. Tu reprends un café dans la cuisine, tu passes devant lui sans lui accorder un regard ni un mot .. Une fois dans ta chambre, t’attrapes ta carte d’identité que tu lui donnes pour preuve de tes paroles et tu le menaces d’appeler les flics. Une réflexion qui le fait réagir plus rapidement que tu ne le pensais, mais tu ne élèves pas plus que ça. Il attrape ton téléphone d’un geste brusque et un hoquet de surprise s’échappe de tes lèvres. Sérieux ? Tu le vois lever le bras et tu soupires .. Evidemment. C’était comme ce battre contre un géant pour toi à cet instant .. Même en levant les bras tu n’atteindrais pas sa main. T’as toujours vécu avec trois garçons qui faisait trois têtes de plus que toi alors t’avais arrêté de te battre lorsqu’ils se servaient de ta taille pour te mettre en échec. Il avoua à demi-mots qu’il avait peut-être eu tord et t’avais envie de crier "ENFIN" mais tu te tus en écoutant la suite. « T’as un problème ma parole. » lances-tu de but en blanc. « Ta vie est tellement misérable, que le sexe est devenu la chose la plus importante  ou quoi ? Trouve toi une  autre occupation sérieux. » Les mecs comme lui qui jugent un livre sur sa couverture, ils te dégoûtent. Il semble croire que les femmes ne sont que des objets à jeter une fois utiliser .. Encore un qui a eu le coeur brisé par une nana et qui n’assume pas de s’être fait jeter de la sorte. «  Maintenant si tu pouvais me rendre mon téléphone se serait gentil .. J’appellerais pas les flics, mais je sais pas où tes mains ont traîné .. » Tu laisses sous-entendre ce qu’il y a sous-entendre qu’importe qu’il se vante ou s’offusque, t’en avais un peu rien à faire de ce qu’il pouvait ressentir.