Les souvenirs du Spring break passent et repassent dans mon esprit. Et dire que je ne connais même pas le nom du père de mon enfant... mais quelle traînée. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que ça se passe si rapidement. J'avais l'intention de faire la fête, mais je n'avais pas prévu de passer la première nuit en Jamaïque en si bonne compagnie. Et le couperet est tombé dès mon retour en Amérique. Enceinte. Comment ça a pu prendre autant de proportions ? On peut compter le nombre de garçons avec qui j'ai couché sur une main, et voilà que cette fois, cette fois de trop, je tombe enceinte. Partir de New-York avait été la bonne solution, la meilleure pour moi en tout cas. Je sais qu'il est à Harvard, il ne me reste plus qu'à le retrouver. Cette tâche va franchement être difficile vu le nombre d'étudiants sur le campus, mais il faut que je le retrouve. Et impossible que je reste à la maison avec ma mère pour qu'elle voit que quelque chose a changé chez moi. Je me suis rendu compte qu'en attendant ma commande au vegan, je touchais mon ventre comme toutes ses folles de mères. Alors si j'agis de la même façon à la maison, c'est sûr qu'elle va se rendre compte de quelque chose. Papa m'avait envoyé tout frais payé sur Boston, en fait, il m'a payé le voyage en hélicoptère. Et il m'avait donné l'adresse de Jonathan sans penser à mal. Dans le taxi qui me conduit jusqu'à l'appartement du frangin, je me mets à penser à lui. Jonathan, ce demi frère par alliance. Ce n'est pas vraiment qu'on ne s'aime pas, mais plutôt qu'on n'a jamais cherché à se connaître. Il ne m'intéresse pas en fait, mais là, j'ai bien l'intention de profiter un peu de lui. Je n'ai pas d'autres endroits où aller pour le moment, alors squatter chez lui me paraît être une très bonne option. J'espère juste qu'il y vit seul, ou alors que son colocataire est un homme sexy. Le taxi s'arrête en bas d'un immeuble et vient m'ouvrir la porte. En clignant des paupières, et avec une bise bien appuyée au bord de ses lèvres, il finit par accepter de monter ma valise devant la porte de l'appartement. J'appuie longuement sur la sonnette, et m'assois sur ma valise en attendant qu'il vienne ouvrir la porte. Grand sourire aux lèvres, je ne lui laisse pas le temps de me découvrir avant de parler. « Bonjour frangin ! Papa m'a dit qu'il y avait une petite place pour moi ici. » Pour moi et mes hormones de femme enceinte, mais chut.


@Jonathan T. Lynch

Je me doute que je ne suis pas la bienvenue. Pour commencer, nous ne nous sommes jamais vraiment entendus, sûrement parce qu'on ne préfère même pas apprendre à se connaître. On ne se parle jamais vraiment pendant les repas de famille, on passe chacun plus de temps sur nos téléphones respectifs qu'à apprendre à se connaître. Il me paraît toujours un peu à l'ouest et tant qu'il ne me fait pas chier à me poser tout un tas de question, c'est parfait. Il vit sa vie, je vis la mienne. Il doit me considérer comme une intrus dans sa vie et je me fiche un peu de sa présence. Ma mère aurait du se marier avec un homme sans enfant et la vie m'aurait été bien plus simple : Papa m'aurait acheté un appartement et l'histoire aurait été vite réglée. Là, il doit penser que je m'entends un minimum avec Jonathan pour me proposer la colocation avec lui. Ou alors il est assez intelligent pour nous obliger à vivre ensemble pour apprendre à nous connaître. J'ai pourtant essayé de le faire changer d'avis, qu'il me prenne une chambre d'hôtel plutôt que ça mais rien n'y a fait. Et quand il le veut, papa peut avoir le crâne encore plus dure que le mien. Après plusieurs sonneries à la porte, mon frère vient enfin m'ouvrir. Je sens ce petit côté accueillant rapidement partir et ça me fait sourire. Alors frangin, tu n'es pas heureux de m'accueillir dans ton loft ? Ça me fait réellement plaisir de le faire chier. « Papa et moi avons trouvé l'idée géniale pour qu'on apprenne à se connaître un peu mieux. C'est vraiment gentil d'avoir proposé que je reste ici ! » Je mens oui, mais je sens que sa réaction va me faire rire intérieurement. J'attrape ma valise et entre sans attendre qu'il veuille bien me donner l'autorisation. J'observe la décoration et franchement, je suis assez surprise qu'il ait autant de goût. Je fais quelques pas dans le salon mais je suis rapidement arrêtée par tous ses livres étendus au sol. Je ne le pensais pas bordélique à ce point. Et pourtant, le reste de l'appartement est nickel. « Alors, où est ma chambre ? »