A training like no other

feat. Giulia M. Scorsese & Maverick Horvath

Giulia, frigorifiée après seulement une minute passée au dehors, se jeta sur le siège conducteur, augmenta le chauffage et pesta contre le volant déjà glacé, avant d'enfiler rapidement ses gants en cuir. C'était dimanche, la radio jouait les années 80 et elle venait d'apprendre, d'après une simple feuille plastifiée scotchée sur la porte d'entrée, que sa salle de sport était exceptionnellement fermée. Google maps fut clément et voulu bien se repérer, comme une fois sur dix, et lui indiqua une autre salle proche. Ce sera l'occasion de découvrir un autre endroit, au moins.

Comme l'infrastructure était plutôt imposante, Giulia fut surprise de ne pas l'avoir remarquée avant. Elle courut sous la pluie fine qui était entre temps venue perler le ciel gris et prit une pause dans le hall d'entrée pour sécher ses chaussures: le sol carrelé de l'accueil avait l'air fraîchement lavé, avec de beaux reflets que l'artiste ne voulu pas salir. On lui donna un pass' pour la matinée, avec accès à la zone fitness et au spa, bien qu'elle doutait avoir le temps d'y mettre les pieds. Elle suivit les panneaux indiquant les vestiaires tout en observant, derrière une vitre, la piscine qu'elle longeait. Quelques nageurs, plus ou moins expérimentés, y faisaient des longueurs. Une vieille dame barbotait au bord.

Ah, "VESTIAIRES". Gi' poussa la porte, jeta son sac sur le premier banc venu et se rendit alors compte de son erreur quand elle vit un jeune homme sur le banc d'en face, visiblement gêné à en mourir. "Pardon, c'est les hommes, ici ? J'ai pas fait gaffe", lui adressa-t-elle, tendant la main vers son sac, mais ne le saisissant pas tout de suite. Un tatouage dont elle ne voyait qu'une partie l'intriguait sur la hanche gauche de l'inconnu. Mon Dieu, ce gars était tout rouge. ~

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feat. Giulia M. Scorsese & Maverick Horvath

L'éclairage froid et blanc des néons reflétait les contours noirs d'une intensité impressionnante sur la peau très claire du garçon. Giulia s'était toujours trouvé une certaine fascination à contempler les corps différents du sien, que ce soit les hommes, les très blancs, les très noirs, les fins et les plus ronds. Toutes ces nuances et formes la comblaient, les ornements comme piercings et tatouages lui étaient donc naturellement un plaisir à regarder. C'étaient des touches personnelles ajoutées au human starter pack que l'on a depuis la naissance, sans rien avoir choisi. C'est comme coller un sticker sur un cahier vierge en début d'année. Le jeune homme lui décocha un sourire, les joues encore rouges. Il fallait dire qu'il était plutôt bien formé, cependant, l'expérience avait appris à la jeune femme que si elle n'était pas forcément pudique, ce n'était pas le cas de tout le monde et elle devait parfois retenir cette envie de détailler tout ce qu'elle voyait de beau comme de la tarte aux fraises.

Le sportif, à en juger par ses muscles et sa tenue assez pro, passa la main dans ses cheveux, d'une manière qui semblait assez aguicheuse, d'autant plus que le sourire n'avait pas quitté ses lèvres... Attendez, il faisait le beau gosse là, non ? Bah, elle appréciait bien le spectacle. Il lui spécifia de faire plus attention la prochaine fois, remarque qu'elle ignora royalement. Il avait même adopté un petit regard autoritaire. Dis-donc, monsieur, c'est pas ma faute, à moi. Il croyait peut-être qu'elle allait partir, mais non non non, elle voulait voir ce tatouage de plus près. Elle ignorait ce qu'il représentait, mais le peu qu'elle avait pu voir lui avait indiqué une belle finesse du trait, ce qui est plutôt rare sur des tatouages de grands volumes (enfin, c'est ce qu'elle pensait, elle n'était pas experte dans le domaine non plus). Et puis, depuis qu'elle traînait avec Lisbeth, elle avait envie de se lancer dans cette expérience de personnalisation du corps. Il y avait bien une toile, qu'elle avait réalisée quelques mois auparavant, de laquelle une partie ferait un beau tatouage, mais se faire graver son propre art dans la peau lui semblait un peu trop narcissique.

Son camarade de vestiaires se mit à s'exercer. La présence de Giulia n'avait pas l'air de le déranger plus que ça, finalement, mais elle tacha tout de même de paraître un minimum décente pour éviter toute rumeur embarrassante d'infiltration de vestiaires masculins à son sujet. "Je devrais partir, mais effectivement, ton tatouage m'intrigue. Tu peux me le montrer ?". Je devrais partir, haha. Quelle faux-cul celle là. Giulia hésita à se changer là, et l'aurait sûrement fait dans d'autres circonstances, mais cet homme là avait particulièrement rougi à son entrée et elle trouva préférable de ne pas le chambouler plus que ça. ~

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feat. Giulia M. Scorsese & Maverick Horvath

Le jeune homme s'approcha d'elle d'une démarche séduisante, presque à pas de loup. Ses yeux étaient rivés sur elle, de la façon dont elle aussi fixait souvent les gens. C'était comme rencontrer ses propres pupilles. Debout, les yeux de l'Italienne arrivaient à peine à l'épaule du sportif, et plus il se rapprochait, plus sa petitesse s'engloutissait dans l'ombre de ce grand inconnu. Il s'arrêta en face d'elle et descendit légèrement son short du pouce, laissant apparaître le tatouage en entier, et accessoirement le V de notre cher ami, tout aussi plaisant aux yeux de Mademoiselle Scorsese. Trêve de papillonnages, l'artiste se concentra sur les courbes du dessin. Effectivement, elle avait rarement vu aussi précis, même de près. Elle ne su dire à quelle école le tatouage appartenait, et se demandait s'il avait une quelconque signification. Il lui rappelait le dessin d'un dragon dans l'un de ses livres d'enfant, sûrement encore figé sur une des étagères de la villa toscane. "Le détail est très impressionnant, répondit-elle. Mais avant de pouvoir poser les questions qui valsaient sur sa langue, l'homme quitta les vestiaires, probablement pour rejoindre la salle de musculation. Il s'était présenté, mais elle n'avait pas écouté.

Giulia attrapa son sac et rebroussa chemin jusqu'au vestiaires de son sexe, qu'elle avait en fait manqués. Elle passa rapidement sa tenue, une brassière, un crop top jaune-orangé et des leggings mi-long, rangea son sac dans les casiers et se dirigea vers la salle de musculation. Elle y passait toujours une vingtaine de minutes avant de rejoindre les tatamis, mais elle se demandait s'il y en avait ici. Au pire, un peu de changement ne lui ferait pas de mal, et un tour à la piscine lui semblait être une alternative à considérer. Elle sauta sur un tapis de course libre et le régla sur une vitesse moyenne. Peu de monde, à cette heure. La baie vitrée en face d'elle donnait sur un parc plutôt joliment fleuri, bordé par des bâtiments résidentiels, le tout bercé par les gouttes de pluie. Giulia aperçu du coin de l’œil son camarade de vestiaires s'installer sur un développé couché à quelques mètres à droite, et quitta sont tapis pour se planter devant lui. À peine essoufflée, elle lui demanda : "Moi c'est Giulia, c'est quoi ton nom encore ?". À mieux regarder, il semblait qu'elle n'était pas arrivée au bon moment : Il avait l'air de s'être blessé, une main se tenant le dos et une légère grimace sur le visage. Elle ne fit aucune remarque. ~

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feat. Giulia M. Scorsese & Maverick Horvath

"Pourquoi tu me le demandes une deuxième fois ?". Ah la la, ces hommes. Giulia s'éloigna, les sourcils légèrement haussés et une moue moqueuse, mais sans méchanceté, sur le visage. Peut-être qu'occasionnellement, nous n'écoutons pas chaque mot qui sort de votre bouche, Mon Seigneur, pensa-t-elle, ironique. Elle alla s'appuyer sur le flan d'un vélo elliptique, sans toutefois se mettre à l'exercice, et passa en revue la salle et ses quelques sportifs bien concentrés : il y avait plusieurs bodybuilders, et au milieu, un adolescent obèse qui semblait rien que par sa présence être le garçon plus courageux du monde. Maverick vint rapidement s'installer sur la machine à côté d'elle.

Son voisin s’essoufflait légèrement, et lorsqu'elle porta son regard sur lui, elle pu voir le fruit de ses efforts former une pellicule d'humidité sur son front. "C'est pas tellement mon truc. Je fais de l'aïkido, mais ma salle est fermée aujourd'hui. Je pensais aller à la piscine, mais j'ai pas envie de sortir avec les cheveux mouillés par ce temps". Elle finit tout de même par grimper sur le vélo elliptique, mais se lassa vite. Ce genre de mouvements répétitifs, solitaires, elle n'y trouvait simplement pas son but. Elle jeta un œil à son camarade de vestiaires, qui s'était encore déplacé quelques mètres plus loin. Elle voulait en savoir plus sur le tatouage. Son T-shirt se soulevait légèrement dans son exercice, et Giulia aperçu une région violacée dans son dos. Intriguée, elle lui fit remarquer, en précisant qu'elle préférait le dénoter, ne sachant pas si c'était normal. ~

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feat. Giulia M. Scorsese & Maverick Horvath

Maverick souleva son T-shirt pour examiner la zone et les yeux curieux de Giulia découvrirent la fameuse ligne violacée qu'elle avait aperçue : ça avait l'air d'une cicatrice. Elle se rappela de sa propre cicatrice, sa blessure de guerre, presque disparue maintenant, qui avait été sa plus grande fierté : elle s'était ouvert le coude à la corrida, l'été de ses onze ans. Il était évident que le jeune homme essayait de cacher une certaine inquiétude derrière un air viril quand il soupira que la cicatrice n'avait rien de particulier. Il avait l'air de s'inventer des phrases, des mouvements et des comportements totalement décalés de ce qu'il pensait et voulait à l'intérieur, comme quelqu'un  qu'on aurait privé d'être lui-même pendant de longues années.

N'ayant rien d'autre à faire, elle accompagna le jeune homme vers les vestiaires quand celui-ci fut prêt à partir. "Tu fais quoi comme sport ? Tu m'as l'air un peu trop musclé pour quelqu'un qui passerait juste à la salle pour une petite heure". Elle s'arrêta au niveau de du casier qu'elle avait utilisé, et l'ouvrit. Pourvu qu'elle aie un maillot de bain, histoire de rentabiliser ce fameux pass gratuit pour le spa. Le sportif se tenait à côté d'elle, et elle allait le congédier gentiment quand celui-ci l'informa : "Je vais prendre ma douche, tu m'attends là ou ?". La suspension de sa phrase donnait un côté loufoquement sugestif, et l'Italienne éclata de rire. Soit il le faisait exprès, et il n'avait vraiment pas de barrières, soit le pauvre garçon s'emmêlait complètement les idées. "Où quoi ? Je te rejoins ? À la limite, se changer ensemble ça passe, mais là j'avoue que tu vas un peu loin, mon joli !" s'exclama-t-elle en riant. ~