Pourtant son histoire avec Agathe a été la plus saine et la plus simple. Et honnêtement, il ne sait pas pourquoi, il a tout gâché, ce soir-là de Spring Break. Son erreur est la base de cette animosité qu'il y a, entre eux. Avant, c'était plus facile pour tenter d'oublier tout ça, parce qu'il n'avait pas l'appréhension de la croiser, au détour d'un bâtiment universitaire ou à la Mather House mais maintenant, avec ce retour, les choses risquent de se compliquer. Il hausse alors les épaules, aux mots de la jeune femme. Le mieux ? C'est essayer de l'oublier. Et pour ça, il vaut mieux l'éviter, tout naturellement. Il propose alors d'éviter de parler de ces deux-là, pour que le moral ne soit pas aussi bas. Non parce que c'est bon pour déprimer et Aaron n'a pas tellement envie de ça, pas du tout. Allez, on y va ! Toujours partant pour boire un coup, ouais bon, même sans alcool. Il n'est pas non plus alcoolique. C'est seulement à quelques pas, qu'ils arrivèrent au détour d'un café, s'installant à l'intérieur parce que dehors, mine de rien, il fait un peu froid. D'un signe de main, il interpelle le serveur et repose ensuite son regard sur Margot. Je veux te voir sourire. dit-il, lui-même, avec un sourire, plaqué au visage. Un sourire amusé.

Plus d'Adriel, plus d'Agathe. Noté. Ca vaut mieux non seulement pour moi, mais aussi pour lui vu ce qu'il dit. De toute évidence, son histoire avec la blonde ne s'est pas bien terminée, et il est inutile de remuer le couteau dans la plaie s'il veut l'oublier. « Et c'est ce que tu vas faire. » Que j'annonce comme une certitude, décidée à ne pas laisser planer ce climat morose qui s'est instauré entre nous deux depuis qu'on a aperçu les deux autres. D'ailleurs, j'en viens même à lui proposer un café, qu'il accepte aussitôt, et c'est au bout de quelques minutes à peine qu'il m'entraîne à l'intérieur d'un des nombreux cafés du quartier. L'avantage avec Harvard c'est qu'on croule sous les magasins autour. On s'installe, et le temps que le serveur nous rejoigne, je regarde par la fenêtre, songeuse. Trop songeuse, jusqu'à ce qu'Aaron me tire de ma rêverie en réclamant un sourire. Après quelques secondes, une oeillade vers lui, et évidemment, un mince sourire me vient en voyant son expression. « Comment tu veux que je ne sourie pas, quand tu fais cette tête là? » Je tire la langue en riant, avant de commander un capuccino. « Tu comptes aller au Spring Break, sinon? » Après tout, c'est dans quoi, un mois?

Oublier. L'espace de quelques heures, son visage. Et ses erreurs, oui surtout, ses erreurs. Parce qu'il est totalement fautif, dans cette histoire. Parce qu'il a agit comme un con et il s'en mord les doigts, maintenant. Tout ce qu'il a, à faire, c'est de l'éviter. C'est très simple et les choses se verront plus facile. Quelques pas avant de trouver un café, ce qui n'est pas bien difficile, ici. Et comme le froid est au rendez-vous, en cette période de l'année, Aaron entre à l'intérieur, suivit de Margot, jusqu'à trouver une table de libre, près de la fenêtre. Voyant cet air si pensif, il réclame un sourire de la part de la jolie rousse et s'amuse de sa réaction. Quelle tête ? Celle-là ? La tête qu'il fait, là ? Oh des grimaces, et le regard qui tue, genre celui où je vais te séduire mais en plus poussé. Le but est de la faire rire, surtout. Bien sûr, je n'en rate aucun. Et parfois, il vaudrait mieux qu'il en rate, parce que ça n'a jamais été le bonheur absolu, chaque année. Mais il persiste. C'est certainement mon dernier. Après, il va devoir rentrer dans la vie active et tout ces petits trucs dont il n'est pas tout à fait prêt. Et encore, c'est une autre histoire. J'ai des chances de t'y voir et de faire la fête avec toi ? Et son sourire s'élargit, rien qu'à cette image.

Il grimace, fait des regards de seducteurs exagérés, et rapidement, mon sourire se transforme en rire. Il a toujours été doué pour ça, me faire passer l'envie de bouder. « Celle-ci précisément! » Que je dis en riant, fronçant le nez avant de dévier sur un autre sujet, en attendant nos cafés. Est-ce que lui, compte aller au Spring Break du mois prochain? Il répond à l'affirmative, comme s'il s'agissait d'une évidence. Quand moi je n'ai jamais fait de SB, lui, va fêter son dernier. Ca fait... bizarre. J'ai toujours tendance à oublier l'écart d'âge existant entre Aaron et moi. « Ca va, tu le vis pas trop mal? » Que je demande, jusqu'à ce qu'il me demande si je songeais à venir de mon côté. Je hausse une épaule, indécise. « J'ai jamais fait de Spring Break. A ma première année, je suis partie avant. » Et pourtant, putain, qu'est ce que j'avais hâte à l'époque. Je finis par faire un sourire à Aaron, avant de répondre: « Mais je pense venir, oui. Comment dire non à la plage, surtout quand il fait froid à Boston ? » Le serveur ramène nos boissons, et je fais un sourire en portant mon capuccino à mes lèvres: « Mais attention, du coup j'oublie pas ta proposition de faire la fête avec moi. »

Toujours à faire l'imbécile dans l'unique but de la faire sourire. Elle rit, c'est une chance. Son sourire ne peut que s'élargir, riant avec elle. C'est ce genre de moment, qu'il recherche. Des moments simple et complice. Une pointe de nostalgie en parlant du Spring Break, parce que ça va être son dernier. Après peut-il continuer à y aller ? Il ne sait pas et où, sera-t-il dans un an ? C'est une question, à laquelle, il ne peut répondre. Donc, il préfère s'en tenir à ce mot : dernier. Comme ça, il profitera davantage. J'essaye de ne pas y penser, j'ai jamais aimé les changements. Vraiment et à en croire son passé, on dirait pas mais ça, c'est une autre histoire. Mauvais timing. avoue-t-il mais avec le sourire avant de reprendre. Une première fois, ça se fête ! Surtout, si c'est les vacances de printemps. Ce sont quand même des vacances importantes. C'est quelque chose qu'il a appris, ici. Il lève le regard vers le serveur, le remerciant ensuite avant de reporter toute son attention sur Margot. Je n'aurai pas accepté un non, de ta part. Et oui, l'occasion pour tout les deux de faire la fête ensemble. C'est obligatoire. Donc, je n'aurai pas besoin d'aller te chercher au fin fond de ta chambre ? Tu seras bien là pour faire la fête ? qu'il taquine un peu, la connaissant un minimum.

J'en suis encore loin, de mon dernier Spring Break, puisque je n'ai même pas encore fait le premier. C'est dans ces moments là que je réalise le retard que j'ai pris en partant à Seoul. Si je n'avais pas tout lâché, j'en serais déjà à ma troisième année d'étude, mais au fond, je regrette rien. Ca m'a permis d'évoluer, un peu comme un pokémon, m'voyez. « T'as raison, profites au maximum, c'est ce qui compte après tout. » Mauvais timing qu'il dit en apprenant que je suis partie avant mon premier Spring Break, et je hoche la tête en souriant. J'avoue, j'ai pas géré là, mais j'en avais besoin. Le nez dans mon café, je hausse les épaules quand Aaron dit qu'il faut fêter un premier Spring Break. « Je suppose que je ferais la fête là bas, surtout si c'est avec Adriel. Il est pas du genre casanier. » Et ces derniers mois, j'y ai pris goût, à vraie dire, à ces soirées, tant que je ne vire pas dans l'excès. « Ah oui, t'aurais pas accepté un non? Et si j'avais pas envie d'y aller? » Je lui tire la langue en riant, et fronce les sourcils à sa dernière réplique. « A t'écouter je passe ma vie enfermée dans ma chambre, tu exagères! N'oublies pas que j'ai habité à la Mather pendant quelques mois, je suis une pro maintena.. » Mon téléphone me tire de ma rêverie en vibrant sur la table, suspend ma phrase. Je l'attrape par pur réflexe, pour voir qu'il s'agit d'un sms d'Adriel. Oh. « C'est Adriel, jee crois qu'on va devoir s'organiser un petit face à face. » J'envoie un message, et il répond aussi sec, probablement le nez collé sur son portable. « Tu m'en veux si je t'abandonne? Je crois que.. j'ai besoin qu'on parle, lui et moi. » Je me redresse avec mon sac, mon café à la main, pour mieux me pencher et embrasser Aaron sur la joue. « De toutes manières, rendez vous en Jamaïque ? » Un sourire, et je m’éclipse rapidement, mon téléphone entre les mains. J'ai pas idée de combien d'ici le mois prochain, les choses vont radicalement changer.