© Kaiji
Il se prend à rire quand elle décrit de possibles études en Jamaïque, au moins, elle abandonnerait pas le Coréen ce qui était tout à fait louable. Il secoue la tête. « Disons que ce serait un autre genre d'école, et donc d'autres apprentissages. » Bien moins scolaires à son avis, pas pour autant inutiles, mais pas forcément recommandables. Enfin de toute façon, tout ça c'était juste un petit délire imaginaire entre eux deux. Ils rentrent tous deux dans le café, il la laisse commencer sa boisson avant de commander à son tour un café allongé  sans sucre, et de payer pour eux deux, y'a pas de raison. « Moi aussi, je suis de Boston. » rétorque-t-il doucement. En même temps, ils ne se sont jamais croisés mais y'a rien d'étonnant, ils ont presque sept ans d'écart... Il manque de s'étouffer alors qu'elle lui confie n'être jamais allée dans d'autres endroits que celui-ci aux états-unis. « T'es sérieusement jamais allée à New York ? » Ses yeux se font ronds alors qu'il sourit plus léger. « C'est à quelques heures de train ! Faut que tu remédies à ça, même si c'est pas ton truc, faut voir New-York de ses propres yeux. » C'était assez drôle d'avoir vécu dans un pays lointain comme la Corée et de ne pas avoir visiter son propre territoire. Ils s'installent tous les deux à une table alors qu'elle explique qu'elle apprécie le calme du Massachussets, il la comprend puisque lui-même apprécie vraiment cet état et plus encore la ville de Boston, qui a toujours quelque chose d'estival. « Hum... je me demande si il y a encore des endroits inconnus pour moi dans la région, on devrait comparer nos endroits secrets. » ajoute-t-il en souriant , se rendant compte en même temps qu'il proposait qu'ils se revoient quoi... Super. Bravo, belle idée Declan.  Enfin peut-être qu'ils pourraient avoir une relation amicale, il lui suffirait de fermer les yeux tandis qu'il lui parle et tout irait bien oui... L'espoir fait vivre. « Ouais, je m'y fais doucement. Après tout, y'a un esprit de camaraderie important aussi à l'armée, alors les bizutages et autres beuveries, ça me connaît, même si quand j'étais militaire c'était bien moins sympa entre deux, mais au moins ça bougeait. C'est parfois difficile de rester assis toute la journée à prendre des cours, j'ai plus l'habitude de ça. » Il prend une gorgée de sa boisson alors que son regard se perd un peu au loin, difficile de rappeler les années armées sans en ramener les stigmates, il pose de nouveau sur les prunelles claires de la Jolie Rousse, aimant s'y perdre furtivement. « Mais j'imagine que pour toi non plus c'est pas facile de reprendre les choses là où tu es avais laissé. » Car après tout, il n'est pas le seul à devoir s'acclimater à un autre environnement.  

Marren

That's quite unexpected.

Nos esprits divaguent vers des études en Jamaïque, vers un fantasme inaccessible, et surtout, bien impossible. Un rictus léger apparaît sur mes lèvres quand Darren observe, à raison, que les enseignements dans une université là bas seraient probablement différents d'Harvard. Je hausse une épaule, le sourire rieur. « Je crois que je pourrais apprécier des concours de mojitos en guise de partiels. » Mais ça ne serait pas conforme à mes ambitions, à mes envies. Le journalisme, c'était déjà ma vocation quand, petite fille, je regardais la télé. Je me rêvais en Loïs Lane des temps modernes, en reporter sans frontières, je voulais être de ceux qui dénichaient la vérité. Pas sûr que ce soit ce que j'obtiendrais en vivant sur une île et en faisant la fête à longueur de journée. Quand Darren paya pour nous deux, je fronçais le nez avec une moue réprobatrice, bien qu'acceptant le "cadeau". A charge de revanche, qu'une petite voix me susurre intérieurement sans admettre réellement que j'espère qu'il y ai possibilité d'une revanche. Au lieu de quoi, je me laisse distraire à nouveau quand il dit avoir aussi grandi à Boston. « Ah oui? C'est marrant, j'ai pris l'habitude d'être la seule du coin, depuis Harvard. Les gens viennent toujours des quatre coins du monde. » Je ne m'étonne pas de ne jamais l'avoir vu. D'abord, parce que la ville est immense, et ensuite... Parce que quand il avait 15 ans, je devais en avoir 8. Ouh. Pendant que je me gifle mentalement à cette pensée, le brun, lui, manque presque la crise cardiaque quand j'avoue ne jamais être allée à New York. « Nope, jamais! » confirmais-je en riant, avant de préciser en haussant une épaule: « Avant la Corée, j'avais jamais vraiment voyagé. Mes parents bougeaient plus quand ils n'avaient que ma soeur aînée, mais après ils ont eu des jumelles, puis moi... Et à mes dix huit ans, au lieu de gambader ici, je suis partie au bout du monde en voyage humanitaire. » C'est comique, c'est vrai, puisque je sais que New York, c'est trois heures trente en voiture, facilement. « Peut-être qu'un jour j'irais, qui sait. » Un brin énigmatique, j'adresse alors un sourire en coin à Darren. Qui vivra verra, comme on dit.

Et malgré moi, je ne peux pas m'empêcher de relever quand il propose de comparer nos endroits secrets. De penser que je pourrais lui montrer les endroits où j'aimais me réfugier quand j'étais encore ado, au sud de la ville, ou près de Charles River, à la sortie de Boston. « Ca peut-être une bonne idée.. » Admis-je malgré moi, bien incapable de repousser l'idée. Après tout, on s'entend bien, alors pourquoi pas ? Dans le déni le plus total, Margot. Alors on parle de cours, de reprise, et je l'écoute, me perd dans ses mots. Et j'essaie de l'imaginer, plus jeune, dans un contexte bien différent des bancs de l'université. C'est sûr que ça doit radicalement changer. « Dis-toi qu'au moins, ici, tu peux faire des grasses matinés, et ne pas faire ton lit sans qu'on vienne te réprimander! » Je sais, c'est cliché, le lit au carré, mais que voulez vous, je n'ai rien fait de militaire. Et alors que je bois une gorgée de café, je le suis du regard, intriguée par son expression qui semble le porter à des kilomètres d'ici. Je détaille ses traits, un peu trop, de la clarté de ses yeux à cette blessure cicatrisante qu'il arbore, et c'est quand il m'observe à nouvezu que je bat des cils, et souris en regardant autour de nous. « Je m'attendais à ce que ce soit plus dur, moi, à vraie dire.. Je connaissais déjà le campus, les mentalités, le système.. Etrangement, c'est moi qui avais changé. Il a fallu le temps de .. faire le lien entre la Margot que j'étais devenue en Corée, et celle que j'ai laissé à Boston en 2015. » Aujourd'hui encore, j'ai parfois du mal à conjuguer ces deux bouts de femmes. Un nouveau sourire à Darren, et je pince les lèvres, songeuse. Réalisant que pour une fois, je ne suis pas en train de calculer le moindre de mes faits et gestes, pour la première fois depuis un moment. Je respire, et ça fait un bien fou.

© Kaiji
« Je serai sans doute plus doué pour ce genre de concours que les devoirs sur table ! » s'amuse-t-il d'un sourire alors qu'ils ont tous deux foncé dans le délire commun Sea, Univ et Jamaïque. Mais tout ceci n'était qu'un joli rêve aussi fou que peu réaliste, ce qui ne le rendait que plus drôle à évoquer. Margot s'étonna de le savoir originaire de la même ville qu'elle. Effectivement, la plupart des étudiants venaient de coins différents et souvent même d'autres pays, mais si Declan était devenu Darren, il s'inspirait de son vrai lui pour créer son faux-semblant. Un fond de vérité attirait toujours un peu plus de crédibilité au mensonge et évitait surtout qu'il ne s'emmêle les pinceaux. « J'aime tellement ce coin et on a la chance d'avoir une des plus prestigieuses universités alors pourquoi se priver ? » Il avait effectivement pas mal voyagé , vu du pays, notamment en tant que militaire mais rien ne valait la maison et c'est à Boston qu'il se sentait véritablement à sa place. « Vous êtes quatre filles alors ? » Il n'avait pas pu empêcher son regard de s'écarquiller légèrement. Il avait toujours admiré ces familles qui faisaient le choix d'un certain nombre. Pourtant, il avait également une sœur et deux demi-sœurs par alliance mais ce n'était pas pareil, il n'avait pas été élevé avec les deux dernières. Il se contente d'approuver silencieusement lorsque la Rouquine envisage d'aller un jour à la Grosse Pomme. « Tu le dois. Il y a un avant et un après. » Il se serait même proposé volontiers mais ce n'était pas vraiment approprié d'envisager ce genre de choses.

Et d'ailleurs c'était déjà trop tard pour être raisonnable puisque avant même d'y réfléchir, il avait proposé à la Jolie mais jeune étudiante de comparer leurs lieux secrets afin de savoir si ils ignoraient réciproquement leur existence. Il était rare que Declan ne parle avant de réfléchir mais il fallait croire que Margot développait ce pan de personnalité chez lui... Il sourit à nouveau lorsqu'elle évoque les avantages d'étudiant. « Oui, question beuverie c'est un peu pareil, mais il y a plus de filles et on est pas réveillés par les tirs de mortier. » Un air circonspect se peint sur son visage, il ne veut pas donner dans le pathos, et espère qu'elle ne l'interprète pas de la sorte mais le quotidien au sein de l'armée était un brin spécial. Son regard se perd au lointain un peu gêné, si bien qu'il ne prête pas vraiment attention à l'observation de la jeune femme. C'est le son de la voix douce qui le ramène au présent, il sourit de nouveau lorsqu'elle explique avoir changé depuis son retour de Corée. « Comment était la Margot d'avant ? » demande-t-il doucement. Parce que ça l'intéressait de savoir ce qu'elle avait pu traverser, parce qu'il y avait des choses, des attirances ou des atomes crochus qu'on n'expliquait pas vraiment.

Marren

That's quite unexpected.

Au fond, je m'estime heureuse de ne pas étudier sur une île, mais bel et bien dans la plus prestigieuse des universités au monde. Tout le monde n'a pas la chance de décrocher une bourse pour Harvard, et dans la famille, j'aurais été honteuse de ne pas pouvoir rejoindre mes trois autres soeurs sur les bancs de l'université. Je hoche la tête avec un sourire léger sur les lèvres à l'affirmation de Darren. Il a entièrement raison, c'est vrai. Non seulement le Massachussets est une région magnifique, mais en plus, on a Harvard. « C'est le genre d'opportunité à laquelle il serait fou de dire non » Acquiescais-je en levant le nez vers lui, sans me départir de mon sourire. Souriant presque trop, d'ailleurs. Et c'est seulement quand il relève le fait que j'aie mentionné mes soeurs que je réalise que je parle peut-être trop de moi. N'ayant pas pour coutume de parler de moi aux hommes. Plus depuis Adriel. Et pourtant, sa surprise apparente m'arrache un rire malgré moi. « Quatre filles, c'est ça. Mes parents ont eu du mal avec le concept de contraception, j'ai une famille du genre.. très pratiquante. » Je n'ai pas honte de ce détail, mais ça me gêne toujours un peu d'admettre que mes parents n'étaient pas fichus de se souvenir de mettre un préservatif ou de se mettre à la pillule. « Bon, en soit, je ne vais pas me plaindre, puisque sans ça je ne serais probablement pas de ce monde. » Observais-je en haussant une épaule avec un rire gêné. Puis au moins, grâce à ça, j'ai retenu la leçon lors de ma première fois.

Et les discussions dévient sur les voyages, sur New York. La grosse pomme que je n'ai jamais vue, que Darren me conseille de visiter absolument. Pensive, je hoche la tête, notant l'information dans un coin de ma tête. « Peut-être pendant les prochaines vacances, qui sait ? Tu me donneras des astuces? » Et dans un coin de ma tête, la phrase en boucle se répète: Peut-être que tu pourras me montrer même ? Mais je me ravise, je me tais, me contente de regarder devant moi en mordant l'intérieur de ma joue. Et pourtant, pourtant j'ai cet espoir silencieux qu'il tienne à ses mots, qu'il ne propose pas sur un coup de tête pur et dur de partager ces petits endroits de la région qui pourraient nous avoir échappés. Parce que même si je sais que je ne devrais pas, j'ai déjà envie de le revoir. J'ai envie d'apprendre à le connaître. D'ailleurs, ma curiosité m'emporte, commençant à comparer son service militaire à nos études. Je ris à son commentaire, me retenant de tiquer sur sa remarque sur les filles. C'est un homme, c'est normal.

Quand on commence à parler de la transition avant/après, j'en viens forcément à parler de moi, de mon retour de Corée, du fait que curieusement, ce n'est pas l'environnement qui m'était étranger, mais moi qui étais devenue une étrangère, différente de celle que j'étais à dix huit ans, la première fois que j'ai foulé l'herbe de l'université. Automatiquement, Darren, curieux, me demande comment était la Margot d'avant. Et je pince les lèvres, réfléchis. Je ne me suis jamais tant posée à faire le point sur celle que j'étais avant, comparé à maintenant. « L'ancienne Margot était ... Influençable. Facile à intimider. J'veux dire... Plus facile encore que maintenant. Un rien me faisait rougir, et j'étais incapable d'aligner deux mots face à un homme! » Je ris, passant ma main libre dans mes boucles rousses, avant de reprendre, plongée dans ma comparaison : « Je me laissais anéantir par chaque obstacle, avant. Aujourd'hui, j'en ai fait ma force. Chaque personne qui se met en travers de ma route devient un défi, et non plus un problème. » Je soupire, sourcils froncés. Ce que je dis, c'est surtout ce que j'essaie de laisser paraître. La vérité, c'est surtout que je suis toujours cette jeune fille détruite par les actes d'une seule personne, d'un seul homme. Je tourne les yeux vers Darren, plus sérieuse, lui adressant un sourire fin. « Du moins... J'essaie. »

© Kaiji
Il s'était étonné qu'elle puisse avoir trois sœurs, les familles nombreuses étaient plus rares maintenant et cela le surprenait toujours un peu sans qu'il ne puisse vraiment expliquer pourquoi. Il eut un sourire compréhensif lorsqu'elle expliqua que ses parents étaient fort croyants et donc pas vraiment portés sur la contraception. Son regard ne put pas s'empêcher d'observer un peu plus la jeune femme, il imaginait les familles très pratiquantes un peu autrement en vérité, et cela ne fit qu'alourdir l'impression de commettre quelque chose de mal qu'il ressentait déjà. « Pour une fois, je ne suis pas pour la contraception. » répliqua-t-il sans réfléchir vraiment en riant. Car oui si il y avait eu protection, il n'y aurait pas de Jolie Margot aujourd'hui pour lui faire la conversation.

Naturellement, en parlant de la Corée, ils avaient évoqué d'autres voyages et notamment la destination new-yorkaise qui bien que très proche était ignorée de la jeune femme. Elle lui demanda d'ailleurs si il pouvait la conseiller sur la ville « Bien entendu. » Enfin, ça c'est plus Darren qui parlait, car Declan espérait en avoir fini avec sa couverture d'ici les vacances d'été, l'enquête progressait et il savait que les choses seraient bientôt réglées , alors il n'aurait plus vraiment de raison officielle de côtoyer la jeune femme et surtout il ne sait pas trop comment elle prendrait la chose. « J'y suis allé tellement de fois, entre Boston et Philadelphie, New-york c'est en plein milieu. » Et il y retournait d'ailleurs souvent.

Elle lui parle ensuite de sa version d'Elle avant la Corée et il l'écoute avec attention tout en sirotant son café noir. C'était normal, elle avait grandi, il avait ressenti un peu la même chose après son armée, même si il n'était pas vraiment réservé, il était revenu plus sûr de lui, plus taciturne aussi. « C'est bien de prendre de l'assurance, c'est quelque chose d'important. » Il la regarde avec douceur alors qu'elle explique qu'elle ne se sent pas encore toujours tout à fait à l'aise. « Tu dois être mignonne quand tu rougis. » dit-il doucement, s'étonnant de ses propres paroles, un peu trop téméraires, franchement. La dernière fois, ils avaient flirté ouvertement sans que ça ne prête à conséquence, mais c'était les vacances, ils ignoraient tous l'un de l'autre. Maintenant c'était différent, il devait se ressaisir, faire des efforts pour ne pas retomber dans cette spirale, mais faut croire que la volonté le quittait facilement.

Marren

That's quite unexpected.

C'est con à dire, mais si mes soeurs ont toutes été voulues, moi je suis un peu la tâche dans le décor, la victime du retour de couche et du manque de contraception de mes parents. Je ne m'en suis jamais offusqué, pour la bonne et simple raison que mes parents ne me l'ont jamais fait ressentir. Je ne me suis pas sentie de trop, rejetée, délaissée particulièrement. Ils m'ont aimé au même prix que Marla, Sofia ou Kaya, tout simplement. Pourtant, j'explique la situation à Darren, et sa réponse me fait planter une brève seconde, avant de sourire un peu niaisement. Puis, en riant, je réplique en haussant une épaule : « Moi non plus! Puis, le mal est fait. » Je me désigne du doigt avant de rire de plus belle, pour finalement dévier sur les voyages, lui demander quelques astuces si jamais je devais aller visiter New York. Après tout, s'il y a été de nombreuses fois, il aura probablement des tips à me donner qu'on ne trouve pas dans les bouquins de voyages, non ? Je hoche la tête en souriant, ravie qu'il accepte. « Un jour, j'me ferais un road trip à travers les états, de toutes manières. » Que j'annonce d'un air déterminé. Parce que voyager, c'est aussi dans son propre pays, après tout.

Jouant toujours avec mon gobelet de café, j'en viens naturellement à parler de moi, ou du moins, de celle que j'étais avant. Et maintenant, je suis là, à essayer d'avoir plus d'assurance, de ne plus me laisser marcher sur les pieds comme quand je n'avais que dix-huit ans. Idée que Darren approuve, et je lève les yeux vers le brun pour lui faire un sourire entendu. « Ca aide à la sociabilisation! » Que j'observe en souriant, tout en précisant qu'il y a encore du travail à faire pour que j'aie tout à fait confiance en moi. Sous alcool, j'ai l'air d'être parfaite maitresse de mes mots et de mes gestes, mais sobre.. c'est comme si j'étais sur pilote automatique. Sans le moindre contrôle. Et encore une fois, Darren me tire de ma rêverie. « Tu dois être mignonne quand tu rougis. » Je lève les yeux vers lui, surprise, déroutée. Déroutée, tant et si bien que je m'entends dire du tac au tac: « T'as réussi à le faire en Jamaïque. » Tais toi, Margot. Je passe une main sur ma nuque, sourcils froncés, sentant irrémédiablement le rouge qui vient d'ailleurs à mes joues. Bravo Margot. Je me reprends, en fronçant le nez: « Enfin, on était en soirée, avec les néons, tout ça, on voit rien. » Peut-être un peu trop spontanée, malgré moi. Et j'ai l'impression qu'il me sonde à chaque fois du regard, c'est aussi déroutant qu'agréable. Puis après de longues secondes, je demande en plaquant une main sur ma joue: « ... J'suis toute rouge, c'est ça ? »

© Kaiji
La Jolie Rousse semble être le genre de femmes à regorger de surprises et de facettes. Il découvre une partie d'elle totalement différente de celle de leur première rencontre et pourtant entre les deux, il ne saurait dire laquelle il préfère. Tout ce qu'il sait c'est qu'elle attise ce feu curieux en lui et que bien que sa raison le dissuade de s'en approcher davantage, il ne peut s'en empêcher quitte à y laisser bien plus que ses phalanges. C'est drôle se fait-il la remarque qu'elle évoque le mal en se pointant du doigt, pile à cet instant. Ce à quoi Declan ne peut s'empêcher de répondre par un discret raclement de gorge. Il préfère s'engouffrer dans la partie voyages et son idée de road-trip à venir. « C'est quelque chose à faire au moins une fois dans sa vie. Je compte bien recommencer moi aussi. » Aux states, ou bien ailleurs, un jour, il mettrait sa carrière en pause et repartirait voir du pays, mais pas tout de suite, pas avec ses neveux et nièces déjà à l'école, et une autre qui venait à peine de naître. Il avait déjà trop loupé. A la fin de l'affaire, il prendrait le temps pour sa famille. Ses dents viennent meurtrir sa lèvre inférieure alors qu'il réalise que revoir Margot sera compliqué lorsqu'il sera de nouveau lui-même. Si elle est intimidée par Darren, qu'adviendra-t-il d'un flic ? Qui ferait possiblement du détournement de mineur en plus... Mais Bref.. il la taquine sur ses rougissements et voilà qu'elle prend des couleurs.

Il oublie bien vite ses tourments pour s'amuser de la voir s'enfoncer dans la spirale de la gêne de la sorte, il repense à leur première soirée ensemble. A cette évocation, une lueur vient se nicher au cœur de ses prunelles et hausser d'amusement ses sourcils. « ça ne se voyait pas du tout. T'étais pas du genre à avoir froid aux yeux. » Ah ça non, elle n'avait pas eu la langue dans sa poche et ils s'étaient bien amusés tous les deux, sans que pour autant, ça ne tourne à plus intime. Suffisamment de quoi jouer sans que ça ne porte à conséquence. Et alors qu'elle le questionne sur son teint, il ne peut s'empêcher de rire doucement. « Juste un peu rosée. » Et il trouve ça touchant en fait, d'autant plus intéressant que ces deux Margot cohabitent en elle. « ça te donne un air innocent et toi et moi on sait que tu ne l'es pas tant que ça. » s'amuse-t-il à provoquer davantage tout en sirotant l'air de rien un supplément de café. Arrête de jouer Declan. Vraiment.

Marren

That's quite unexpected.

Les voyages, les enquêtes, à travers le monde, j'espère que ça fera un jour partie de mon quotidien. J'en suis bien consciente, j'en suis encore loin, surtout seulement en première année d'étude. Mais qu'importe, j'ai de l'ambition, et mes profs aiment me répéter que c'est ce qu'il faut pour commencer. Darren, lui, semble avoir déjà tout déjà fait. Partir à New York, faire un road trip... Je me sens encore plus jeune, à cette pensée. En manque cruel d'expérience. Je chasse cette pensée de mon esprit, le regard plutôt accaparée par un Darren qui martyrise sa lèvre inférieure. Il est beau, bordel. Je baisse les yeux pour éviter un contact visuel trop long. C'est pour ma propre survie, que voulez vous. Survie qui, hélas, ne dure pas des masses, puisque je commence à m'embrouiller dès qu'il commence à parler de rougir. Les mots partent tout seuls, et j'ai pas le moindre contrôle sur ce que je balance à Darren. Qui d'ailleurs, rappelle que ce soir là, en Jamaïque, j'étais loin d'être farouche. Oh gosh, oui forcément sous alcool et en soirée, je suis pas aussi calme que devant un café. C'est tout blanc et tout noir, les opposés radicaux. « Quand j'suis en confiance, j'ai tendance à être plus dynamique en soirée.. » Avouais-je à demi mot, en lui faisant un petit sourire. Intimidée, je me force au silence, avant de.. Demander si je suis rouge. Parce que clairement, j'ai chaud d'un coup.Bon, juste un peu rosée, ça va. Je retire ma main de ma joue en riant légèrement, embêtée. Et la dernière réplique du brun capte étonamment mon attention, m'intrigue, m'arrache un sourire spontané, parfaitement naturel. Et donc, en soit, rare ces temps-ci d'ailleurs. « Oh ça, ça fait un moment que je ne me considère plus comme innocente. » Attends, t'as dis quoi là Margot ? Gifle intérieure. Je fronce le nez, me rattrape .. a moitié. « Sous alcool, disons que j'ai tendance à être un peu plus.. libre, de pensée. » Parce que tu vois, là Darren, je prends sur moi pour pas agir comme la Margot que t'as rencontrée en soirée. Celle qui était diablement attirée par toi. « Le problème, c'est que je tiens trèès mal l'alcool, d'ailleurs. T'as de la chance, j'avais fait un bon dosage ce soir là! » Que j'observe en riant, avant de terminer mon café, histoire de me forcer un coup à me taire.

© Kaiji
Il avait repensé à elle parfois. Depuis son retour de Jamaïque, il avait aimé se rappeler cette soirée avec la Rousse. Mais le genre de souvenir qui revient avec douceur, presque une nostalgie. Il n'avait pas spécialement compté sur le fait de la revoir, après tout ce qui appartenait au Spring Break, appartenait au Spring Break, et il se persuadait que c'était sans doute mieux ainsi. Darren n'était qu'une coquille vide et n'avait nullement besoin d'attaches. C'est d'ailleurs ce qui lui avait plu dans l'infiltration au départ, pas besoin d'attaches, surtout pas même. Et c'est ce qui lui pesait le plus désormais. Avoir le sentiment de mentir en permanence et même aux gens biens. Et puis, il avait recroisé la route de Margot par hasard, et n'avait pu s'empêcher de se manifester un peu trop au milieu du chemin. Elle avouait de son côté avoir une dynamique différente lors des soirées et c'était parfaitement compréhensible. C'était plus facile de s'amuser, de provoquer, de ne pas se soucier des conséquences lorsqu'on était loin du quotidien, lorsqu'on ne risquait rien. Et pourtant, ils étaient tous deux là aujourd'hui dans ce café de Cambridge. « On est tous un peu comme ça non ? » Les cocktails et la musique ça aide, c'est bien pour ça qu'ils sont là n'est-ce pas ? Son regard se fait indulgent et amusé lorsqu'elle s'épouvante de sa propre gêne. « Et pourquoi seulement sous alcool ? Il faut assumer ce qu'on est. » Oui oui Declan, tu es super bien placé pour avancer cet argument en fait. Mais c'est surtout la provocation qui une nouvelle fois lui dicte les mots qui s'échappent de sa bouche encore une fois bien trop téméraire. « C'est parce que tu manques d'entraînement, ça viendra. » se moque-t-il gentiment en sirotant une nouvelle tasse de café. Oui, elle était jeune, issue d'une famille catholique et pratiquante, et avait séjourné quelques temps en Corée, alors jusqu'à présent, elle avait toujours été raisonnable. « Margot ? Je peux te poser une question ? » lui demande-t-il avec une lueur mutine accrochée à ses pommettes. « C'est quoi la chose la plus dingue que tu as faite ? » Histoire de voir ce dont la Jolie Rousse était capable, histoire de voir si ils peuvent continuer de concert la descente sur la pente glissante sur laquelle ils semblent désormais engagés.

Marren

That's quite unexpected.

L'alcool aide, décoince les gens, c'est pas nouveau. Entre ça et mon voyage en Corée, j'avais appris à m'émanciper et à me sociabiliser auprès des gens, sinon, jamais je n'aurais été prendre un café avec lui. Suffisait de voir comment Adriel prenait un malin plaisir à m'intimider quand j'avais dix-huit ans. Je hausse une épaule devant l'observation du brun, pour admettre: « C'est pas faux. » Puis, avec son éternel sourire, Darren m'encourage à m'assumer, avec ou sans alcool. Oui, beh, plus facile à dire qu'à faire. Je fronce le nez, bouille renfrognée. « J'y arrive parfois, mais y a encore du chemin à faire. J'suis super réservée de nature! » Réservée et grande gueule. Le mauvais combo, parce que ça me donne des airs de nana très lunatique. Peut-être qu'avec de l'entraînement, ça changera, comme le dit si bien Darren. Je hausse une épaule avec un sourire en coin, amusée. Jusqu'à ce qu'il reprenne la parole, avec une question surprenante. Ou du moins, il me demande s'il peut me poser.. une question. What. « Oui ? » Je hausse les sourcils, dubitative. C'est pas un peu ce qu'on fait depuis tout à l'heure, se poser des questions ? Puis finalement, il pose : La chose la plus dingue que j'aie faite ? « Oh. » Je m'y attendais pas tellement à vraie dire. Et c'est une ... Bonne question. Outre partir sur un coup de tête en Corée, je sais pas tellement. « Se baigner dans un lac du Massachussets en plein mois d'avril, ça compte ? » Que je demande avec un sourire amusé, avant de me plonger à nouveau dans ma réflexion, sourcils froncés. « Le truc le plus dingue que j'ai fait n'est pas tellement fun, à vraie dire.. » Commençais-je en gardant un air pensif. Ouais, je vois pas d'autres trucs. « Tu te souviens de l'incendie fin octobre ? Celui qui a détruit une partie de la Lowell House, de la Eliot et de la Winthrop ? » Je relève les yeux vers Darren, un sourire triste sur les lèvres. « J'étais là bas, avec ma soeur Kaya. Et quand j'me suis assurée qu'elle était dehors, j'suis remontée pour prévenir les autres. » Et j'me suis retrouvée coincée à l'étage quand l'escalier s'est effondré, au passage. Mais c'est pas fun fun à raconter. « J'me suis pris un sacré savon en arrivant à l'hôpital. » Haussement d'épaule, et je lui fait un sourire. « C'est le plus dingue que j'aie fait.. pour l'instant. » Parce que ces temps ci, j'ai une sacré habitude de faire les pires conneries qu'on me propose.