I love to hate you — J’étais finalement rentrée du Mexique et les choses étaient.. Compliqués. Ouais, c’était le mot. J’avais la douloureuse impression que ma tête allait finir par exploser avec tout ça et clairement, c’était en train de me bouffer. Les choses étaient allées trop loin avec Aisling et je ne savais plus vraiment comment agir. Ce qui était risible puisqu’il était supposé être mon meilleur ami et personne la plus importante de ma vie par la même occasion. Sauf que là, il était peut-être préférable qu’on s’évite, du moins, c’était ce que je ne cessais de me répéter encore et encore comme si c’était la stricte vérité. Résultat, je me retrouvais avec des insomnies monstres et des envies affreuses de retomber dans mes anciens démons. Un joint ne tue personne, pas vrai ? Non. Mais je ne voulais pas être de nouveau cette fille-là alors malgré l’heure tardive, je quittais ma chambre de la Eliot House convaincue que prendre un peu l’air réussirait à me remettre les idées en place. Ou pas. Mais quoi qu’il en soit, ça valait le coup d’essayer et j’aviserais par la suite s’il n’y avait aucune amélioration. Errant dans les rues, je finissais par m’arrêter face à la devanture de l’enseigne qu’était McDo poussant un soupir. Me réfugier dans la bouffe c’était sûrement une mauvaise idée mais en même temps, il n’y avait rien qu’une glace n’était pas capable de consoler. Une seconde d’hésitation et je passais les portes sortant un billet de ma poche avant de faire la queue comme tout le monde. « Un very parfait caramel s’il vous plait. » Ouais, ça me semblait bien et dans tous les cas, je m’imposerais une heure de footing le lendemain pour éliminer l’écart que je m’apprêtais à faire. Un peu distraite, je me faisais rappeler à la réalité entendant un chien non loin et.. Depuis quand les animaux étaient acceptés dans l’enceinte du célèbre fast-food ? Regard indigné vers le propriétaire qui n’était autre que Jeremiah et.. J’gardais le silence dans l’espoir qu’il ne me repère pas. Ouais, j’aimerais éviter en fait. Peine perdu, il était déjà à mes côtés jouant avec mes nerfs comme bien souvent. « Arrête de prendre tes rêves pour des réalités. » T’aimer c’est absolument pas dans mes capacités et tu m’agaces plus que ce que je ne t’apprécie alors clairement, c’est pas de l’amour que je te porte mais soit. Forcément, fallait qu’il aille plus loin dans les provocations et je frémissais à ses mots finissant par virer rouge tomate à son acte. C’était une blague ? Payant ma commande, j’inspirais profondément le retrouvant assis à une table du fond. Y aller ou non ? Allez. Je prenais place en face de lui, recalant une mèche de cheveux derrière mon oreille le fixant avec intensité. « Va vraiment falloir que t’apprennes à rester à ta place. » Et quand je dis ça, ça veut dire ne pas me mordiller le lobe d’oreille ni quoi que ce soit d’autre d’ailleurs.

I love to hate you — J’avais en horreur le culot dont il pouvait faire preuve. Sa façon d’aller toujours plus loin à chaque fois comme s’il avait tous les droits. Et je ne comptais plus le nombre de reprise où j’avais eu l’envie de lui enfoncer la tête dans un mur pour lui apprendre les bonnes manières. J’étais pas le genre à me laisser faire. A ne pas réagir en attendant simplement que ça passe. Et quand j’avais la sensation qu’on était en train de me manquer de respect, je prenais place en première ligne pour faire front à tout ça. Alors bien sûr que je venais prendre place en face de lui histoire de lui dire mes pensées et lui faire comprendre par la même occasion que persévérer ne servirait à rien puisque jamais il n’aurait le loisir de partager un moment intime avec ma personne. C’était bien de ça dont il s’agissait non ? Et je finissais par le trouver ridicule avec ses manières et ses tentatives toujours plus osées. Me mordre le lobe d’oreille ? Non mais on aura tout vu. Fallait croire que mon absence d’un an n’avait pas suffi à calmer ses ardeurs puisque à peine revenue, il était passé une nouvelle fois à la charge. Problème étant que maintenant, puisque l’on partageait la même maison, on passait bien plus de temps à se croiser et à devoir cohabiter. J’ai les yeux qui lancent des éclairs quand il reprend la parole sincèrement fatiguée de toutes ses actions. Personne au monde ne pourrait démentir que Jeremiah avait réellement un problème. Et je serais les poings quand il osait mentionner Aisling l’air de rien. « T’as tellement rien à faire que tu te sens obligé d’épier mes fréquentations. C’est mignon. » Et un brin psychopathe aussi parce qu’Aisling et moi, c’est de l’ordre du récent et pas le genre de rumeur qui s’répand. Et bien sûr que ça me frustre qu’il soit déjà au courant et qu’il en joue. Qu’il s’en amuse comme si ce n’était rien d’autre qu’un foutu challenge pour lui. « Ne t’avises plus de me toucher. » Bien sûr que c’est une menace. Et on voit sur mon visage que je suis bien loin de plaisanter. J’ai pas envie de rire de la situation ni même de lui laisser penser qu’il a la moindre ouverture. « Jamais je n’accorderais un tant soit peu de crédit au pathétique que tu représentes. Alors t’es sympa mais tu lâches l’affaire. » Une bonne fois pour toute, merci.

I love to hate you — C’était quoi ton but dans tout ça en fait ? C’était presque si la planète entière était au courant du fait que tu ne m’aimais pas alors je n’arrivais pas à comprendre pourquoi à chaque fois qu’on s’croisait tu prenais un malin plaisir à jouer ce double jeu avec moi. Puis merde, t’étais quand même conscient que ça m’énervait au plus haut point et tout ce que je voulais c’était que tu lâches l’affaire une bonne fois pour toute. Tu fais ta vie, je fais la mienne, pas besoin de chercher plus loin. Sauf que non, t’étais toujours là où je ne t’attendais pas quitte à me faire sortir de mes gonds. T’sais que c’était du harcèlement ce que t’étais en train de faire ? Je pourrais porter plainte contre toi que tu ne t’en sortirais pas facilement. Quoi que si, vu ton statut y avait fort à parier pour que ton papa vole à ta rescousse. Pathétique. « J’ai pas besoin de savoir ce que tu fais pour ne pas te supporter. » Je sais pas, ouvre les yeux. Tu te rends quand même compte que je ne peux pas te supporter pas vrai ? T’es quand même pas stupide à ce point là ? Quoi qu’au fond, ça ne m’étonnerait pas que tu sois à Harvard grâce à l’argent et non à l’intelligence qui semble te faire défaut de toute façon. « Une nana comme moi peut faire de ta vie un enfer. » T’amuses pas trop, j’ai muri et grandi. J’aurais aucun remord à te balayer en quelques minutes si tu me cherches trop. Et je grimaçais agacée quand ta main dégoutante venant se poser sur ma joue par pure provocation. « Ce que t’as fais au comptoir, c’est une agression. Puni par la loi et passible de prison. A ta place, je ne ferais pas le mâlin. » Si tu crois que je vais hésiter une seule seconde à aller porter plainte contre toi tu te mets le doigt bien profond où je le pense.