i can't take it. - Fin avril 2017 — Les nerfs lâchent, le coeur flanche. Je n'ai même pas eu la force de suivre mes cours jusque vingt heures ce soir, incapable de me concentrer ne serait-ce qu'un peu. Dans l'après midi, j'avais eu une altercation plus que violente avec Eliot. Eliot, de retour de Dieu seul sait où, qui avait eu le culot de m'accuser de m'être mise avec Adriel après son départ. De l'avoir oublié. Et c'était pas franchement ce dont j'avais besoin en ce moment. Une raison de plus de me briser, après tout, on est plus à ça près, mais ce soir, c'étit tout simplement la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Poings serrés, voilà une heure que je tournais en rond dans les rues de Cambridge. Et à chaque fois que je pensais ne plus avoir de larmes à faire couler, ça repartait de plus belle. Jusqu'à ce que je reconnaisse un appartement en particulier. C'est à partir de ce moment que, sur pilote automatique, j'ai arrêté de réfléchir, poussant la porte d'entrée en profitant du fait qu'une petite vieille sortait du bâtiment pour rejoindre l'étage où je savais que ma soeur habitait désormais. Et quand la porte s'est ouverte pour dévoiler Kaya, visiblement surprise de me voir là, je restais figée, les yeux encore rougis, la respiration coupée. « Je ... » Tu quoi, Margot ? T'es là, tu peux plus faire machine arrière. Je pinçais les lèvres avant de baisser les yeux. « J'en peux plus Kaya... » La gorge nouée, je finis par relever le regard vers mon aînée, au bord du précipice. « C'est trop dur d'être écartée de ta vie. » Du revers de la main, je chasse une larme, je ravale mes sanglots. Mais le fait est que j'ai beau me montrer comme étant la plus forte de la fratrie.. c'est peut-être pas si vrai que ça.

i can't take it. - Fin avril 2017 — Y avait le mariage qui approchait à grand pas et.. Ouais, c’était une énorme source de stress. Kaya, elle avait peur que rien ne soit prêt dans les temps, qu’elle oublie des choses pourtant importante et que ça finisse en désastre complet. Ouais, c’était la panique au point où elle peinait à fermer l’œil la nuit. Et malgré toutes les fois où Nicholas avait tenté de la rassurer, rien n’avait changé. Elle était toujours aussi paniquée à l’idée que tout puisse déraper. Levée en même temps que le soleil, elle avait vu Nicho s’en aller pour un rendez-vous important et elle avait passé ce qui lui avait semblé être des heures sur les plans de table incapable de trouver la parfaite combinaison. Et finalement, elle avait fini par s’avouer vaincu, se levant finalement pour attraper un paquet de chips visant à la réconforter au moins un peu. C’était à ce moment-là qu’une présence se faisait entendre à l’entrée lui arrachant un haussement de sourcil. Mh, elle n’attendait pourtant personne. Continuant à piocher dans les bout de pomme de terre frits, elle s’avançait vers la porte d’entrée ouvrant celle-ci de sa main libre et.. Margot. Wtf ? Là par contre, elle ne s’y était pas du tout attendue. Dans quel monde est-ce que Margot débarquait comme ça alors qu’elles ne se parlaient plus depuis plusieurs mois ? D’abord interdite, elle entendant les mots que sa petite sœur peinait à prononcer et concrètement, ça lui fendait le cœur de la voir dans un état pareil. Encore plus quand elle venait essuyer une larme perlant de ses yeux. Sans plus attendre, elle lâchait le paquet de chips passant ses bras autour de la rousse avant de murmurer. « J’ai les mains dégueulasse mais tu ne m’en voudras pas » qu’elle lâchait dans un petit rire avant de l’entraîner à l’intérieur. « Qu’est-ce qui s’passe mon cœur ? » Non mais elle était parfaitement consciente que si Margot était là à l’heure actuelle c’était parce que quelque chose l’avait totalement déstabilisée.

i can't take it. - Fin avril 2017 — Je ne sais pas ce que je fiche là, et pourquoi diable je suis venue jusque devant la porte de Kaya. Parce que concrètement, ça peut être une mission suicide, cette affaire. Une tentative à double tranchant, parce que je suis pas conne, je sais bien que si Kaya me claque la porte au nez, j'vais mal tourner. Vraiment, vraiment mal tourner. Et quand elle ouvre sa porte, quand je la vois, y a quelque chose à l'intérieur qui se brise. Les maigres défenses que j'ai conservées au cours de ces derniers mois s'effondrent, et c'est comme si j'avais laissé mon assurance sur le pas de la porte d'entrée de son immeuble, quand je craque enfin. Et j'ai l'impression l'espace d'un instant que je vais la prendre, la porte. Jusqu'à ce que Kaya lâche le paquet qu'elle tenait dans ses mains, pour .. me prendre dans ses bras. Et putain, ça fait tellement de bien. Gorge serrée, regard brillant, je contiens mes larmes, secouant la tête quand elle s'excuse pour trois fois rien. Elle aurait les mains recouvertes de cambouis que je n'en aurais rien eu à faire. « C'pas grave .. » Que je marmonnais, le nez dans les cheveux de Kaya, jusqu'à ce qu'elle m'entraîne à l'intérieur. Comme si rien n'était. Comme si j'avais jamais fait la connerie de lui tourner le dos. « Y a plus rien qui va.. » Murmure alors que je passe une nouvelle fois mes mains sur mon visage pour chasser les larmes, les nerfs à fleur de peau. « J'arrive pas à aller mieux depuis qu'Adriel est parti. J'arrive plus à faire confiance aux hommes. Et Eliot est revenu et .. » Je suspend mes mots en secouant la tête, refusant de parler à voix haute de notre dispute dans l'ascenseur. « J'aurais du rester en Corée. » bafouillais-je en retirant ma veste pour m'asseoir sur son canapé, gardant la veste serrée sur mes genoux. « Et tu me manques. » Dis-je en relevant les yeux vers elle.. complètement brisée.

i can't take it. - Fin avril 2017 — Dans le fond, peu importait sa rancune. Peu importait à quel point elle avait pu être fâchée. Voir sa petite sœur dans cet état c’était sûrement le pire truc au monde et il était hors de question qu’elle lui claque la porte au visage comme si elle n’en avait rien à faire. Parce que ce n’était définitivement pas le cas. Et ouais, bien-sûr qu’elle voulait savoir qu’est ce qui avait bien pu se passer pour pousser la cadette à venir aujourd’hui ici. Kaya, elle connaissait la fierté de Margot, elles auraient pu rester en mauvais terme pendant bien longtemps mais pour que la rousse débarque soudainement, il y avait forcément eu quelque chose. Et.. Ouais. Encore un problème d’homme. Fallait croire que les mecs avaient un don pour faire pleurer les femmes. C’était limite dingue le nombre de fois où ça pouvait arriver en fait. « Premièrement, tu n’aurais pas dû rester en Corée. J’aurais fais quoi sans toi moi ? » Se dirigeant vers la cuisine, Kaya sortait deux tasses d’un placard qu’elle emplissait de lait au chocolat avant de les faire chauffer. « Deuxièmement, les mecs sont tous des cons et ne méritent certainement pas tes larmes. » Ouvrant la porte du micro-onde, elle surmontait le tout d’une bonne dose de crème chantilly. « Et troisièmement, tu m’as manqué aussi » qu’elle finissait lui tendant la tasse fumante. Y avait rien qu’un bon chocolat chaud ne pouvait aider à surmonter. Ramenant une mèche rousse de sa sœur derrière son oreille, Kaya inspirait un grand coup lui adressant un petit sourire. « Tu sais, c’est ce genre de truc qui te construise et.. Tu sais ce qu’on va faire ? » Sans attendre une réponse elle attrapait son téléphone envoyant un sms à Nicholas pour lui demander un service. « Ce soir, c’est toi et moi. Tu restes ici et on va regarder des tas de film, commander des pizzas et je te promet que tu n’auras même pas le temps de penser à pleurer. »

i can't take it. - Fin avril 2017 — J'ai une fierté, aussi stupide soit-elle, mais dès lors que les choses s'effondrent autour de moi, je sais que je n'ai qu'un seul repère. Ou du moins, deux, puisque l'une ne va pas sans l'autre, et si je savais pertinemment que je pouvais compter sur Sofia, qui m'envoyait fréquemment des messages pour s'assurer que je ne m'isolais pas trop, mes pas m'avaient conduit par automatisme jusque dans les bras de Kaya. Et son étreinte, c'est une bouffée d'air frais, et à la fois une vague de chaleur. Parce que tant que j'aurai mes soeurs, j'me sentirai pas toute seule. Directement, elle me contredit sur ma conviction que j'aurais du rester en Corée. Je fais une moue à sa question. « Ce que tu faisais déjà pendant l'année et demi où je vous ai abandonnées ? » Parce que c'est ce que c'était, au fond: La fuite. J'avais fuit les Etats Unis, ne supportant plus le chaos qui y régnait constamment. Et c'était une réaction égoïste, même si j'avais appelé les jumelles pratiquement chaque jour où j'avais vécu séparée d'elles. Rapidement, elle m'entraîne jusque dans la cuisine, où elle commence à préparer deux chocolats chauds. Immobile, bras croisés, j'écoute tout en regardant le vide. Les mecs. Le problème principal sur cette planète. Et Eliot venait clairement de piétiner les restes de mon coeur, comme s'il n'en avait rien à faire. « J'vais finir seule avec des chats. » Baragouinais-je le temps qu'elle badigeonne chaque tasse d'une tonne de chantilly, attisant ma gourmandise malgré moi. Et son dernier point m'arrache un sourire. Même si je m'en doutais - parce que mine de rien, je la connais - ça fait du bien de l'entendre le dire, que je lui ai manqué. Récupérant la tasse avec un mince sourire, attrapant la cuillère pour attraper la pointe de la chantilly que je portais jusque mes lèvres, je secoue la tête à la négative à sa question, cuillère dans la bouche, telle une enfant. Je fronçai cependant les sourcils à sa réponse. « T'es sûre ? » Parce que bon, moi j'suis peut-être forever alone, mais... « J'veux pas bousiller une de tes soirées avec Nicholas. » Avouai-je en prenant une nouvelle cuillère de chantilly, avec une grimace. La dernière chose que j'voulais, c'était m'imposer.

i can't take it. - Fin avril 2017 — Il était de son devoir de faire en sorte que tout se passe bien pour elle. De la protéger envers et contre tout malgré les disputes de ces dernières semaines. Et si elle ne pouvait probablement pas effacer la peine qui se lisait sur son visage, elle pouvait au moins tenter de lui faire oublier l'espace d'un instant. Après tout, les soeurs Weasley's avaient toujours eu pour habitude de se protéger. De se compter leurs moindre histoire et d'être plus proche que jamais. Alors même si ces derniers temps tout était bien plus compliqués, même si chacune d'entre elles avaient prit de l'écart au vu de leurs vies respective, Kaya elle savait que dans le fond jamais rien ne pourrait changer le lien qu'elles avaient crées entre elles. Et bien sûr que d'un point de vue extérieur, n'importe qui pourrait penser que Kaya et Sofia étaient le plus proche de part leur lien de jumelle mais en réalité, Margot était arrivée si peu de temps après que c'était presque comme si elle n'était personne d'autre que la triplée. "Tu veux dire, compter les minutes jusqu'à ton retour ?" Elle n'avait pas réellement envie de recommencer à vrai dire et elle refusait catégoriquement que Margot puisse prendre la fuite. Il en était hors de question. "Les chats c'est pas trop mal tu sais ? J'ai une amie qui en a un, Moldu il s'appelle, et même s'il est con comme ses pattes, on ne peut pas lui résister." Alors ce n'était pas si dramatique en soit. Fallait arrêter de catégoriser les filles à chat comme des pauvres nanas, c'était juste des filles assez intelligentes pour sortir les mecs de leurs vies. "Tu bousilles rien du tout et de toute façon, il comprendra." Sûrement même qu'il sera heureux de les voir se rabibocher puisqu'il l'avait vu si malheureuse de perdre sa petite soeur. "Et puis s'il décide de s'incruster, on pourra toujours s'en servir de cobaye et lui faire les ongles" qu'elle rajoutait tentant de mettre un peu d'humour dans tout ça.

i can't take it. - Fin avril 2017 — Je roule des yeux en l'entendant dire qu'elle comptait les jours jusque mon retour en mon absence. Ca va, elle fait pas du tout la drama queen, sinon. Je veux bien leur avoir manqué, mais à ce point... Je serais revenue dans l'immédiat dans le cas contraire. Je secoue la tête en faisant un bref sourire amusé. « N'exagère pas. » Mais de toutes manières, je ne comptais pas repartir en Corée, pas maintenant, alors que j'ai même pas fini mon année. Puis je me sentais pas le courage de me séparer de ma famille à nouveau, quand bien même pouvais-je être remontée contre Eliot. Et quand Kaya me parle du chat d'une de ses amies, je rit plus sincèrement. Difficile de ne pas rire quand on entend qu'un chat s'appelle "Moldu". C'que c'est con comme nom. « Ca sent le genre de chat qui serait du genre à tomber du balcon, que du bonheur. » Et de beaux frais de vétérinaire, aussi. Y a des jours ou je me demande pourquoi je veux un chien.
Et dès lors que Kaya sous entend qu'elle veut que je reste ici pour la nuit, je m'inquiète. Est-ce que son mec va apprécier ? Elle m'assure que ce n'est rien, et je fais une moue soucieuse. Quoique, la perspective de lui faire les ongles ne me déplait pas, à mon "beau-frère". « Ca me va, comme perspective. » Je me pelotonne contre mon aînée, retourne dans ses bras par automatisme. « Qu'est-ce que je ferais sans toi ? » Que je murmure dans ses bras, avant de m'intéresser de nouveau à mon chocolat chaud. Apaisée. Prête à passer une bonne soirée sans penser aux garçons, sans penser à Eliot, surtout. Du moins pour l'instant.