Il s’en veut. Il s’en veut terriblement. Il n’a rien prémédité, tout est arrivé si vite. Il a vu son corps nu, celui d’Hippolyte. Celui de la meilleure amie de sa petite amie. Il a trompé Agathe. Il l’a clamait avec toute son âme pour ensuite refaire la même chose après un message. Un message à sa meilleure amie en plus. Pourquoi faire ça ? Pourquoi avoir pris le téléphone d’Hippo et ensuite couché avec cette dernière ? Pourquoi se venger de manière aussi cruelle ? Il n’en peux plus de cette situation. Les médicaments ont l’air de n’avoir aucuns effets sur lui. Ils ont l’air aussi efficace que des bonbons. Bonbons qui ont disparu il y a quelques jours. En rentrant de chez Hippolyte, il n’avait plus sa boite. Cette petite boite qui contient les seules choses qui le gardent sain d’esprit. En train de se vider la tête dans le parc, le bracelet d’Agathe dans la poche de son jean, il buvait sa énième bière de la journée, fumant sa énième clope de la journée. Rien à faire si son foie et ses poumons l’envoient chié à la fin de sa vie. Là, c’est son coeur qu’il essaye d’anesthésier. Ouvrant son téléphone, parcourant son fil d’actualité instagram, il regardait les nombreuses photos qu’il avait prise avec Agathe, la belle époque, celle où ils n’avaient à s’inquiéter que d’être ensemble, heureux, amoureux. Oui, ils avaient de soucis, de problèmes, mais ils arrivaient à être tout de même ensemble. Maintenant, c’est dur. Compliqué. Difficile. Horrible. Compliqué. Il sent que son existence est sans dessus dessous, que son coeur est au pied d’une falaise après être tombé durant des heures dans l’inconnu pour s’écraser horriblement sur un sol parsemé de piquants. Et puis, il a fait ça. Couché avec Hippolyte. Quel idiot ! Mais quel idiot ! Il entend un bruit derrière lui, dans les buissons. La clairière qui a partagé tant de moment avec le couple devient son refuge depuis peu. Là, il retrouve l’ambiance des premiers jours, l’amour naissant entre eux. Il retrouve leur couple. Il voit alors la figure d’Agathe sortant des buissons. « Agathe. » Se levant, il serre de manière frénétique le bracelet dans sa poche. Il a couché avec l’autre Eliot il y a à peine deux jours mais il a l’impression que c’était hier. Il se souvient de tout et savoir qu’il a partagé ça avec elle et non pas avec Agathe le rend fou. « Je suis désolé. »  

Agathe elle était.. Au bout du rouleau. Concrètement. C’était comme si tout s’était écroulés autour d’elle depuis qu’elle était rentrée de Monaco. Bien-sûr, elle avait directement dit la vérité ce qui l’empêchait du coup de se ronger avec ses mensonges mais ça ne changeait pas le fait qu’elle avait l’impression d’avoir perdu Aisling. Il n’avait pas rompu avec elle mais c’était tout comme. Ne plus vouloir la voir, lui demander du temps encore et encore.. Elle avait l’impression que le temps passait bien trop lentement et chaque seconde la faisait souffrir affreusement. Est-ce qu’il se rendait compte au moins à quel point elle l’aimait ? Puis même les messages qu’ils s’échangeaient ne suffisait pas à la faire sentir mieux. Elle tournait en rond, se sentait vide et avait l’affreuse sensation que jamais ça ne s’apaiserait. Ni dans sa tête, ni dans son cœur. Mais elle avait besoin de lui. Tellement besoin de lui. Au point d'en devenir folle sans sa présence. Et à force de tourner comme un lion en cage, elle finissait par rejoindre l'extérieur sans trop savoir où aller. Et sans trop savoir le pourquoi du comment, elle se retrouvait non loin de la clairière. Cette fameuse clairière qui avait changé mine de rien beaucoup de chose dans sa vie. C’était là qu’elle avait commencé à lui raconter l’horreur de son passé mais aussi à cet endroit qu’elle avait choisi d’accepter ses sentiments. Et peut-être que dans un moment de folie, elle avait pensé qu'aller là-bas l'apaiserait au moins un peu. Qu'elle réussirait à y trouver le peu de sérénité dont elle avait besoin pour ne pas devenir complètement barge. Passant dans le petit passage à travers les buissons elle le voit. Il est là comme si malgré la peine et les trahisons, ils étaient toujours connectés. Et sans réfléchir, elle sourit. C’est apaisant de le voir et presque immédiatement elle enserre ses bras autour de son cou juste pour le sentir contre elle. Pour pouvoir sentir son odeur. « Tu m’as tellement manqué » qu’elle murmure avant de se reculer légèrement. « Désolé de quoi ? » Parce qu’en fait, c’était plutôt à elle de continuer à se confondre en excuse. Pas l’inverse.

La culpabilité le rongeait comme un chien ronge un os. Décapant chaque petite partie de lui peu à peu, sans même s’en rendre compte. Il se demandait vraiment ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour avoir pratiquement vider une bouteille de vodka et ensuite sauter sur Hippolyte comme si elle était un oasis en plein désert. Le reste de ses souvenirs sont flous, mais elle a été marquante dans le temps qu’ils ont passé ensemble. Prenant un énième gorgée de sa bière qui n’était même plus fraîche après tout ce temps, il se remémorait, comme pour se faire du mal, les bons moments qu’il avait passé ici avec Agathe en regardant des photos d’une époque passée. Des photos d’un couple qui a été mais qui n’est plus. Bien que toujours en couple avec Agathe, c’était comme si il n’y avait plus rien. Pas d’intimité, ni de confiance. Juste un amour tangible certes mais pas suffisant pour remettre les deux dans la même ambiance qu’ils ont eut il y avait encore quelques semaines. Et puis, il la vit. Dans les buissons puis s’avançant vers lui doucement avant de le prendre dans ses bras. Il mentirait s’il disait qu’il n’aimait pas de manière incommensurable ce contact avec la blonde. Elle lui avait tellement manqué aussi. Mais il se souvenait d’Hippolyte, de cette partie de jambe en l’air sans signification mais qui s’était définitivement déroulé. Alors il est désolé. Désolé de l’avoir trahis alors qu’il disait lui même qu’elle l’avait trahis. Et c’était pire. Il avait été avec sa meilleure amie. Il avait trahis sa confiance deux fois. « J’ai couché avec Hippolyte. » dit-il. De but en blanc, sans préparation. Il voulait sortir cette vérité cruelle hors de lui, lui avouer ce qu’il avait fait. Pourquoi ? Il ne sait pas. Mais il a la certitude que s’il avait gardé ça pour lui, jamais ils n’auraient pu avancer tous les deux. De plus, ses médicaments disparu et n’ayant pas la force d’aller chez son psychiatre pour s’en faire prescrire d’autres, il était comme un enfant perdu dans un centre commercial, complètement à la merci des autres, sans le moindre but précis. Sans la moindre envie de vivre si ce n’est avec Agathe à ses côtés. Lui, prônant l’honnêteté avant tout, avait donc dit la vérité.  

Forcément, du coup, elle ne comprenait pas. Quoi que peut-être était-il désolé de l’avoir tenu à l’écart ? Oui, sûrement. C’était ce qu’elle espérait au fond. Peut-être qu’il allait lui demander de rester avec lui. Peut-être qu’il lui dirait vouloir vraiment arranger les choses et être prêt à lui donner une seconde chance. C’était tout ce qu’elle voulait entendre Agathe. Entendre qu’ils allaient finir par tout arranger. Qu’ils pourraient repartir à zéro. Sauf que ce n’était absolument pas les mots qui sortaient de sa bouche. Non. Bien au contraire. « J’ai couché avec Hippolyte. » C’était semblable à une douche froide. Comme si tout s’écroulait soudainement autour d’elle et qu’elle était incapable de bouger. Elle clignait des yeux à plusieurs reprises, attendant le moment fatidique où il lui dirait que ce n’était pas vrai. Parce que ça ne pouvait pas être réel. Lui, Aisling, n’aurait jamais pu lui faire un truc comme ça. Jamais. Coucher avec une autre. Coucher avec sa meilleure amie. Non. Il n’aurait pas pu faire ça. Et elle relevait ses grands yeux bleus sur lui cherchant le réconfort dont elle avait besoin ne se confrontant qu’à un regard totalement vide. Il avait couché avec Hippolyte et elle se devait de l’accepter. Passant une main dans ses cheveux, elle soufflait mal à l’aise, incapable de vraiment réagir. C’était juste.. Sortit de nulle part. « T’as couché avec ma meilleure amie. » Qu’elle finit par souffler. Donc au final, c’était pas une personne qui venait de la trahir mais bien deux. Son petit-ami et sa meilleure amie. Fallait croire qu’elle avait le don de s’entourer des mauvaises personnes. « C’était quoi ? Une vengeance Aisling ? C’était ta manière de me renvoyer ma coucherie avec Cole ? » Sauf que là, c’était pire. Encore plus traître et.. Non, ça passait pas. Elle reculait de quelques pas inspirant profondément avant de secouer la tête. « T’es minable. T’es juste.. Minable. » Agathe, elle ne savait même pas quoi lui dire dans tout ça. « J’espère que ça en valait le coup au moins ? Parce que moi, j’ai pas besoin de temps pour réfléchir. C’est juste terminé. » C’est pas une idiote Agathe, loin de là. Et ça, elle pardonnera pas.

Quand les mots sont sortis de sa bouche, il n’était plus conscient de rien. Plus présent. Son esprit était partis en vadrouille et il ne restait plus qu’une coquille vide se tenant devant Agathe. Plus qu’une enveloppe qui n’avait rien à faire là. Il se tenait devant elle, l’esprit vide, la boule au ventre. Il s’attendait à une claque monumentale, à un déferlement d’hurlement comme il avait pu le faire. Mais non. Rien. Elle reste là devant lui, stoïque, calme - ce qui est deux fois pire. « Oui. » Il n’aurait vraiment pas du répondre. Mais ferme là Aisling. Soit un bon garçon et va te jeter dans la rivière. Va t’éloigner au plus d’elle pour ne pas lui faire plus de mal. Et là, elle dit ce qu’elle a sur le coeur. Sa voix le brise en petits morceaux. Il a l’impression que son monde s’écroule, encore une fois. « Non non non. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça Agathe. Jamais je n’aurais fait ça en temps normal, mais rien n’est normal à présent. » Il voit la honte et le dégout dans les yeux bleus de la jeune femme. Elle a honte d’être avec lui, d’être en sa présence. C’est comme si son adolescence se rejouait devant ses yeux encore et encore. Comme s’il se faisait rejeter à cause de son physique, de son prénom, de son apparence, encore et encore. « Agathe… » Quoi dire ? Qu’est-ce que l’on peut dire à la femme que l’on aime quand on a trahis sa confiance en la blâmant elle la première ? C’est un cercle infernal, une conspiration contre eux, une machinerie destinée à les séparer. « Agathe non ! » Terminé ? Non, ça ne pouvait pas se terminer ainsi. C’était impossible. « Arrête Agathe. On ne peut pas terminé ça ainsi. Ce n’est pas possible. Je t’aime Agathe. » Il a l’impression de la voir il y a encore une semaine devant lui. Il ressent ce qu’elle a ressentis il n’y a pas si longtemps que ça. Il se sent con. Con au possible de l’avoir blâmer comme jamais alors qu’il vient de faire la même satanée connerie et avec une personne proche d’elle en plus. Prenant sa main, délicatement, il essayait de plonger ses yeux dans les siens alors qu’elle le fuyait du regard. « On peut se donner une chance Agathe. J’ai eu tord. J’ai fauté. On a tous les deux faits des erreurs mais on s’aime. On peut y arriver. » Quel hypocrite Aisling. Il n’y a pas si longtemps, quand elle te disait la même chose, tu l’avais repoussé. Essayant de relativiser au maximum, son esprit étant retourné dans son corps à la minute où elle lui avait dit que c’était terminé, il essayait de sauver les dernières pièces d’un couple brisé.

Comment est-ce qu’elle pourrait lui pardonner un truc pareil ? Ah, il est beau le Aisling avec ses reproches de la dernière fois. Est-ce qu’il se rendait compte d’à quel point c’était risible tout ça ? Il l’avait presque mit plus bas que terre à la regarder avec dégoût comme si elle était la pire personne au monde et maintenant.. Maintenant, il lui faisait ça ? C’était juste du n’importe quoi en fait. « Bien sûr que ce n’est pas normal. Tu te rends compte Aisling ? Tu me fais passer pour la pire personne au monde, tu me fais sentir misérable et tu fais ça ? » C’était l’hôpital qui se fout de la charité en fait. Et Agathe, elle était incapable de rester calme dans une situation comme celle-là. Elle avait envie de tout casser, de tout détruire autour d’elle. « Tu m’aimes ? » Elle rit et on sent toute la nervosité. « Tu m’aimais à quel point quand tu te l’ais tapé ? » La blonde, elle ne veut pas entendre parler d’amour. Elle ne veut pas entendre ce genre de connerie quand on lui apprend qu’elle a été trompée. Et quand il attrape sa main, elle grimace se dégageant presque aussitôt. « Ne me touche pas. » Elle était pas capable de supporter le moindre contact avec lui. Elle n’était pas capable de sentir la moindre proximité. Elle préférait reculer croisant ses bras sur sa poitrine, gardant ses yeux sur le sol pendant qu’il cherchait tout et n’importe quoi pour les sauver. « Tu te rends compte de ce que tu dis ? » Elle secoue la tête prête à tout retourner. « J’peux même pas te regarder en face. » Elle peut plus. Agathe, elle n’arrive même plus à relever ses yeux sur lui, dégoûtée par ce qu’il a pu faire. Comment pourrait-elle lui pardonner un truc pareil ? Elle n’en a pas le courage. « T’es un hypocrite. Tu me demandes de te pardonner alors que dans le sens inverse tu m’as envoyé chier comme si j’étais rien. » Tu te souviens devant la porte de ton appartement ? Quand elle était par terre à pleurer ? A te supplier de la pardonner ? Toi, tu lui as juste demandé de s’en aller. T’as juste voulu qu’elle se tire et maintenant, tu t’attends à ce qu’en un claquement de doigt elle te pardonne tout et n’importe quoi ? « Maintenant que tu me prends pour la dernière des connes t’es prêt à ce qu’on se donne une seconde chance ? » C’était une blague en fait, c’était la pire des blagues au monde.

Des excuses. Encore et encore des excuses. La vérité est pourtant là, tangible et réelle. Il a couché avec elle, avec sa meilleure amie. Dans un état second, certes, mais il l’a fait en toute connaissance de cause. Il a choisit de dire la vérité à Agathe. Il a choisit de lui avouer sa faute comme elle l’a fait il n’y a pas si longtemps. Deux personnes en tord folle amoureuses l’une de l’autre mais qui n’ont aucunes idées de comment pardonner à l’autre les erreurs qu’ils font. « Je t’ai fait passer pour la pire des personnes en te demandant de me laisser du temps pour digérer ? Sérieusement Agathe ? » Par contre, là il n’en croyait pas ses oreilles. Oui, il avait gueuler comme n’importe qui quand il apprend qu’on vient de le tromper. Mais de là à la faire passer pour une horrible personne, non. Jamais il n’a voulu faire ça. Jamais il n’a voulu la rabaisser comme cet idiot de Cole ou son ex petit ami a pu le faire. Mais malgré tout ça, il l’aime. Il l’aime tellement qu’il ne peut pas s’empêcher de le lui dire. De lui dire les trois mots qu’elle lui a dit ce même soir où il l’a pratiquement foutue dehors. « Arrête Agathe. » Il essaye d’avoir un contact avec elle, de ressentir ce qu’il se meure de ressentir encore. Mais à la place, elle le repousse, presque violemment. Elle ne voulait plus de lui. Elle le rejette. Il lui dit tellement de choses qu’elle lui a elle même dit. C’est comme se regarder dans un miroir. Mais elle rejette la faute sur lui, encore. Elle a fait une croix sur eux bien avant lui. Jamais il ne lui a demandé de retirer ce bracelet et jamais il ne lui a dit qu’il en avait terminé avec elle. Non. Il a demandé du temps. Juste du temps et elle l’avait pris comme l’ultime affront et la pire des ruptures. « Je ne t’ai jamais fait ça Agathe. C’est toi qui a retiré ce foutu bracelet. » dit-il en prenant le bijou de sa poche. Bijou qu’il garde toujours sur lui, comme pour se rappeler que oui, à une époque, tout allait bien. « C’est toi qui a retiré ce que je t’ai donné, qui a décrété que c’était fini. Je n’ai jamais fait ça moi. » Les tords sont partagés. Les erreurs sont des deux côtés. Mais pour le moment, c’est lui le fautif. C’est lui qui a merdé royalement. « Mais arrête de dire ça. Tu me fais passer pour le pire des connards qui t’as insulté et traité de tous les noms alors que non. Je t’avais juste demandé du temps pour réfléchir merde. Mais non. Tu ne m’as pas donné ça. J’ai fauté. Oui. Mais toi aussi. » Ils sont deux à se lancer la balle. Qui a raison ? Ils ne savent pas et personne ne le saura, mais les deux ont tords et ça c’est certain.

Elle avait l’impression d’être dans un cauchemar en fait. Ouais, c’était ça. Un cauchemar. Parce que non, elle ne l’avait pas vu venir. A aucun moment elle aurait cru qu’Aisling puisse lui faire un truc pareil. Jamais elle n’aurait pensé qu’Hippolyte puisse lui planter un couteau dans le dos de cette manière. Et ouais, clairement, elle était au bout du rouleau. Elle avait envie de tout éclater sur son passage tel une tornade et surtout, faire taire la douleur dans sa poitrine. Parce que bordel ce que c’était douloureux d’entendre un truc pareil. Quelque part, elle pouvait un peu mieux comprendre sa réaction vis-à-vis de Cole mais.. Ce n’était pas pareil. Parce qu’elle, elle prenait le revers en double. Son meilleur ami, son petit-ami, sa meilleure amie. Comment ne pas se sentir totalement anéanti face à une révélation de la sorte ? Elle pourrait tout détruire sur son passage en fait. Clairement. Parce que ça l’a rendait folle de savoir tout ça et que fidèle à elle-même, sa première envie était de prendre la fuite pour quitter Harvard encore une fois. « Wow, c’est dingue cette manière que t’as de retourner les choses contre moi. J’étais pas misérable quand tu m’as hurlé dessus ? Quand tu me claquais la porte en pleine figure ? Ose dire que tu ne m’as pas rendu misérable. » Parce que tu serais un putain d’hypocrite d’avancer le contraire en fait. T’as juste pas le droit de faire comme si c’était légitime tout ça. T’as pas le droit de minimiser tes actions parce qu’elle a fauté en première. « Et ? J’étais devant toi à pleurer, à réclamer une chance et t’étais même pas foutu de me regarder. Tu me demandes du temps pour te taper ma meilleure amie et tu me prends la tête pour un bracelet ? » Non, juste non. T’as pas le droit de faire comme si tout ça c’était la faute de ses actions. T’as pas le droit de lui reprocher tout et n’importe quoi pour essayer de t’en sortir un petit peu mieux. « Je ne te l’ai pas donné ton temps ? Je ne me suis pas tenu à l’écart ? Tu te fous de moi là ? » Non mais parce que ô combien ça avait pu être dur pendant cette semaine, la blonde avait résisté un maximum à l’envie de débarquer chez lui à chaque fois. « Donc parce que j’ai fauté ça te donne le droit de le faire ? T’es encore plus minable que ce que je pensais. C’est de ma faute, t’as raison. Je t’ai poussé dans les bras d’Hippo, je t’ai forcé à te la taper et j’peux m’en prendre qu’à moi. » La blonde elle riait nerveusement reculant vers les buissons comme si elle allait simplement s’en aller. « J’ai peut-être fauté mais tu t’es chargé tout seul de signer notre fin. Alors fais-moi passer pour la méchante si t’en as envie, je m’en fous. Mais au fond de toi, tu sais très bien que t’as pas le droit de te servir de mes erreurs pour justifier tes actions. Alors si ça t’aide de crier sur tous les toits que je suis celle qui a détruit notre histoire, ne te gêne pas. Tu sais juste aussi bien que moi que là, c’est de ta faute à toi. »

C’était un putain de cauchemar. Il avait juste l’impression d’être plongé dans une dimension parallèle. Que ce n’était pas lui et elle mais deux autres personnes complètement étrangères l’une et l’autre qui se disputaient et se crachaient des conneries à la figure. Mais comment réagir quand on a affaire à un mur. Agathe est sacrément têtue et chiante quand elle le veut, il le sait pertinemment. Il sait à quel point elle peut être bornée et se tenir à une seule idée quand elle le veut. Alors oui, il se défend comme il le peut, essayant de ne pas la blesser plus qu’elle ne l’est et de ne pas s’incriminer encore plus qu’il ne l’est. De faire la balance entre ce qu’il a fait et ce qu’il s’est passé durant cette foutue journée qui a tout gâché dans leur histoire. Ça fait mal de voir ce qu’on a mis du temps à construire se désintégrer en l’espace de quelques secondes. Et surtout, ça fait mal de voir qu’il ne vaut pas mieux que Cole pour le coup parce qu’il a fait pire. Il a autant trahis sa petite amie que sa meilleure amie. Elle a perdu deux entités qu’il représentait en l’espace de quelques instants. « Tu aurais fait quoi à ma place Agathe ?  » Parce que dans tout ça, il prend le blâme d’avoir agit sur le moment, de ne pas vouloir faire face à quelque chose qui s’est passé sans même qu’il ne s’en doute. Il ne se doutait absolument pas de ce qu’elle avait fait avec Cole, de ce manque de discernement qui avait tout fait s’écrouler petit à petit. « Je te prends la tête pour un bracelet parce que je pensais que l’on comptait beaucoup plus qu’une dispute. Je ne t’ai jamais dit que je ne voulais plus être avec toi.  » C’était un symbole. Un symbole de deux personnes qui s’aiment et elle l’a retiré sans même réfléchir. Il en était malade rien qu’en y repensant. Il en avait marre de cette situation plus que pesante, plus que stressante. Il avait envie de frapper quelque chose, il avait envie de se défouler et de ne plus penser à rien. Terminant sa foutue bière en une seule fois, il écoutait encore Agathe parler de oh combien il n’est qu’un pauvre minable qui est plus qu’hypocrite d’avoir fait la même chose qu’elle a fait. « TU M’AS BRISÉ LE COEUR PUTAIN !  » qu’il hurle soudainement alors qu’un silence aussi long qu’une vie s’était installé. Elle était près des buissons, comme si elle partait. Comme si elle en avait fini avec lui. « Tu as couché avec lui et ensuite tu me blâmes pour être partie en couilles quand t’as envoyé à Hippo que tu te retaperais Cole si tu n’étais pas avec moi. Que si je t’avais dit que c’était fini alors que tu aurais couché sans t’arrêter avec lui.  » Lançant la bouteille dans le vide, à travers les buissons, elle s’écrasa contre un tronc, se brisant en milles morceaux, comme son coeur. « Tu as beau dire que j’ai fauté, que j’ai couché avec Hippolyte pour me venger, ça ne veut pas dire que je n’étais pas malade à en vomir quand tu m’as annoncé ça. Quand tu m’as dit que tu t’étais donné à Cole alors que tu m’avais juré que jamais ça n’arriverait. T’as brisé la promesse que tu m’avais faite de rester loin de lui. De ne pas le laisser se mettre entre nous deux. Tu as brisé mon coeur et maintenant tu me blâmes pour avoir fini le travail.  »

Et pourtant, elle était prête à assumer ce qu’elle avait fait. Elle avait assumé quand elle était allé le trouver chez lui, en larme et le cœur en miette. Elle avait assumé quand elle en avait parlé à Maxine lui racontant à quel point elle avait été conne. Elle avait encore assumé quand il l’avait repoussé au loin refusant de la voir sous prétexte qu’il avait besoin de temps. Elle avait tout assumé Agathe. Elle n’avait pas cherché à se trouver des excuses pour minimiser ses actions, elle n’avait pas non plus raconté n’importe quoi pour essayer d’avoir le bon rôle. Depuis le début, elle n’avait rien fait d’autre que d’assumer pleinement ses erreurs et ce que ça pourrait lui coûter. Alors non, il n’avait pas le droit d’agir maintenant comme si tout était de sa faute, comme s’il n’était coupable de rien et qu’elle devait tout endosser sur ses épaules fragiles à la manière d’un martyr. Elle n’était pas d’accord qu’il minimise ses propres actions sous prétexte qu’elle avait merdé à un moment. C’était un comportement lâche et puéril qu’elle n’avait pas envie d’entendre. « J’aurais pété les plombs Aisling, probablement que j’aurais réagis comme toi mais ça change pas le fait que j’assume ce que j’ai fait plutôt que d’essayer de tout te remettre sur le dos. » Alors putain, ouvre les yeux et rend toi compte que ce n’est absolument pas la faute de la blonde si t’as fini par coucher avec Hippolyte. Elle ne t’a pas poussé dans ses bras. Et à la rigueur, t’aurais pu choisir n’importe qui plutôt que taper dans sa meilleure amie. « Parce que tu crois que c’est juste une vulgaire dispute ? T’es vraiment bête quand tu t’y mets. T’as couché avec elle, c’est pas une dispute, c’est juste la fin de notre relation. » Alors garde le ce bracelet parce qu’elle ne le remettra pas. Elle refuse tout simplement d’accorder le moindre crédit à ce qu’ils avaient pu être par le passé incapable de passer au-dessus de ce qu’il avait fait. Et soudainement il hurlait la stoppant dans son élan. Et tout aussi en furie que lui, elle faisait volte-face en hurlant à son tour. « TU M’AS BRISE LE CŒUR AUSSI ! » Alors quoi ? C’était juste un donnant-donnant. Un acte de vengeance du blond qu’elle ne pouvait pas pardonner en un claquement de doigt. « Tu vois ? Encore une fois tu remets tout sur moi. Encore une fois, t’assumes pas d’être un pauvre con qui a merdé, tu préfères te dire que tout ça, c’est juste de ma faute à moi. Sauf que peu importe les messages que j’ai pu envoyer à Hippolyte t’étais pas obligée de coucher avec elle. Ça, c’était ton choix. Juste le tiens. Alors grandis un peu et arrête de te donner le beau rôle en prétendant que tu n’y est pour rien. » C’était trop facile ça. Et c’était dingue qu’il puisse lui-même arriver à se convaincre de n’avoir aucun tord dans tout ça. « Mais tu croyais quoi ? Que tu pouvais coucher avec elle sans que je n’ai la moindre réaction ? Tu pensais sincèrement que tu pouvais faire un truc comme ça sans que je n’ai mon mot à dire ? J’arrive même plus à savoir si t’es incroyablement stupide ou foncièrement con. » Elle serre les poings la blonde, elle se contient vraiment pour ne pas lui envoyer sa main en pleine figure.