Le réveil avait été compliqué, j'avais tellement voulu décompresser de mes vacances ratées au Summer Camp que je n'avais quasiment pas dormi depuis deux semaines entre mes moments en amoureux avec Apple, le déménagement, la récupération du panda, mes examens et la rentrée qui approchait à la vitesse de l'éclair, ma plus ou moins réconciliation avec Roxanna, mes retrouvailles avec Colombe, bref..... C'était à n'en plus voir la fin, et tout n'était pas fini. Apple et moi avions décidé après longue réflexion de la couleur dont on peindrait la chambre du bébé. On avait opté pour des couleurs pastel, essentiellement du jaune pâle, et quelques couleurs plus vives pour donner un peu de punch à la pièce tout de même. Dans la mesure où nous ne voulions pas savoir avant la naissance quel était le sexe du bébé, nous avions préféré prendre des couleurs qui ne laissaient pas deviner le sexe ; et même si j'aurais bien aimé le bleu des Eliots, pour beaucoup de gens le bleu signifiait garçon, plus que richesse. Je profitai donc de l'absence d'Apple pour l'après-midi, en ville avec Roxanna, sortant les pots de peinture, pinceaux et rouleaux, et prenant place dans la grande pièce que nous avions totalement vidée et qui s'avérait être particulièrement moche, toute grise. Les protection posées au sol, je commençai à peindre, étalant bien toute la peinture. Au bout d'une vingtaine de minutes, quelqu'un sonna. Je pinçai les lèvres, reposant le pinceau et m'essuyant les mains sur mon vieux pantalon avant de regagner l'entrée, veillant à ne pas mettre de la peinture partout. J'ouvris la porte et tombai sur....... Jude. Je fronçai les sourcils, gardant le silence un moment en le dévisageant avant d'enfin daigner ouvrir la bouche.

« Apple est pas là. »

Je tournai les talons, retournant à la chambre sans fermer la porte. C'était une forme d'invitation à entrer si on veut, il pouvait attendre dans le salon si ça lui chantait.

Les invitations avaient été envoyés quelques jours plus tôt, et j’avais eu pas mal de réponses positives pour l’anniversaire surprise de Roxanna. J’espérais juste que la demoiselle ne se rendrait compte de rien. Je l’imaginais déjà me faire la tête parce que je n’allais rien organiser pour cet évènement, ou tout simplement parce qu’elle croirait que je l’aurais oublié. D’ailleurs, je me demandais comment elle allait réagir en passant la soirée avec Andy au lieu de la passer avec moi. J’espérais juste que ça n’allait pas lui mettre la puce à l’oreille. Enfin, on verra bien, mais j’avais effacé tous les sms que j’avais envoyé aux gens par rapport à cette soirée histoire qu’elle ne tombe pas dessus par hasard et que tout soit foutu. Il fallait que je finalise quelques petits détails par rapport à la déco avec Apple, car c’était elle qui se chargeait de tout ça. J’avais besoin de savoir ce qu’il fallait acheter, et surtout, si elle pouvait venir avec moi puisqu’elle superviserait tout. Je décidais donc d’aller voir Apple un après midi, quelques jours avant la fête afin que nous puissions faire le point. Je connaissais son adresse, mais je n’y étais jamais allé, ne voulant pas tomber sur son mec et aussi parce que ça n’avait pas forcément été le grand amour entre elle et moi pendant plusieurs mois. Une main dans la poche, je sonnais à la porte, espérant que ça soit Apple qui ouvre mais….non, loupé. C’était bien Andy. Nous restions quelques minutes à nous regarder sans rien dire. Il avait l’air occupé, et au vue de comment il était fringué et des tâches de peintures, il devait faire de la déco, peut-être la chambre du bébé d’ailleurs. Il finit alors par déclarer, « Apple est pas là. » Je soupirais légèrement et Andy tourna les talons, sans pour autant fermer la porte. J’avais envie de faire pareil, et de partir mais.. Apple avait fait l’effort pour Roxanna de s’excuser auprès de moi, elle avait fait le premier pas…et l’idéal était que tous les quatre, on s’entende bien, alors je pouvais essayer de faire un effort aussi, non ? Je suivis alors Andy jusqu’à la chambre qu’il avait commencé à peindre, regardant autour de moi avant de demander, « C’est la chambre du bébé ? ». Question stupide, mais il fallait bien engager la conversation. J’inspirais et, tout en regardant encore les mur, j’ajoutais, « Tu veux de l’aide ? »

Qu'est-ce qu'il foutait là ? C'était la première fois qu'il venait à l'appartement. Mais après réflexion, c'était sûrement pour parler avec Apple de l'anniversaire à Roxanna, dans la mesure où ils l'organisaient ensemble ça n'aurait rien de surprenant. J'aurais préféré que ce soit elle qui aille le voir plutôt que l'inverse, ça nous aurait évité une confrontation, mais bon. Dans la mesure où tout le monde semblait vouloir faire des efforts, quitte à ne pas l'aimer, autant ne pas envenimer les choses bien que rien ne me forçait à être amical avec lui. Et c'était d'ailleurs réciproque. Je le laissai finalement entré, ne lui portant plus attention et songeant qu'il n'avait pas intérêt à bouger quoique ce soit et ne rien salir - même si au fond je m'en foutais un peu parce qu'on avait une femme de ménage et que c'était pas mon genre de plaindre ceux qui font le ménage. Je regagnai la chambre du bébé sans plus porter attention à Jude, songeant que de toute manière il tenait trop à Apple pour faire un pas de travers dès maintenant et risquer de foutre en l'air leur amitié renaissante. Amitié que je n'approuvais pas mais que pouvais-je y faire ? Je m'emparai à nouveau du rouleau, le trempai dans la peinture et recommençai à peindre, quand j'entendis la voix de Jude derrière moi. Ah carrément il était venu me regarder peindre... Je tournai la tête, reportant mon attention sur lui, suspicieux et ne répondant pas. Ça me paraissait évident que c'était la chambre du bébé, quelle autre pièce on pourrait peindre de cette couleur ? Je le dévisageais alors qu'il fixait les murs, rebaissant la main qui portait le rouleau.

« Pourquoi tu m'aiderais ? »

Et parallèlement, pourquoi j'accepterais son aide ? Il n'était pas obligé de m'aider pour se donner bonne conscience.

Je ne savais même pas ce qui m’avait pris de venir jusque ici. Pourquoi est-ce que je n’avais pas envoyé un simple sms à Apple ? Ou j’aurais pu l’appeler. Oui c’est ça, appeler avant de venir, car je me trouvais exactement dans la situation dans laquelle je ne voulais pas me trouver. Great. Andy avait l’air étonné de voir ma réaction, et il avait de quoi l’être. « Pourquoi tu m'aiderais ? » Ca, c’était une excellente question. A laquelle je n’avais…pas vraiment de réponse. A vrai dire, si je ne m’écouterai que moi, j’aurais fait demi-tour depuis longtemps. Je n’étais déjà pas très chaud pour qu’il aille passer la soirée avec Roxanna pour sa fête d’anniversaire, alors faire genre qu’on est ami, non merci. Mais maintenant que j’y repensais…tout le monde essayait de faire des efforts, alors lui comme moi devions aussi en faire. Bien sûr, nous n’allions pas devenir les meilleurs amis du monde, mais si nous voulions qu’Apple et Roxanna restent amies et surtout, si je voulais renouer mes liens avec Apple, je devais forcément passer par la case « essayer de supporter Andy ». Je soupirais légèrement et je glissais mes deux mains dans mes poches, faisant le tour de la pièce avant de m’arrêter face à la fenêtre de celle-ci. Je finis alors par me tourner vers Andy avant de dire calmement, « Parce que j’en ai marre de cette guerre qu’il y a entre nous ? » Je souris un peu et je refis les cent pas dans la chambre, ça ne m’étonnait pas qu’ils aient choisis cette palette de couleurs, puisqu’ils ne connaissaient pas encore le sexe du bébé. « Ecoute… tout ça, c’est ridicule. On peut pas se supporter alors qu’on ne se connait même pas. Ça n’a aucun sens… » Je soupirais et j’ajoutais, « Tu détestes le Jude que tu croyais connaître y’a sept mois mais crois-le ou non, j’ai changé et je veux pas que notre relation conflictuelle porte préjudice à la relation qu’Apple et Roxanna entretiennent.. » Je pris un instant avant d'ajouter, « Alors...t'a besoin d'aide ? »

C'était assez surprenant, sa question. En vérité, notre relation était tellement conflictuelle que je ne m'étais simplement jamais imaginé pouvoir bossé avec lui, pour quoique ce soit, même pas peindre un mur. Dieu merci nous n'avions jamais été vraiment liés dans les épreuves du Summer Camp, j'aurais certainement été capable de lui faire un croche-pattes pendant une course de relais même s'il était dans mon équipe, c'est pour vous dire. Mais il y avait quelque chose de plus fort que ce dédain que Jude m'inspirait, et c'était bien l'amour que je portais à Apple. Et si pour son bonheur je devais retenir mes envies de mettre un coup de boule à son ancien meilleur ami, et bien soit. J'étais aujourd'hui bien plus apte à faire des sacrifices que six mois auparavant comme à Cancun, j'avais la sensation d'avoir plus mûri en six mois qu'en deux ans. Sans doute l'arrivée du bébé qui me forçait à prendre du plomb dans le crâne, il ne restait déjà plus que trois mois. Le temps passe vite... J'avais suivi Jude du regard, je l'avais écouté un moment sans bouger, contrairement à lui. Il me redemanda de l'aide alors que je pesais les pours et les contres, songeur.

« Tu prends plus de drogue ? Si y a bien un truc que je ne te pardonnerais jamais, ce serait que tu fasses souffrir Apple. Et ça implique aussi faire souffrir Roxanna, au vu de comment elles sont proches. »

Honnêtement ? J'avais pas confiance du tout, à mes yeux un drogué restait un drogué pour le restant de ses jours au même titre qu'un alcoolique aura un problème avec l'alcool jusqu'à sa mort, c'est comme ça. Une addiction ne s'efface pas comme ça et je ne croyais pas une seconde que Jude ait réellement décroché ; mais le fait qu'il ose me promettre ne plus en prendre me donnerait une raison de plus de lui mettre un coup de tête si je le retrouvais drogué un jour.

En fait, je n’avais jamais vraiment compris ce que Andy avait contre moi. Après tout, nous ne nous connaissions même pas. Je ne saurais même pas vous dire quel âge il a, par exemple. Je savais juste que c’était un Eliot, et qu’il avait participé à faire tourner la rumeur que je m’étais servi de Roxanna uniquement pour avoir la clef de leur confrérie de merde afin de pouvoir la saccager avec mes copains Mathers. Chose que…jamais je n’avais fait. A cause de ça, j’avais perdu Apple aussi. A cause de lui, j’avais perdu ma meilleure amie, et j’avais faillis perdre Roxanna. Lui non plus ne savait rien sur moi, il ne me voyait que comme un drogué, sans se poser la question de ce qu’il avait bien pu y avoir derrière pour que j’en arrive à là. Mais je m’en fichais, ça n’était pas aujourd’hui que j’allais lui raconter ma vie. Surtout pas à Andy Mc Dougall en tout cas. J’étais prêt à essayer de faire un effort, mais ça devait se faire dans les deux sens pour que ça marche. Je proposais mon aide à Andy pour repeindre la chambre du bébé, parce que tout seul, ça va beaucoup moins vite qu’à deux. Mais il avait l’air toujours aussi méfiant, comme si il se cachait quelque chose derrière. Il me prenait pour qui, le diable personnifié ou quoi ? « Tu prends plus de drogue ? Si y a bien un truc que je ne te pardonnerais jamais, ce serait que tu fasses souffrir Apple. Et ça implique aussi faire souffrir Roxanna, au vu de comment elles sont proches. » Je soupirais légèrement, et je glissais à nouveau mes mains dans mes poches, restant immobile à le regarder pendant quelques secondes. Est-ce que j’avais sérieusement l’air drogué là ? Je ne serais pas venu pour l’aider si c’était le cas, je serais venu pour le cogner. « Andy, ça fait presque six mois environ que j’ai pas touché à de la drogue. Et j’peux presque plus boire à cause des médicaments antirejet que j’dois prendre tous les jours. » Je fronçais légèrement les sourcils, et je m’avançais dans sa direction, m’arrêtant face à lui alors que je sortais une main de ma poche pour la tendre vers Andy, « Je ne compte faire souffrir personne. Au contraire même. Si toi et moi, on fait une trêve, ça ira forcément mieux du côté d’Apple et Roxanna, et tout le monde sera gagnant. » Je m’arrêtais quelques secondes et j’ajoutais, « Alors, tu te décides à me faire confiance oui ou non ? »

Je fixais Jude sans ciller, songeant à la réponse qu'il pourrait me donner. Sans doute allait-il me répéter pour la millième fois qu'il ne se droguait pas, du moins plus, quoiqu'il ait eu un petit incident récemment, enfin récemment... à mes débuts avec Apple disons. Bien que je me fiche pas mal de lui, sa relation avec Apple et Roxanna faisait que j'entendais quand même parler de lui. Il était père depuis peu aussi. Ça nous faisait un futur point commun et pourtant, j'avais toujours autant cette sensation qu'il y avait tout un monde entre lui et moi. Nous ne nous ressemblions pas, nous ne jouions pas dans la même catégorie. Qu'il le veuille ou non, l'étiquette d'ex-épave lui collerait à la peau encore longtemps au même titre que je trimballais celle de fifils à papa sans même que les gens puissent imaginer ce que c'était que d'avoir une telle pression sur les épaules, d'hériter d'un empire entier. Ces abrutis finis qui voient l'argent sans les responsabilités qui viennent avec, comme si c'était facile, la belle bande d'ignares.

J'écoutai attentivement Jude alors que, les mains dans les poches et se rapprochant de moi, il soutenait une nouvelle fois ne plus se droguer bien que n'omettant pas avoir merdouillé six mois par le passé. Un bon point pour lui. Il sortit alors la main pour me la tendre en gage de trève entre lui et moi. Je baissai les yeux vers sa main puis tapotai ma main sur le rouleau couvert de peinture jaune fraîche, m'en mettant sur la main. Est-ce que je lui faisais confiance ? Pas le moins du monde, mais je pouvais faire des efforts quand même.

« N'exagérons pas sur le terme confiance, je n'ai pas plus confiance en toi que tu ne l'as en moi. »

Je lui mis le rouleau de peinture dans la main qu'il me tendait, mais ne le lâchai pas pour autant.

« Une dernière chose. »

Et vivement, je vins écraser ma main pleine de peinture sur son visage, éclaboussant ses cheveux et songeant bien malgré moi qu'au moins, il était mieux aux couleurs de la Dunster House que celles de la Mather House. Un sourire étira mes lèvres alors qu'enfin je lâchai le rouleau.

« Ça, c'était pour la droite que tu m'as foutue à Cancun et que je t'ai jamais rendue. Maintenant j'accepte ton aide. »

C’est vrai qu’étant ex-Mathers, voir même ex-président de cette maison, les gens ne me faisaient pas forcément confiance. Mais j’avais l’habitude, car depuis que j’étais à la fac, les gens ne me faisaient pas trop confiance. Quand on me croisait dans un couloir, des lunettes de soleil sur le nez, dormant à moitié en cours parce que j’avais trop fait la fête la veille, ça ne donne pas envie de me faire confiance. Pourtant, j’avais vraiment envie de changer ça. Quoi que le fait que les gens n’aient pas confiance en moi m’importait très peu. Je m’étais toujours foutu du regard des autres, c’était la dernière chose qui me préoccupait : les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, je n’en avais absolument rien à foutre. Sauf que quand ce jugement touchait les gens que j’aimais, c’était autre chose. Andy n’était pas quelqu’un que j’aimais, il était tout le contraire des mecs que je pouvais fréquenter : le gros connard par excellence, et pourtant, c’était de lui qu’Apple était tombée amoureuse et ça…je ne pouvais pas rivaliser contre ça. Il fallait donc que je fasse des efforts, car je voulais vraiment récupérer la confiance d’Apple : elle avait été là quand mon fils est mort, il y a presque un an de cela, elle était venue à l’enterrement, elle avait essayée de me faire garder la tête hors de l’eau. Et puis, elle connaissait très bien Kyle puisqu’elle trainait souvent avec nous, Kyle adorait Apple, et c’était pour ça que j’étais sûr qu’elle ferait une superbe maman. Une fois mon monologue terminé, je demandais à Andy si il se décidait enfin à me faire confiance, mais celui-ci rétorqua presque tout de suite, « N'exagérons pas sur le terme confiance, je n'ai pas plus confiance en toi que tu ne l'as en moi. » Je fronçais légèrement les sourcils : il avait raison, moi non plus je ne lui faisais pas confiance. Si un drogué reste un drogué toute sa vie, un connard reste un connard aussi. Immobile, je le regardais placer le rouleau de peinture qu’il avait entre les mains dans la mienne, sans pour autant lâcher le manche, « Une dernière chose. » Je plissais légèrement les yeux, remontant mon regard vers lui : quoi encore ? Je n’eus même pas le temps de réaliser ce qui allait se passer que sa main atterrit en plein sur mon visage, recouvrant celui-ci de la peinture jaune pâle sur les murs. J’eus un léger mouvement de recul, un pas ou deux, passant ma main libre sur mon visage pour constater l’ampleur des dégâts : je devais ressembler à un poussin. Great. « Ça, c'était pour la droite que tu m'as foutue à Cancun et que je t'ai jamais rendue. Maintenant j'accepte ton aide. » Je restais quelques secondes sans rien dire, le regardant attentivement : bon, il avait le droit de me rendre le coup que je lui avais donné….6 mois en retard ? Le pire, c’était qu’il me souriait, mais je n’arrivais pas à voir si c’était un sourire amical, ou un sourire provocateur. Peut-être les deux ? « Ah oui…la droite à Cancun… » Je ris légèrement et je me penchais pour tremper le rouleau de peinture dans la peinture, l’appliquant sur le mur calmement en continuant, « Je crois…qu’il y a prescription maintenant non ? » Un petit sourire se dessina sur mon visage et je me penchais pour tremper à nouveau le rouleau dans la peinture, cette fois, en hésitant pas à en mettre vraiment beaucoup puis, après m’être redressé, je n’écrasais pas le rouleau dans la peinture mais je lançais la peinture sur le rouleau en direction d’Andy, le tachant de la couleur jaune qui devait déjà être en train de sécher sur mon visage, « Là par contre, ça n’est plus le cas ! », lançais-je un peu amusé avant de me remettre à peindre le mur comme si de rien était.

L'espace d'un moment, je ne pus m'empêcher de me demander quelle allait être sa réaction. J'avais, en tout franchise, agi sans trop réfléchi, poussé par cette envie de remettre la balle au centre sans même penser au fait qu'il pourrait très bien y avoir un revers. Et si tant est qu'il m'en colle une en retour, que ça pourrait partir en baston dans la chambre que je préférais pour mon bébé avec Apple. Ca aurait été le comble, n'est-ce pas ? Un jeune père et un futur père qui se mettent des coups de tête pour une histoire passée d'il y a six mois. Je le fixais alors une fois ma main rabaissée, pendant une fraction de seconde qui me parut durer une éternité. Une fraction de seconde où je me demandais si ça allait être la guerre ou la paix, fraction de seconde qu'il fallut à Jude pour réaliser ce que je venais de faire et pour quelle raison... avant de se mettre à rire. Il riait, nous étions donc revenus au point de départ sans qu'il y ait trop de casse. Je souris à mon tour avant de me tourner vers le mur pour commencer à peindre en constatant qu'il s'y mettait aussi. J'acquiesçai à sa question, mais quelques secondes après, je me reçus des gouttes de peinture... Je stoppai net mes mouvements et me tournant vers Jude qui recommençait à peindre le mur l'air de rien.

« Tu m'cherches ? »

Et sans plus attendre, je lui écrasai mon rouleau de peinture dans les cheveux, veillant bien à étaler correctement et déborder dans le cou.

« Attend j'ai mal fait le coin là ! »

Et je remontai le rouleau de peinture jusqu'à son oreille en riant.