© Kaiji
Le Spring Break était bien loin malgré le temps doux et clément des derniers jours. Darren était de retour sur le campus et pourtant tout avait été sur les chapeaux de roue. L'enlèvement d'Ashleigh, la mise à mal de son infiltration et les choses qui avaient repris leur cours finalement. C'était étrange, et pour une rare fois, Declan se suprenait à avoir envie de récupérer sa véritable identité. Même si des choses étaient sympathiques dans la vie de Darren. Notamment les charmantes rencontres faites au Spring Break. C'est ce qu'il se dit quand il aperçut le feu d'une chevelure au loin. Son cœur se serra et il ne pouvait s'empêcher de repenser à cette fille. Margot. Il avait tout de suite accroché avec elle. Douce mais avec du caractère. Tout ce qu'il aimait chez les femmes. Pour autant, les choses n'étaient pas allées plus loin que le gentil flirt, mais ça faisait aussi du bien parfois, de se séduire sans penser à plus, juste pour le plaisir de se plaire. « Hey Margot ! » interpelle-t-il sur le chemin. La jeune femme se retourne et il sourit quand elle le regarde, il est heureux que ce soit bien elle et qu'il ne se soit pas trompé. Il va à sa rencontre. « Alors comment se passe la rentrée ? » Il regarde les livres qu'elle tient dans ses bras et sourit de plus belle en levant le menton. Il est vraiment content de la revoir, mais y' a pas à dire c'est différent quand y'a pas le cadre idyllique autour. C'est pas qu'elle est moins jolie non, mais elle est changée, comment dire, oui plus jeune c'est le mot. Et une sorte de malaise s'installe en lui sans qu'il ne puisse encore vraiment l'expliquer.

Marren

That's quite unexpected.

La reprise des cours pique, littéralement. J'ai passé mon Spring Break à me coucher à 9h du matin pour me lever à 14h, et forcément, l'idée de retourner sur les bancs d'Harvard ne m'avait pas tant fait envie sur le coup. Mais je ne pouvais décemment pas rester éternellement en Jamaïque, et comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin. Du moins, bonnes, d'un certain point de vue. Disons que ça apaise la douleur des événements avec Adriel, et je commence à penser plus à moi qu'à lui. Puis j'ai fait certaines bonnes rencontres, et finalement, je suis loin de regretter de m'être lancée pour ce premier Spring Break. Et voilà où j'en suis, sortant de la bibliothèque Widener avec deux énormes bouquins dans les bras, un sur le journalisme, un autre pour perfectionner mon coréen. Après avoir traversé la cour pour rejoindre un des bâtiments de l'université, c'est là que j'entends une voix qui m'interpelle. Et là, je plante, pivote, bouche bée. « ... Darren ? » Ok, de tous les mecs que j'ai rencontrés pendant deux semaines, c'était le dernier que je pensais croiser ici. Le seul que je ne me suis pas permis de draguer au point d'aller dans la chambre de l'un ou de l'autre, le seul qui soit, aussi, beaucoup plus âgé que moi. J'ai pas eu besoin de sa carte d'identité pour le savoir, un coup d'oeil suffisait à deviner qu'il avait dépassé les 25 ans alors que .. spoiler alert, j'ai pas encore atteint mes 21. Et bon, c'est un détail qu'on évite de donner, quand on a un verre d'alcool à la main. « Tu.. étudies ici? » Que je bafouille dans un premier temps, les doigts de ma main libre passant dans mes mèches rousses. Puis je reprends, la confusion passée, en essayant de cacher ma surprise: « Ca va, je me remet difficilement sur les rails. » Je montre mes livres pour prouver mes dires, sans trop savoir sur quel pied danser. Darren, c'était l'exception du Spring Break, le mec qui m'avait vraiment plu par sa façon d'être plus que par son physique - même si admettons le, il est canon. Je pense que c'est en partie ça qui m'a fait éviter de trop pousser le flirt entre nous. Ca, et le fait que je ne lui ai pas dit mon âge. Alors pourquoi au lieu de chercher à m'enfuir à toutes jambes, je suis clouée là sur place, à vouloir lui poser des questions sur lui, maintenant que je sais qu'il étudie ici?

© Kaiji
Il ne peut empêcher un sourire de venir étirer ses lèvres. Elle semble tout aussi surprise de le revoir par ici. Si ce n'est plus. La question qu'elle lui pose ne fait que l'accentuer davantage. Si il avait eu l'impression qu'elle faisait bien plus jeune que la dernière fois, la proportionnelle semblait être tout aussi vraie dans son cas. « Oui oui, j'étudie ici. Je n'enseigne pas encore. » Et ça par contre, c'était pas près d'arriver. Il était bien un imposteur sur le campus, mais non pas par son âge. Sa réponse lui arrache un petit rire, c'était évident que revenir d'un endroit paradisiaque pour reprendre les corvées, les devoirs et autres lectures, c'était un brin difficile. « Pareil pour moi. Je regrette la Jamaïque un peu plus chaque jour. » D'ailleurs sa pommette portait encore les stigmates de sa mission délivrance d'Ashleigh, rien à voir avec le teint halé des vacances. Cela lui donnait un drôle de look d'avoir une entaille de la sorte, mais ça lui donnait un air bad boy si bien qu'on ne lui avait pas posé trop de questions. Elle lui montre ses livres et il observe rapidement, curieux, il faut bien l'avouer. « Hum... journalisme et … une langue bizarre. Je vois que tu es studieuse, tu es en première année ? » ne peut-il s'empêcher de demander pour apaiser son angoisse. Une étudiante en journalisme, il a tiré le gros lot, en général ce sont des spécimen curieux, et il a vraiment pas besoin d'une curieuse de plus là pour le moment. Sa raison lui dicte de prendre ses jambes à son cou et d'éviter cette jolie Rousse, mais non, ses pieds restent désespérément ancrés sur le sol à attendre ses réponses, depuis quand Declan se montre-t-il aussi faible en matière de charme ?

Marren

That's quite unexpected.

Une chose était sûre : Voir Darren ici c'était tout un autre monde, bien loin de la chaleur de la Jamaïque et des musiques pendant les soirées alcoolisées là bas. J'ai troqué mes robes de soirées et mon maquillage pour des tenues plus décontractées, pour un coup de mascara et basta, ne voyant pas tant l'intérêt de me faire "jolie" pour suivre des cours, terrée au fin fond d'un amphithéâtre. Darren, lui, restait cependant égal à lui même: Diablement beau, un sourire en coin irrésistible sur le bout des lèvres tandis qu'il me confirme étudier ici. Si on omet une marque sur son visage, qui me fais vaguement froncer les sourcils. Mais je décide de ne pas faire de remarque impolie. « Eh bien, je ne pensais pas! Étudiant en ..? » Mais pourquoi tu lui pose des questions, Margot ? Sauves-toi ! Mais non, je reste fixe, je souris, mi-gênée, mi-heureuse de le revoir malgré tout. « A vraie dire, ça me manque aussi. Moins de prise de tête là bas. » Et c'est le cas de le dire, puisque là bas, c'était limite si je n'avais pas laissé mon cerveau dans ma valise chaque fois que je sortais. Il louche sur mes livres, dont il identifie les matières. Du moins, une sur deux. Je ris malgré moi, précisant: « Coréen, la langue bizarre. » Jusque la question qui tue. Première année ? Je passe ma langue entre mes lèvres, fronce légèrement les sourcils malgré moi. « Première année, oui.. J'ai voyagé en Corée pendant deux ans du coup.. je rattrape mon retard et je recommence à zéro. » Je relève mes yeux verts en direction du visage de Declan, soudain bien intimidée. De toutes manières, il ne lui faudra pas bien longtemps pour faire le calcul. « Ehm.. je vais peut-être te laisser, je suppose que t'as des cours qui t'attendent ? » Est-ce que ça veut dire que je vais souvent le croiser sur le campus ? Est-ce qu'il va comprendre que j'ai potentiellement oublié de lui donner mon âge ? Putain, putain, putain.

© Kaiji
Declan pourrait se sentir vexé qu'elle ne pense pas qu'il puisse être étudiant, mais en réalité, il ne l'est pas non ? Pourtant nombre d'étudiants ont son âge, oui mais voilà, il n'est pas ignorant du fait qu'il incarne une certaine maturité, de par son métier, des expériences qu'il a vécu, notamment quand il était militaire, ce sont des choses qui vous changeait, que vous le vouliez ou non et finalement la Rouquine était en réalité perspicace. Mais Declan était Darren et il avait décidé de s'en amuser, en apparence. « J'ai l'air si vieux que ça ? » la provoque-t-il en posant ses billes claires sur les siennes, l'air un brin goguenard. Il sait qu'il la mettra mal à l'aise et il aime ça. « Sociologie. » Oui une matière passionnante mais un peu inutile. L'avantage quand on a déjà un métier c'est qu'on ne se préoccupe pas des débouchés. « Oui et beaucoup moins d'alcool. » Et beaucoup plus de cours, d'études, d'heures assises sur une chaise, et pour le Solitaire c'était un vrai supplice. Il aimait être en mouvement et même si il séchait en réalité un bon nombre d'heures, il était obligé d'entretenir l'illusion un minimum, alors oui à lui aussi la Jamaïque manquait. « Original. » Le Coréen, c'était pas une langue qu'on choisissait d'emblée. Il sourit lorsqu'elle lui explique être partie pendant deux ans avant de reprendre ses études. Ouf, elle n'avais pas dix-huit ans... mais sans doute pas 21 , ce qui veut dire qu'il flirtait avec une mineure... Quelque chose de répréhensible en fait. Il a envie de rebondit sur son départ pendant deux ans en Corée lorsqu'elle semble gênée elle aussi et prétexte qu'ils ont sans doute autre chose à faire. Il se racle la gorge, un peu gêné aussi, beaucoup frustré aussi faut bien l'avouer, c'est que la Demoiselle l'intrigue. Et la curiosité a toujours primé chez lui... « Oui j'ai sans doute des cours, mais... » Il regarde son emploi du temps, ce qui fait super sérieux et mec au courant de sa vie. « J'ai une heure de battement là en fait. » Il relève son visage vers elle et sourit un peu innocent. Ses épaules se haussent. « Mais je suppose que toi, tu as des choses à étudier, pour une interview en coréen ? » Sa main se pose sur son menton. Au moins, ce sera elle qui continuera de jouer ce jeu ou non, parce que lui se sent incapable de l'arrêter, à son plus grand désespoir.

Marren

That's quite unexpected.

La première chose qui m'a marquée venant de Darren, quand on s'est rencontrés, c'était sa différence d'avec les autres types. Il semblait plus posé, plus .. mature. Et c'est ce qui m'a plu, on va pas se mentir, le fait de me sentir écoutée par quelqu'un qui n'en a pas qu'après mon cul. Une vraie discussion, un vrai échange, et si j'étais convaincue de ne jamais le revoir.. Well, here we are. Je hausse les sourcils à sa question, une brève lueur paniquée allumant mon regard. « Quoi? Non non ! C'est juste que.. la plupart des étudiants ici sont.. très.. cons ? Bref. C'est pas ce que je voulais dire. » T'es différent, que je pourrais dire. Ca résumerait plutôt bien la chose. Mais c'est hors de question que je dise ça à un homme. C'est bon, j'ai retenu la leçon. N'est ce pas ? Je ferme brièvement les yeux, sentant le sang qui a afflué au niveau de mes joues, et les rouvre quand il finit par me dire ce qu'il étudie. Un hochement de tête, un sourire fin. J'y connais strictement rien. Puis il évoque le Spring Break. Ca paraît encore terriblement proche, et en même temps, beaucoup trop loin. « C'est un assez bon résumé. Y a bien un moment hélas où il faut retourner à la réalité. » Je fronce le nez, une pointe d'amertume dans la voix. Partagée entre l'envie de progresser dans mes études, et celle de me laisser aller aux multiples soirées du Campus pour prolonger le Spring Break.

Et clairement, y a une sorte de tension, de silence entre nous, bien différente de la soirée où on s'était connus. C'est tout un autre monde, entre la Jamaïque et Harvard, et pourtant.. j'arrive pas à détacher mes yeux de Darren. Faut que je m'en aille. Et pourtant, je reste fixe. Il finit par admettre avoir probablement des cours. Oh. Je reste impassible pour retenir cette vague de déception que je rejette dans un coin de ma tête. Du moins, jusqu'à ce qu'il jette un oeil à son emploi du temps. Il est libre. Pendant une heure. Qu'est ce que j'fais ? J'entrouvre les lèvres, sachant clairement qu'il me laisse le champ libre. Oui, j'ai des révisions à faire, allez, salut. Voilà ce que j'aurais du dire. Au lieu de quoi, je pince les lèvres, baisse les yeux sur mes livres, et fronce le nez. « A vraie dire ce sont des livres de seconde année, je prends de l'avance. L'avantage quand on a .. déjà fait une première année. » Je dors pratiquement pendant les cours, surtout ceux de Coréen. Et maintenant, Margot ? Je danse pratiquement sur place, intenable, puis après m'être pratiquement mordu l'intérieur de la joue jusqu'au sang, je demande: « J'allais justement prendre un café, j'ai pas eu ma dose depuis.. un moment. » Viendra, viendra pas ? Je relève les yeux vers lui, j'arrête de respirer. J'peux pas. Je peux pas me détourner de lui comme ça.

© Kaiji
Il ne peut s'empêcher de la trouver adorablement mignonne, surtout lorsqu'elle essaie de se justifier de la sorte et c'est presque que Declan pourrait en oublier ses serments de Solitude et de bâillonnements des émotions et sentiments bien inutiles à ses yeux. Un nouveau sourire naît au coin de ses lèvres amusées. « Je prends ça pour un compliment alors. » Plutôt que pour une offense, mais il lui semble bien difficile de se sentir lésé par une fille pareille. C'est à l'inverse qu'il faut prêter attention, et sa raison lui crie de prendre la fuite pour ne pas abîmer ce qu'il considère comme l'innocence même là sous ses yeux domptés. « Et ouais, la réalité a le don d'être moins attirante toutefois. » Et il en parle en connaissance de cause, dans la peau de Darren les choses sont encore parfois amusantes, mais dans la sienne, les heures sont vides et les jours esseulés, en bon masochiste il en a fait le choix et considère qu'un regard féminin qui plus est juvénile s'apitoierait d'un tel constat et prendrait la fuite, c'est une évidence. Alors pourquoi continuer ce petit bavardage ? La vérité c'est qu'il se comporte comme la noirceur même avide de lumière, la compagnie de la Rousse est si rafraîchissante qu'il ne peut s'obstiner à y résister. Et sa faiblesse le tourmente d'autant plus. Depuis quand est-il si faible ? Ses yeux se relèvent subitement presque surpris, voir troublés à l'idée qu'elle eut pu lire dans ses pensées à l'évocation de dose... avant que son esprit tortueux raccroche les wagons et fasse le lien avec le café. « Alors, je me dois de te soulager et de t'offrir une dose tout de suite. » Sa voix s'amuse, son esprit s'anime et la raison est bien repoussée hors de vision. Ils marchent ainsi tranquillement jusqu'au café, et foule de questions se bousculent à ses lèvres... il ne veut toutefois pas paraître trop empressé. « C'était comment la vie en Corée ? » En bon baroudeur, ce genre de choses l'intéresse et cela lui permet de souffler intérieurement quelques minutes. Du moins, tente-t-il de se rassurer de la sorte.

Marren

That's quite unexpected.

Darren représente un danger, et je le sais. Tous les hommes sont un danger de manière générale, c'est une bonne leçon que j'ai retenue au cours du dernier mois, entre l'abandon d'Adriel et la trahison de Cole. Alors ma raison, forcément, me hurle de rebrousser chemin en faisant face à un homme comme Darren. Au sourire enjôleur, au regard animé d'une de ces lueurs inexplicables, de celles qui donnent machinalement envie d'engager la conversation. Et ça fonctionne avec moi, et ce, malgré moi. La preuve en est que je bafouille presque comme une adolescente pour lui faire comprendre mon point de vue sur ce que je lui ai dit. Et heureusement, il finit par comprendre. « C'était le cas.. A ma façon. » J'esquisse un sourire, léger, timide, tente de retrouver contenance en parlant Spring Break, retour difficile. Et sa phrase m'interpelle, me turlupine. Et je sais que j'devrais pas, mais est-ce qu'il veut dire qu'il préférait ce qu'il avait vu de moi là bas plutôt qu'ici ? La réalité ? Come on, Margot, vous parlez depuis deux minutes à peine. Je passe une main derrière ma nuque, et hausse une épaule. « Quelle serait l'utilité de ces types de voyages si la réalité était équivalente ? » Aucune. Et l'industrie du tourisme s'effondrerait, en parallèle. Et au lieu de m'échapper après cette discussion, je me condamne, propose à demi mot d'aller prendre un café. Je fonce dans le piège, mais de toute évidence, Darren y entre avec moi, referme la porte, et c'est avec un hochement de tête que je le suis jusqu'au café. « C'est un .. autre monde, à vraie dire. C'est un pays plein de richesses, de traditions et de secrets. C'est ce qui m'a plu là bas, ce qui a fait que j'y suis restée. » Dire que je devais juste y faire une escale de deux jours. « J'ai aimé découvrir leur façon d'être, et au début, c'était compliqué, surtout qu'ils ne parlent pas forcément bien anglais. J'ai repris des réflexes étranges que je garde parfois ici: m’incliner pour saluer plus ou moins selon l’âge et la position hiérarchique de mon interlocuteur, arriver plus tôt que mon patron, ne jamais me vanter et toujours être modeste .. ça manque, ici. » Arrivée devant le café, je mord ma lèvre inférieure, fronce le nez, et regarde Darren, intimidée. « Excuse moi, je parle beaucoup trop dès que le sujet "Corée" vient sur la table. Et toi, tu es à Harvard depuis longtemps ? »

© Kaiji
Et voilà qu'il est pris à son propre piège, avec elle, il ne peut s'empêcher de parler un peu trop franchement et de livrer ses réflexions à voix haute, quitte à ce que celles-ci le mette en danger. Cela ne prêtait pas trop à conséquence dans le cadre paradisiaque du Spring Break, mais ici, il ne devait pas trop attiser la curiosité, aussi innocente soit-elle. Declan se mordille la lèvre, pris à une réflexion fugace face à la question de la jeune femme. « Nous rappeler à quel point la réalité est confortable ? » Il hausse les épaules avant de rire légèrement en secouant la tête. « Non, je pense qu'on est juste tous un peu maso, on aime s'offrir le rêve avant de revenir au gris ambiant. Harvard serait plus sympa en Jamaïque, mais on travaillerait moins bien. » C'est certain même avec l'eau turquoise aux pieds, les bancs seraient désertés. Il écoute attentivement Margot parler de la Corée et comme il s'y attend, cela semble être un pays réellement dépaysant. Et il aime voir comme elle semble absorbée dès qu'elle parle de son expérience, elle se donne entière à ses passions et c'est une chose qu'il ne peut que comprendre puisqu'on lui a bien souvent reproché. « Depuis cette année seulement. En fait je reprends mes études. J'étais militaire avant ça. » Il lui servait un peu de l'histoire qu'on avait brodé pour lui mais c'était en partie vrai puisqu'il avait bel et bien été militaire. Il lui ouvre la porte pour la laisser entrer et reprend « Mais je dois bien avouer que je me plais bien ici, et toi ? » Et quelque part, il avait l'impression de réparer un manque, il n'avait jamais pu se poser après le lycée, profiter de la vie étudiante, ses années de jeune adulte n'avaient pas manqué de lui laisser quelques stigmates encore solidement ancrés dans le blanchâtre de sa peau, il en était fier, ne s'en vantait pas bien sûr, mais la douceur avait quelque chose d'apaisant. Un peu comme Elle.

Marren

That's quite unexpected.

J'aime sa façon de penser, de dire les choses. Et ça le rend encore plus dangereux. Belle gueule, et esprit brillant, le genre de combo qui signifie que derrière tout ça, il doit y avoir un vice. Parce qu'il y en a toujours un, right ? C'est ce que je m'efforce de me répéter tandis qu'il hausse les épaules et que je l'imite en souriant légèrement, avant de rire à sa seconde remarque. « Oh come on, ça serait génial de réviser à l'ombre d'un palmier, les pieds dans le sable. J'pourrais parler coréen entre deux vagues, avec des touristes. » Oui, bon, ok, je crois que je serais plus occupée à barboter qu'autre chose. Et c'est après une brève seconde de réflexion que j'admets avec un sourire en coin: « Ok, t'as raison, je ne travaillerais probablement pas beaucoup. » Voire pas du tout. En chemin pour aller prendre notre café, je parle de la Corée, et ... m'y perds un peu. Comme chaque fois que j'en parle, à vraie dire. Séoul me manque, la mentalité Coréenne me manque. La bouffe, aussi, mais ça c'est un détail. Je finis par détourner le sujet vers Darren, vers ses études. Et je comprends mieux pourquoi il étudie encore ici, et pourquoi il semble diablement plus... adulte. « Ah oui, t'as du bagage derrière toi quand même. Militaire! » J'entre dans le café, suivie de près par lui. « J'ai grandi ici, Boston, Cambridge, c'est toute mon enfance. Et je préfère être ici que dans de grandes villes polluées comme New York ou LA. » Je hausse une épaule, avant d'ajouter: « Bon, je parle sans jamais y avoir été, à vraie dire je ne connais qu'ici, aux Etats Unis. » Je commandais rapidement un caramel macchiato, addict à cette petite chose, avant de reporter à nouveau mon attention sur Darren. Encore, et toujours, Darren. « J'aime la diversité d'Harvard, j'aime les parcs de Boston, et j'aime encore plus les petits trésors aux alentours, ceux que personne ne connait. » Je pince les lèvres, suspend mes mots, parlant toujours beaucoup trop. C'est une manie, peut-être de journaliste, de simple bavarde ou curieuse. « Et ça va, tu t'es bien intégré du coup? J'veux dire.. la reprise d'études, c'est pas toujours simple, surtout après avoir fait le service militaire, c'est pire que moi encore. » Des questions anodines, mais allez savoir pourquoi elles me brûlent les lèvres. J'ai cette envie inlassable d'en découvrir plus sur Darren, d'apprendre un peu à le connaître, à le découvrir, autre qu'au milieu d'une soirée, entre plusieurs verres.